Grabinoulor jaillit brusquement de l'imagination de
Pierre Albert-Birot à Royan, un beau matin de juin 1918. Et PAB passa le reste de sa vie - cinquante années d'inlassable écriture, révisions et corrections - avec son héros qui appartient à la lignée des Pantagruel,
Don Quichotte, Jacques le fataliste mâtiné de Neveu de Rameau, Tristram Shandy, Ingénu doublé de Zadig ou de Candide, ou encore de Stephen Dedalus, et qui, pendant la durée de son livre ne vieillit pas plus que Mickey Mouse, Tarzan, Tintin ou Monsieur Songe. Héros heureux, solaire, sorte de démiurge auquel tout, exactement tout, est possible,
Grabinoulor n'est freiné ni par l'espace, ni par les contraintes, ni par la morale, ni par la foi. Pas un surhomme, mais un être absolu, à la curiosité illimitée, il veut tout voir, tout savoir, rencontrer tout ce qui existe, n'existe pas, existera peut-être. Véritable journal de la vie imaginaire,
Grabinoulor se veut une vaste et joyeuse encyclopédie, balayant l'histoire de tous les peuples, y compris ceux des mythologies, des origines à après nos jours.
Un livre où règne l'imaginaire - “tout ce qui est imaginé est vrai”, affirme l'auteur - aussi bien que le plus dérisoire quotidien.
Mais d'abord et surtout, le déferlement épique du Verbe triomphant. En effet, le souffle de l'écriture balaie la ponctuation, la rend inutile : la syntaxe en tient lieu. Mille pages conçues comme un seul jet, sans ponctuation aucune. Ni virgule ni point, seul un découpage en Livres et chapitres. Et un point final qui ne fait que suspendre une aventure éternelle.
Arlette Albert-Birot