... Felicita en était sûre : sa grand-mère avait compris que la terre promise n’était somme toute pas si éloignée de l’endroit où elle avait passé sa vie, et qu’au fond il suffisait d’un petit effort pour franchir les bornes de son univers familier et accéder à un monde extraordinaire, juste à côté.
La plupart des gens refusent d’admettre l'évidence. Ils se cramponnent à un monde qui ne peut plus durer. Prenez les industries. Quel sens cela a-t-il de sauvegarder des industries polluantes ? Pour les emplois ? Et après ? Et le climat ? Bientôt, ici [en Sardaigne], dans ce qui était un paradis climatique, nous aurons nous aussi des déluges, des ouragans, des tempêtes et des inondations. Puis il y aura des épidémies. La catastrophe, on y est déjà jusqu’au cou.
"Mais Gênes était si belle.
Venteuse, altière, longue, fine, dessinée à la pointe sèche.
Toute sa vie , elle resterait son remords, mais aussi sa nostalgie.
Voilà ce qu'était une terre promise, pensa-t- il ."
Qui n'a jamais vécu avec un musicien ignore que quand il joue, le plus misérable des logis se transforme et se soulève de terre comme un astronef pour voyager vers un monde parfait.
Une chose cependant les rapprochait : tous deux étaient enfants uniques dans une région où être dépourvu de frères et de sœurs faisait de vous une bête rare.
En outre, ni l'un ni l'autre n'avaient le type sarde.
(…) Puisque personne ne la trouve jamais, cette terre promise, pourquoi ne pas s’arrêter en route, dès qu’on arrive quelque part où on se sent bien.
Qui n'a jamais vécu avec un musicien ignore que quand il joue, le plus misérable des logis se transforme et se soulève de terre comme un astronef pour voyager vers un monde parfait.
La vie des humains, qui aspirent au bonheur, se révèle le plus souvent un épuisant périple. Il arrive qu'on perde espoir et qu'on se demande si ça vaut la peine de s'éreinter à ce point.
Ester aussi lui faisait des reproches. Il s'échauffait sur des sujets qui, au fond, ne le concernaient pas. Trouver un travail, voilà ce qui aurait dû le préoccuper, mais il jouait les purs. Pas question de travailler dans la pétrochimie qui pollue, ni dans la bâtiment qui défigure les côtes. Mais son devoir était de nourrir sa famille. Là où ça fume, il y a du pain, ne connaissait-il donc pas le proverbe ?
« Mais la vengeance d’une injure doit être égale à l’injure. Celui qui pardonne entièrement et se réconcilie avec son ennemie trouvera sa récompense auprès de Dieu. Dieu n’aime pas les méchants. «