Ce livre m'a d'abord attirée par son cadre : Beyrouth .
Au cours de mes lectures, j'ai souvent été fascinée par l'aura de cette ville, mosaïque culturelle et religieuse de l'Orient.
Et, sans doute a-t-elle été magnifiée par bien des auteurs amoureux !
Me revient surtout en mémoire mon époque
Muriel Cerf, c'était l'Amélie Nothon de ma jeunesse !
Mais je m'égare !
Donc, tout ça pour dire que je n'ai pas hésité à découvrir
Rabih Alameddine.
Il écrit son roman à la première personne et va se couler dans la peau d'une vieille libanaise, Aaliya , ancienne libraire, ancienne traductrice ,polyglotte et autodidacte, vivant à Beyrouth ,sa ville, malgré les conditions de vie épouvantables imputables à la guerre.
Un personnage très intéressant à plus d'un titre.
Agée, c'est un témoin privilégié de la société libanaise du XXème siècle .Elle décrit , analyse ou condamne les moeurs qui régissent la vie des familles .
Rebelle, elle dénonce sans condescendance les difficultés liées à la condition féminine et aux règles sociales d'un autre temps.
Une mémoire de Beyrouth en quelque sorte .
Malmenée par la vie, Aaliya va peu à peu s'isoler du quotidien par l'érudition et ne vivra plus que par et pour ses livres et ses traductions.
Elle semble ainsi se suffire à elle-même.
Isolée ? pas tant que ça; elle garde malgré tout assez de curiosité pour observer son entourage et le récit va se trouver ponctué de petites remarques bien perfides sur tel ou tel , souvent drôles , parfois savoureuses et l'autodérision ne lui fait pas défaut non plus !!
Aaliya est aussi terriblement humaine ,sensible et émouvante quand elle dépeint sa condition de vieille femme subissant les affres du temps.
Mais, car il y a un mais !
Aalliya, dans un impressionnant monologue va entraîner le lecteur à suivre le fil de ses pensées .
Et là, elle va nous ensevelir sous une montagne de références littéraires et de connaissances culturelles en lien ou non avec la situation présente !
Tant et si bien que parfois, il est impératif de suivre les méandres de sa réflexion qui, je suis désolée , s'apparente à des coq à l'âne !
La forme du récit est particulière.
Un flot de culture ininterrompu et parfois insolite !
Les philosophes, ses interlocuteurs favoris, surgissent à chaque instant ,en force, inlassablement ...
Dommage.
Chacun son idée, mais l'érudition présentée sous cette forme me dérange un peu car cet étalage conséquent ,à mon sens, nuit au partage de la connaissance et à son élaboration .
La transmission de la pensée des érudits a vocation d'éclairer le plus grand nombre si possible.
Alors, pour ne pas ressortir trop abrutie par ce tsunami de références culturelles ,j'ai fait le tri et en ai extrait comme j'ai pu la "substantifique moelle " . Merci François ...
La forme d'écriture voulue dense et parfois désorganisée demande, il faut le dire, quelques petits efforts de concentration .
On n'échappe pas non plus a des longueurs !
Un effet crée pour mieux adhérer à la personnalité de la vieille femme, je suppose.
Avec elle, on va d'un souvenir à l'autre, comme ils lui apparaissent...puis, on revient au présent, au récit là où on l'avait laissé, il retrouve sa fluidité et on repart ..ainsi de suite .
Mais, la personnalité de Aaliya aussi riche que fascinante ,
fait de ce roman une oeuvre à ne pas manquer et, il faut bien le reconnaître un condensé de culture indéniable .
A chacun de fixer son propre seuil de satiété en la matière !