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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On connait la crise de la quarantaine, mais qu'en est-il de celle de la cinquantaine ?
Car c'est l'âge que va bientôt avoir Lady Frances Skeffington, et cela la désespère littéralement.
Car après avoir été mariée à un riche époux juif, en avoir divorcé et avoir été courtisée par toute une galerie d'hommes jeunes, beaux, riches ou puissants pendant plus de 20 ans, elle se retrouve désormais seule, affaiblie après une grave maladie et il faut bien le dire, plus très fraiche.
Sa beauté légendaire s'en est allée et rien, ni le maquillage outrancier, ni les mèches de cheveux rajoutés, ni sa tenue peu appropriée à une femme de son âge ne peuvent lui rendre les années perdues.
C'est une Fanny aigrie, flétrie, voire carrément fanée et surtout véritablement exaspérante et pathétique que l'on suit durant quelques jours.
Qu'elle s'imagine voir son ex-mari partout ou qu'elle décide de reprendre contact avec plusieurs de ses anciens soupirants, cette femme revêche mais toutefois attendrissante va se montrer sous son plus mauvais jour, car à trop vouloir agripper le passé, elle ne se rend pas compte de ses erreurs, de ses maladresses, de la gêne qu'elle génère partout et au final de tout le mal qu'elle fait à tout le monde.
L'auteur a su nous décrire avec sensibilité, finesse et intelligence une femme qui a tout eu et qui n'a pas conscience que certaines choses sont maintenant derrière elle.
Elle nous parle du temps qui passe, des choix qu'on fait, des regrets qu'on se trimballe comme un vieux manteau longtemps porté, car longtemps aimé, mais qui a bien vécu.
J'ai savouré la langue délicate d'Elizabeth von Arnim, le style est de toute beauté et rappelle celui d'Elizabeth Gaskell, de Jane Austen et d'Angela Huth, car la délicatesse et la finesse des sentiments y côtoient sans cesse les situations caustiques et une certaine forme d'humour noir.
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A la parution de ce livre en 1940, Elizabeth von Arnim a 74 ans et j'imagine fort bien que les états d'âme de Lady Frances Skeffington, Fanny pour ses intimes, ne lui sont pas inconnus.
Imaginez le drame et quand je dis drame je n'exagère absolument pas le désespoir dans lequel Fanny est plongée. Elle relève d'une grave maladie qui l'a tenue éloignée de Londres trop longtemps à son goût, elle n' a plus que la peau sur les os et sa magnifique chevelure ne survit que dans sa mémoire! . Imaginez son désarroi quand elle ose se regarder dans la glace, elle qui fut la plus jolie de toutes, qui a été aimée , courtisée , qui a été celle qui quittait ses amants , qui n'a gardé de son premier et unique "époux que le titre et l'aisance financière indispensable pour conserver son train de vie. Et elle va fêter son cinquantième anniversaire ...
Bref elle est dans un tel état de désespoir que Job son époux dont elle est divorcée depuis 25 ans se matérialise sous ses yeux... Vite un médecin ...
Et notre Lady Frances de partir en quête de bras protecteurs. Priorité oblige elle renoue avec ceux qui l'ont entourée voici quelque temps... et là c'est absolument succulent . L'écriture d'Elizabeth von Arnim est au sommet de son art. La pique, l'ironie, l autodérision, la comédie de moeurs, le portrait d'une société encore repliée sur ses acquis, son quant à soi, ses préjugés et oeillères, tout y est . Alors bien sur Lady Francès ne devrait pas donner lieu à compassion mais voilà je me suis laissée prendre à ce roman qui n'est pas sans rappeler certaines scènes de Jane Austen, excusez du peu.
J'ai eu le plaisir de lire plusieurs des romans d'E von Arnim mais celui-ci est de loin mon préféré
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Lady Frances Skeffington, Fanny ou plus simplement « chérie » pour ses intimes, sort épuisée d'une longue et grave maladie.
Rentrée à Londres, elle ne s'explique pas les tours et détours de sa pensée qui lui font voir et entendre Job Skeffington, son ex-mari, le seul qu'elle ait jamais accepté d'épouser et dont elle a divorcé 22 ans plus tôt.
Que se passe-t-il ? Est-ce parce qu'elle est si fatiguée ? Est-ce parce que sa somptueuse et abondante chevelure n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était ?
Ou pire, est-ce parce qu'elle va bientôt « fêter » son cinquantième anniversaire, elle qui a, toute sa vie, joué les coquettes, s'appuyant sur une beauté sans pareille à laquelle aucun homme n'a su résister, accueillant et repoussant au gré de ses caprices les amants ?
Elle a vieilli, elle le sait, elle le voit.
Elle va donc chercher à se rassurer, à trouver du réconfort auprès de ceux qui lui ont procuré tant de bonheur, ses prétendants.
Et là, c'est coup après coup qu'elle va devoir encaisser jusqu'à admettre la triste vérité.
Voici un roman étonnant sur la fuite de la jeunesse, sur la beauté enfuie, à l'ironie mordante, où la confrontation des pensées des interlocuteurs lors des rencontres qui vont se succéder est jubilatoire.
Après quelques premières pages à me demander ce que j'étais en train de lire, m'étant lancée à « l'aveugle » pour le bien du Challenge Solidaire, je me suis laissée embarquer à la suite de Fanny dans sa quête. Et si elle m'agaçait beaucoup au début, elle a fini par me toucher dans son désarroi, par me plaire vraiment avec ses réparties piquantes où l'autodérision n'est jamais loin.
Certaines scènes sont vraiment réjouissantes.
Une belle découverte d'une auteure que je ne connaissais absolument pas Une découverte qui m'a procuré beaucoup de plaisir.
Merci au Challenge Solidaire donc.
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Lady Frances Skeffington, Fanny pour les amis, revient à Londres après une longue convalescence à la campagne suite à une maladie qui aurait pu lui coûter la vie. Mais les choses semblent changées, elle ne reçoit plus de visites empressés d'admirateurs. C'est qu'elle va bientôt avoir 50 ans, et que si elle consulte sincèrement son miroir, sa beauté n'est plus. Même sa splendide chevelure nécessite maintenant les artifices de boucles postiches.
Pour une femme dont la beauté faisait cesser les conversations lorsqu'elle entrait dans une pièce, c'est un bouleversement. Soit par volonté, soit par hasard elle rencontre ses anciens amants, ceux qu'elle a eu après avoir divorcé de monsieur Skeffington, qui bien qu'amoureux d'elle, ne savait résister aux « petites dactylos ». Mais ce n'est pas auprès d'eux qu'elle peut trouver du réconfort. L'âge a accentué les traits de personnalité de ces messieurs, celui qui était ambitieux l'est encore plus et ne songe qu'à agrandir sa fortune déjà conséquente, celui qui était un peu commun est devenu franchement vulgaire…
Les femmes non plus ne lui sont d'aucun secours, ni ses cousines, ni des femmes rencontrées par hasard.
Pourtant Fanny, malgré le déchirement que constitue la perte de sa séduction n'aime pas s'apitoyer sur elle-même.
Alors que cette femme très riche grâce à son mariage, entourée d'une nuée de domestiques, et ayant pour seule préoccupation de plaire est exactement le genre de personne susceptible de m'exaspérer, grâce au talent d'Elizabeth von Arnim, que je découvrais avec ce livre, j'ai plutôt ressenti de l'empathie pour cette femme finalement seule.
Une réflexion sur l'âge qui reste valable quelle que soit l'époque (ici les années 40), et le genre de vie. Lorsque les enfants sont partis, que le temps du travail est fini, il faut bien d'une certaine façon redéfinir sa vie.

Challenge ABC
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Fanny est de ces femmes dont la haute naissance, l'heureux caractère et l'extrême beauté ont longtemps fait le bonheur. Une vie facile et frivole, des amoureux empressés, une belle bande d'amis, aucun engagement... que demander de plus ? Et puis au seuil terrible de la cinquantaine, une grave maladie l'écarte un temps du monde. A son retour, le verdict est sans appel : sa beauté et sa jeunesse se sont enfuies. Ses beaux cheveux dorés tombent par poignées, son exquis visage accuse enfin, et cruellement, le passage du temps.
Comment continuer à vivre, lorsque tout ce par quoi on s'est toujours défini a disparu, inexorablement ? Lorsque soudain, sans préavis, on passe de ceux qui sont à ceux qui ont été ? Lorsqu'après une longue, trop longue jeunesse trop insouciante, se révèle soudain la triste vérité du monde : les choses passent, les êtres se transforment, la déchéance guette au bout du chemin et rien, jamais, ne revient intact du passé.
Pour ne rien arranger, Fanny se trouve victime d'étranges hallucinations où son ancien mari dont elle a divorcé depuis longtemps - un Juif fortuné qui l'adorait, mais un peu trop sensible aux attraits de ses jeunes secrétaires - réapparaît dans son quotidien domestique comme s'il n'en était jamais sorti. Et le verdict de cet idiot de psychiatre qu'elle finit par consulter (retrouvez-le, réépousez-le !) est proprement outrageant !

Elizabeth von Arnim joue avec talent les équilibristes entre drame et comédie dans ce joli roman, plein d'humour malgré les ombres de son sujet. le personnage de Fanny est très réussi, une femme restée longtemps frivole par inclination personnelle mais aussi par le regard des autres, des hommes surtout, qui à quelques exceptions près l'ont longtemps cantonnée au rôle de créature exquise. Une femme qui en quelques semaines de tentatives dérisoires pour retrouver le passé, d'efforts maladroits pour appréhender la vieillesse qui se dessine, mûrit enfin et révèle (avant tout à elle-même) le fond de son caractère resté jusqu'alors assez flou. Totalement à côté de la plaque vis à vis d'une grande partie des réalités de la vie, mais assez lucide sur elle-même pour s'en rendre assez vite compte, elle manipule l'autodérision avec un charme exquis qui ne la rend pas moins touchante. Certaines scènes sont d'une drôlerie assez irrésistible, d'autres très touchantes telles la fin, tendre et triste à la fois.

Une lecture qui confirme mon coup de coeur récent pour cette auteure, dont je compte bien explorer encore d'autres textes dans un très proche avenir !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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C'est avec ce roman d'une grande subtilité et plein d'humour que je découvre la plume d'Elizabeth von Arnim.

Nous suivons quelques jours de la vie de Mrs Skeffington, femme de la haute société britannique qui, après une longue et éprouvante maladie, revient à la vie sociale. Sa convalescence, et probablement la vulnérabilité qui s'est révélée en elle avec cet épisode, ont suscité un phénomène étrange dans sa psychologie : elle ressent physiquement, et finit par craindre, la présence de son ex mari, dont elle a divorcé il y a 25 ans.

Ce mari épousé fort opportunément car il était aussi riche que fou amoureux d'elle, était une entorse aux convenances, Lady Frances étant une aristocrate britannique, Job Skeffington, un financier juif dans le style Rothschild. le divorce fut donc aussi opportun que le mariage pour Frances-Fanny qui en a tiré son autonomie financière et sa liberté de moeurs. Belle et insouciante, elle a pu mener sa vie à sa guise, séduire et mener par le bout du nez une belle collection de spécimens masculins.
Alors qu'elle va fêter avec effroi ses cinquante ans, elle constate que sa beauté envolée avec sa jeunesse et ses belles boucles blondes, tous ces plaisirs frivoles n'ont été qu'un feu de paille, tous ces amours n'ont été qu'une illusion.

Une succession de retrouvailles fortuites ou provoquées avec ses soupirants, aussi décatis qu'elle, et leur entourage donne lieu à des scènes hilarantes, cocasses et impitoyables. L'écriture de l'autrice suit le flux de pensées de chacun des personnages présents, croisant leurs points de vue, leurs cynisme et veulerie, leurs illusions et leurs naïvetés. On est avec elle sur la scène d'un petit théâtre ou les quiproquo et les jeux de scène provoquent le plaisir du lecteur.

On pense évidemment à Mrs Dalloway en suivant les pensées et tourments de Mrs Skeffington qui revient sur ses choix de vie, comme son illustre prédécesseure dans la littérature - le texte date de 1925, le roman d'Elizabeth von Arnim de 1940. Mais le récit s'intitule Mr Skeffington et pas Mrs Skeffington, au contraire de l'oeuvre de Virginia Woolf, ce qui semble indiquer que l'essentiel du propos n'est pas une réflexion frivole sur la vanité des amours et la crise de la cinquantaine d'une mondaine.

Il me semble en effet que ce roman peut être lu sur un deuxième niveau, comme une peinture allégorique de la vieille Europe qui s'est trop longtemps regardé le nombril avant de se retrouver brutalement face à sa décadence. La fameuse "situation en Europe", serpent de mer évoqué d'au cours du récit, dont Fanny ne veut surtout pas entendre parler... Ce procédé littéraire me semble à la hauteur de la personnalité brillante et cultivée d'Elizabeth von Arnim, ayant vécu dans tant de pays, côtoyé dans son existence autant de cercles de pouvoir et d'intellectuels.

Ne peut on pas voir dans le personnage de Fanny une image de cette Europe qui s'est laissée bercer d'illusion, qui s'est entretenue dans son égoïsme et ses privilèges, laissant couler le ruisseau du totalitarisme qui allait la submerger ?
Ne peut on pas voir dans ses anciens amants qui représentent tous une forme de pouvoir social : l'argent, la justice, la politique, l'administration, l'Église, un défilé des responsables qui ont trahi les démocraties plutôt que de les protéger de ce risque populiste ?

Car le roman se termine sur cette scène magistrale : Fanny s'étant entêtée dans sa vanité retrouve malgré elle son mari ruiné, humilié et handicapé, ayant fui l'Autriche devenue nazie. Alors qu'elle même sort de son aveuglement, Job est devenu aveugle avec pour seul compagnon son chien guide. La puissance de cette image et de toutes les métaphores qui aboutissent dans cette scène coupent le souffle : nul doute que l'autrice a placé dans ce dernier roman une réflexion profonde sur son temps, ciselée par la virtuosité de sa plume. Les grandes émotions que procure la littérature sont dans la découverte de ces testaments dont le lecteur est héritier.
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