Ouvrage utile à toute personne souhaitant améliorer son style d'écriture. Vous y trouverez des extraits de textes d'auteurs faisant référence dans le domaine et des conseils avisés sur l'emploi des mots et les tournures de phrases. Ce livre permet d'éviter certains pièges et de prendre conscience du talent immense de nombreux écrivains.
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Certes, c’est une excellente chose que d’étudier les chefs-d`oeuvre ; l’admiration conduit à l’imitation, et l’imitation est un moyen de s’assimiler les beautés d’autrui. Mais on signalait trop les perfections et pas assez les défauts. Comme le lecteur est enclin à écrire des choses médiocres, c’est l’exemple des choses médiocrement écrites qu’il faut aussi lui donner pour lui apprendre à les fuir.
Ce qu’il faut lui montrer, ce sont des phrases mauvaises qu’on peut rendre bonnes ; et dire pourquoi elles sont mauvaises, et comment on les rend bonnes. Vous ne saisirez ce que c’est que bien écrire qu’après qu’on vous aura exposé ce que c’est que mal écrire.
La vérité, c’est qu’il faut désarticuler le style et les procédés, aller au fond, sortir le muscle, décomposer la sensation et l’image ; enseigner comment on construit une période ; montrer surtout les résultats qu’on peut obtenir par l’effort, le travail et la volonté.
Qui peut écrire une page peut en écrire dix ; et qui sait faire une
nouvelle doit savoir faire un livre, car une suite de chapitres n’est
qu’une suite de nouvelles.
Donc, toute personne ayant une aptitude moyenne et de la lecture
peut écrire, si elle veut, si elle sait s’appliquer, si l’art l’intéresse, si elle
a le désir de rendre ce qu’elle voit et de peindre ce qu’elle sent.
La littérature n’est pas une science inabordable, réservée à de rares
initiés et qui exige des études préparatoires. C’est une vocation que
chacun porte en soi et qu’il développe plus ou moins, selon les exigences
de la vie et les occasions favorables. Beaucoup de gens qui écrivent ; et
beaucoup pourraient bien écrire, qui n’écrivent pas et n’y songent pas.
Enseigner le style, disent-ils, c’est vouloir imposer sa propre conception du style. » Il n’y a pas, dit Goncourt, « un patron de style unique, comme l’affirment les professeurs de l’éternel beau. Le style exprime la personnalité. Chacun a sa façon d’écrire, parce que chacun à sa façon de sentir ».
Rien n’est plus vrai.
Voici cependant ce qui arrive. Vous lisez un livre et vous dites : « Ce livre est mal écrit. » D’autres personnes lisent le même livre et expriment le même avis. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu’un livre peut paraître mal écrit à diverses personnes qui n’ont pourtant pas les mêmes idées sur le style et sur l’art d’écrire.
Par conséquent, s’il est vrai qu’il n’y a pas, en effet, un patron de style unique (et aucun professeur ne l’a jamais prétendu), on peut affirmer qu’il existe au moins une façon de mal écrire sur laquelle on peut se mettre d’accord et qui pourrait peut-être servir de fondement à une démonstration pratique.
Il faut avoir bien du talent, pour se croire autorisé à rompre avec tout ce qui fait l’esthétique et le génie d’une langue. Le torrentiel génie de Saint-Simon n’est même pas arrivé à détruire les conditions éternelles de l’art d’écrire, ordre, goût, harmonie, perfection, architecture, travail.