Quel singulier roman que
Les vies de papier...
Difficile d'en parler sans me perdre dans ma réflexion. Car comme les Mille et une nuits, Alameddine nous offre un roman caché au milieu d'un enchevêtrement de mille et une autres histoires. Tout commence en janvier, dans la salle d'eau d'Aaliya arrivée à l'aube du crépuscule de sa vie. Enfant mal aimée, très vite libérée à son insu du joug marital, femme active et lettrée. Les livres sont presque tout sa vie. Presque car gravite autour d'elle son amie, son ange gardien, son âme soeur Hannah. Il y a aussi sa mère dont elle ignore si elle la déteste, si elle l'aime ou si elle déteste surtout l'idée de pouvoir l'aimer malgré tout. Il y a Hamad qui lui fait entrevoir ce qui se rapproche le plus de l'amour. Il y a enfin ses voisines, ses sorcières comme elle les appelle, qui cachent leur sororité derrière un sèche cheveux ou un soupçon de cardamome.
En filigrane, apparaît l'histoire de la tumultueuse et belliqueuse Beyrouth avec toujours la même admiration de ma part pour tous ceux qui refusent l'exil. L'histoire d'un pays devrait toujours être écrite par ceux qui décident de rester.
Un roman cousu de fil d'or avec un texte à l'érudition exceptionnelle où foisonnent des réflexions philosophiques et des références littéraires, musicales et artistiques.
Un roman exigeant et envoûtant dont je ressors un peu confuse mais indubitablement charmée.