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EAN : 9782021465723
288 pages
Seuil (11/02/2022)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Comment une mère peut-elle tuer ses bébés ? Les cas d’infanticides font régulièrement la une des médias. Dans une société qui idéalise la maternité, les femmes qui tuent leur nouveau-né dans les heures qui suivent sa naissance provoquent horreur et incompréhension. Ce sont des « monstres » ou des « folles ». L’enquête menée par Julie Ancian en prison et dans les cours d’assises se situe à l’opposé de ces images convenues. Son livre s’appuie sur les récits exceptionn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Aujourd'hui je vais évoquer Les violences inaudibles essai sociologique passionnant de Julie Ancian. le sous-titre est Récits d'infanticides. Ce texte présente : « les résultats d'une enquête sociologique menée pendant six ans sur des cas de néonaticides jugés en France entre 2005 et 2016. (...) L'analyse des peines prononcées dans les 75 affaires étudiées montre des peines disparates, allant de quelques mois de sursis à plus de vingt années de réclusion criminelle. » L'auteur a assisté à des procès, consulté des archives, analysé les récits journalistiques et réalisé de longs entretiens avec plusieurs femmes impliquées et des magistrats.
Les violences inaudibles tentent de répondre à une question : « comment comprendre que chaque année des jeunes filles, des femmes, des mères de famille, dissimulent leur grossesse à leur entourage et endurent un accouchement dans le secret et la solitude. » Les événements rapportés relèvent souvent de la catégorie des faits divers dans les journaux et sont l'objet de procès médiatisés lorsque les foetus morts sont retrouvés et identifiés. La sociologue à travers l'étude de quelques cas individuels écoute la parole des mères infanticides (ce sont quasi exclusivement les femmes qui tuent leurs nourrissons suite à des accouchements secrets). Elle précise que : « ce livre expose comment la vie de familles entières se retrouve bouleversée lorsque des femmes sont prises au piège d'une grossesse qu'elles n'ont pas pu éviter et qu'elles ne peuvent interrompre. » le propos de son enquête est de montrer que plus que la notion de déni de grossesse il s'agit d'un refus d'être enceinte et des conséquences à venir d'une naissance (souvent supplémentaire) pour les parturientes. Les femmes concernées sont souvent paupérisées, précarisées, victimes de violence conjugale. le lecteur pourra être surpris des difficultés ou des échecs de contraception que vivent les mères qui commettent un néonaticide. Force est d'admettre à partir de cette enquête que l'accès à la contraception et à l'IVG en particulier peut se révéler difficile dans certaines circonstances (femme non véhiculée habitant en zone rurale par exemple, recherche de discrétion). le milieu social ne favorise pas toujours l'accès aux services médicaux. Il résulte de ces situations de véritables drames humains et familiaux. Plusieurs femmes sont soumises et dociles, terrorisées par la réaction anticipée de leur compagnon à l'annonce d'une grossesse, elles ne savent ni ne peuvent s'affirmer. Dans plusieurs cas l'état a été dit puis dissimulé pour éviter les coups ou les humiliations. Il est intéressant de noter que : « même avec les méthodes contraceptives jugées les plus fiables, à l'échelle d'une vie, le risque zéro n'existe pas. » Julie Ancian explique que : « les néonaticides ne sont ni des actes de haine contre les nouveau-nés, ni des « coups de folie » maternelle, mais des gestes désespérés pour se défaire des conséquences d'une grossesse catastrophique. Des gestes commis dans un état de panique amplifié par l'épreuve de l'accouchement solitaire et la peur d'être découverte. » La construction de l'essai est intéressante, la sociologue écoute les femmes puis reconstitue les faits et élabore une analyse des procès et des jugements. Souvent ces « histoires de femmes » sont traitées par des hommes (médecins, experts, juges) qui ne prennent pas toujours en compte toutes les réalités et se réfugient derrière le concept (en l'occurrence trop limitatif) de déni de grossesse. L'auteur insiste sur le fait que : « l'opinion publique a été gagnée à l'idée que le déni de grossesse est le trouble mental à l'origine des néonaticides. Ce qui est regrettable, car la pathologisation des conduites féminines ne sert pas la cause des femmes. » Cela peut s'expliquer en raison de : « l'affaire Courjault (qui) représente pour de nombreuses personnes non seulement l'archétype du néonaticide, mais aussi celui du déni de grossesse. » En conclusion force est de reconnaitre qu'aujourd'hui encore en France : « la sexualité féminine est encadrée par de nombreuses normes et les corps féminins sont soumis à un contrôle social d'une manière qui ne touche absolument pas les hommes. »
Les violences inaudibles est un livre fort qui bouscule les idées reçues en se plaçant systématiquement du point de vue des femmes incriminées afin d'essayer de comprendre leurs situations personnelles et environnementales qui ont conduit à ces crimes odieux et souvent indicibles. le travail présenté est remarquable toujours empreint de compassion même quand l'abominable est raconté.
Voilà, je vous ai donc parlé des Violences inaudibles de Julie Ancian paru aux éditions du Seuil.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Ce livre est le fruit d'une thèse portant sur les néonaticides (homicide d'un nouveau-né dans les 24 heures qui suivent sa naissance). L'autrice a analysé des récits issus des procès et de récits recueillis en entretien individuel.
A travers cette recherche, on s'aperçoit que les femmes ayant commis un néonaticide ne sont pas prise d'une folie passagère lié à un déni de grossesse. Mais que c'est leurs conditions sociales (précarité) et de vie ( violences intrafamiliales, isolées socialement...) qui en expliquent ce geste.
Ce livre est vraiment accessible et ne fait pas dans le voyeurisme, je vous le recommande.
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Une étude sur des drames sociaux et sur l'évolution de ceux-ci en France avec quelques appartées dans les législations internationales. Il manque d'étude des cas qui sont présentés mais dont on ne retire pas grand chose de plus qu'une conclusion généraliste - certes bien construite et juste - mais qui - dans un soucis d'anonymat - sont "juste" des récits de vie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Rappelons que les grossesses non prévues ne sont pas rares : en 2000, peu avant les affaires dont il est question ici, une grossesse sur trois était qualifiée de non prévues. On estime que chaque femme en connaîtra en moyenne une et que 40 % des femmes auront recours à l'IVG au cours de leur vie reproductive.
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La vasectomie quant à elle concerne, en France, à peine 1% des hommes, qui ne veulent pas où plus procréer, contre 15% à 20% au Royaume -Uni ou aux Pays-Bas et plus de 20% au Québec.
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Les néonaticides ne sont pas des femmes " insensés" ou " mystérieux", mais des drames sociaux qui accablent des femmes déjà continuellement punies.
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