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3,7

sur 138 notes
En cette journée mondiale du chocolat, ce petit livre au doux nom de “Cacao” est de circonstance.

Jorge Amado a seulement 21 ans lorsqu'il publie en 1933 ce deuxième roman. Né au sein d'une fazenda située dans l'État de Bahia, l'écrivain brésilien connaît bien la condition de ces travailleurs qui de l'aube au coucher s'échinent à la production des cabosses renfermant les précieuses fèves de cacao. La chaleur implacable, le sifflement des serpents, la pression des rendements : dans un environnement aussi hostile, seules une constitution robuste et une mentalité soumise donnent quelques chances de survie.

Sergipano, le dernier “loué” dans la fazenda du Colonel Mané-la-Peste, est un jeune homme qui sous des allures de vagabond est quelqu'un d'un peu instruit. La gentillesse de ses nouveaux compagnons, des braves types aimant par dessus tout le tafia et courir la gueuse, fait quelque peu oublier le travail harassant pour un salaire de misère.
Mais pour Sergipano demain sera forcément meilleur : un jour, la tête haute, les opprimés marcheront ; un jour, à leur tour, les oppresseurs trembleront…

Sous cette plume de jeunesse perce déjà un vif intérêt pour la lutte des classes. Sa vie durant Jorge Amado racontera le sort des déshérités : il est des constances qui font les grands écrivains !

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Bien avant que la littérature latino-américaine ne soit à la mode en Europe, le Brésilien Jorge Amado (1912-2001) dénonçait l'exploitation des ouvriers agricoles de son pays. Il avait 19 ans quand il écrivit Cacao. Initialement publié en 1933, l'ouvrage court et fort retrace la vie des travailleurs dans une fazenda de la région cacaoyère au sud de Bahia à travers une fiction chaleureuse qui vous emporte. Peu importe que le roman soit classé comme prolétaire ou non en 1933. En 2023 il est toujours aussi percutant.

Le narrateur Sergipano nous présente dès le premier chapitre, le « Domaine fraternité » et les terribles conditions de vie des ouvriers agricoles sur l'exploitation du Colonel Manuel Misael de Sousa Teles. Ce « roi du cacao » est surnommé « Mané-la-Peste » par ses ouvriers. Sergipano présente ensuite plusieurs personnages attachants comme Colodino, Antônio Barriguinha et Honório, tous embauchés à la ferme (fazenda). Puis dans le chapitre suivant il retrace son enfance dans l'État de Sergipe (d'où son surnom). Il est le fils d'un propriétaire d'usine de tissus dans la ville de São Cristóvão. A la mort du père, le garçon a travaillé comme ouvrier dans l'entreprise familiale sous les ordres de son oncle, un homme sans scrupules. Encore adolescent, Sergipano part pour Ilhéus, séduit par les belles promesses de prospérité du pays des «  fruits dorés ». le récit revient au point de départ. Sergipano, berné, est recruté par le Colonel Misael et « loué » : il est embauché dans des conditions analogues à celles de l'esclavage et vit dans une cabane misérable. Les ouvriers presque tous analphabètes sont contraints d'acheter de la nourriture et d'autres biens de première nécessité dans des magasins de la fazenda. Ces biens sont facturés trop cher pour les ouvriers qui sont donc enchaînés au travail par leurs dettes. Des employés plus costauds que les autres maintiennent l'ordre par une répression extrêmement violente, n'hésitant pas à tuer contre quelques piécettes supplémentaires. C'est normal, cela a toujours été ainsi. Les jours de repos, le protagoniste et ses amis boivent beaucoup, surtout de la cachaça et fréquentent les bordels. Sergipano décrit l'horrible fatalité qui pèse sur les femmes. La routine est interrompue par l'arrivée du colonel Misael et de sa famille pour les festivités traditionnelles de São João. Sergipano est désigné pour être serviteur à la propriété du Colonel. Il y rencontre sa fille Mária, grande lectrice de romans sentimentaux...
Dans l'un des derniers chapitres du roman, intitulé « Correspondance », le personnage-narrateur, appelé Sergipano tout au long du récit, révèle que son véritable nom est José Cordeiro et qu'il est ouvrier typographe à Rio de Janeiro. Il a eu l'idée d'écrire l'histoire de la plantation après avoir lu des lettres d' ouvriers, de prostituées et des amis qu'il a gardés après son séjour au Domaine.

Le succès populaire de ce livre engagé valut à Jorge Amado bien des ennuis. En 1937, par décision officielle de son pays, 1700 exemplaires de ses romans, dont Cacao, sont brûlés en place publique. Aujourd'hui, on l'étudie dans les écoles.
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Cacao brut, pour ne pas dire amer, dans le Brésil des années 30. Bâti comme un témoignage, Cacao ne se drape pas dans une facture romanesque, pas le temps. Pas le temps non plus de s'attacher aux personnages, pas le temps. Alors accompagner, un court instant, cette vibrante ébauche sociale et humaine qui colorera toute sa littérature à venir. Dans cette oeuvre de jeunesse, Jorge Amado déroule le tapis de l'exploitation et de l'oppression comme une gifle, sans attendre que nous tendions l'autre joue : ses personnages l'ont déjà fait pour nous.
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L'auteur avait 21 ans lorsque son livre "Cacao" a été publié en 1933.
Depuis Jorge Amado est devenu comme Coelho un incontournable de la littérature brésilienne.
Un jeune homme innocent et naïf se retrouve dans un plantation de cacao après le décès de son père et l'annonce de sa ruine par son oncle. En travaillant pour le Colonel Mané-La- Peste, Sergipano découvre les "Loués", hommes miséreux exploités par les propriétaires de cacaoyers.
Sergipano qui est issu d'un milieu aisé partagent le sort des affamés, des analphabètes et des prostituées. Même le salaire est amputé largement par les achats à l'économat du patron. Les travailleurs sont renvoyés pour des causes qui ne dépendent pas d'eux.
Devant le mépris de ces riches exploiteurs, Sergipano prend conscience de la lutte de classe , seul recours pour en finir avec une société injuste où l'Etat reste inerte.
Amado s'attaque aussi à la religion en dénonçant le manque d'empathie des prêtres qui rejettent les "théories égalitaires". Ils sont carrément haïs.
Roman social avant tout L'auteur donne la voix aux humbles qui souffrent chacun de leur côté sans penser à se fédérer pour devenir une force face aux exploitants.
Livre de détresse et d'injustice ce roman m'a paru chaotique de part sa composition et son manque de profondeur.
J'aurai aimé plus d'approfondissement des personnages .
Aucune odeur de tasse fumante de cacao amer dans ce récit : ma gourmandise est déçue.
Quand aux collégiens l'étude de cet ouvrage ouvrira leur esprit au sort des pauvres et aux droits bafoués des enfants brésiliens.
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Cacao est le second roman de Jorge Amado. Il a plus la forme d'une chronique sur la vie des ouvriers des plantations de cacao dans les années 1930.

Le narrateur est un jeune homme originaire du Sergipe dont la famille a été ruinée à la mort du père. Il part dans la province de Bahia espérant trouver du travail dans une cacaoyère.

Il est « loué » comme ramasseur dans le Domaine Fraternité et découvre la vie misérable de ces hommes et ces femmes surexploités par les Colonel, propriétaires des plantations de cacao. Mais il va aussi y trouver une fraternité et une conscience de classes qui s'ébauche.

Tout est raconté comme il le ressent, de manière abrupte et très crue mais qu'il est facile d'imaginer du moins d'essayer d'imaginer ! L'histoire est peu structurée, elle est plutôt comme un instantané de vie saisi dans ce cloaque où le mot « avenir » n'a pas de sens.

Jorge Amado est un de mes écrivains préférés.

CHALLENGE RIQUIQUIS 2020
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Court roman d'environ 150 pages. Je n'ai pas su y plonger à corps perdu... Dès les premières lignes, j'ai eu du mal avec le style, trop réaliste peut-être ? Je me suis accrochée (150 pages, qu'est-ce que c'est ?!), et effectivement j'ai plus apprécié la fin, mais sans coup de coeur.
Le thème, pourtant, m'intéressait tout particulièrement : les travailleurs de tous âges exploitées dans les exploitations de cacao, dans les années trente, par des propriétaires sans scrupules.
Mais le traitement qui en est fait dans ce roman m'a semblé trop crû, trop direct. Venant tout juste de terminer "Le bel oranger", le contraste était sans doute trop intense ...
Il n'est pas utile que je prolonge cette critique, il vaut mieux que je laisse la plume (euh, le clavier) aux lecteurs qui ont su rentrer dans cet ouvrage, je ne me sens pas légitime pour en faire un billet valable. Mais je crois vraiment que le timing était mal choisi ; à relire peut-être ultérieurement ?
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Livre petit par les pages, grand par l'injustice. Cacao comme son titre l'indique se passe dans la cueillette des plantations au Brésil. Sujet intéressant qui décrit l'exploitation de l'être humain, leurs aspirations et leurs amours dans cette vie en communauté et surtout l'humiliation. le style est brut, le parlé dans les dialogues un peu difficile à comprendre. L'avant lutte des classes puisque ce roman a été publié en 1933 par Jorge Amado, alors âgé de 21 ans.
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Cacao, un roman qui nous conte la dure vie dans les plantations de cacaotiers. Cette fresque peinte avec beaucoup de simplicité laisse pourtant un fabuleux exemple de l'exploitation des hommes par l'homme, et la naissance de la lutte des classes.
L'écriture est simple, mais efficace, la construction est un peu olé olé mais le narrateur le dit, Cacao est né dans l'idée de :

"J'ai essayé de raconter dans ce livre, avec un minimum de littérature au profit d'un maximum d'honnêteté, la vie des travailleurs dans les plantations de cacao du sud de l'État de Bahia. Sera-t-il sorti de là un roman prolétarien ?"

"D'ailleurs je n'ai pas eu de préoccupation littéraire en composant ces pages. J'ai voulu raconter la vie des travailleurs sur les plantations de cacao. Je ne sais si j'ai affaibli ce récit en racontant mon aventure avec la fille du patron. Mais elle est entrée dans le livre tout naturellement, sans y être invitée. Peut-être un jour reviendrai-je aux plantations de cacao."

un court roman qui se lit en croquant un carré de chocolat qui peut laisser un goût amer sachant les souffrances qu'on subit toute une génération d'ouvriers.
Les personnages sont aussi attachants malgré leur caractéristiques peu honorables mais au fond, ils sont nobles car ils restent fidèles et soudés entre eux.

A lire sans hésitation

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"Cacao" est le deuxième roman de l'écrivain brésilien d'une renommée mondiale Jorge Amado.
On y suit ici le quotidien d'ouvriers au sein d'une plantation de cacao au sud de l'état de Bahia, où l'auteur a grandi.

J'ai beaucoup aimé ce récit, les thématiques abordées, bien qu'au début du récit j'ai eu du mal à accrocher. Je me perdais beaucoup dans les personnages, les lieux, leurs liens.
Le récit est peu structuré, on suit plutôt des évènements de vie, comme des chroniques mais il va droit au but, c'est efficace.
Il signe le début de la "conscience des classes".

Je serai curieuse de découvrir davantage l'oeuvre de Jorge Amado.
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La vie des travailleurs dans les plantations de cacao dans l'état de Bahia ou l'exploitation des plus pauvres par les plus riches.Cela peut paraître simpliste comme ça mais qu'on soit avec Torgny Lindgren en Suède avec "Le chemin du serpent" ou ici au Brésil avec Jorge Amado, les méthodes sont les mêmes,universelles. On paie peu pour un travail immense et ingrat et surtout on facture toutes les petites dépenses quotidiennes sans contrôle. Les ouvriers sont donc toujours endettés, à la merci du patron qui a droit de vie et de mort sur les"loués".La lecture est facile, le ton n'est pas triste même s'il est résigné. Malgré tout, l'espoir est là. On assiste à la naissance de la conscience de classe.Ce roman a été écrit en 1933.
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