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Citations sur Terres promises (34)

- Je fabrique des objets avec des choses qui ne servent plus.
- Du genre ?
- Des porte-crayons avec des rouleaux vides de papier hygiénique, des boîtes décorées à partir de vieilles boîtes (...)
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Felicita était amie avec toutes les femmes du quartier.
Il y avait entre elles un incessant va-et-vient de nourriture et de confidences. Mais les maris de ses amies ne supportaient pas que Gregorio joue du piano. Ils venaient frapper à sa porte, souvent à plusieurs, pour décréter les horaires auxquels le garçon était autorisé à jouer. Malheureusement, d’autres maris passaient ensuite, l’air tout aussi menaçant, pour imposer d’autres horaires.
Ils ouvraient leurs fenêtres et, en italien et dans diverses langues, lançaient à Gregorio les pires injures, les plus graves menaces : et l’on comprenait qu’elles concernaient surtout ses mains.
Gregorio et Felicita transférèrent le piano dans la cuisine. Ils déplacèrent la table, le buffet et la cuisinière, pour protéger l’instrument de toute vapeur. Quand il avait fini d’en jouer, Gregorio recouvrait son piano d’une couverture de pure laine.
La cuisine donnait sur une cour intérieure sombre et humide, au contraire de la pièce où Gregorio avait grandi, si lumineuse avec tout ce ciel au-dessous, dans l’odeur des embruns. Entre l’école, ses devoirs et le conservatoire, il passait alors moins de temps à jouer à la maison et personne n’y trouvait à redire.
Néanmoins, ce nouveau salon de musique lui convenait parfaitement. Indifférent à tout, il se consacrait, heureux, à sa grande passion, environné de la brumaille aux relents de chou et d’égout qui imprégnait les murs de la cour intérieure, sur laquelle ne donnaient que des cuisines et des cabinets.
Vêtu d’un vieux blouson l’hiver et, l’été, de chemisettes élimées, Gregorio sortait toujours sans parapluie et quand il pleuvait, il finissait trempé. Et depuis l’enfance, demeurait ce problème de lacets qui se défaisaient sans cesse.
On aurait dit l’incarnation même de la misère, mais quand l’un de ses proches proposait de l’accompagner en ville pour acheter de quoi étoffer sa garde-robe, il se défilait, et si d’aventure on lui donnait de l’argent pour qu’il fasse ses achats tout seul, il se hâtait de tout dépenser en partitions.
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La vie des humains, qui aspirent au bonheur, se révèle le plus souvent un épuisant périple. Il arrive qu'on perde espoir et qu'on se demande si ça vaut la peine de s'éreinter à ce point.
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Après cette unique rébellion, elle s'était rendue à l'évidence: le monde était mauvais, et il aurait mieux valu ne pas être née. Les humains n'avaient pas d'autre choix que d'aller d'un endroit où ils allaient mal à un endroit où ils allaient tout aussi mal. Exactement comme l'Islandais de Leopardi.
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Il vit le Continent surgir des eaux, d'abord une bande de terre lointaine dans la brume rosée, puis Gênes. Il s'était toujours dit qu'une terre promise est un endroit où l'on se métamorphose. Ç'avait du moins été le cas quand elle était là, assise à l'attendre, sa nouvelle vie, son nouvel amour. Maintenant qu'il arrivait avec Ester, sa femme, cette idée de terre promise ne lui semblait plus aussi vraie. Débarquer sur le continent avec elle, c'était emmener tout ce dont il était fait, le village et la pauvreté. Et ce qui manquait à sa vie manquerait désormais pour toujours. Mais Gênes était si belle. Venteuse, altière, longue, fine, dessinée à la pointe sèche. Toute sa vie, elle resterait son remords, mais aussi sa nostalgie. Voilà ce qu'était une terre promise, pensa-t-il.
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Après chaque visite chez le médecin, son gendre lui proposait une halte à la plage du Poetto, au même endroit, qui lui semblait toujours différent. La mer bleue, calme, transparente, écumante, métallique, menaçante puis bleue à nouveau. La plage blanche, poudreuse, argentée, noire puis blanche à nouveau. La vieille haussait les épaules comme si ça lui était égal, mais elle descendait de la voiture en vitesse, et d'un pas de jeune fille, rejoignait la rive, ôtait ses souliers, ses bas, et restait là, les pieds dans l'eau.
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Ester aussi lui faisait des reproches. Il s'échauffait sur des sujets qui, au fond, ne le concernaient pas. Trouver un travail, voilà ce qui aurait dû le préoccuper, mais il jouait les purs. Pas question de travailler dans la pétrochimie qui pollue, ni dans la bâtiment qui défigure les côtes. Mais son devoir était de nourrir sa famille. Là où ça fume, il y a du pain, ne connaissait-il donc pas le proverbe ?
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- Pauvre de nous. Nous sommes vraiment pitoyables. Nous venons au monde comme si c'était une terre promise, et puis...
- Les terres promises n'existent pas.
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Moi, je fais la charité en attendant la révolution.
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La plupart des gens refusent d’admettre l'évidence. Ils se cramponnent à un monde qui ne peut plus durer. Prenez les industries. Quel sens cela a-t-il de sauvegarder des industries polluantes ? Pour les emplois ? Et après ? Et le climat ? Bientôt, ici [en Sardaigne], dans ce qui était un paradis climatique, nous aurons nous aussi des déluges, des ouragans, des tempêtes et des inondations. Puis il y aura des épidémies. La catastrophe, on y est déjà jusqu’au cou.
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