Les conditions idéalesMokhtar Amoudi
roman (premier)
Gallimard, 2023, 246p
C'est l'histoire d'un gamin, Skander, qui grandit, fils d'une mère droguée et prostituée, et placé dans des maisons d'accueil. Au fil des placements, il change de « frères » et « soeurs ». On ne s'occupe pas de son bien-être. On le place. Il aurait aimé un autre foyer. Sa mère préfère qu'il ne soit pas trop loin de là où elle habite. Sa chance relative est d'être bon élève.
Il arrive à Courseine dans la maison de Khadija qui veut argent et références. Les autres enfants de la maison touchent à la drogue, ils en prennent ou ils en vendent dans le Grand quartier. Des rivalités de bandes sont fréquentes et font mal. Peu à peu, Skander a pour domaine la rue.
Khadija l'entraîne, lui l'Algérien, au Maroc où sa famille exploite celle-ci de façon scandaleuse. Tout va de mal en pis pour Khadija, ruinée puis calomniée. Skander lui donne un peu d'amour.
Il rencontre un avocat, et il a envie de devenir avocat. Cet avocat ne s'embarrasse pas de sentiments. Il ne veut pas entendre parler de drogue. Cependant Skander sait ce qu'il veut. Pris dans une affaire de trafic, et grâce à ses aptitudes scolaires -quelque chose d'inouï dans le monde des enfants placés- il pourra faire des études longues.
Ce roman, qui rappelle pourtant La vie devant soi, ne m'a pas emballée. Il est écrit à la première personne, avec un regard d'enfant puis d'adolescent déjà désabusé, et une langue de banlieue. Skander ne m'est pas sympathique, bien qu'il soit très attentif aux autres, qu'il lutte pour s'en sortir. C'est sûr que de conditions idéales, il n'en a pas, lui qui manque d'amour et d'argent, mais qui a intelligence, recul et lucidité ; les conditions qui lui sont offertes en fin de roman paraissent, elles, venir d'un conte de fées. Je n'étais sans doute pas dans
les conditions idéales pour me laisser prendre par ce bouquin, je suis restée au bord de la route.