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3,17

sur 202 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A l'heure où l'érotisme, sous cellophane torride, envahit les cerveaux disponibles – pour reprendre les propos frappés du bon sens d'un ex patron de chaîne télévisée ! –, étalant comme une crème solaire bon marché ses nuances d'ennui, causons donc initiation à la soumission charnelle et sévices en tout genre.
Histoire d'O, de Pauline Réage – un pseudonyme : songez que le livre est paru dans les années 1950 ! –, raconte l'éducation sexuelle d'une jeune femme qui abdique à peu près tout sauf sa nature. Quand je dis « éducation », rien à voir avec l'enseignement dispensé aux jeunes filles d'alors !
Dans ce château de Roissy, l'éducation d'O la conduira à une obéissance aveugle, et librement consentie, à un homme. Si l'on est loin du bréviaire de la perversité que constitue Les 120 journées de Sodome de Sade, le livre de Réage, d'une écriture très classique, est une descente dans les profondeurs de l'assujettissement au désir, à commencer par celui de l'autre. Car le désir a lui aussi ses raisons que la raison ignore. le plaisir ? O le connaîtra d'autant mieux qu'elle aura pleinement admis son statut d'esclave sexuelle. Aveu encore aujourd'hui inacceptable, faisant de Réage une traîtresse à la cause féministe.
O sera alors marqué, au propre comme au figuré. Mais surtout : elle appartiendra enfin à quelqu'un, comme une caution de son existence. O existe parce qu'elle est la possession de quelqu'un. Et c'est un choix délibéré, ce qui est encore plus déroutant.
Selon Jean Paulhan, dont l'auteur – Dominique Aury, de son vrai nom – fut la maîtresse, Histoire d'O révèlerait une vérité au grand jour : les femmes sont ontologiquement dédiées au sexe.
Ce qui différencie Histoire d'O des romans érotiques mièvres ou gratuitement salaces ? En fait, c'est ce qui différencie un bon roman d'un mauvais : son indéniable qualité littéraire. Et lorsque le sujet tient autant en équilibre, étant donné sa nature, il faut une certaine maîtrise pour ne pas sombrer dans la vulgarité facile. Pauline Réage a aussi réussi ce tour de force de ne pas fabriquer un produit de scandale : c'est le scandale qui est venu à elle, une marque des grandes oeuvres.
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Il s'agit ici d'une relecture d'Histoire d'O, que j'avais déjà lu il y a presque un an.

Cette histoire n'est ni plus, ni moins qu'une dépendance affective poussée à l'extrême, où un être ou plusieurs peuvent nous faire faire n'importe quoi en nous disant juste "je t'aime". La carence affective va ici faire endurer à O, maintes et maintes coups de fouets et rester à la merci de son amant, puis ensuite du "demi-frère" de celui-ci. O sera "forcer"d'aller contre sa nature, de devenir une autre, devenir une chose, devenir une esclave sexuelle! Ce qui la mettra au défi de posséder un être, comme on peut la posséder, une femme qui plus est, alors qu'il paraît évident qu'O n'est pas bisexuelle. Il semble qu'O ne soit plus elle-même et qu'elle ne peut lutter contre cette dépendance affective psychologique et physique.
O en paiera le prix de son refus de garder sa liberté.
Ici il est histoire de soumission qui nous emmène jusqu'à ce que la mort nous sépare.

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« Histoire d'O » est un roman unique, sulfureux au lourd parfum de secret et d'interdit.

N'attendez nulle comparaison ici avec « Cinquante nuances de gris » tant le fond et la forme sont ici infiniment supérieurs.

Dominique Aury/Pauline Réage narre ici un récit radical amenant une jeune femme à se déposséder de sa liberté par amour pour son amant, qui lui rendra bien mal.

O trouve son épanouissement dans son avilissement en étant fouettée, souillée et humiliée. Ballotée de maitre en maitre, puis maitresse, son histoire semble connaître quelques répétitions même si à chaque fois une étape supérieure est franchie dans l'abandon de soi.

Roman noir, choquant au style élégant, « Histoire d'O » séduit également par son mystère : celui d'une société secrète qui utiliserait des femmes esclaves volontaires.

A réserver donc aux esprits les plus curieux et ouverts.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Scandale de 1954 à 2013 NON STOP...
Ce livre est effrayant, choquant, pour sa crudité et sa violence, pour les crépitements d'horreur qu'il provoque en nous, et les glissements progressifs vers un désir sans limite où la soumission inconditionnelle d'O est un phare aveuglant, incompréhensible si on le place dans la réalité. « Difficile à admettre aussi que la littérature n'est pas la forteresse d'images et de mots qui nous permettrait de nous tenir à distance de cette horreur tout en la considérant, mais au contraire la scène bien en vue, en plein vent, où tout revient se jouer sous l'impudeur des masques » (Annie le Brun, Soudain un bloc d'abîme). Or si on avance, avec inquiétude, dans les domaines du rêve et du fantasme – celui-ci n'a d'ailleurs pas de sexe – on est aussi dans la pleine exposition d'une passion amoureuse. Cette dernière est d'ailleurs l'une des motivations de Dominique Aury pour écrire son livre, dès lors comment prétendre le placer en dehors du réel ? n'est-ce pas d'une « (…) criminelle légèreté de croire que les mots vivent indépendamment des choses et que les êtres vivent indépendamment des mots » (Annie le Brun, Soudain un bloc d'abîme) ? Ce qui
est peut-être en jeu c'est la résolution d'une aporie récurrente dans la relation amoureuse, après la passion viennent la raison et les compromissions, un ronronnement où le désir se dilue, un parcours balisé où l'on perd une part de soi. O par son sacrifice, librement consenti, propose une évasion, une défragmentation de la contrainte, il n'y plus rien qui puisse être planifier, la raison est mise au placard, les balises sociales s'écroulent et la passion amoureuse explose encore et encore, elle redevient sacré, elle irradie du bonheur et de la peur, un lien invisible d'une force
irrésistible et d'une fragilité effrayante, un sentiment ambivalent de perdre sa liberté tout en jouissant de cette vulnérabilité qui la connecte à nouveau à l'être aimé. « Sans doute l'Histoire d'O est-elle la plus formidable lettre d'amour qu'un homme ait jamais reçue », dit Jean Paulhan, en connaissance de cause.
"Ce dénuement-ci, c'est qu'elle basculait du souvenir dans le présent, c'est aussi que ce qui n'avait de réalité que dans un cercle fermé, dans un univers clos, allait soudain contaminer tous les hasards et toutes les habitudes de sa vie quotidienne, et sur elle,
et en elle, ne plus se contenter de signes... mais exiger un accomplissement."
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~ O comme Obéissance ~

Quel livre complexe & compliqué. Beau, dérangeant, affreux, malsain, ingénue & profond ! J'ai mis toute ma morale sacro-sainte de côté, pour y arriver, mais j'ai fini par le reposer ! C'était trop dur !

“Monte, dit-il. Elle monte”

Toute la dialectique d'Histoire d'O de Réage est contenue dans cette simple première injonction.
Un ordre, sans explication !
Une soumission, sans interrogation, ni inquiétude. O embarque avec son amant. Elle le suit confiante, s'en remet entièrement à lui, quelque soit la destination, quelque soit l'issue …

J'ai trouvé O assez fade dans les premiers chapitres, mais passée son séjour à Roissy, on découvre peu à peu une jeune femme subtile, indépendante de corps & d'esprit, consciente de ses forces & de ses faiblesses. Une femme qui comprendra ses maîtres, les aimera & se fera aimer d'eux.
Les châtiments corporels décris sont extrêmement violents & le consentement n'est pas toujours bien établi. le récit associe le plaisir de la domination sexuelle à la dépendance affective, d'ailleurs Paulhan dans la préface conclue que toutes les femmes rêvent d'avoir un maître !
Une vision scandaleusement phallocrate de l'amour. Lui a-t-on jamais appris qu'il ne faut généraliser ?

"Enfin une femme qui avoue ! Qui avoue quoi ? Ce dont les femmes se sont de tout temps défendues [...] Qu'il faudrait sans cesse les nourrir, sans cesse les laver et les farder, sans cesse les battre. Qu'elles ont simplement besoin d'un bon maître, et qui se défie de sa bonté...."

Le livre a été considéré comme pornographique & immoral, censuré à sa sortie, c'est devenu un symbole de la libération sexuelle dans les années 60. Il a contribué à la reconnaissance de la littérature érotique comme un genre littéraire à part entière. Il faut rappeler que ce livre n'avait pas vocation à être publié, il était destiné à son amant !

J'avoue que je ne l'ai pas fini, je ne sais toujours où le classer, est-ce une histoire l'amour ? Jusqu'où serions-nous prêts à y aller pour l'amour de l'autre ? Est-ce érotique ? Non, ça a suscité beaucoup plus de peur & de répulsion que du désir !

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Comme beaucoup je suppose, j'ai connu le film avant le roman. Un film assez fascinant, la beauté de l'actrice principale (Corinne Cléry) n'y étant sans doute pas pour rien. de quoi me donner envie de lire le livre lorsque je l'ai trouvé chez un bouquiniste. le film étant assez fidèle à l'oeuvre, j'y ai retrouvé les principaux éléments, avec comme avantage de partager les pensées et ressentis du personnage principal. Pour le reste, j'ai trouvé amusant la pudeur de certains mots, en parlant par exemple de « ventre » plutôt que de « sexe » et en évitant certains détails. Cela contribue au charme, tout en donnant un côté un peu désuet et prouve qu'en littérature aussi il y a une différence entre érotisme et pornographie. le thème du récit peut sans doute continuer à choquer de nos jours, exposant une soumission féminine volontaire. Mais à mon avis, cela serait passer à côté du sujet. O jouit peut-être au contraire de la suprême liberté, qui est celle de pouvoir s'abandonner à autrui sans crainte. Quant à la forme, j'ai trouvé parfois certaines phrases un peu difficiles à lire du fait de leur longueur. Et la fin du roman, différente de celle du film, m'a laissé un peu perplexe. Mais cela reste et restera sans doute un classique de la littérature érotique.
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Pour les amateurs de cette littérature érotique, Histoire d'O demeure bien sûr l'un des romans les plus marquants. Sûrement parce qu'il traitait, des décennies avant que le SM soit à la mode, de relations de maître à soumise.
Et puis, l'auteur était une femme, rendez vous compte!
Et en effet, le lecteur n'est pas trompé sur la marchandise: les personnages vont jusqu'au bout de leur "mal", rien n'est oublié: sexe forcé, sexe à plusieurs, exhibitionnisme, mutilations, etc... Il y a des sentiments aussi: ceux d'O pour Sir Stephen, son maître. Mais je suis restée bien sur ma faim: les motivations de chacun, les sentiments complexes,... tout est survolé vitesse grand V. Finalement tous ces coups de fouet laissent bien indifférent...
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Est-ce un livre érotique ? Est-ce une histoire d'amour ? pauline Réage ne donne aucune réponse. Elle se contente de livrer un récit qui se veut initiatique.µ en faisant oublier la morale. Ici, O s'apprend elle-même. le livre est écrit sans émotion, avec une froideur presque médicale. La renonciation, si elle est totale et immédiate dans les faits, fait son chemin dans la tête, dans l'intimité d'O, intimité qui se refuse à la disponibilité pour les maîtres.
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Signé pauline Réage, ce roman est en fait le fruit de Dominique Aury, devenu au fil des années une valeur sûre de la littérature érotique. En se soumettant totalement à son amant, une jeune femme découvre le plaisir suprême. Cet ouvrage propose une vision inédite des rapports amoureux, à total contre-courant des discours en vigueur et des idéaux culturels romantiques. Une entreprise audacieuse et risquée dans un contexte d'après-guerre où dominent encore une morale puritaine et une vision traditionaliste de la femme. Longtemps interdit, le livre est devenu un film soft de Just Jaeckin (Emmanuelle) avant d'être commercialisé en Livre de Poche dans toutes les librairies.
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Un livre qui m'a dérangé, où la violence est omnipresente et où l''acte sexuel n'est consommé que sous la forme de pratique de domination/soumission.Il faut bien sur remettre ke livre dans le contexte de l'epoque de sa sortie ou il a fait scandale mais de mon côté je n'ai pas accroché à ce style de litterature.Je vous laisserai juge de votre côté de cet ouvrage qui a ete adapté au cinéma et fait partie de l'imaginaire collectif.
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