Je l'ai lu aujourd'hui et je dois dire qu'il ne m'a vraiment pas laissée indifférente. En même temps, comment rester indifférente face au sujet, à savoir la fusillade terroriste du 13 novembre 2015 au Bataclan ? Comme énormément de monde lorsque c'est arrivé, je suis restée des heures devant la télévision, ahurie et effarée devant des images d'une telle violence. Il est extrêmement difficile de mettre des mots sur ces actes. Or c'est ce que
Dorian Meune a décidé de faire. Il a décidé de faire le portrait de personnes qui auraient pu exister réellement, et qui auraient pu assister à ce fameux concert. Dans sa galerie de personnages, personne ne sera vraiment épargné. On les suit tous, avant, pendant, et après. Ces trois étapes forment la structure même du livre, qui nous tient en haleine.
Ce roman m'a coupé le souffle, littéralement. Il m'a donné des frissons, et presque arraché quelques larmes. Je l'ai lu quasiment d'une traite. Il m'était impossible de m'arrêter, tant la tension était palpable, tant il y avait de violence, tant j'étais bouleversée. Je me sens presque encore plus touchée par cette fusillade aujourd'hui. Car ce livre souligne que derrière les morts, les dizaines de blessés physiques et psychologiques, il y avait des vies, des quotidiens changés à jamais, des familles qui attendent. Pour qui plus rien ne sera jamais pareil. Si le tout s'achève sur une légère note d'espoir, le sujet fait que le livre est très dur. Certaines scènes sont presque insoutenables par leur violence.
« A côté de nous, un groupe se relève et part en courant, enjambant les corps inertes, vivants ou non. Je me dis que c'est le moment de se casser d'ici, que bientôt on sera dans un café à boire une bière et à songer qu'on a vécu un sacré truc. On se tapera dans le dos, on s'esclaffera un peu trop fort pour évacuer la pression, on se demandera si on n'a pas fait un mauvais rêve tellement tout semblera absurde. »
Dorian Meune m'a donc vraiment impressionnée. Car j'ai oublié le livre, j'ai oublié l'auteur. J'ai oublié qu'il ne s'agissait que d'un roman au fond, qu'il ne s'agissait que de personnages fictifs (même si bien évidemment beaucoup d'autres bien plus réels sont morts). J'ai été totalement prise par son récit, prise de court aussi, car je ne m'attendais pas à ressentir autant de choses en si peu de pages.
J'ai aussi énormément apprécié la partie qu'il nomme comme « l'après ». Celle où au-delà du deuil, ceux qui sont restés vivants doivent réapprendre à vivre, quitte à ce que plus rien ne soit jamais pareil. Ses mots sonnaient juste, à tel point que l'on pensait que l'auteur l'avait lui même vécu.
Une très belle découverte qui gagnerait à être plus connue, donc. Avec une préface très bien écrite, et qui jette un autre regard sur ces événements tragiques. Je ne peux que vous conseiller de laisser une chance à ce livre, d'autant que la moitié des bénéfices sera reversée à une association caritative.
Un grand merci à
Dorian Meune pour cette lecture – et pour sa gentillesse.
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