AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 786 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Liberté ou sécurité ? Un binôme antinomique terriblement d'actualité depuis le 11 Septembre 2001 jusqu'à pas plus tard qu'hier, 17 août 2017 à Barcelone.
Il n'est pas question de terrorisme islamiste dans le dernier roman dystopique de Margaret Atwood, mais le dilemme susmentionné transparaît néanmoins à toutes les pages.
Enfin, dilemme... Disons que pour Charmaine et Stan, jeune couple américain frappé par la crise économique et obligé de (sur)vivre dans sa voiture, à la merci de bandes de pillards omniprésentes, le choix de la sécurité l'a bien vite emporté. Après avoir vu un spot publicitaire vantant le bonheur garanti du mystérieux programme « Consilience », les deux tourtereaux se renseignent vaguement et, à l'idée d'un boulot et d'une maison tranquilles, signent leur adhésion – à vie – sans trop se poser de questions. Le fameux Programme consiste, pour ses heureux élus, à vivre alternativement un mois dans une jolie maison toute équipée dans la jolie ville de Consilience, et le mois suivant dans la belle prison de la belle ville-jumelle de Positron, dans les deux cas en exerçant un emploi utile à la communauté. Etant entendu que lorsque quelqu'un est en prison, sa maison est occupée par son « alternant », et vice-versa, et idem pour les couples. Etant entendu également que lors de chaque chassé-croisé mensuel, tout est fait pour éviter (en principe) que les uns et les autres rencontrent leurs alternants.
En principe. Parce que c'est évidemment là que la belle mécanique se grippe, lorsque Stan se met à fantasmer sur son alternante.
A partir de là, le roman part dans tous les sens, multipliant les rebondissements, du plus loufoque au plus glaçant : trafic d'organes, robots sexuels sophistiqués, conditionnement cérébral, sosies d'Elvis et de Marilyn, le tout culminant dans une tentative d'évasion des plus improbables. Plus globalement, ce roman dérangeant, à tout le moins interpellant, montre l'exploitation de la peur et de la pauvreté par un capitalisme dont les dérives sont proportionnelles à l'avidité pour la rentabilité et le profit. A ce jeu-là, l'intimité et la personnalité de l'être humain sont loin d'être épargnées : la sexualité n'échappe pas non plus aux exigences de docilité, de perfection et de productivité.
Un roman dense et acéré qui, sous des dehors de farce futuriste et jubilatoire, fait rire jaune et laisse penser qu'il n'est peut-être plus aussi dystopique qu'on voudrait le croire.
Commenter  J’apprécie          812
C'est à un fascinant voyage dans un monde dystopique qui nous convie Margaret Atwood.

La réussite et le succès d'un roman d'anticipation se mesurent souvent à cette capacité qu'il possède de nous montrer que le futur qui peuple ses pages, est déjà bien présent, ou très proche, quelque part, sous nos yeux aveugles.

La romancière canadienne se plaît à dépeindre la satire d'une société en proie au désenchantement et où la rationalité s'est pleinement imposée, montrant les conséquences néfastes d'une idéologie.

L'ambiance immersive qui fait forcément penser à La Servante écarlate, suit le même modèle d'implantation d'une société utopique.

Margaret Atwood s'en amuse et joue avec des clichés avec un humour étonnant.
La réalité dépasse souvent la fiction car l'esprit humain, influençable et imprévisible n'est pas encore près de se laisser contrôler.

Effrayant mais paradoxalement porteur d'espoir.


Commenter  J’apprécie          632
Margaret Atwood reçoit enfin les honneurs qu'elle mérite, mais un succès qui est passé par le grand écran, et ce dernier roman fera sans doute aussi l'objet d'une adaptation cinématographique.

Dans des États-Unis imaginaires ravagés par l'effondrement économique, une compagnie a créé des enclaves protégées où pourront vivre des couples choisis. Ils seront bien nourris et bien logés, mais devront suivre scrupuleusement les règles. Et pour que le tout coûte moins cher, ils devront passer la moitié de leur vie en prison, à coup d'un mois sur deux. Un système parfait où chacun a sa place et doit être heureux entouré de toutes les commodités modernes. Jusqu'au grain de sable dans l'engrenage…

Ce que j'aime dans les romans d'Atwood, en plus de ses personnages féminins forts, c'est sa préoccupation pour l'organisation de la société. On peut y voir s'opposer la liberté et la sécurité et même se demander si le bonheur est bien dans une douche chaude et des serviettes moelleuses…

Ce que j'apprécie aussi dans ses livres, c'est qu'il ne s'agit pas juste de bons et de méchants : on peut être bon et être le méchant de quelqu'un d'autre et on peut être le méchant tout en faisant tout son possible pour être bon.

Et les personnes qui en viennent à contourner les règles ne le font pas nécessairement parce qu'elles ont de plus grandes vertus…

Et bien sûr, la question qu'on peut toujours se poser : et vous, et moi, qu'aurions-nous fait à sa place?…
Commenter  J’apprécie          400
Enfin une formidable opportunité pour Stan et Charmaine. de toute façon après des mois de galère, avec pour seul domicile une vieille caisse à deux doigts de rendre ses bielles, ils sont prêts à tout accepter, même la délirante proposition de Concilience, une société florissante qui propose un nouvel art de vivre. Une vie autarcique dans des lotissements propres et nets coupés du monde réel.

Stan et Charmaine n'ont plus rien à attendre du monde réel qui pour eux n'est que violence et précarité. Etre les cobayes d'un monde parfait lorsque l'on est jeune et beau, pourquoi pas, même avec des contraintes un peu étranges.

Vivre un mois en « liberté » dans une vraie maison, avec un vrai travail, de vrais voisins, puis vivre un mois en prison pour produire ce qui sera consommé dans ce monde idéal. Une vie bien réglée, codifiée, surveillée, une horlogerie en boucle, immuable, une vie parfaite…

Utopie, contre-utopie, forcément, le futur imaginé par Margaret Atwood sera terrible et dérangeant.


D'une écriture froide et sèche, c'est avec ironie qu'elle généralise la thèse de Michel Foucault. Une société, pour être idéale, devra “surveiller et punir” dans un mouvement perpétuel parfait. La sécurité serait-elle à ce prix ? Dans ce futur pas si lointain, l'humain lentement déshumanisé trouvera-t-il la force de résister à la prison à vie ?

Mélangeant le récit d'anticipation, le soap opera et la comédie érotique (quelques organes turgescents ont, eux non plus, pas envie de lâcher), la romancière canadienne à qui l'on doit : « La servante écarlate » écrit en 1985 mais qui a eu droit à une nouvelle jeunesse cette année avec la géniale série qui a été diffusée sur OCS, rejoint avec « C'est le coeur qui lâche en dernier » Aldous Huxley, Philip K. Dick, Arthur C. Clarke, ou Ira Levin au panthéon des grands auteurs dystopiques.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
Après avoir lu et beaucoup aimé La servante écarlate de Margaret Atwood j'ai eu l'envie de lire son dernier livre. Je ne lis pas souvent de livre dit de science-fiction mais je pense le faire de plus en plus l'auteur m'ayant convaincu avec sa narration qui rend le récit tellement vivant et crédible.

Il est question ici de deux jeunes protagonistes américains totalement fauchés et qui vivent dans leur voiture Stan et Charmaine, ceux-ci tombent par hasard sur ce qui peut-être une porte de sortie à leur galère.

Cette issue se nomme Consilience, un programme mêlant un mois de vie classique suivi d'un mois dans une prison, il y a également une personne nommé "altenant/e" qui mène cette vie mais dans l'autre sens elle est en prison pendant que son alternant mène une vie normale et ainsi de suite.

Critique de notre société et de ses dérives, Margaret Atwood montre à nouveau tout son talent avec son récit qui n'est peut-être pas aussi futuriste que cela.

J'ai beaucoup aimé la partie mêlant Marilyne et Elvis également.

Un livre qui fait réfléchir jusqu'où est-on prêt à aller afin de sortir de la misère ?


Commenter  J’apprécie          230
Avec "C'est le coeur qui lâche en dernier", Margaret Atwood nous sert une farce noire dont la lecture de certains passages ont de quoi rendre écarlate.

Futur (très) proche, l'économie s'est effondrée, on cherche à survivre par tous les moyens. Une entreprise propose de vivre le rêve américain, une semaine sur deux. La première semaine dans un pavillon propret et un environnement aseptisé, dont il est impossible de sortir. La seconde, en prison, en intervertissant les places d'un couple qui prend le chemin inverse. Bienvenue dans la dystopie carcérale d'une auteure dont l'imagination et la clairvoyance n'ont pas de limites.

Margaret Atwood est une visionnaire. "La servante écarlate", datant de 1985, a été remis sur le devant de la scène grâce à la série TV qui vient d'en être tirée. Ce qu'elle imaginait il y a trente ans a de quoi mettre mal à l'aise dans le contexte actuel. Son extraordinaire trilogie d'anticipation questionne sur notre avenir proche avec un capacité quasi divinatoire ("Le Dernier Homme", 2005 - "Le Temps du déluge", 2012 - "MaddAddam", 2014).

L'auteure est une magnifique conteuse doublée d'une remarquable observatrice de notre société. Avec "C'est le coeur qui lâche en dernier", elle creuse encore davantage ce sillon analytique au travers, cette fois-ci, d'une étonnante comédie sombre. Un récit qui tient autant du roman social que du vaudeville.

Le ton est décalé, surtout dans sa seconde partie, une autre manière de planter un décor subtilement effrayant tout en alertant sur certaines dérives de notre société actuelle.

Les choix que nous faisons ont un prix, l'acceptation tacite de la perte de nos libertés individuelles n'est pas sans conséquences. Ou quand la peur de l'avenir et le besoin de sécurité peuvent amener une certaine utopie vers une dictature.

Le ton parfois léger et drolatique, rend cette lecture franchement surprenante. Sous couvert d'une histoire d'amour décalée, Atwood dérange. Et les quelques scènes grivoises et sexuellement explicites ne font que renforcer ce sentiment.

Voilà un roman pas comme les autres, entre roman d'anticipation, sombre étude de moeurs, satire et romance dissonante. Sans doute que ce choix audacieux de narration ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, je l'ai trouvé aussi surprenant que réjouissant. Une manière originale de montrer qu'il est de plus en plus difficile de trouver sa place dans cette société qui se déshumanise. le propos me parle fortement, la manière de l'avoir traité m'a réjoui, les dialogues (très nombreux) m'ont épaté.

Je ne saurais trop vous conseiller de vivre quelques heures avec ses "Alternants", l'expérience vaut la peine d'être vécue. Margaret Atwood est un écrivain majeur, ce n'est pas ce roman étonnant qui va le contredire.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          200
Après La Servante écarlate, le dernier homme ou le temps du déluge, Margaret Atwood explore encore l'utopie négative en imaginant un futur pas si lointain où il serait normal d'être en prison la moitié du temps, de se priver de sa liberté, de son intimité au prix d'un toit, d'un caddie rempli et l'assurance de ne pas se faire voler par des encore moins nantis que soi.. Stan et Charmaine, un jeune couple américain, sautent ainsi le pas, eux qui dorment dans leur voiture - et puis, puisqu'ils ont tout perdu travail, boulot, confort, sécurité ! , se disent-ils - et signent pour un billet simple vers cet Eldorado promis.
Passés le bonheur de dormir dans des draps frais et l'impression de servir à quelque chose, ils déchantent cependant assez vite grâce ou à cause d'un petit mot griffonnė, caché dans leur cuisine.
Atwood nous livre ici une farce grinçante, glaçante, cynique et parfois drôle, sans temps mort ni ennui, qui parle des rapports hommes-femmes, de la liberté, de la culpabilité, de l'argent et de l'atteinte à l'intégrité de l'humain. Et si ce roman vire vers le carnavalesque, c'est pour mieux pointer le grand cirque dans lequel nous pourrions tous tomber. Merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions Belfort de m'avoir offert cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          200
Margaret Atwood avec ce nouveau roman nous place dans un récit d'anticipation utopique. Certaines régions des USA sont ravagées par la pauvreté et la violence, un couple bien-pensants ayant du mal à s'en sortir dans ce désastre va signer pour intégrer une communauté fermée et protégée.

Une histoire très prenante et qui mène à réfléchir sur les conséquences d'une crise financière qui tournerait vraiment mal, ou le système s'effondrerait mais où les plus riches ne tomberaient pas dans la déchéance.
Jusqu'où les manipulateurs seraient-ils capables d'aller pour s'enrichir encore plus en faisant croire aux plus faibles et démunies qu'ils valent encore quelque chose ? C'est tout le sujet du roman.

Il est vrai que ce sujet est déjà abordé dans d'autres romans, mais ici la gravité se mêle à un humour grinçant et des situations parfois grotesques (positivement), et c'est ici qu'est l'originalité du récit, l'écriture est bonne, et ce malgré une certaine lenteur, l'ennuie ne se fait pas sentir. La fin est exquise et ouverte pour que le lecteur fasse son choix lui-même.

Les personnages sont eux des clichés américains, le mari machiste mais trouillard, et sa femme, fleur bleue, mais qui cache son jeu, puis des personnages secondaires assez haut en couleur pour encadrer ce couple.

Pour conclure, je peux dire que cette lecture, sans être un vrai coup de coeur est tout de même bien intéressante et me laissera un bon souvenir parmi les autres romans du genre que j'ai pu lire.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          191
Genre : Dystopie burlesque ?

Les États Unis sont durement touchés par la crise économique : Charmaine et Stan sont expulsés de leur maison et vivent dans leur voiture. Ils sont au chômage, quasiment sans ressources, comme la moitié de la population des USA.
La loi du plus fort est redevenue la norme. Stan refuse dans un sursaut d'amour-propre l'aide de son frère, Conor, qui est un chef de gang.

Margaret Atwood a su me surprendre dans cet opus qui commence sous un angle très sombre. Pour survivre dans ce monde effrayant, Charmaine et Stan acceptent d'emménager à Positron, une ville isolée du monde où la vie des gens est coupée en deux. Pendant un mois il ont une existence « normale » avec pavillon de banlieue et boulot pépère dans une ville idyllique où les voitures ont été bannies ; le mois suivant il sont « prisonniers » dans une « prison modèle » …cela permet d'héberger deux couples par roulement (des Alternants) dans une même maison, le travail est partagé, la sécurité est garantie… il y a un certain manque de liberté mais dehors la vie est pire que la jungle ….

Charmaine et Stan s'ennuient cependant assez rapidement …

Le livre s'inscrit dans un univers assez sombre (la science est capable du tout , surtout du pire) puis un premier rebondissement va faire dévier la trajectoire de Stan et Charmaine…vers le tragique…. puis un deuxième rebondissement fait virer à nouveau l'histoire et cette fois vers le burlesque…
J'avoue avoir beaucoup ri pendant la deuxième partie (très cinématographique grâce à Elvis, Marilyn, des hommes en vert et un certain nounours bleu) alors que la première m'avait paru très sombre.

Margaret Atwood m'a fait passer de la peur au fou-rire et je la remercie : la dystopie burlesque, c'est un genre qui existe ?
Commenter  J’apprécie          172
Charmaine et Stan sont paumés. Ils ont tout perdu après une grave crise économique. Ils ne leur restent rien, que tout l'amour qu'ils se portent. Ils vivent comme ils peuvent, dans leur voiture, avec le maigre salaire de serveuse que fait Charmaine. Mais voilà qu'un jour, passe à la télé une annonce sur Consilience, ville idylique, où tous ont un emploi, une toit, de la nourriture... le hic, c'est que pour payer le prix de cette liberté, sans souci, les gens doivent alterner avec un mois de prison. Charmaine est conquise ; elle y voit la solution à tous leurs problèmes. C'est donc convaincue qu'elle convainc Stan de la suivre...

Et puis voilà... les voilà résidents de cette drôle de ville. Bien qu'ils ne doivent avoir aucun contact avec leurs alternants, Stan tombe complètement sous le charme de Justine, l'autre femme, qui a laissé un mot plus que suggestif et envoûtant à son Max... Il l'imagine sauvage, belle, attirante... Sans se douter une seule seconde que l'autrice de ce mot et en réalité Charmaine, qui elle, entretient une relation torride avec Max, l'alternant de son Stan. En disant ça, je ne spoil rien, puisqu'en fait, ce mot est le point de départ d'une prise de conscience et d'une rébellion qui s'organise à Consilience.

Une bonne histoire d'anticipation. Margaret Atwood n'a plus rien à prouver à personne sur sa capacité à écrire ce genre d'histoire... Elle a gagné sa place avec La servante écarlate... Mais ce qui joue contre elle, c'est qu'après cette dernière oeuvre, les attentes sont hautes, très hautes. Facile de comparer et de se dire que c'est moins bon... Alors oui, c'est moins prenant et révoltant que La Servante écarlate, mais ce bouquin-ci se lit aussi bien, et aussi vite. La construction est géniale... et les personnages sont très bien développés... L'histoire se tient et est très intéressante... le hic, c'est la froideur qui se dégage... c'est sans grandes émotions... Mais je suis d'avis que c'est ce que voulait Atwood, une sorte de métaphore de ce monde qu'elle nous propose... Un monde régit par des gens distants de toute humanité et où les dictats de rentabilité prennent une place importante.
Commenter  J’apprécie          151





Lecteurs (1808) Voir plus



Quiz Voir plus

Margaret Atwood est-elle Lady Oracle ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne suis pas :

La croqueuse d'hommes
La voleuse d'hommes

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thème : Margaret AtwoodCréer un quiz sur ce livre

{* *}