J'avais lu il y a bien longtemps
La maison aux esprits (1984) qui m'avait fort marquée à l'époque et j'étais bien curieuse de lire celui-ci.
C'est un gros roman. Avec plein de pages. Une fresque dit-on. Ça se passe à Saint Domingue qui n'était pas encore Haïti, au temps de l'esclavage, ou plutôt au temps de la révolte des esclaves.
Il y a deux parties bien distinctes, la première se passe dans l'île de Saint-Domingue de 1770 à 1793, la seconde à la Nouvelle-Orléans de 1793 à 1810.
La première partie, dans la plantation (ou dans l'habitation disent-ils là-bas) a comme personnages principaux le Maître, Valmorin, un petit aristo qui en a hérité et qui la fait développer considérablement. Il y a bien fait son trou, avec femme et maîtresses et même enfant(s). Ce n'est pas un foudre de guerre, il est plutôt timoré et lâche et laisse son gouverneur faire la police sanglante auprès de l'armada d'esclaves. Il y a tante Rose, la « sage » qui avec son savoir ancestral et ses simples, soigne et veille à la santé de tous ces malheureux. Il y a Parmentier, le médecin, les fesses entre deux chaises, celle des Blancs et celle des Noirs. Et surtout il y a Tete, petite fille noire, puis jeune et belle plante, chasse gardée du Maître.
Tete et un tout nouveau jeune et très bel esclave noir, Gambo, vont s'aimer.
Oui, mais c'est juste au moment de la révolte des esclaves. Gambo ne cherche qu'à s'évader et il va participer activement à cette révolte. Ces pages sont terribles, insoutenables (j'en ai sauté quand même pas mal). Tout est brûlé, massacré, pillé. Mais grâce à Gambo qui murmura à l'oreille de Tété (une dernière fois), Valmorin, les enfants et elle, ont pu s'enfuir et arriver à Cuba, puis en Louisiane.
Evidemment, le décor de la deuxième partie n'est plus du tout le même. Un nouveau personnage, Sancho, fantasque, joyeux, un peu Gastby, prend de l'importance dans l'histoire. Les enfants grandissent et sont en pension. Valmorin se remarie avec une marâtre abominable qui va chasser Tété. A Saint-Domingue, les affaires continuent. La rébellion est en marche. Gambo devient le bras droit de Toussaint (Louverture).
La fin sera difficile pour tout le monde. Seule, Tete dans sa grande sagesse, trouvera un sens à son histoire.
J'ai bien aimé Tete. C'est un beau personnage.
J'ai appris sur la révolte des esclaves que je n'imaginais pas (dans ma bêtise crasse) aussi sanglante. Je me suis immiscée au coeur de ces chaudes contrées où coule le rhum et le sucre, où l'on danse pieds-nus toute la nuit, où le vaudou magique est réel. J'ai été révoltée par la discrimination qui frappait ces pauvres gens, noirs ou marrons, mulâtres ou quarterons… Penser que deux siècles plus tard, ce n'est pas encore réglé me stupéfie.