« le volcan n'en peut plus » !
Un deux trois de
Rebecca Armstrong est une éruption poétique, libération explosive de peurs devenues colères, de blessures devenues forces, de frustrations désormais libérées.
Une éruption qui démarre paradoxalement de façon glaçante, par l'insupportable liste des cent onze féminicides de l'année passée, flow de cent onze prénoms féminins devenues co-auteures d'un même cri.
Alternant poèmes et récits, vers et prose, mises en forme classiques ou déstructurées,
Rebecca Armstrong réussit dans un habile mélange des genres et des styles à rendre quasi audible la scansion de son texte.
Elle dit la peur et les silences, les larmes refoulées pour ne pas déclencher le pire, mais lâchées à l'intérieur pour apaiser la douleur, la force et l'espoir d'un enfant, le renouveau de ce qu'est une vie réellement démarrée à vingt ans avec la rage de rattraper depuis le temps volé.
« Quand tu vis cette peur, au plus profond de toi, tu ne te paies pas le luxe d'y ajouter des angoisses. »
Car au-delà du cri,
un deux trois est aussi – et surtout ? - l'histoire d'un rebond, qui à l'image du triple saut, ne peut se faire en un seul élan : d'abord compter puis s'élancer, s'envoler et partir loin, très loin. Vers ce qu'on appelle la vie il paraît.
Je suis rarement doué pour lire et chroniquer la poésie, mais apprécie quand elle déclenche l'émotion, parfois, chez moi.
Un deux trois, ce fut le cas. Alors à toi ! « Ensemble viens ! Faisons volcan de nos voix ».