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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai lu avec passion les deux pièces de ce recueil.
Pour le voyageur sans bagage, il s'agit d'un superbe texte dont le sujet est très grave. Cette pièce est un drame qui conte le sort d'un amnésique, ancien soldat de la première guerre mondiale, en quête d'une famille. Celle qu'on lui présente, lui donne de lui l'image d'un monstre, et il ne veut pas se reconnaître dans le portrait qui lui est brossé. Très belle oeuvre.
Quant au Bal des voleurs, cette comédie est un délice. le style est alerte. Les personnages sont souvent cocasses, et se mettent dans des situations qui offrent des rebondissements. Jean Anouilh nous met en présence de riches aristocrates anglais accompagnés de jeunes femmes à marier, de deux coureurs de dots financiers proches de la banqueroute et de voleurs grotesques, maladroits, ridicules. Cela donne une pièce savoureuse et pleine d'esprit. Cette lecture n'apporte que du bonheur.
Un recueil regroupant donc une pièce noire et une comédie, mais deux oeuvres d'une très grande qualité.
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"Le Voyageur sans Bagage" est une courte pièce de 1958 que j'ai pris un grand plaisir à redécouvrir après une première lecture déjà plaisante pendant mon adolescence.

L'histoire. Gaston, amnésique rescapé de la Grande Guerre, héritier d'une rente d'invalidité coquette, devient l'objet de convoitise de bien des familles ayant perdu l'un des leurs sur le front. Animées par l'envie de faire main basse sur le pactole ou par la volonté sincère de retrouver un être cher, ces familles revendiquent toutes le droit de "reconnaître" Gaston. Parmi elles, la famille Renaud. Pour ses membres, pas de doute : sous les traits de Gaston se cache Jacques, le fils, le frère, l'amant terrible disparu presque vingt ans plus tôt...

Pour Gaston et pour le lecteur/spectateur, la boîte de Pandore est ouverte, découvrant, tel un diable qui sort de ladite boîte, un Jacques Renaud cruel et égoïste, être solitaire et mauvais, responsable d'un nombre appréciable d'incidents, de sales coups voire de crimes... Vous vous doutez comme la découverte d'un tel passé et d'une telle identité enchante Gaston qui vivait, quant à lui, bien heureux dans son asile à biner des laitues ! Quel homme souhaiterait intégrer la carapace délaissée d'un tel individu ? En un instant le voilà donc "voyageur sans bagage", sans souvenir, sans conscience, sans connaissance de tout ce qui l'entoure, rejetant à toute force le rôle qu'on veut lui faire endosser, cherchant désespérément une voie qui lui soit propre, celle de sa liberté ou tout au moins de son libre-arbitre.

Cette pièce est superbement écrite et mêle avec génie le drame et la comédie. En cela, elle est à mes yeux extraordinairement originale. Les thèmes abordés sont graves mais la pièce ne tombe jamais dans la tragédie, s'y tenant en marge, notamment grâce aux personnages secondaires très convaincants : la Duchesse, Me Huspar et les domestiques qui contrebalancent à merveille les tristes âmes guère franches du collier qui constituent la famille Renaud, candidate à "l'adoption" de Gaston.

J'aime particulièrement le dénouement qu'aurait très bien pu inspirer Saint-Exupéry et son Petit Prince mais je n'en dirai pas plus...
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J'ai relu cette pièce de théâtre découverte il y a des années car je voudrais l'étudier avec les élèves. Jean Anouilh s'est inspiré d'une histoire vraie, celle du « soldat inconnu vivant », ce soldat retrouvé amnésique en 1918, qu'on présenta à des centaines de famille persuadées de retrouver en lui qui un père, un fils ou un frère… Ce qu'on sait moins c'est ce que ce pauvre homme ne parvint jamais à quitter l'asile où il était enfermé car, quand enfin on put prouver à quelle famille il appartenait, son frère, seul membre encore vivant, mourut. le soldat resta alors à l'asile jusqu'à sa mort pendant la Seconde guerre mondiale, une mort honteuse (il est mort de faim) car les restrictions alimentaires furent drastiques pour les institutions qui accueillaient les fous et les laissés pour compte…

De l'histoire de cet homme, Anouilh a surtout retenu les questions d'identité et de choix. Son personnage, Gaston, est trimballé de famille en famille pour tenter de voir s'il va reconnaître des lieux ou des personnes. Il est confronté à la famille Renaud, une famille bourgeoise empreinte d'orgueil et de fierté, et tous, de la mère à la domestique, reconnaissent en lui le jeune homme parti à la guerre. le problème c'est que ce Jacques Renaud qu'il est censé être, ne plaît pas à Gaston : c'était un jeune homme égoïste, cruel, amoral, violent…Comment accepter d'endosser ce personnage, lui qui se voudrait différent ? La fin de la pièce est à la fois ironique, cruelle mais superbe : qui ne voudrait pas, comme Gaston, choisir sa destinée, recommencer sa vie en effaçant le passé ? C'est une oeuvre théâtrale à lire et à relire !
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Le voyageur sans bagage, suivi de le Bal des voleurs sont deux comédies fantaisistes de Jean Anouilh (auteur dramatique français du XX° siècle) pleines d'humour grinçant, mais plus graves qu'au prime abord car elles évoquent le thème de l'identité (qui suis-je?), de l'imposture,du mensonge, de ce que l'on voudrait être mais que l'on n'est pas car le miroir des autres est là, face à nous pour nous rappeler comme le disait Sartre que "l'enfer c'est les autres".
Le voyageur sans bagage est Gaston, un amnésique retrouvé 20 ans plus tôt, au retour de la guerre 14/18, dans une gare de triage. La duchesse Dupont-Dufort le sort de son asile, où il était somme toute insouciant, pour le présenter à une famille bourgeoise de province supposée être la sienne.Mais que faire lorsque vous êtes "un vrai petit salaud", "un petit coco","une belle vache" ou "un vrai monstre" selon différents avis et qu'une cicatrice peut prouver votre réelle identité? Il aurait mieux valu être un héros, mais comme le dit Gaston avec une cruelle lucidité: "J'imagine que ceux qui avaient de grosses moustaches et l'air terrible étaient de tout petits soldats". Être un héros, un salaud ou un homme, un vrai? Dilemme!
Dans le bal des voleurs, point de duchesse, mais des Dupont-Dufort financiers, une bande de voleurs qui montent un coup pas très au point et une famille d'aristocrates qui se laisse dépouiller par ennui. L'amour présent comme dans le voyageur sans bagage (où il est rejeté) peut-il changer la donne? A moins que ce ne soit l'argent?
J'ai beaucoup apprécié ces deux comédies, portes ouvertes à différentes interrogations.
Certaines situations sont cocasses comme celle où la duchesse chosifie Gaston: "On ne donnera pas Gaston à un lampiste" mais égratignent la société et la différence de classes. Idem dans le bal des voleurs où Lady Hurf, sait pertinemment que les voleurs sont des voleurs mais s'amuse (ce qui dénote un sacré mépris). Les sentiments familiaux sont également mis en avant, ambivalents: on veut recréer le cercle familial tout en haïssant le membre jusque là disparu.
Donc à lire ou à relire car mensonges et imposture sont toujours d'actualité pour éviter à tout prix d'aller au-delà des apparences!
Jean Anouilh était vraiment au top niveau, sachant écrire des pièces de tous genres, allant de la gaieté à du plus noir comme sa géniale Antigone.
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J'avais découvert Anouilh au lycée et j'étais tombée sous le charme d'Antigone, que j'avais d'ailleurs préférée à celle de Sophocle. : ) Depuis, je n'avais jamais osé relire un de ses textes, par crainte d'être déçue ! Ce ne fût pas le cas. En effet, en lisant "Le voyageur sans bagage" puis "Le bal des voleurs", j'ai découvert deux autres facettes de l'écriture de Jean Anouilh. Un drame avec cet homme amnésique qui découvre peu à peu qu'il était sans doute un être odieux avant de ne plus savoir qui il est. Amoureuse du théâtre et des questions existentielles ;), j'ai donc été comblée. En effet, aussitôt des questions sont apparues : qui serais-je si j'ignorais mon passé ? Si je m'imaginais autre ? Pouvons-nous, avons-nous le droit à une seconde chance ? Cependant, pas d'épanchement excessif, mais la liberté d'imaginer nous-mêmes et simplement les doutes qui grandissent tableau après tableau...
Dans le bal des voleurs, la légèreté est au rendez-vous et dès la première scène on rit de la bêtise de ces trois voleurs incapables de communiquer entre eux et brisant ainsi la couverture de l'autre (ah tiens, encore une question intéressante à se poser... :D). Mais l'un d'entre eux ne serait-il pas finalement plus honnête que les honnêtes gens.... La comédie pourrait être cousue de fil blanc tant les personnages semblent peu dupes les uns des autres. Or, finalement, ce n'est pas vrai et deviennent dupes ceux qui pensaient tromper... Nous, spectateurs ou lecteurs, devenons alors complices des personnages et nous rions des maladresses ou des mensonges inutiles. Nous nous émouvons également avec Gustave et Juliette.
Lecture rapide et très agréable donc. Je tâcherai de ne plus attendre aussi longtemps avant de revenir vers Jean Anouilh. :D
Lien : http://isalise.blogspot.com/..
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D'abord, le voyageur sans bagage : une pièce captivante, qui fait réfléchir sur les notions de passé et de mémoire, de famille aussi. Gaston,qui n'a plus de mémoire, choisit de ne plus être celui qu'il était, de ne plus appartenir à sa famille, de ne pas se souvenir. Il choisit la blancheur d'une vie sans passé, une rennaissance à bientôt quarante ans, une symbolique forte que j'ai envie de qualifier de belle, car c'est une belle pièce.

Le bal des voleurs est un pur moment d'hilarité et d'attendrissement, ou "les gens biens" et "les gens mauvais" se confondent, s'apprécient, les voleurs sont pris à leur propre jeu, et pris aussi dans l'amour, la tendresse et l'amusement.

Deux pièces qui témoignent encore du talent de Jean Anouilh, deux moments de plaisir et d'humanité.
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Moi qui, jeune, avais été obligée de lire Antigone au collège, mais l'ai beaucoup aimé en le relisant il y a quelques mois, ça m'a donné envie de découvrir Anouilh.

Le voyageur sans bagage, est une pièce originale. Gaston est amnésique suite à la guerre, et vit depuis pas mal d'années dans un asile. Mais une dame charitable, proche du médecin de l'asile décide qu'il faut retrouver sa famille...sauf que Gaston ayant une belle pension de guerre, il y a beaucoup de familles à rencontrer !

Dans la pièce, on met l'accent sur la famille Renaud, les membres et la domesticité. Mais d'après ce que Gaston comprend, en parlant avec chacun, c'est que s'il est le Jacques que eux reconnaissent, ce n'était pas une bonne personne... ça ne va pas lui plaire.

Il y a du Molière là-dessous ! J'ai retrouvé des dialogues vifs, à la Scapin, du vaudeville aussi, c'est "enlevé". Un bon moment de théâtre.
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Méconnu, le Voyageur sans bagages est une formidable réflexion douce-amère sur le poids du passé. La mémoire est-elle vraiment une chance ou une entrave ? Et sur la différence, car le handicap naît parfois dans le regard de l'autre.
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Et si on nous donnait une chance de revoir notre vie? de ne pas accepter ce que l'on est pour devenir ce que l'on souhaite?
Grâce au thème de la 1ere guerre et de ses meurtrissures et ses traumatismes, Anouilh explore les méandres de la mémoire et de la vie en général, ses buts et ses choix.
Une fois étranger à sa propre existence, Gaston ne sais plus s'il doit être celui que l'on veut qu'il soit, à savoir une ordure, ou celui qu'il veut être, une personne pure et innocente, comme un nouveau-né. On lui donne une vie, des proches, des histoires mais ne regrette-t-il pas le temps ou il était une page vierge? Peut-il encore choisir? Et que faire de cette famille lésée qui bien que détestant leur proche perdu, le cherches encore désespérément?
Un chef d'oeuvre du théâtre moderne, un bijou comme Anouilh sait les écrire, et une oeuvre qui laisse à réfléchir...
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J'ai lu le voyageur sans bagages dans le cadre des cours de Français, et bien j'ai été dès les premières lignes pris dans l'histoire. Cet homme qui ne s'imaginait différent et qui refuse son passé...
Parfois, c'est un peu d'actualité mais à vous d'en juger...
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