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3,3

sur 786 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les États-Unis ont été frappés par une terrible catastrophe économique. Charmaine et Stan sont contraints de vivre dans leur voiture après avoir perdu leurs emplois et leur maison. Quand ils découvrent le projet Positron, ils pensent que leurs ennuis sont finis. le projet autonome et autosuffisant rassemble les villes voisines de Positron et Consilience, derrière des barrières que l'on ne franchit que dans un sens. Un mois sur deux, les habitants vivent en prison, puis rejoignent une confortable maison dans la vie civile. « Tout le monde paraît très heureux : quand on a deux vies, il y a toujours la perspective d'autre chose. » (p. 58) Chaque maison et chaque cellule est occupée par un couple d'Alternants, avec lesquels il est interdit d'avoir des contacts. Mais Charmaine et Stan vont outrepasser la règle, à leurs risques et périls. « Faut-il que les choses aillent mal pour qu'elle en vienne à regretter le temps où ils vivaient dans la bagnole ! » (p. 255)

Je n'en dis pas davantage pour ne pas déflorer toute l'intrigue foutrement bien construite par Margaret Atwood. Vous vous en doutez, l'utopie va tourner court et le paradis devient rapidement un piège. Il est question de robots, de trafics d'organes, d'opérations médicales fort peu éthiques, d'Elvis et de Marilyn, d'ours en peluche bleu. « Imagine que tu puisses customiser un être humain par le biais d'une intervention cérébrale. » (p. 211) Si le modèle politique est largement contesté, l'autrice s'interroge surtout sur l'amour, la véracité des relations et la valeur que l'on accorde à la liberté. Cette dystopie est cruelle, mais il est jouissif de lire les mésaventures des protagonistes. Sadique, moi ?

Margaret Atwood sait y faire avec les dystopies. Dans La servante écarlate, elle proposait une vision très sombre de l'humanité. Avec C'est le coeur qui lâche en dernier, la vision n'est pas plus lumineuse, mais elle est décomplexée, férocement drôle. Si vous avez le coeur bien accroché, n'hésitez pas et lancez-vous dans cette lecture !
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Comme d'habitude, la plume acérée de Margaret Atwood incise l'humain avec la précision d'un bistouri.
Cette dystopie est aussi dérangeante que la trilogie dystopique, Maddaddam. Elle est aussi excellente, par ailleurs.
Lorsqu'on pense que la situation ne peut pas être pire, Atwood vous enfonce plus loin dans les méandres de l'humanité car, tant que l'être humain sera là, il n'y aura aucun espoir de redresser ce monde branlant.
Le vice est là, caché dans le coeur des hommes et des femmes. Les instincts primaires les reconduisent invariablement au même échec, celui de l'impossible élévation de l'humanité.
Il va sans dire que Margaret Atwood a le talent d'une très grande écrivaine et une connaissance aiguisée de l'âme humaine. Elle en extrait le meilleur et le pire, surtout le pire, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
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Si on vous proposait de choisir entre une vie dans un lieu ultra sécurisé, à savoir avec une maison, un emploi, des soins médicaux, une réponse à tous vos besoins, l'absence de malfrats et de personnes violentes, contre la privation de la liberté de vivre à l'extérieur dudit lieu; que feriez-vous?
Stan et Charmaine subissent la crise économique qui touche les Etats-Unis: ils ont tout perdu et survivent dans leur voiture en essayant de fuir les voyous qui traînent les rues à la recherche de matériel à voler, de personnes à massacrer. Nous sommes dans un futur où comme souvent, règnent la désolation et le crime.
Ainsi, lorsque la publicité pour Consilience défile sous leurs yeux, ils signent sans hésiter, sans prendre le temps de réfléchir à ce que cette nouvelle façon de vivre engage.
Les voilà donc installés dans leur nouvelle maison, formés à leur nouveau job, sauf que ceux-ci ne leur appartiennent qu'un mois sur deux. le deuxième mois, ils le passent dans la prison de Positron. Pendant ce temps, c'est un autre couple qui habite leur logement. Bien évidemment, ce système de partage va entraîner bien des questions...
Et de questions en embrouilles, c'est une société loin d'être idéale qui se révèlera aux yeux de nos deux protagonistes... et du lecteur.

Un roman captivant, aux personnages attachants, qui nous permet de réfléchir sur les dérives de la société actuelle et sur ce que l'on pourra se voir proposer dans le futur.
Je suis véritablement épatée par l'imagination de Margaret Atwood dans ce domaine!
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On est ici en présence d'un roman différent des autres à mi-chemin entre anticipation, étude de moeurs, satire et romance dissonante. Sans doute que ce choix audacieux de narration ne plaira pas à tout le monde. Même si je le trouve passionnant. Il montre qu'il est de plus en plus difficile de trouver sa place dans une société qui se déshumanise. le propos interpelle et ne rassure pas forcément. Cependant, le ton emprunte la voie de la légèreté et de la formule ad hoc pour ne jamais lasser.
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Je fais face ici à un dilemme : comment parler de ce roman génial sans dévoiler l'histoire afin de ne pas gâcher le plaisir du futur lecteur ?

Car oui, « C'est le coeur qui lâche en dernier » est un excellent roman, de la même veine que « La servante écarlate ».

En pleine crise des subprime, un jeune couple Stan et Charmaine , après avoir perdu successivement leurs emplois et leur maison, vont devoir survivre dans leur voiture. Ils ne sont malheureusement pas les seuls dans cette situation. Tout semble aller « vers la désintégration du système et entraîner l'anarchie, le chaos, des actes de vandalisme, une prétendue révolution, donc des pillages, des gangs tout-puissants, des chefs de guerre et des viols systématiques. »

En tout cas, c'est ainsi qu'un Projet de villes nouvelles est proposé : la création de « villes de taille moyenne abritant de grands pénitenciers qui seraient à même de s'autofinancer, et les habitants de ces agglomérations bénéficieraient d'un confort dévolu à la classe moyenne. Et si chaque citoyen se trouvait être soit gardien, soit prisonnier, le résultat se traduirait par le plein-emploi : pendant qu'une moitié serait en prison, l'autre moitié aurait à garder les prisonniers d'une manière ou d'une autre. Ou bien à garder ceux qui les avaient gardés. »

Charmaine entraîne Stan à la journée découverte de Consilience-Prositron et lui force un peu la main pour qu'il accepte leur installation dans cet endroit qui paraît idyllique, même si une fois entré on ne peut en ressortir.

Va alors commencer pour le couple une vie bien tranquille et ancrée dans la routine : une maison partagée avec un autre couple : quand Charmaine et Stan travaillent à Consilience, Max et Jasmine sont en prison et inversement. Mais un grand de sable, sous la forme d'un petit mot d'amour découvert sous le frigo, va venir enrayer la machine.

Et tout le génie de Margaret Atwood est de nous raconter un univers qui peut paraître de science-fiction mais dont on se dit avec effroi que tout cela pourrait bien arriver un jour. En effet, elle se base sur la cupidité des investisseurs, les privatisations d'administrations publiques, de pénitenciers, d'hôpitaux et de maisons de retraite… qui vont entraîner des dérives et n'accorder plus beaucoup de valeur à la vie humaine.

Dès le début du roman, on est accroché par l'histoire ; puis emporté dans la dernière partie par les péripéties vécues par les deux personnages principaux, certaines d'ailleurs ne manquant pas d'humour.

Pour avoir lu plusieurs romans de cette auteure canadienne, je la tenais déjà en grande estime. Mais avec celui-ci, je la mets en tête de mon panthéon personnel des grands auteurs.

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Dans le genre fiction, cette dystopie colle d’assez près à une réalité qui nous est proche et qui nous inquiète. Les deux jeunes protagonistes, Charlaine et Stan ont tout pour réussir, un job, une maison. Puis tout s'écroule, le travail vient à manquer, ils doivent quitter leur maison, et ils se retrouvent à vivre de petits boulots, au jour le jour, avec pour seul abri une voiture pourrie, dans une région en ruine. Ainsi débute le livre.
A la fin du livre, les 2 protagonistes se retrouvent, avec la liberté de vivre leur vie comme ils l'entendent.

Entre ces 2 épisodes, l'histoire imaginée par l'auteur nous présente le côté sombre de notre monde, l’envers du décor, dans lequel le couple a accepté de vivre (pour survivre) et ceci pour toujours. Tout y est : les robots qui ressemble à la personne fantasmée, une tête réelle à l’accueil des différents services en guise de borne, la surveillance permanente, la sensation d’être en permanence sous cloche, de n’avoir pas de choix et d’être manipulé, l’organisation du temps.

L'histoire est bien construite, prenante, il y a de la tension, il n'y a pas de longueur.
Est-ce que l'homme ou ici la femme peut prendre la décision d'éliminer un être aimé ?
Le robot remplacera t'il l'être humain dans les relations sexuelles ?
Que deviennent les personnes âgées, donc inutiles ?

Il y a dans cet ouvrage de la tragédie et de la dérision, …..

Y aurait-il une échappatoire pour nos deux protagonistes aventuriers ?
Ce livre m'a plu.
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Dans cette nouvelle dystopie, Margaret Atwood joue avec les codes du genre et nous entraîne dans un roman à la fois glaçant et farfelu. Dès les premières lignes, nous voilà emportés dans l'histoire de Charmaine et Stan, son mari, subissant de plein fouet la crise économique qui sévit aux États-Unis. Sans domicile, sans emploi, le couple subsiste dans leur voiture en tentant de protéger leurs maigres possessions. Jusqu'au jour où Charmaine tombe sur un spot publicitaire qui semble leur proposer LA solution à leurs problèmes…

Le Projet est un vaste programme mettant en scène deux villes jumelles : Concilience et Positron. L'une ville ordinaire, l'autre ville-prison, signer les documents d'engagements permet aux participants de trouver une place dans la communauté de Concillience, un logement, un emploi. Devant cette promesse de jours meilleurs, nos deux protagonistes n'hésitent pas signer. Cependant, loin de l'idylle qu'on leur avait promis, la vie à Concilience est basée sur les interdictions, les contraintes, le conformisme. Mais prêts à tout pour retrouver un peu de dignité, les personnages ne semblent nullement s'en incommoder. Après tout, si les choses sont ainsi, c'est pour que « tout aille bien ». On est parfois étonné par leur façon de se leurrer, aveuglés par leur désir profondément humain d'être heureux, à mesure que le système qui les entoure dévoile ses failles et devient, lui, de plus en plus inhumain.

L‘Homme se retrouve rétifié sous la plume de Margaret Atwood, devient un objet de désir purement sexuel, un acteur économique, une marchandise. La ville de Consilience devient rapidement un théâtre clos, les participants du projet y vivent leur petite routine à cercle fermé : une fois rentré, il est impossible d'en sortir. Dans une routine de conformité, de maisonnettes bien rangées avec draps, serviettes, théières commandés sur le catalogue de la ville, Yoga et films non violents des années 50 diffusés à la télé, travail pour tous et journées régulées, le lieu fermé se transforme en incubateur, faisant resurgir la vraie nature des personnages. Fantasme, sexualité débridée, paranoïa, la ville en vase clos révèle ce qu'il peut y avoir de pire en chacun.

J‘ai été fascinée par ce roman de société qui se lit comme un thriller d'abord, puis comme un récit d'espionnage loufoque ensuite. Le cynisme de l'auteur m'a énormément plu, son style vif, intelligent et absurde captive alors qu'elle remet en question l'idée de liberté des hommes, celle de penser par soi-même, de réellement désirer ce qu'on pense vouloir. Faut-il choisir entre la facilité ou la liberté ? La facilité n'est-elle pas une forme d'enfermement ?

Avec cette histoire dérangeante, Margaret Atwood nous propose une dystopie jubilatoire dans laquelle des personnages froids et calculateurs se servent de l'aspiration au bonheur pour contrôler les masses et plonger dans la déshumanisation des hommes. La critique de la société alternant farfelu, absurdité et moments glaçants fait immédiatement penser aux plus grands noms de la SF, le Soleil vert d'Harry Harrisson nous viendra à mainte reprise à l'esprit. Cet univers dystopique réempruntant le décors des fifties dans une Amérique en pleine crise économique m'a conquise.
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J'ai regardé La Servante écarlate et j'avoue humblement ne pas l'avoir lue. La découverte de cette série a été un véritable choc pour moi provoquant moultes émotions. Je pense qu'on ne peut pas rester indifférent et qu'on ne sort pas indemne de la Servante écarlate.
J'ai donc souhaité lire C'est le coeur qui lâche en dernier et découvrir Margaret Atwood en tant qu'auteur. Et je n'ai pas été déçue. En effet, elle nous livre ici une dystopie carcérale avec au menu, trafic d'organes, fabrication de poupées sexuelles, et j'en passe. Madame Atwood ne nous épargne pas. Elle nous jette sans vergogne dans les affres de la misère humaine.
Elle dénonce dans ce livre l'absurdité d'un système orwellien.
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Le premier chapitre de cette dystopie s'ouvre sur une scène marquante : on y découvre Stan et Charmaine, jeune couple condamné à vivre dans une vieille voiture car ils ont tout perdu lors de la crise économique sans précédent qui a frappé leur région. Partout règne désormais la violence et leur avenir semble sans espoir... jusqu'à ce que Charmaine entende une réclame pour un nouveau projet appelé Positron qui attire tout de suite son attention - ne sais-tu pas que la publicité est toujours mensongère a-t-on très envie de lui souffler?
Aux abois, ils se posent peu de questions et intègrent très vite cette nouvelle communauté où on leur offre un métier et une maison dans un environnement idyllique et sécurisé. Il y a évidemment une contrepartie : ils passeront un mois sur deux dans la prison de Positron pendant qu'un autre couple prendra leur place dans leur maison parfaite...
Très intriguée par le pitch, j'ai lu ce roman d'une traite, embarquée dès les premières lignes sans savoir où cette étrange histoire aller finir par m'emmener...
J'avais adoré La Servante écarlate de la même auteure et j'ai à nouveau été bluffée par la finesse avec laquelle elle analyse les comportements humains, nos forces et nos faiblesses.
Dès le départ, une question se pose à nous, aussi dérangeante qu'essentielle : que vaut notre liberté? Jusqu'où serions nous prêts à aller pour avoir un toit au-dessus de la tête, pour ne pas constamment avoir peur?
On retrouve l'écriture enlevée de Margaret Atwood, son agilité à brouiller les pistes (la fin est assez imprévisible) et on découvre un humour grinçant qui n'avait pas sa place dans la Servante Ecarlate. Ici, l'histoire et les personnages sont plus loufoques, on fait même un petit détour par Vegas, la ville de tous les possibles et de toutes les exentricités.
J'ai passé un très bon moment. J'ai ri, j'ai été interpelée, je me suis interrogée. Beaucoup. Une lecture agréable et enrichissante.
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Bienvenue à Consilience, le nouveau monde inventé par Margaret Atwood. Ici, vous aurez tout ce qu'il vous faut: une jolie maison, un emploi, une vie tranquille. Et tout ça contre quoi? Oh, vous devrez juste un mois sur deux vivre à Positron, ville jumelle, dans sa prison. Mais là aussi vous serez nourris, logés et vous exercerez un métier utile à la communauté. Alors, ça vous tente?
Pour vous convaincre, que vous dire de plus ? Ah oui, vous ne pourrez plus communiquer avec l'extérieur . La sécurité a un prix voyez-vous et quand on voit combien la société s'est déglinguée, il est peu cher payé !
Toujours pas convaincu ? Alors vous êtes peut-être comme Stan et Charmaine. Au début, ça vous a paru idyllique, la solution à tous vos problèmes et puis une fois l'euphorie retombée, le calme retrouvé, vous avez commencer à vous ennuyer. Il est vrai que l'homme ne saurait finalement pas se contenter de ce qu'on lui offre, il se peut que sa nature le pousse à vouloir toujours plus. Et dans le cas de nos deux protagonistes, cela va vite devenir le chaos.
Consilience ne protège pas de tout. Elle ne préserve pas de l'envie, du désir, du frisson qu'on ressent en bravant les interdits. Elle n'écarte pas de la concupiscence, de la soif du pouvoir et de l'argent.
Margaret Atwood nous offre une superbe réflexion sur l'homme et ses travers tout en mettant l'accent sur une société qui perd ses repères et essaie de s'en créer d'autres . Ce roman est loufoque, dérangeant par moment mais il se lit d'une traite tant cet univers est à part.
Allez, venez y faire un tour, vous, vous pourrez en ressortir quand vous voudrez...
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