L'ÉMEUTE FOISONNE
Extrait 5
Les cargaisons s'ébrouent dans les atolls de l'aventure
Pendant que la ville rejette son museau vers les braseros
de l'aube.
Quand bien même l'enfance du monde se retrouverait nez
à nez avec les croupes hérissées du chaos,
Nous ne lâcherons pas ce bout de peau rousse léchée par
les désastres,
Là où l'ardente plantation des barricades veille un chemin
plié comme un bras pour le sommeil.
L'ÉMEUTE FOISONNE
Extrait 2
S'il ne s'agissait que de la vie. De la tienne, de celle d'un
ami qui meurt et des autres. Destruction pour destruction.
Prophétie pour prophétie. Nous pourrions tout recommen-
cer. Ce serait notre vraie puissance. Tout frissonne : les
fards des femmes, les joues des feuilles, le cœur noir des
pierres. Nous n'y renoncerons pas si vite. Il ne nous reste
que cela.
…
L'ÉMEUTE FOISONNE
Extrait 1
L'émeute foisonne. Ce n'est rien. Nous n'en avons pas fini
avec ces dévastations. D'autres désirs naissent. Passez,
insurgés lucides, passez, insurgés. Toute roideur n'est pas
inutile.
Et ces palabres qui ne tarissent plus. Assez. Au-delà des
cristaux blêmes des baïonnettes, la terre, sans raison, est
pleine de fleurs.
Où sont vos grands chevaux taiseux constellés d'amour ?
Votre sommeil croule parmi les chastes hospitalités de
l'herbe. Finies, ces frêles répugnances d'enfant. Quelle
beauté nous vous trouvons. Vous ne marchandez pas votre
mort, vous qui ne vouliez jamais tenir de compte. Mais il
reste toujours des fleuves, des feuillages et des routes.
…
L'ÉMEUTE FOISONNE
Extrait 3
Est-ce dans la mort que croupissent les miracles
Pour que les hommes se détournent de la délivrance,
Pour que tu croies qu'on oublie ces moignons de pierre où
mes steamers se cassent les dents,
Si bien que les navigateurs ne perdent pas leur temps avec
nos écriteaux,
Si bien qu'il n'est pas besoin de tes feux poussifs
O chasseur de forces
Tant que les lignes de flottaison renifleront des amas de
planètes.
Hennissante périssoire, tu peux frôler l'encolure boréale de
l'ouragan.
…
L'ÉMEUTE FOISONNE
Extrait 4
Les cris descendent les fleuves déracinés avec l'acquiesce-
ment de la matière,
Et la lucidité ouvre sa main de phosphore pour l'ovation
O forte bouche — le troupeau des paroles nécessaires
trébuche devant ton arche trop étroite,
Et tu n'en finis plus avec ce long conciliabule.
Bouées percluses qui marquez le pas sous les fanfares
glauques du ciel.
…