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EAN : 9782351781296
368 pages
Gallmeister (03/05/2018)
3.59/5   677 notes
Résumé :
Idaho, 1995. Par une chaude journée d'août, une famille se rend dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. Tandis que Wade, le père, se charge d'empiler les bûches, Jenny, la mère, élague les branches qui dépassent. Leurs deux filles, June et May, âgées de neuf et six ans, se chamaillent et chantonnent pour passer le temps. C'est alors que se produit un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (195) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 677 notes
Idaho, un titre qui a du souffle, de l'envergure, suffisamment pour te transporter vers les Rocheuses, la beauté de ses paysages faits de lacs, de hauts sommets enneigés, de profonds canyons, là où tout n'est que beauté sauvage préservée. Un titre qui ne dit rien, pourtant, de la force introspective qui traverse ce roman désespérément magnifique sur le deuil, la mémoire et la vie qui est là, malgré tout.

Le pivot de ce roman quasi choral est Ann, la seconde épouse, celle qui est entrée dans la vie de Wade après un terrible drame qui a détruit la famille de son compagnon. Wade souffre de démence sénile foudroyante et perd progressivement la mémoire.

« Un jour d'automne ensoleillé, allongée à côté de lui dans l'herbe, tandis qu'il somnolait, elle ( Ann ) a senti l'ancienne vie de Wade, ses souvenirs, s'évaporer à travers sa peau. Elle a senti que tout le quittait, tout sauf elle. Alors elle s'est à son tour vidée de sa propre vie pour être sur un pied d'égalité avec lui. Ils sont restés étendus l'un contre l'autre, tel un fragment dans le temps. Un nuage est passé devant le soleil et, à l'intérieur de Wade, il y a eu un basculement qu'elle a perçu. A ce moment-là, elle a laissé un basculement se produire à l'intérieur d'elle-même, et ainsi sils sont redevenus les êtres qu'ils étaient habituellement, encore tout chauds de l'amnésie qu'ils venaient de vivre. »

Mais Ann est terrifiée à l'idée qu'un jour ils n'auraient plus que ça. Elle veut comprendre ce qu'il s'est passé, cette tragédie que Wade a toujours tue et qu'il taira pour toujours avec sa maladie.
Elle veut s'emparer des souvenirs de Wade et c'est incroyable comme l'auteur parvient à faire résonner en nous cette possession lente jusqu'à en perdre la raison.

J'ai lu cette quête perdue d'avance comme hypnotisée par le style emplie de subtilité de cette toute jeune auteure étonnante de maturité. Envoutée par la structure polyphonique complètement affranchie de la chronologie, éclatée de 1973 à 2025. Ensorcelée par l'étrangeté qui se distille de chaque page. Ce n'est pas l'élucidation du pourquoi du drame qui intéresse Emily Ruskovich , mais le cheminement des âmes d'Ann, de Wade, de Jenny ( la première épouse ). Pas de tentative d'explications psychologiques basiques, la psyché des personnages reste opaque et complexe, et c'est tant mieux.

Le bouleversement qui s'est emparé de moi à la lecture des dernières pages est venu à petit pas, dans le souffle de l'intime scruté au plus profond. Il est des silences qui hurlent dans les forêts de l'Idaho.
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Ida, ho !
La dénomination de cet état serait le fait d'un énorme malentendu.
Ça tombe bien, sa lecture également.

Neuf fois sur dix, Gallmeister, ça matche.
La perfection n'étant pas de ce monde, il arrive parfois que l'on soit déçu au vu de l'attente légitimement suscitée par la quatrième de couv' et les notes flatteuses y afférant.

Puzzle éclaté sur fond de drame familial, Idaho alterne personnages et époques sans finalement délivrer toutes les clés. Et moi, j'suis comme passe-partout, si j'ai pas le trousseau au complet, je tourne vite chafouin.

Affirmer que le propos fut lisse et dénué de tout intérêt serait mentir.
L'entame fut parfaite, le ressenti final d'autant plus frustrant.

Ce manque de liant, cette multiplicité d'ellipses a totalement parasité ma lecture au point d'assécher mon curseur ravissement initialement au zénith.

Impossible de m'enthousiasmer tout de go sans qu'une vilaine rupture ne vienne pointer le bout de son récit particulier et annihiler toute la joie intériorisée éprouvée antérieurement.

Bref, ce que j'ai préféré chez Ruskovitch, c'est encore le pitch...
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2004. Ann et Wade sont mariés depuis 8 ans, installé à Ponderosa, dans l'Idaho, dans une humble maison à flanc de montagne. Ann, la seconde épouse de Wade, connaît peu de choses du passé de son mari. Et aujourd'hui, alors que ce dernier perd la mémoire, elle voudrait comprendre ce qui s'est passé en cette journée chaude d'août 1995, dans une clairière de montagne. Un jour noir et terrible qui a déchiré la famille... La petite May, alors âgée de 6 ans, est décédée. June, 9 ans, a, quant à elle, disparu. Alors, avant que tout ne s'efface de la mémoire de Wade, Ann va explorer ce passé douloureux et tenter de comprendre cette famille...

Au coeur d'une nature sauvage, parfois hostile, aux paysages grandioses, Emily Ruskovich nous emmène sur les routes sinueuses du souvenir. Avant que Wade n'oublie à tout jamais ses deux filles et ce drame qui a fait exploser sa famille, Ann s'aventure et va tenter d'explorer ce passé qui s'effiloche, qui se perd. Ce roman polyphonique, d'une force rare, intense, fait montre d'une parfaite maîtrise. L'on ressent les peines et les douleurs, l'on entend les murmures et le souffle du vent, l'on grelotte ou l'on suffoque. L'auteure, déployant son récit de 1973 à 2025 sans ordre chronologique, dépeint avec profondeur chaque personnage, dans ses forces et ses faiblesses et dévoile petit à petit les causes du drame et ses conséquences tragiques. Un premier roman dense, époustouflant et servi par une écriture intense, sensuelle et ciselée. Une tragédie bouleversante et inoubliable...
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Après la tragédie qui, il y a quelques années, a occupé la une des media et fait disparaître de sa vie sa femme Jenny et ses deux petites filles May et June, Wade vit toujours dans sa maison perdue dans les montagnes de l'Idaho. Désormais âgé d'une cinquantaine d'années, il est atteint de démence précoce et perd peu à peu toute notion de son passé. Sa seconde épouse Ann devient sa soignante, mais se sent aussi investie d'un devoir de mémoire : plus Wade devient l'ombre de lui-même, plus Ann entreprend de creuser son histoire, reconstituant le drame et endossant de bien lourdes responsabilités.


L'âpre et grandiose coin de nature qui isole Wade, Jenny d'abord, Ann ensuite, n'en rend que plus écrasants les événements qui pèsent sur leur vie : dans un tel espace, tout devient à la fois dérisoire face à l'implacable indifférence du cadre où ils se débattent, et insurmontable tant ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pourtant, leur combat perdu d'avance s'illumine d'une profonde humanité, d'autant plus émouvante que silencieuse et fragile : chaque personnage devient un cri muet, qui n'espère plus d'issue pour lui-même, mais trouve finalement une forme de rédemption dans son dévouement pour quelqu'un d'autre.


L'auteur nous livre des protagonistes complexes, qu'on se contentera d'accepter comme ils sont, sans jugement ni explication psychologique. Leur histoire se dévoile peu à peu, au rythme de leurs remords, de leurs souvenirs et de leurs reconstitutions parfois imaginaires d'un passé qui s'entremêle constamment au présent. Comment vivre avec la perte et la culpabilité, le doute et le dégoût de soi ? Comment se reconstruire sur des ruines ? Ici pas de mots ni de volonté consciente d'y parvenir : juste des réflexes de survie où finissent par refleurir des petits moments de grâce, où l'âme cherche la lumière dans un parcours semblable à un chemin de croix.


Paradoxalement, la lecture n'est jamais sombre ni pesante : l'on devine, l'on pressent, et l'on avance peu à peu, touché par le courage de ces gens ordinaires qui expient sans se plaindre, après avoir été abattus par des circonstances curieuses qui font paraître bien fragile la frontière entre le bien et le mal.


Idaho est une histoire troublante et étrange, qui fait hurler le silence accumulé sur des blessures anciennes et jamais cicatrisées, et brûler d'émouvantes flammes d'amour et d'humanité sur un terreau de désespoir résigné.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Premier roman d'Emily Ruskovich, « Idaho » est une réelle belle découverte. J'ai cru lire du Faulkner, c'est dire le talent immense de l'auteure. Alors que jenny, la mère de May six ans et de June neuf ans, se repose dans le pick-up pendant que Wade, le père, poursuit l'abattage d'arbres, le drame éclate. le roman d'Emily Ruskovich est une course poursuite après une mémoire qui fond comme la glace au soleil. J'ai gardé un « gout » bizarre et agréable dans ma tête, cette histoire finie. Mais finit-elle vraiment ?
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critiques presse (3)
Actualitte
24 avril 2024
La dextérité dans la construction de ce livre est, je pense, sans faille et relève d’une partition parfaitement maîtrisée et appliquée avec une rigueur impeccable.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Lexpress
14 mai 2018
Avec Idaho, l'Américaine Emily Ruskovich signe un premier roman d'une grande maturité, aussi dramatique qu'obsédant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
02 mai 2018
Un incroyable ouvrage sur la mémoire, ce dont on se souvient, ce que l’on oublie, ce qui nous échappe.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
Petite, elle se faisait une idée précise de ce que signifiait être adulte : être adulte voulait dire posséder une maison que l'on remplissait d'objets comme celui-ci. Des objets auxquels vous ne teniez pas individuellement, que vous n'aviez pas le souvenir d'avoir choisis ni même achetés, mais qu'au fil des ans la vie s'était chargée de collectionner pour vous et qui, par conséquent, parlaient pour vous. Dans l'esprit enfantin d'Ann, de tels objets étaient nécessaires, ennuyeux, beaux, et surtout assortis. Tout ce qui pouvait vous arriver d'horrible quand vous grandissiez pouvait être atténué par l'assurance que ces objets procuraient. Ils étaient une protection, comme si collectivement ils détenaient un pouvoir magique, formant une sorte de bouclier épars.
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Wade et Jenny sont des gens des plaines. Des gens des plaines vivant sur une montagne dont ils n'avaient pas remarqué qu'elle était beaucoup plus grande qu'eux. Un terrain acheté sans trop réfléchir parce qu'il n'était pas cher, parce qu'il n'avait rien à voir avec la plaine. Que d'arrogance et de puérilité ! Un rêve qui les avait emportés comme une avalanche. Mais quel genre de bonhomme leur ferait croire qu'ils ne risquaient pas de se retrouver coincés sur une montagne enneigée, alors que sans tracteur ou déneigeuse, il ne pouvait pas en être autrement ? N'empêche, ils auraient dû s'interroger. Ils auraient dû s'en assurer. Et, maintenant, la seule autre personne au monde à connaître la vérité sur leur désespoir est quelqu'un qui a tatoué sa haine sur sa main.
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- Tu es allée quelque part, Ann ?
- Non, je suis là, dit-elle avant de l'embrasser brutalement sur la bouche, faisant de son mieux pour retenir ses larmes.
- Non, tes cheveux sentent le gaz d'échappement, dit-il en riant un peu.
- Il enfouit de nouveau son visage dans les cheveux d'Ann. Puis il l'observe, attentivement cette fois-ci.
- Ça sent très fort. Tu ne t'en rends pas compte ?
- Non, je ne sens rien, dit-elle prudemment.
- Cette odeur n'y était pas il y a encore quelques heures.
- Ah bon ?
- Sérieusement, tu es allée quelques part ? demande-t-il en la regardant désormais dans les yeux.
Derrière le ton léger, il y a de le tension dans la voix de Wade. Et il y en a aussi dans le silence d'Ann.
- Pourquoi as-tu fait tourner le moteur du pick-up ? demande-t-il sans hausser le ton.
Maintenant elle pourrait le lui dire. Elle pourrait.
Elle lève les yeux vers lui et franchit une ligne qu'elle n'a jamais osé franchir.
- Parfois, je vais m’asseoir là-haut.
- Pourquoi fais-tu ça ?
- Pourquoi tu crois que je fais ça ?
Aucune trace de colère sur le visage de Wade, mais il ne sait pas où poser son regard. Sur elle, c’est impossible.
- Wade. Pourquoi crois-tu que je vais là-haut ?
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[ à propos de May, une toute jeune enfant ]

Quand May se réveille, Wade, assis au bord du lit, la regarde. Il la prend dans ses bras et se rend dans la cuisine, puis s'agenouille avec elle, la tête de la petite appuyée contre son épaule. Devant eux, sur une serviette pliée, la corneille est là, respirant laborieusement sous le soleil de l'après-midi.
- Regarde, May.
Alors elle regarde. Elle pointe son doigt vers la corneille et dit :
- Corbeau.
- Qu'est-ce que tu as dit ? demande Jenny qui se dépêche de les rejoindre et de s'agenouiller à côté d'eux.
- Corbeau.
Comment ce mot peut-il faire partie du vocabulaire de May alors qu'aucun d'entre eux ne le lui a appris ? Sans qu'ils ne remarquent rien, elle est devenue plus profonde. Sous ses cheveux à la blondeur presque blanche se trouvent deux nouveaux yeux, et il n'a aucune idée de ce que ces yeux voient. Elle est capable de garder quelque chose pour elle, puis de le révéler subitement. Comment a-t-elle appris à être cette nouvelle May ? Il place une main à l'arrière de sa tête et l'approche, conscient déjà que tout ça va passer trop vite, et qu'elle est déjà en train de devenir une personne indépendante, composée d'un savoir secret.
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Si la peau des limiers est flasque, c'est pour qu'elle retienne l'odeur de la terre. Les oreilles qui traînent sur le sol de la forêt font remonter l'odeur et, prisonnière des plis et replis de la peau, elle rappelle au chien que la piste existe même quand la piste est perdue. L'odeur de la piste devient celle du chien lui-même, une odeur piégée entre les plis du cou et du contour des yeux, qu'il est difficile d'extraire de toute cette peau. La tête baissée, ce que le chien suit, il le suit à l'aveuglette ; la gravité fait glisser le front ver le museau, de sorte que c'est l'odeur entre les plis qui lui permet de voir, bien davantage que ses yeux recouverts par les plis. Les lourdes oreilles qui tanguent constamment d'avant en arrière forment les murs autour de la piste - des œillères, en somme -, tandis que les extrémités de ces oreilles font remonter des particules du sol que les plis retiennent ensuite.
Au repos, la tête relevée, le limier est un chien bien différent. Les plis se déplient. Le front est lisse, la peau relâche l'odeur.
Voilà comme un chien oublie. Voilà comment un chien tourne la page.
Il relève la tête.
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Videos de Emily Ruskovich (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emily Ruskovich
La French-American Foundation France a décerné son Translation Prize 2019. Le Prix a été remis à Simon Baril pour la traduction de l'ouvrage de Emily Ruskovich "Idaho" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2323525/emily-ruskovich-idaho
Notes de Musique : © mollat
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