La saga des vierges guerrières tueuses de dragons continue avec ce tome 5 intitulé "Brisken" et consacré au thème du sacrifice. Beaucoup de sacrifices donc au court du récit, individuels ou collectifs, l'Ordre de Messara devant ainsi sacrifier sa vengeance sur l'autel du devoir…
ANGE recours ici à un de se ses schémas narratifs préférés : débuter par un flashforward qui annonce dès le départ une amère et inéluctable fin, avant que le récit ne rattrape le flashforward pour aboutir à la véritable fin.
Et ici on nous raconte une des plus vieilles, une des plus efficaces et une des plus universelles histoires du monde : le combat héroïque mais désespéré de peu contre beaucoup. Bref, ici on nous refait la Bataille des Thermopyles et c'est vachement cool ! (le « 400 » d'ANGE est sorti du même moule que le "300" de Zack Snyder… ^^)
L'empereur de Messara, dépassé par l'avancée de l'avancée de l'aura de corruption d'un nouveau dragon, demande au premier ordre des chevaliers dragons de tenir la passe de Brisken pour protéger la capitale en attendant l'arrivée des renforts. Dès le départ cela pue le traquenard à plein nez, mais la matriarche et les anciennes convoquent le ban sonne le ban-arrière ban de l'ordre et chevalières, écuyères et apprenties partent sauter à pieds joints dans le piège qui leur ait tendu.
A travers les yeux de la chevalière Alia (sur le principe du journal utilisé par
Glen Cook dans sa très dark fantasy "Compagnie noire"), on suit donc siège, assaut, contre-assaut, charge désespéré, retraite sinon fuite désespéré et dernier baroud d'honneur avec les renforts de l'ordre d'Ishtar commandé par la chevalière Orin (et qu'on retrouvera dans le tome 2 avec son amie de petite taille spécialiste du combat à la hache)… Bref, c'est la totale pendant qu'on suit en parallèle les instigations d'une ancienne chevalière de l'ordre de Narak concernant le dragon par qui le malheur est arrivé et qui est censé être mort… (Dragon que par ailleurs on ne verra jamais, ce qui tord à ceux qui critiquent la série comme étant un monster of the week).
Vaste complot ou machination incroyable derrière tout cela ? Non, juste un dirigeant comme les autres dont l'ego ne peut pas supporter qu'il existe en son royaume des individus qui ne lui obéissent pas au doigt et à l'oeil, pire des individus qui soient peut-être plus puissant que lui donc hors de portée de ses caprices d'enfant pourri gâté. On connaît bien la chanson, puisqu'on subi les mêmes IRL chaque jour qui passe... VDM
Passons aux choses qui fâchent : les dessins de
Philippe Briones. Autant l'humour espiègle des apprenties chevalières Akanah et Eleanor pouvait bien s'accommoder des graphismes comics un peu cartoon dans le tome 2, autant là avec autant de pathos et de tragédies je dis non (ben oui, les goûts et les couleurs, les attentes et les exigences hein). Je n'ai rien contre lui ou son travail, mais il est clairement plus à l'aise avec le monde des comics qu'avec celui de la bande-dessinée à l'européenne, et là pour cette histoire epicness to the max il nous offre des personnages visuellement interchangeables qui ne dégagent pas grande chose (sauf peut-être la commandante Asten) et des créatures qui ne ressemblent pas à grande chose (des espèces de chat-gobelins-garous bondissants qui visuellement font plus rire que peur). Et puis les chevalières qui changent de visages ou de morphologie toutes les pages, cela m'a sorti constamment du truc ! La palme revient sans du chevalier Tora, héroïne du récit qui ressemble à un clone bodybuildé de Grace Jones sans aucune grâce et sans aucune classe, à moins qu'elle ne revienne à la jeune Naëlle dont le charadesign change à chaque case où elle apparaît (page 44 elle passe de nonne en communion à garçon manquée narquoise en 2 cases… n'importe quoi !!!)
Il y a bien quelques planches très heroic fantasy qui essayent de tirer l'ensemble vers le haut à l'image des couleurs de
Stéphane Paitreau (qui peuvent difficilement s'exprimer ici), mais les partis pris comics / cartoons / kawaitchoupi sont une Erreur Terrible de Casting qui ne colle pas du tout à l'esprit Dark Fantasy de l'univers et de la série. Un coup d'épée dans l'eau quoi. du coup ma note est sévère voire salée, mais relève du coup gueule contre le choix de dessinateur… (Qui doit sans doute être imputé à l'éditeur Soleil qui a tenté l'aventure américaine avec ce tome et ce dessinateur qui constitue le premier épisode de "Tales of the Dragon Gard". Pour pénétrer le marché américain, on a pris un dessinateur très proche du monde comics qui suit les codes des comics pour ne pas trop dépayser les lecteurs de comics.) Quand on voit les autres dessinateurs de la série, je pleure un peu quoi !
Varanda, Sieurac
Démarez, Vax et cie sont carrément bien meilleurs, et là ce n'ai pas une question de goûts et de couleurs…
Cette série est capable du bon comme du moins bon, du meilleur comme du pire, donc ce tome-ci ne reflète pas la valeur d'ensemble de "La Geste des chevaliers dragons".