Interdit et/ou retiré des programmes scolaires dans plusieurs états américains pour blasphème, propos outrageants et racistes, éloge de la masturbation, etc. j'étais curieuse de découvrir ce livre jeunesse qui faisait tant polémique, l'un des plus décrié mais aussi l'un des plus primés outre atlantique.
Junior, de son vrai nom Arnold Spirit, est un jeune indien de la communauté Spokane. Né avec une grave maladie qui le laisse fragile du cerveau, il a également des lunettes, un corps chétif, des parents très pauvres et alcooliques, un bégaiement et une touffe indisciplinée en guise de cheveux, bref, c'est pas Brad Pitt et d'ailleurs au bahut on le surnomme « Le gogol », c'est pas pour rien.
Mais Junior est intelligent et un peu ambitieux aussi. Un jour il décide de quitter le lycée de la réserve, ses bagarres et ses locaux pourris, pour s'inscrire dans celui de la ville d'à côté, celui où vont les blancs…
Non,
Sherman Alexie n'y va pas de main morte pour décrire la très dure réalité de la vie sur la réserve : alcoolisme, violence, désoeuvrement, racisme…
Mais il ne le fait pas dans le but de choquer ou de se répandre dans le pathos, mais simplement d'en rendre compte avec un certain réalisme et un humour plutôt cash, c'est vrai.
C'est le choix du héros qui est assez malin puisqu'il s'agit d'un ado de 14 ans, dégoulinant d'hormones et de rêves de grandeur, à la gouaille un peu crue comme tous les ados de 14 ans. Universel !
Il est attachant Junior, avec ses trouilles de gringalet et son trop plein d'amour pour les siens.
Malin aussi cette manière de balayer les clichés sur la culture amérindienne, la vie dans les réserves, le racisme ordinaire des petites villes de province, etc.
Une plume cash, oui, mais aussi très drôle, émouvante et moderne.
Et ce petit indien pas si nul, bien plus mâture qu'il en a l'air, pour bagarrer les idées préconçues.