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EAN : 9781506702414
112 pages
Dark Horse (02/05/2017)
4/5   1 notes
Résumé :
The gods did not bless Groo with brains, only with the ability to battle. Now, they themselves are in conflict over the spirit and future of mankind . . . and it is Groo who becomes the pawn (unwitting, of course) in their war. If the future of humanity depends on the wanderer--who barely qualifies--we're all in a lot of trouble.

This volume collects Groo: Fray of the Gods #1-#4, from the Harvey and Eisner Award winning team of Sergio Aragonés and Mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance préalable particulière du personnage pour l'apprécier. Il fait suite à Groo: Friends and foes. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, dessinés et encrés par Sergio Aragonés, écrit avec Mark Evanier, mis en couleurs par Tom Luth, avec un lettrage réalisé par Stan Sakai. Comme les tomes précédents, celui-ci se termine par 4 gags en 1 page mettant en scène Rufferto, le chien de Groo, sans parole, prouvant comme d'habitude la maîtrise graphique du rythme du gag et la qualité de la narration d'Aragonés.

Le village de Remba a mis en place une organisation de guetteurs en périphérie, qui doivent rendre compte toutes les 30 minutes. À chaque demi-heure, les messagers transmettent la bonne nouvelle : Groo n'est toujours pas en vue du village. Sage et le Ménestrel (accompagné de Kayli) observent que les villageois soupirent d'aise et sourient à chaque fois que la bonne nouvelle est renouvelée. Groo arrive dans le village de Bosk, situé non loin de là. Malgré son cerveau lent, il finit par remarquer qu'il n'y a pas d'homme dans ce village. Il s'enquiert auprès d'une femme en train de trier des pousses de blé où il pourrait trouver une bataille. Il rejoint celle qui se déroule à proximité où 2 armées se battent pour faire entendre raison à l'autre que leur dieu est le seul vrai et unique.

Après cette mise en bouche, Groo, accompagné de Rufferto, poursuit sa route jusqu'au village suivant Traga. Là il se fait embaucher pour travailler à la construction d'un temple monumental à la gloire d'un dieu. Un des autres ouvriers lui raconte la fin du règne du précédent monarque. Après sa mort, son fils Saffi lui a succédé, mais son autre fils Cuffi s'était assuré de la coopération de l'armée en soudoyant les soldats avec les fonds qu'il avait détournés du trésor royal. Après son accession au trône, Cuffi a exigé que les statues des anciens dieux soient détruites, et a instauré le culte du dieu étoile, déité unique. Peu de temps après il a proclamé qu'il était l'incarnation de ce dieu sur Terre. Ces histoires passent largement au-dessus de la tête de Groo ; par contre il accepte tout de suite lorsque que le vieil homme lui propose qu'il aille se battre contre l'armée de Cuffi, ce qui permettra aux ouvriers d'arrêter de construire ce temple, et d'aller retrouver leur famille et cultiver leurs champs.

À l'occasion de cette édition en recueil, Sergio Aragonés a réalisé une nouvelle couverture, un unique dessin s'étalant sur le devant et l'arrière de l'ouvrage. le lecteur découvre ou retrouve (en fonction de sa familiarité avec cet auteur) les caractéristiques des dessins. Il utilise les déformations morphologiques à des fins comiques, que ce soit les gros nez pour attester de l'imperfection de chaque être humain, ou les gros muscles des bras de Groo contrastant avec ses jambes toutes fines. Ce mode de représentation induit 2 réactions : un sourire devant cette apparence ridicule, et la conscience qu'il n'est pas possible d'idolâtrer de tels individus, d'en faire des héros. Il remarque également le niveau de détails incroyable, que ce soit pour l'apparence des dieux et de leurs attributs, ou pour les différentes activités permettant d'acheminer les pierres et les blocs, et de les assembler pour ériger le temple.

Contrairement à la majorité des comics, les dessins à l'intérieur présentent la même qualité que celui de la couverture. Sergio Aragonés est artiste hors pair, s'étant fait connaître en travaillant pour le magazine MAD, à la fois dans les marges, à la fois pour des rubriques régulières : MAD Auteur, Sergio Aragonés. La première chose qui impressionne réside dans les activités les plus banales. Les aventures de Groo se déroulent dans un monde avec une civilisation mêlant des techniques et des époques allant de l'âge de fer au haut moyen-âge. le lecteur observe que les nombreux figurants présents dans les différents villages vaquent tous à des occupations quotidiennes cohérentes avec ce type de culture, en se servant d'outils ayant réellement existé, et en appliquant des techniques réelles. Sous des dehors de dessins vite exécutés, l'artiste donne en réalité corps à un univers très cohérent et très pragmatique qui apporte une consistance peu commune aux aventures de Groo. le lecteur éprouve la sensation d'évoluer dans une reconstitution historique soigneuse et intelligente, même s'il s'agit d'un amalgame de différentes cultures en provenance de plusieurs régions du monde.

Le soin apporté à la description ne se limite pas aux décors et aux outils. le lecteur a du mal à en croire ses yeux, mais Sergio Aragonés se montre tout aussi investi dans les tenues vestimentaires, que ce soit celles des villageois, ou celle des soldats. S'il souhaite y prêter attention, le lecteur y voit une diversité similaire à celle de la vie de tous les jours, que ce soit dans les étoffes, ou dans les accessoires. En y repensant le lecteur a peine à croire que la densité d'informations visuelles par case n'impose pas un mode de lecture. Aragonés compose ses cases de manière à laisser le libre choix au lecteur de s'amuser à observer tous les détails (y compris la tête du luth du Ménestrel, ornée à chaque fois d'un élément décoratif différent), ou de s'en tenir aux éléments principaux de la case, ceux qui constituent les informations relatives à l'intrigue.

Le lecteur se délecte également de la puissance comique des dessins. Sergi Aragonés s'en donne à coeur joie pour exagérer les expressions des personnages, que ce soit les moments d'incompréhension totale de Groo, la suffisance des puissants, la terreur des civils en comprenant que Groo se tient en face d'eux, les expressions d'enfants gâtés des dieux devant céder du terrain au parvenu qu'est le nouveau dieu étoile. L'artiste réalise une narration tout public, et les batailles sont tournées en dérision, sans aucune effusion de sang ou blessure apparente. Groo fonce dans le tas en effectuant de grands moulinets avec ses katanas, et en face les soldats jettent leurs armes dans les airs et s'enfuient en courant, abandonnant toute velléité d'affrontement et tout semblant de dignité. À plusieurs reprises le lecteur s'arrête le temps d'une case ou d'une page pour prendre la pleine mesure de ce que l'artiste a réussi à dessiner et à rendre drôle comme si c'était une évidence. Outre l'effet comique irrésistible, il reste impressionné en voyant une vingtaine de figurants tous différenciés représentés dans 2 cases, gardant tous les mêmes caractéristiques, mais changeant d'expression quand leur collègue leur révèle qu'il s'agit de Groo, tous redessinés sans recours à la photocopie. Il regarde la cinquantaine de soldats et de serviteurs composant l'entourage d'un haut dignitaire parader dans une rue, avec des villageois qui ne leur prêtent aucune attention. Il apprécie la mise en scène qui lui permet de croire que Groo ne comprend pas le phénomène de l'écho. Parfois, Aragonés effectue des représentations un peu enfantines, comme pour le trésor royal, mais sans que le lecteur n'éprouve la sensation d'être pris pour un idiot.

Venu pour la verve inimitable de Sergio Aragonés, le lecteur se laisse emporter par sa narration, sans trop attendre de l'intrigue. Au bout de quelques pages, il finit par se demander ce que vient faire l'introduction avec les guetteurs dans le village de Remba, alors que l'intrigue se concentre sur la rivalité entre les 2 frères, et la soif de puissance de Cuffi. Il est à demi étonné que les auteurs aient choisi de mettre en scène les dieux dans un panthéon dérivatif de ceux de Marvel ou DC, l'humour en plus. le combat entre ces dieux ne décolle pas vraiment. Qui plus est, Groo se fait balader par les décisions des uns et des autres, sans faire montre d'autre chose que de bêtise et de comportements basiques. En outre, il n'est jamais question de la dimension spirituelle de la religion, les divers habitants semblant éprouver un besoin d'adorer un dieu, mais ce dernier leur étant souvent imposé par une circonstance extérieure comme un tyran. du coup, le lecteur ressent comme une distanciation vis-à-vis de l'intrigue qui entremêle plusieurs thèmes de manière étrange. Finalement la scène d'introduction avec les guetteurs ne semble avoir été développée que pour enfoncer le clou du fait que Groo est une catastrophe naturelle de grande magnitude pour chaque ville qu'il visite. le lecteur remarque la même gaucherie dans l'introduction d'une gorge rocheuse produisant un puissant écho.

Conquis par l'excellence de la narration visuelle, le lecteur apprécie l'humour protéiforme et sent un sourire sans cesse renouvelé sur son visage. Par contre, il éprouve une pointe de déception quant au traitement du thème de la religion. Les auteurs n'abordent ni la soif de spiritualité, ni les systèmes religieux. Il s'agit juste du constat d'un besoin, sans développement de sa nature, du credo ou de l'église associés. Ces divinités ne prennent un sens que si le lecteur s'attarde sur le fait que Cuffi s'est autoproclamé incarnation de dieu sur Terre. Les divinités peuvent alors être considérées comme une métaphore de la soif de puissance, de domination de l'individu. Vu sous cet angle, le comportement infantile de chaque divinité prend alors du sens incarnant les caprices de l'égo d'un individu. La fluctuation de leur consistance reflète bel et bien le nombre de fidèles qui croient en eux, tout comme la puissance d'un monarque ou d'un chef fluctue en fonction du pouvoir que lui accordent les citoyens. Cette vision plus pragmatique se trouve confortée par la conclusion du récit formulée par le Ménestrel qui rappelle que ce ne sont peut-être pas les dieux qui ont créé les hommes, mais plutôt la réciproque.

Comme à leur habitude, Sergio Aragonés, Mark Evanier, Tom Luth et Stan Sakai réalisent une histoire très enjouée et très drôle. En fonction de ses attentes, le lecteur peut se sentir plus ou moins désappointé par le fait que Groo se retrouve plus utilisé comme un dispositif narratif, que traité comme un personnage attachant, et par le fait que le besoin de croire n'est pas exploré, mais plutôt le mécanisme par lequel la foi ou la confiance confère du pouvoir à des individus qui restent avant tout des humains imparfaits par nature.
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