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EAN : 9782203334090
194 pages
Casterman (04/05/1993)
3.95/5   48 notes
Résumé :
On dit qu'un jour la ville d'Is réapparaîtra, triomphante, lorsque les injustices qui dominent le monde auront cessé d'affliger les humains, lorsqu'enfin la société sera réellement sans classe. Car il y a un futur. Le modèle social symbolisé par Is libérée n'avait aucune chance de s'imposer autrefois. Mais il le peut dans l'avenir, parce que l'avenir enferme toutes les potentialités.

Les Bretons attendent depuis longtemps le retour du roi Arthur qui e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais lu cette Bande dessinée peu après sa sortie, dans les années 80 et j'en avais gardé un excellent souvenir. Qu'en est-il quarante ans plus tard.
Il y a d'abord l'objet, bien lourd, en version originale. Je ne sais pas si il a été réédité, mais l'ouvrage de la fin des années 70 est magnifique.
Dès les premières pages, nous sommes projeté dans l'ambiance bretonne des fest noz revenu à la mode dans ces années qui ont vu le réveil du régionalisme. Des chanteurs à deux voix nous content la légende de la ville d'Ys. Une ville légendaire de la baie de Douarnenez.
Le parti pris de l'auteur du scénario est de renverser la légende traditionnelle, d'influence chrétienne pour en faire le symbole de la lutte des Armoricains païens devant l'invasion des Bretons chrétiens autour du VIe siècle après J.-C. Et nous avons donc des méchants chrétiens (totalement aveuglés par leur foi et par la détestation des femmes, acolytes du diable) et des peuples autochtones qui se battent pour conserver leur identité liée au druidisme celte.
Je suis un passionné de la réécriture des légendes en essayant de retrouver les traces historiques au delà du mythe et cette histoire avait donc tout pour me plaire. Cela avait été le cas adolescent mais j'avoue qu'aujourd'hui, elle me laisse un peu perplexe. En sommes, l'intrigue et ses sous-entendu identitaire me gène un peu aux entournures. le côté invasion des immigrés (Bretons) qui veulent imposer leur religion (le christianisme) à un peuple autochtone (les Armoricains) qui se bat pour conserver sa culture propre (le druidisme celtique) fleure un peu trop du côté d'idéologie que je n'apprécie pas. Évidemment les auteurs souhaitaient dénoncer la destruction de la culture bretonne par l'action centralisatrice parisienne, ce qui est un fait, mais la transposition à cette lointaine époque, sans aucune nuance, n'est plus trop de mon goût. Comme quoi avec l'âge on évolue (en mieux et en pire, c'est selon!)
Cette importante mise à jour effectuée, cette BD reste une excellente histoire, pleine de violence, de passion, de haine et de vengeance. le dessin d'Auclair est d'une grande force. On est dans ce noir et blanc de qualité, excellent témoignage de la BD des années 70, celle de la revue « A suivre ». On est quand même attrapé par l'histoire et les réserves que je formulais en préalable n'empêche pas un plaisir de lecture. C'est quand on pose le livre et que l'on se met à réfléchir aux implications que, pour ma part, j'ai ressenti un petit malaise.
Cette relecture me laisse donc avec un sentiment mitigé et contrasté, comme si la madeleine de Proust avait un petit arrière goût amer que je n'avais pas remarqué plus jeune.
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J'avais repéré cette bande dessinée il y a bien longtemps, suite à une critique sur un site de lecture, mais j'étais alors loin des librairies, et de toute façon je crois bien qu'elle était déjà épuisée. Alors, quand je suis tombée dessus dans une librairie d'occasion que je ne visitais pas souvent (mais cela va changer, ils ont un rayon Bretagne et voile plutôt alléchant!), je n'ai pas hésité.
Mais une fois commencée la lecture, j'ai un peu déchanté. Après une introduction assez banale mais rendue intéressante par le fait que la BD est présentée deux fois, une fois en sépia et en breton sur la page de gauche, l'autre fois en noir et en français sur la page de droite, le début de l'histoire est assez pesant et fouillis. Il m'a fallu du temps pour m'y retrouver un peu et adapter mon esprit de lectrice au niveau de réalisme magique que distille l'histoire.
Une fois cette gymnastique de l'esprit faite, j'ai fini par me prendre au jeu de cette réécriture de la légende de la ville d'Ys, Ker-Is de son nom breton. Et on est très loin de la « vraie » histoire. Bien sûr, je sais que, comme toute légende, cette histoire est multiple et, ce que j'appelle la vraie histoire n'est que celle que je connais et n'est donc que ma vérité personnelle. Une version avec Dahud, femme perdue et finalement séduite par le diable, Saint Guénolé tel qu'il apparaît dans le tableau du musée de Quimper, et Gradlon l'inflexible roi. On retrouve tous ces personnages ici, mais ils sont rejoints par d'autres et, surtout, leurs rôles sont profondément modifiés.
Nous sommes au Vème siècle, alors que la christianisation de la Bretagne bat son plein. Gradlon est le roi de Cornouailles, roi qui a embrassé la foi chrétienne et l'impose par la force. Mais c'est un roi vieux, faible et qui doute. Autour de lui, sa fille Dahud, qui reste fidèle aux croyances druidiques de sa mère et qui subit l'inceste d'un père qui ne sait affronter ses démons intérieurs. Et les hommes d'église sont là : Guénolé, bien sûr, qui est le bras rigoriste de la religion et Corentin, l'autre grand saint qui est associé à Gradlon, et qui lui prêche une religion de l'amour et de la tolérance. Et pour rendre le tout plus complexe, le personnage de Bran Ruz, le Corbeau rouge, dont je n'ai pas trouvé d'équivalent dans les légendes que je connais, et qui prend la tête de la révolte des oppressés.

C'est donc un changement complet de perspective que les auteurs proposent ici, faisant de la ville d'Is le symbole d'une lutte pour la culture et la civilisation, entre les puissants venus de l'extérieur et imposant leurs croyances et les esclaves autochtones qui vivaient jusqu'alors en paix et dans un certain âge d'or. Ce n'est plus Dahud qui condamne la ville d'Ys à cause de ses turpitudes, puisqu'elle est ici « la Bonne Sorcière », la détentrice d'un savoir unique et ancestral.
Cette version est assez inattendue, et les auteurs n'hésitent pas à faire un parallèle avec la lutte contemporaine à l'écriture de la bande dessinée, celle contre la centrale nucléaire de Brennilis et, plus largement les luttes identitaires et indépendantistes de la deuxième moitié du XXème siècle.

C'est donc une bande dessinée foisonnante, presque trop, et qui demande une bonne connaissance de la culture populaire bretonne pour en saisir tous les messages (et ma connaissance étant loin d'être encyclopédique, je suis très certainement passée à côté de beaucoup de ces références). C'est aussi une bande dessinée qui, de par son propos, a beaucoup vieilli. Il me semble qu'elle n'intéressera aujourd'hui que ceux qui sont férus de légendes bretonnes ou de bandes dessinées de l'âge d'or des années 70.
Pour ma part, malgré un début de lecture difficile, je suis assez contente de l'avoir lue, d'avoir vu ce que l'on peut faire d'un mythe en en retournant complètement la signification, et j'ai pu m'interroger sur cette époque de la christianisation de la Bretagne, dont la violence est rarement évoquée et qui, pourtant, est au coeur d'une certaine identité bretonne, qui aime à faire un joli syncrétisme entre religion chrétienne et influences antérieures. Les deux visions du christianisme incarnées par Corentin et Guénolé s'affrontent, autant que le christianisme avec le druidisme (d'où les trois citations que je n'ai pu m'empêcher de mettre en exergue de cette note de lecture). On se doute, dans cette histoire qui finit mal, de la vision qui triomphera, mais il est bon parfois de relire l'histoire du point de vue des vaincus.
J'ai repensé à ce passage du Canto General de Neruda, que nous avions étudié au lycée : « Se llevaron el oro y nos dejaron el oro » (« Ils nous ont pris l'or et ils nous ont laissé l'or »), dit-il à propos des conquistadores, qui ont pris le métal or et ont laissé la langue espagnole, dont certains, notamment lui, ont fait de l'or. Ici, c'est pareil, on décrit les envahisseurs, leur violence physique et psychique, mais on fait sien ceux qu'ils imposent par la force et, pendant longtemps, essayer de comprendre la Bretagne sans son attachement à la religion catholique, ce n'était pas possible (et je ne suis pas sûre de devoir parler au passé ici).
L'histoire est toujours celle des vainqueurs, mais les légendes sont territoires des vaincus aussi, et c'est là que l'on trouve les plus belles épopées et les plus grands rêves.
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Ce bel album, paru en 1982 et préfacé par Jean Markale, est un des derniers dessinés par Auclair, le talentueux auteur de la série "Simon du Fleuve" et des "Naufragés d'Arroyoka".
Il est né de la collaboration de ce dernier avec Alain Deschamps.
C'est un album d'inspiration, éminemment bretonne, certaines pages sont même doublées dans cette langue. Il brode une belle histoire légendaire sur fond du destin tragique de la ville d'Is.
C'est réellement un bel ouvrage, qui a contribué à faire les belles années de la revue "à suivre".
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Ce livre fut acheté à sa sortie, en 1981, et j'avais été assez fasciné à l'époque.
Le graphisme minutieux de Claude Auclair est remarquable, réalisé en noir et blanc, à la plume, avec un souci du détail très poussé mais qui devient parfois un peu trop fouillis.
Cette bande dessinée reprend le thème de la ville d'Ys, en changeant le point de vue. Dans la version courante, l'amant de Dahud, donc Bran Ruz dans celle-ci, serait le diable, or ici, c'est lui le héros et ceux qui l'accusent d'être le diable, les chrétiens ont le mauvais rôle. D'accord pour l'inversion des rôle, cela donne une version originale, mais la théorie militante très douteuse qui voudrait nous faire croire que la religion païenne, druidique en l'occurrence, vaudrait mieux que la religion chrétienne me paraît avec le recul assez malsaine.
Il faut sans doute connaître un peu l'histoire de la Bretagne pour se repérer, les bretons ne sont pas les premiers occupants, ils sont arrivé à la fin du IVe siècle et ont pris la place des peuples armoricains, osismes et coriosolites. Dans cette bande dessinée, les auteurs se placent du côté des armoricains, dans le rôle du peuple païen opprimé, occupé par l'envahisseur breton, christianisé. En introduction et en conclusion, il y a une scène de fest noz qui se passe à l'époque de la création de la bande dessinée. on est en plein dans l'affaire de la Centrale Nucléaire de Plogoff. Dans le contexte de l'époque, on saisit le besoin de révolte et le parallèle avec cette version de la légende de la ville d'Ys paraît justifié. Nous allions manifester contre cette centrale nucléaire imposée par un pouvoir centralisé qui pouvait encore à l'époque être vu comme un pouvoir colonisateur. La révolte était nécessaire, mais lorsqu'on cette bande dessinée sort du contexte, l'aspect religieux, avec les textes écrits dans le style du conte devient vite lourd et indigeste. Remplacer une idéologie religieuse par une autre idéologie religieuse encore plus archaïque et imaginer qu'un peuple peut s'émanciper en retournant à ses croyances anciennes, voilà une théorie assez dangereuse. J'en ai un peu marre de cette assimilation de la Bretagne à un mysticisme rétrograde. Sans cette tentative de parallèle avec la Bretagne actuelle vis à vis de la France, cela aurait pu passer comme une bande dessinée de Fantasy se basant sur des légendes réelles, mais l'aspect militant effleure des théories identitaires et là je n'approuve pas. Jean Markale, dans la préface, se défend bien de ses dérives, pourtant il ne suffit pas de décréter qu'elles n'y sont pas pour qu'elles n'y soient pas.
Pour conclure, l'histoire est de qualité, avec des personnages forts et troubles, l'utilisation de la légende est intéressante, le graphisme est fin et élégant, mais le militantisme nationaliste et le mysticisme viennent tout gâcher.
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Par Morgane la fée en lisant la critique d un babélionaute j ai ressorti cette BD de ma bibliothèque .Il y a 39 ans que je l avais lu et acheté (1981) , en la feuilletant c est toute une époque qui m est revenue avec force , d'espoir de rêves , d idéalisme y compris dans la BD un régionalisme romantique et indépendantiste surtout dans certaines régions ouest et sud ouest .Je n' en avais aucun lien je suis du sud est , mais cette histoire de la cité d Is avec le recul du temps a quelque chose d 'un reproche a notre époque pour laquelle 6 mois de passé c est l antiquité
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On dit qu'un jour la ville d'Is réapparaîtra, triomphante, lorsque les injustices qui dominent le monde auront cessé d'affliger les humains, lorsque enfin la société sera réellement sans classe.
Car il y a un futur.
Le modèle social symbolisé par Is libéré n'avait aucune chance de s'imposer autrefois. Mais il le peut dans l'avenir, parce que l'avenir enferme toutes les potentialités.
Les bretons attendent depuis longtemps le retour du roi Arthur qui est en "dormition" dans l'île merveilleuse d'Avalon. Mais ils attendent aussi que Dahud, tenant la main de Bran Ruz, leur ouvre les portes de la nouvelle cité d'Is. En fait, nous attendons tous cette heure.
(quatrième de couverture signée Jean Markale)
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La nuit, la marée, la tempête, comme trois sœurs s'en sont allées. Un jour nouveau se lève aux montagnes de l'Est, tirant de l'ombre le village des pilleurs d'épaves.
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L’homme et son pays se répondent, mais les États forts rêvent de sujets déracinés ; le passé et le présent se répondent, mais les États forts rêvent de sujets amnésiques. Les peuples sans pied et sans mémoire sont des peuples sans défense.
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Vous n'êtes déjà plus seuls! Et lorsque vous sentirez venir le doute et le découragement, regardez seulement les pierres du chemin.
D'habitude elles courbent peureusement le dos sous la roue de la charrette; et pourtant une seule, relevant la tête, suffit à endommager la maudite roue de cette maudite charrette, parfois même à la briser...
Alors, dix, cent, mille, des milliers de pierre relevant la tête...
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Saint Guénolé : Vous tous, les esclaves, soyez soumis à vos maîtres avec une déférence absolue. Non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Il est méritoire de supporter, pour plaire à Dieu, des peines infligées injustement. (…) Le Christ n’est pas venu transformer les esclaves en hommes libres. Des mauvais esclaves il a fait de bons esclaves.
(p. 178, Chapitre 12, “Défense de cracher par terre et de parler breton”).
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