C'est grâce à la série TV que je connais "
La servante écarlate". L'ayant adorée, j'ai lu le roman juste après avoir visionné la première saison, lors de sa toute première diffusion (en VO). Mais, une fois n'est pas coutume, j'ai préféré, et de loin, l'adaptation à l'écran. Je l'ai lu une seconde fois bien plus tard, peu après que "
Les testaments" soit sorti. Mais alors que j'ai adoré ce second opus, il en est toujours de même pour le premier : il ne m'a pas plus transportée que ça... Une autre alternative vient de m'être offerte avec le roman graphique de
Renée Nault, que je préfère, là encore, au roman de
Margaret Atwood.
Dans l'État de Galaad (anciennement le Maine), les servantes écarlates sont à la disposition des familles les plus aisées. Leur statut de femmes fertiles leur en octroie un autre : celui de femmes serviles. Defred fait partie de ces esclaves sexuelles. À travers son cheminement intérieur, elle nous invite à découvrir ce monde qui est désormais le sien, qui écrase peu à peu les souvenirs de sa vie d'avant.
Très fidèle au roman de
Margaret Atwood, on ressent tout le travail d'introspection d'origine, tout comme cette atmosphère qui fait froid dans le dos.
Renée Nault y met tout de même sa touche personnelle, que l'on remarque essentiellement dans les graphismes. Elle appuie, par exemple, sur la non-identité des servantes en les dessinant presque à l'identique, ne nous permettant pas ou peu de les différencier les unes des autres. Elle choisit également de ne pas révéler le vrai prénom de Defred. En outre, elle se distingue aussi de la série, les personnages n'ayant pas les mêmes caractéristiques physiques.
Les dessins sont plutôt sobres, mais pertinents. le rouge et le noir dominent, l'un symbole de tout ce que les servantes représentent, l'autre symbole de la nuit, de la solitude, de la perte d'identité, du vide. Certains regards sont éloquents. Les moments présents sont peu détaillés, à l'image du peu d'informations que Defred possède, à l'image de tout ce qui lui est permis de savoir, à l'image du vide qui l'habite. Les retours dans le passé, évoqués par le biais de ses souvenirs, sont en revanche bien plus décrits visuellement, beaucoup plus précis.
C'est dans l'ensemble une très belle adaptation, qui m'a permis de retrouver cet univers si particulier, morose et introspectif, et effrayant quant à tout ce qui touche à la condition de la femme.