Pour ce troisième tome, l'auteur change encore une fois de registre, ce qui pourra surprendre certain(e)s lecteur(trice)s, agréablement ou désagréablement. Vous pourrez ressentir une certaine gêne ou un certain égarement. D'autant plus que, comme il l'a fait dans le tome précédent, les personnages eux mêmes changent, à part quelques exceptions. Nous ne suivront donc plus les pas de Byrne, Fray, Choss ou encore Katja, ni même ceux d'autres personnages secondaires pourtant d'une importance capitale dans l'intrigue du second tome.
Donc dépaysement encore une fois puisque cette fois ci ,nous suivons une Protectrice, Tammy, une paria, Zannah et un troisième personnage dont je me garde de révéler l'identité. le décor également change pour nous emmener dans une cité dévastée par la guerre où des survivants, aux prise avedc ce qui semble être des morts vivants, tentent tant que mal de survivre.
Dépaysement je vous disais, mais également on change de genre puisque très vitre à la lecture des premières lignes puis des premiers chapitres, le récit devient post apocalyptique. Il prend place après la grande guerre qui a nous a été racontée dans les tomes précédents, et l'auteur nous conte ici les conséquences de celle ci sur la cité en question, coupée du monde, qui semble lui aussi ravagé. Il se concentre sur un petit groupe de personnages luttant pour leur survie face à ce qu'ils nomment les Réprouvés ou les Transformés. Leur nature n'est pas réellement connue et c'est d'ailleurs l'enjeu de l'enquête menée par Tammy Baker, la protectrice.
L'auteur se consacre aux interactions entre ses personnages, révélant minutieusement des éléments, à la fois sur le récit, mais aussi sur les Réprouvés. Il semble plus s'attacher à ses personnages et fait preuve ici d'un peu plus de profondeur que dans les tomes précédents, leur principal "point faible". Pourtant malgré cela, je lui ferait toujours le même reproche, à savoir qu'il amorce des réflexions ou des situations potentiellement intéressantes ( par exemple une question sur la nature humaine, ou bien précisément une question essentielle qui touche au passé d'un personnage principal) sans jamais les résoudre ou donner plus d'éléments au lecteur pour qu'il puisse argumenter dans tel ou tel sens. Les réflexion sont lancées telles quelles, et bien souvent malheureusement, elles font chou blanc et tombent à l'eau car laissées en l'état. Il lui arrive même parfois de se "squizzer" complètement lui même en tuant dans l'oeuf l'amorce qui a lancé, ruinant ainsi définitivement toute accroche ou intérêt de la part du lecteur.
Malgré cela, la sauce prend car l'auteur se consacre à faire avancer ses personnages dans ce no man's land, et on se surprend à ressentir un intérêt croissant pour eux et les moyens qu'ils mettent en oeuvre pour leur survie. le suspens concernant les Réprouvés est parfaitement bien distillé le long du roman jusqu'à une révélation assez juteuse. Et c'est ainsi que
Stephen Aryan tient et retient son lectorat. Il faut bien avouer que son style relativement fluide permet également de ne pas trop se prendre la tête et de tourner les pages assez facilement. On engloutit ainsi assez vite ce bouquin de presque 600 pages.
Mais par rapport aux tomes précédents, j'y vois d'autres qualités et d'autres défauts. le retour d'un personnage important va permettre de boucler la boucle ouverte depuis le tome 1, mais sans trop en révéler quand même, dans un final beaucoup trop vite expédié. Cette conclusion intervient bien avant la fin du livre, et se révèle en fait un twist de la trilogie. Ainsi une centaine pages demeurent pour tenir encore un peu plus ses lecteurs, mais dans un tentative à mon sens avortée, puisqu'elle en révèle rien d'extraordinaire, d'important, ou en tous cas, quelque chose de bien dispensable. Cela ne sert ni le récit ni les personnages. Et comme si une seconde fin ne suffisait pas, l'auteur se complaît dans une troisième, et même si celle ci paraît logique et cohérente avec l'ensemble du roman, elle aurait mérité quelques pages supplémentaires, d'autant qu'il fait lorgner son récit vers un style presque heroic fantasy. Tant qu'à inclure un nouvel élément, il me semble intéressant de le développer plutôt que de créer cette sorte de frustration.
Autre défaut, et à moins que l'auteur ne se garde cela sous le coude pour un développement ultérieur, mais malheureusement j'en doute fort, la magie est devenue très problématique dans son univers, et les utilisateurs, les Mages, sont craints rejetés voire chassés ou tués. Si dans le tome 2,
Stephen Aryan avait amorcé un semblant de réflexion sur ce sujet bien précis, par l'intermédiaire du personnages de Fray, ici il n'en ai plus du tout question et c'est bien dommage.
Les meilleurs choses que je garderai de ce troisième tome sont la capacité de l'auteur à assurer une certaine cohérence de la trilogie par le biais d'un personnage particulier. Certains choix semblent logiques même s'ils peuvent surprendre. Et également, il réussit à créer une chouette ambiance laquelle si vous parvenez à vous y laisser prendre, vous fera passer un agréable moment de lecture, et si l'on veut bien passer outre les quelques défauts ou manquement, cette trilogie se lit bien et ne laissera pas forcément indifférent.