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Une succession de témoignages des survivants de la catastrophe de Tchernobyl. Un drame nucléaire aux impacts environnementaux sans précédent qui a foudroyé le destin de milliers d'ukrainiens et de biélorusses. L'auteur nous transmet la voix des anonymes qui ont vécu ce cataclysme. Sans artifice, Svetlana Alexievitch réussit ainsi à nous plonger au coeur de ce contexte historique. Un pouvoir qui ne voulait pas ébrécher l'image d'un régime soviétique pourtant déjà agonisant. Nier les évidences jusqu'à l'absurde. Une population pour qui la collectivité passe avant l'individu et qui a une forme d'abnégation soviétique pour devise. La triste actualité du moment rend cette lecture encore plus intéressante. Il est clair que la Russie actuelle renoue avec les manières despotiques de cette Union soviétique disparue et que l'âme des peuples slaves s'est forgée dans les supplices infligés de son histoire. Un ouvrage de mémoire simple et percutant.
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Une lecture tellement éprouvante, difficile, dure, mais nécessaire. Un essai coup de point sur la tragédie survenue à Tchernobyl. Ce fameux soir du 26 avril 1986, tout était contrôlé, préparé, étudié. Les scientifiques étaient confiants.... mais il a fallu que de quelques petites secondes, et l'explosion. Fumée bleue, propagation, radiation. On dit même que le nuage est venu jusqu'aux États-Unis et au Canada... Incroyable. Nobélisé, cet essai laisse la parole à différents témoins. Des paroles empreintes de souffrance, de douleurs, de pertes, de rage... C'est difficile à lire. Bouleversant.
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Il me fallait choisir une autrice parmi les lauréates du prix Nobel et ayant lu il y a peu un roman qui menait ses personnages dans la zone interdite, mon attention a été retenue par le sous-titre: Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse.

J'avais des réserves, comme je ne lis que rarement les résumés j'avais la crainte d'être perdue dans un récit scientifique ou un roman trop descriptif.

Or La supplication regroupe des témoignes recueillis par Svetlana Alexievitch auprès de personnes ayant vécu la catastrophe de très près : liquidateurs, scientifiques, soldats, villageois, médecins, pères, mères, enfants... A travers leur regard, leurs souvenirs, leurs séquelles, l'autrice donne à comprendre l'ampleur des événements dans le quotidien des biélorusses depuis ce 26 avril 1986.
Le livre est construit en trois parties qui peuvent se résumer par la catastrophe, la vie d'après et les conséquences.
Chaque témoignage plonge le lecteur un peu plus dans l'horreur, la stupéfaction (ou la stupeur) et le questionnement. L'autrice masque sa parole pour ne transcrire que celle des personnes interrogées. Certaines gardent l'anonymat, expriment leur colère mais les autres sont dans le récit des faits, le concret de la situation. Partager leur vécu face à l'ampleur de la situation sans précédents. le silence des autorités, la discipline des soviétiques solidaires et patriotes en vers et contre tout. Les conséquences d'un point de vue sanitaire, économique...

J'ai souvent fait des pauses dans cette lecture. Les mots sont durs, ils m'ont interpellée sur de nombreux aspects différents de la situation. J'ai toujours vu cette catastrophe pour l'Ukraine et l'Europe dans sa globalité. Mais la Biélorussie a énormément été touchée par la catastrophe. le travail d'écriture de Svetlana Alexievitch m'a plu. Je vais d'ailleurs profiter que le livre est composé d'autres textes de l'autrice et me lancer dans Derniers témoins.
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On ne ressort pas indemne de cette lecture.

Recueillis dix ans après la catastrophe, ces témoignages sont plus poignants les uns que les autres. Par petites touches, ils nous disent l'indicible, nous font concevoir l'inconcevable…

Comment peut-on continuer à vivre ? La réponse réside sans doute dans le fatalisme et la longue tradition d'endurance à la souffrance qui caractérise si bien le peuple russe.

Altruisme et abnégation de l'homo sovieticus. le collectif qui prime sur l'individuel. Que se serait-il passé si cela s'était produit de l'autre côté du rideau de fer ?

Un livre indispensable qui préfigure « La Fin de l'homme rouge »
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Le pire c'est que je suis sûre que ça se passerait exactement comme ça en vrai.... Ah merde ! Ça s'est passé en vrai justement… Le 26 avril 1986 (j'avais 13 ans, je m'en souviens bien, mes grands-parents polonais étaient catastrophés) un accident sur le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl a provoqué une réaction nucléaire en chaîne qui a entraîné une très large contamination de l'environnement et une importante vague de décès à plus ou moins long terme du fait des irradiations ou contaminations. Il s'agit du premier accident classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) et il est considéré comme le plus grave accident nucléaire jamais répertorié (le second étant la catastrophe de Fukushima en mars 2011).
Jamais répertorié jusqu'à maintenant j'ai envie d'ajouter parce que, n'en doutons pas, ça va venir. Bordel, après ça je me demande comment on a pu décider de maintenir ne serait-ce qu'une seule centrale nucléaire en activité où que ce soit dans le monde. Mais bon, en même temps pourquoi je m'étonne ? Il y a tellement d'intérêts supérieurs en jeu, n'est-ce pas ? (Ah ouais, supérieurs à quoi, faudra qu'on m'explique !) On ne peut pas comprendre (nous les quidams), et puis aussi on ne peut pas faire autrement il faut bien se mettre ça dans le crâne, on est obligé d'avoir des centrales, on en a besoin et bla bla blaaaa…
Alors oui, c'est vrai, je le reconnais, je ne comprends pas grand chose à tout ça, les subtilités scientifiques m'échappent totalement mais par contre il y a des chiffres qui font peur même si on ne sait pas trop à quoi ils correspondent : des milliers de tonnes de césium, d'iode, de plomb, de zirconium, de cadmium, de béryllium, de bore et une quantité inconnue de plutonium ; quatre cent cinquante types de radionucléides différents ; quantité égale à trois cent cinquante bombes de Hiroshima ; trois milles microröntgens de l'heure etc etc. Parlez-moi chinois, c'est pareil (mais par contre rien que d'entendre ça, j'ai envie de me balader avec un masque et une combinaison étanche, pas vous ?).
Hélas, je ne suis pas la seule à n'y rien comprendre, bien au contraire. Les gens autour de Tchernobyl, en Ukraine ou en Biélorussie, n'y comprenaient rien non plus. Pareil pour ceux - pompiers, soldats, réservistes - qu'on a envoyé là bas pour nettoyer (pfff, comme si on pouvait laver ou enterrer la radiation…), ces liquidateurs comme on les appelait n'en savaient pas davantage mais ils y allaient puis ils rentraient chez eux avec un diplôme, une médaille ou une prime. Et aussi pour la plupart avec une maladie qui allait finir par les tuer. Mais ça ils ne le savaient pas.
En plus, personne n'a même essayé de leur faire comprendre, au contraire, il ne fallait surtout rien dire, ne pas diffuser d'information, soi-disant pour empêcher la panique, en réalité surtout pour protéger un régime, un parti, un idéal ou que sais-je encore. Ok à l'époque personne ne croyait vraiment à ce qui venait de se passer, pas même les scientifiques, il faut dire qu'il n'y avait aucun précédent, dans le monde entier, aucun élément de comparaison. C'est un fait. Dans la région de Tchernobyl on peut dire que l'âge de l'atome côtoyait l'âge de pierre et que toute une génération de stakhanovistes enthousiastes a été élevée dans l'idée que l'atome pacifique soviétique n'était pas plus dangereux que le charbon, ou la tourbe. Ils avaient des idéaux élevés, ils avaient foi en la victoire, ils pensaient pouvoir vaincre Tchernobyl en l'ignorant, et par-dessus tout, ils avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l'atome. Du coup, ils ont détruit ou falsifié des documents (photos, relevés, mesures de radioactivité, bilans médicaux…) et à cause de ça, beaucoup de témoignages ont été perdus - et pour l'histoire, et pour la science. C'est comme une deuxième catastrophe, nier ce qui s'est produit, le minimiser, c'est comme infliger une seconde fois les mêmes souffrances aux mêmes personnes. Tragique. Et ironique aussi quand on pense qu'à l'époque les centrales nucléaires c'était l'avenir, quelle cruelle blague ! En effet maintenant on peut dire que Tchernobyl est une sorte de laboratoire du monde où on peut étudier le futur (et c'est ce qu'on fait) car dans le fond chacun sait qu'à plus ou moins longue échéance nous serons tous des mutants irradiés…

Donc voilà, le livre de Svetlana Alexievitch nous parle de tout ça, mais pas comme ça. Non, elle donne la parole à ceux qu'on n'a pas entendu ou pas écouté et qui ont pourtant des choses à dire sur ce qu'est - du fond des tripes - Tchernobyl. Elle le fait avec respect, avec pudeur, sans chercher de coupable, sans exhiber l'indicible, mais elle le fait, ou plutôt ils le font, ils racontent. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils viennent éteindre l'incendie ou laver les maisons, ils sont évacués sans comprendre pourquoi mais on les ramène quand même pour cultiver les champs, ils s'aiment, ils font des enfants, ils boivent de la vodka et se lavent les mains car on leur a dit que ça suffisait pour stopper les effets de la radiation, ils sont vieux ou pas encore nés, ils sont innocents, ils pensent avoir vécu le pire avec la dernière guerre, ils ont 5 ans et ne connaissent que l'hôpital, ils n'ont pas le droit de manger les pommes de terre de leur jardin mais pourquoi puisqu'on ne voit rien, on ne sent rien, ils accouchent d'enfants difformes, ils traient leurs vaches et le lait est envoyé dans toutes les usines du pays, les veaux malades sont vendus pour pas cher ailleurs, sans qu'on dise d'où ils viennent, ils refusent de croire ceux qui les alertent car on n'a rien annoncé dans les journaux ou à la télé et que quand même, le gouvernement prendrait des mesures si c'était nécessaire, ils tombent malade, des maladies qu'on n'a jamais vu, ils aiment leur pays, leur village, ils n'en ont pas d'autre, ils refusent de partir, ils ne sont plus rien que des Tchernobyliens. Et les Tchernobyliens meurent de la façon la plus horrible…

Désolée c'était un peu long, mais les retombées de cet accident seront plus longues encore (et nous sommes incapables de les prédire toutes) donc accrochez votre cœur et lancez-vous dans cette lecture car une chose est certaine, le nucléaire sûr n'existe pas.
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Pour cet essai Svetlana Alexievitch est partie à la rencontre de ceux qui ont vécu la catastrophe de Tchernobyl. Elle en tire un texte bouleversant. La force de ces lignes tient, à mon avis, qu'elle nous livre ces témoignages sans les commenter. Peut-être y a-t-elle ajouté une certaine poésie car, étonnamment, certains passages sont beaux.
Ce que je retiens de ces témoignages c'est la force de ces peuples slaves. Force ou inconscience, on se pose parfois la question. La plupart des gens n'ont pas les clés de compréhension à l'époque mais ils obéissent aux ordres soviétiques et souvent par conviction. Les quelques-uns qui alertent se heurtent souvent à un mur.
J'ai trouvé tout particulièrement marquants et touchants les témoignages des femmes en prologue et en conclusion. de vrais témoignages d'amour.
Un livre à lire même si c'est parfois dur car ce sont des témoignages qui racontent une réalité récente et impitoyable.
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Tchernobyl. Ce mot évoque dorénavant une catastrophe écologique majeure. Mais que savons-nous du drame humain, quotidien, qui a suivi l'explosion de la centrale? Svetlana Alexievitch nous laisse entrevoir un monde bouleversant: celui des survivants, à qui elle cède la parole.
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5 étoiles pour ce texte, difficile de dire un coup de coeur vu la gravité du récit mais je dirais 5 étoiles pour le fait de dénoncer, de donner la parole à toutes ces victimes.
J'avais 4 ans au moment du drame donc j'ai appris bien plus tard la catastrophe de Tchernobyl. Au-delà de l'accident nucléaire qui a impacté le monde entier, il y a toutes ces vies bouleversées à qui on n'a pas laissé le choix où pire qu'on a laissé vivre sur une terre complètement irradiée.
Ces témoignages montrent avec une certaine pudeur la méconnaissance de la population mais également les manipulations du gouvernement pour minimiser la gravité de la situation. le narration permet aussi de comprendre la mentalité des soviétiques et l'attachement au "parti".
C'est une nécessité que de lire ce livre.
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Comment rendre hommage à ces gens ordinaires qui ont vécu cette catastrophe écologique extraordinaire si ce n'est qu'en lisant ce livre de Svetlana Alexievitch, il faut porter une attention particulière à tous ces noms mentionnés et les répéter haut et fort, prendre un verre de vodka et espérer que la contamination ne nous atteigne pas. La vodka aidant à lutter contre les effets des radiations, à ce qu'on dit…

«  Dans la vie, des choses horribles se passent de façon paisible et naturelle…»

L'auteure nous fait voir ce drame de l'intérieur, celui des survivants, des acteurs bien malgré eux d'une grande mascarade soviétique. Ces personnes pieuses qui ont eu une confiance aveugle dans leurs gouvernants.

« Parce que, dès que l'on perd la foi, on n'est plus un participant, on devient un complice et l'on perd toute justification. »

Des personnes témoignent d'un événement pour lequel leurs références ne sont pas bonnes. Ils connaissent la guerre, ils y sont même habitués mais ce qui arrive à Tchernobyl dépasse l'entendement.

« Mais nous avons toujours vécu dans l'horreur et nous savons vivre dans l'horreur. C'est notre milieu naturel. Pour cela, notre peuple est sans égal… »

Cette lecture n'est pas facile. Est-elle nécessaire? Oui, mais cela dépend de chacun. Pour moi, elle confirme que notre connaissance de la radioactivité a évoluée, que les centrales nucléaires ont moins la cote, que nous savons mieux nous protéger mais, que l'humain est toujours aussi fragile. Et que la peur est toujours présente.

« Je n'ai pas peur de la terre ou de l'eau, j'ai peur de l'homme. »

J'ai vu la série que j'ai trouvé excellente. Ce livre de témoignages qui l'a inspirée est tout à fait exceptionnel. Il brasse fort l'émotion c'est certain mais surtout, démontre un univers terrifiant que trop de gens vivent toujours après toutes ces années.
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J'avais littéralement dévoré le prologue de la page donnée à lire par lecteurs.com pour essayer de gagner ce livre et j'ai cherché rapidement à lire la suite!
Finalement, je n'ai pas pu attendre et une amie me l'a prêté; je l'ai dévoré! Une lecture très forte, une écriture si vraie. Cette catastrophe m'avait laissée sans voix en 86, lire le témoignage d'une femme de mon âge de l'époque a été bouleversant. Tout le livre est d'une justesse extrème, à la fois dur et touchant. Un livre remarquable!
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