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EAN : 978B08BBYWJ4N
146 pages
Librinova (17/06/2020)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Ne jamais toucher terre.
Tel est le désir de Carola, jeune hôtesse de l’air à l’humeur revêche, que son licenciement cloue au sol. Dépitée elle s’enferme dans sa tour de cristal, un appartement au vingt-huitième étage avec terrasse ouverte sur l’horizon boueux du Río de la Plata.
La réalité et ses quatre vérités finissent par frapper à sa porte : l’impasse des passions aveugles, l’héritage de sa mère disparue, la maladie de tante Beca et la colère des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens à remercier Lola Albarracín pour sa confiance (et sa patience…). En effet, elle m'a confié son premier roman, Buenos Aires Mayday, pour lecture et avis. Elle m'a présenté son livre avec humour comme « un récit d'initiation qui décrit l'atterrissage forcé d'une hôtesse de l'air dans la réalité de son passé, celui de la tumultueuse Buenos Aires de 2001 ».
Naturellement attirée par la confrontation entre la sphère privée et les évènements historiques, je ne pouvais qu'accepter.

« Mayday ! Mayday ! Mayday ! » est un vocable employé internationalement dans les communications radiotéléphoniques pour signaler la détresse d'un avion ou d'un bateau. Dans ce roman, il illustre le dépit de Carola, une jeune hôtesse de l'air argentine à la fierté revêche, que son licenciement cloue au sol alors qu'elle ne voudrait jamais toucher terre.
Au début, je me suis dit que mon horizon d'attente risquait d'être déçu car je n'arrivais vraiment pas à m'attacher à ce personnage, parfaite illustration du coté glamour d'un métier qui fait beaucoup fantasmer et pour lequel les critères physiques, notamment de corpulence et de taille, sont très importants ; en effet, les hôtesses sont toujours des femmes élégantes, souriantes, coiffées, maquillées et leur silhouette est mise en valeur par des uniformes toujours impeccables. Naturellement, on les imagine souvent frivoles et aguicheuses… Si Carola l'a sans doute été, c'est aujourd'hui terminé car elle vit une histoire d'amour obsessionnelle avec un ministre aux yeux vairons, escroc à ses heures, et une amitié amoureuse avec un faux aristocrate désabusé et proche des classes laborieuses.
La partie romance latino de ce livre m'a parfois un peu agacée et les états d'âme de Carola, depuis son appartement au vingt-huitième étage d'une tour, dans un quartier chic, avec terrasse ouverte sur le Río de la Plata ne m'intéressaient pas vraiment… Certes, ses retrouvailles avec une amie d'enfance, devenue une dramaturge perfide et sa rencontre avec un producteur de téléréalité et ses drôles de gardes du corps félinisés mettaient du piment dans la narration mais je voyais mal où Lola Albarracín voulait m'entraîner et je reprenais souvent ma lecture sans grand enthousiasme.

J'ai vraiment accroché quand le passé de Carola a peu à peu refait surface, autour de la disparition de ses parents, de la maladie de sa tante, d'un héritage enfoui dans un garde-meuble et d'un journal trouvé, perdu, retrouvé…
Petit à petit, je me suis laissé imprégner par la chaleur et l'humidité qui écrasent Buenos Aires, par l'ambiance orageuse au sens propre des averses brutales qui noient les rues et les passants et au sens figuré car les Porteños descendent dans la rue et les manifestations sont durement réprimées par les forces de l'ordre.
Enfin, l'histoire de Carola prenait sens en s'inscrivant dans l'actualité politique et économique de son pays et se faisait métaphore de la crise économique et sociale.
Quelques recherches m'ont rapidement permis de me remémorer les tenants et aboutissants de la crise qui a frappé l'Argentine en 2001, déclenchée en décembre par la mise en place du « corralito » (le gel des dépôts bancaires) et la suppression du versement d'une branche du prêt accordé initialement par le Fonds Monétaire International.
En refusant, le 5 décembre 2001, un prêt de 1,264 milliards de dollars au gouvernement argentin, confronté à une dette extérieure de 132 milliards de dollars, le FMI a provoqué en Argentine une crise d'une ampleur sans précédent. Les 9 et 10 décembre 2001, la situation dégénère : des émeutes violentes et des pillages font 39 morts à Buenos Aires. le pays change cinq fois de président en quelques jours et sombre dans le chaos.
Le titre de ce roman prenait alors une véritable dimension, la détresse de Carola englobant celle de tout un pays. L'écriture à la première personne revêtait une ampleur particulière, une forme d'autodérision, un côté incisif et percutant.

Lola Albarracín connaît bien son sujet et son pays d'origine. J'ignore si ses sources d'inspirations sont personnelles ou totalement imaginaires car elle évoque avec justesse les traumatismes de la dictature en les mêlant aux travers de la démocratie ; elle nous parle aussi de la difficulté du deuil… Une chose est certaine, elle m'a embarquée, presque à mon corps défendant, et a su me surprendre par un magnifique dénouement.

Je ne formulerai qu'une toute petite remarque au sujet des très nombreux mots en castillan (plus quelques-uns en anglais) qui émaillent le texte et qui auraient mérité d'être traduits en note de bas de page… Personnellement, cela ne m'a pas posé trop de difficulté, mais ce serait un petit plus, surtout en version broché (quand on n'a pas forcément, comme en numérique, un dictionnaire intégré).

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Merci à Librinova de m'avoir permis la lecture de ce bon roman .Carola vient de se faire licencier de son poste d'hôtesse de l'air qui lui permettait d'être toujours dans les cieux pour fuir le quotidien.
A terre ,elle est complètement désemparée et a du mal à faire face à la maladie de sa tante Beca qui l'a élevée ,à ses amants qui ne cessent de la solliciter et à la crise que traverse l'Argentine .Et de retrouver le journal de sa mère disparue ne va pas arranger les choses.Un bon roman.
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Mesdames et messieurs. Veuillez attacher vos ceintures et relever le dossier de votre fauteuil, le décollage est imminent pour un vol de long courrier qui ne sera pas sans encombres mais qui vous procurera assurément de biens belles sensations, tant ces dernières seront palpables par la grâce de la précision et de la subtilité des mots choisis par Lola Albarracín. Et s'il y a en a un de mot qui résume ce récit c'est : palpable. Car tout y est, de palpable... des sentiments les plus intimes, aux ressentiments les plus profonds en passant par la météo. L'écriture ciselée m'a littéralement transporté à Buenos Aires. J'en ai humé l'air tout le long du récit. La fuite est souvent le plus court chemin pour revenir au plus près de soi, sentir ses racines, et fermer les yeux pour élargir le champ des possibles...car parfois comme le dit Borges : « Être c'est peut-être un peu court parfois »... Un bon roman est lorsque l'on peut s'identifier d'une façon ou d'une autre à l'un des personnages. Je n'avais pas de Maté ni de Malbec ni de dulce de leche mais j'y étais... J'ai souffert de la chaleur, j'ai été oppressé, troublé, désireux, je l'ai eu dans mes bras cet enfant de la rue... J'ai été ... J'ai été... J'ai été le pendant masculin de Carola tant j'ai eu l'impression d'être... Non, plutôt que son pendant, j'ai été Carola... Mais encore plus que tout, J'ai vu au fil des pages, des mots se transformer en images qui bougent... et oui... j'ai vu le grand écran s'emparer de Carola, du Facundo, du Chanta, de Beca et... j'ai même des suggestions de distribution tant les images venaient à moi. Ricardo Darin en Facundo ; Soledad Villamil en Carola. Cécilia Roth en Beca... Il faut absolument que ce roman devienne un film et que la romancière en soit la scénariste. Et quelle fin !!! Mais chut... je vous laisse ouvrir en grand vos yeux et vous laissez porter par cette atmosphère sud-américaine si singulière. Bon vol et...bon film.
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Un portrait de femme sans concession, la descente aux enfers de Carola profondément hantée par son passé. Carola est une jeune femme célibataire et son métier d'hôtesse de l'air lui permet de rester bien loin de l' agitation d'un pays en pleine crise politique, l'Argentine, mais surtout très loin de son histoire personnelle et de sa mère adoptive, celle qui lui a tout donné (Beca). Pourtant un beau jour, il faut bien faire face à ses démons et accepter son passé… J'ai apprécié l'écriture délicate de l'auteure et sa façon de nous faire tomber avec son personnage dans les abîmes profonds et tourmentés. L'enfer est présent partout, dans ce pays en pleine crise, dans ses habitants aux traits grossiers à la limite parfois de la caricature, dans les événements tragiques dépeints abruptement et avec précision. On se demande au fil des pages si Carola va refaire surface et de quelle manière. On s'identifie à elle, ce personnage imprévisible, à la fois fragile et complexe, qui nous touche par ses failles et ses blessures. Carola fuit ou tombe, et nous fuyons et tombons avec elle, entraînée par son petit monde de personnages hauts en couleurs. Jusqu'où ira la chute ?


Un premier roman que je recommande !
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Mon retour sur le livre de Lola Albarracin. 3 arcs-en-ciel (le maximum*) dans le cadre de mes chroniques pour le Cercle des auto-édités (groupe Facebook)
Sagan, De Beauvoir, Yourcenar, Duras, pour les plus connus chez nous, vous connaissez ? J'ajoute Albarracin des temps modernes.
Bravo : Bis repetita.
Ce livre m'a laissé sans mot. Ici, je ne parlerai pas d'écriture, inutile : tout y est : Lola est « Un écrivain, un vrai » comme dit Pia Petersen. Ici, on est à l'étage au-dessus : ce que laisse le roman, où tout est réussi :
– le décor est planté dès les premières lignes, les cumulonimbus dont une Carota, Carolita, pichona, rongée de l'intérieur doit s'échapper en permanence pour rejoindre le sol ferme : les neuf cercles de l'enfer argentin, dans lequel l'auteure nous plonge avec malice avec ses mots d'espagnol qui nous fixent fermement sur son sol, dès les premiers instants, et cette moiteur chaude des orages qui parsèment son ciel avec ses brises qui lui rafraîchissent par saccades les idées ;
– les personnages sont extrêmement vivants, bien réels : Carota, Ana, Facundo, Rebecca, le petit garçon, le concierge, les horribles le Chanta et Andrés, tous… Qu'ils plaisent ou déplaisent n'est pas l'objet d'un roman dont la fonction est de dire en montrant, on comprend et chacun en tire ce qu'il en a à tirer ou peut…
– l'histoire : passionnante en soi, écrite d'un jet clair et limpide, d'un souffle profond et constant où tout s'enchaîne naturellement (tous les fils de bâti sont soigneusement retirés) mêle avec talent l'intrigue personnelle de la protagoniste au contexte général (le politique, le collectif). Aucune page n'est à écarter ou survoler.
Ce qu'il m'en reste, sur le plan subjectif, eh bien j'ai rencontré une autre Alice aux pays des merveilles sombres, avec la mauvaise impression que Buenos Aires, à des kilomètres de nous, se rapproche dangereusement de notre vieille Europe. On ne peut y rester insensible. Et en tant qu'auteure : un livre que j'aimerais avoir écrit
Pour clore : trois citations et un slogan piqué aux contestataires de l'époque :
« J'avais poursuivi sans cesse la terre idéale, des villes inconnues dont je rêvais, la nuit. Depuis l'adolescence, je marchais en rêve dans une cité irréelle, à la recherche de quelque chose, ou de quelqu'un. Ou alors je ne cherchais rien, j'échappais simplement à la réalité, à la mort, à la réalité de ma propre mort. C'était peut-être celle-là, la raison profonde de mes voyages obstinés, l'illusion de tout recommencer dans un pays neuf, non seulement de commencer une nouvelle vie, mais de commencer à nouveau ma vie. À chaque nouvelle destination une nouvelle naissance, l'illusion d'une éternelle renaissance pour conjurer le temps, oublier dans l'excitation de la découverte l'évidence douloureuse de la fin. »
« Rien n'apaisera la tragédie du monde, même pas ta culpabilité. Porter la voix du peuple ne suffit pas à le libérer. »
« Entre savoir et sentir, il y a un fossé où patauge l'indifférence. »
« Avoir un enfant, planter un arbre, brûler une banque. »
* Un livre est bon /entre-deux / très bon.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ana se méfiait des jeux tordus de la langue : dans l’intimité des relations les mots étaient pour elle des armes redoutables au service de la traîtrise, la manipulation. Ils ont une face visible, assurait-elle, celle des dictionnaires et des plates conventions, une façade polie et vernie offrant l’illusion de communiquer avec nos semblables sans que l’on devine leur force souterraine et néfaste, celle qui entraîne la haine, le désamour.
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Deux jeunes hommes me dévisagèrent avec gourmandise et cela m’amusa, non pas que leur désir m’émoustille car je n’avais que faire des petites gens, mais je m’étais souvent demandée pourquoi les hommes confondent hôtesse de l’air et s’envoyer en l’air. Sans doute un réflexe de leur cerveau reptilien.
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Un pilote évoluant sous les tropiques redouble de vigilance lorsqu’une masse d’air froid rencontre une masse d’air chaud, guettant le danger le plus effrayant, la tornade. Ainsi de la houle qui emporta mon cœur sur son passage, un choc de vents contraires face auquel je rendis mes armes les yeux fermés, subjuguée par une fulgurante sensation de plénitude, ou peut-être de reconnaissance, comme si le regard du fauve faisait exister la proie, lui portant, au moment de la tuer, l’attention dont elle manquait cruellement. Le Chanta grattait les aspérités de mon armure, et j’aimais cela.
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« J’avais poursuivi sans cesse la terre idéale, des villes inconnues dont je rêvais, la nuit. Depuis l’adolescence, je marchais en rêve dans une cité irréelle, à la recherche de quelque chose, ou de quelqu’un. Ou alors je ne cherchais rien, j’échappais simplement à la réalité, à la mort, à la réalité de ma propre mort. C’était peut-être celle-là, la raison profonde de mes voyages obstinés, l’illusion de tout recommencer dans un pays neuf, non seulement de commencer une nouvelle vie, mais de commencer à nouveau ma vie. À chaque nouvelle destination une nouvelle naissance, l’illusion d’une éternelle renaissance pour conjurer le temps, oublier dans l’excitation de la découverte l’évidence douloureuse de la fin. »
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Il existe deux types de livres, commenta Ana. Ceux qui vident la tête et ceux qui la remplissent.
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