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EAN : 9782365771023
152 pages
Urban Comics Editions (01/11/2012)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Réédition avec numérotation des tomes différente de celle de Panini Comics.

Le privé Milo Garret a survécu un accident de la route, mais en est ressorti défiguré. Quand l'Agent Graves vient à lui pour lui proposer une revanche à l'encontre des personnes ayant sabot' sa voiture, c'est le début d'une enquête tortueuse qui va le mener entre les griffes du Trust. (contient 100 Bullets # 31-36).
Que lire après 100 Bullets, tome 5 : 100 balles pour un privé (Urban Comics)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à le blues du prince rouge (épisodes 23 à 30). Il contient les épisodes 31 à 36, parus en 2002, avec un scénario de Brian Azzarello, des dessins et un encrage d'Eduardo Risso, une mise en couleurs de Patricia Mulvihill, et des couvertures de Dave Johnson.

Milo Garret est un détective privé du genre dur à cuire. Il boit comme un trou et il fume comme un pompier. En prime il a la tête recouverte de bandages suite à un accident dont il conserve un souvenir flou. Il aime bien provoquer une bagarre de temps en temps pour dérouiller un pauvre cave qui a eu le malheur d'oser lui tenir tête. Il y a 2 semaines l'agent Graves est venu lui rendre visite sur son lit d'hôpital en lui parlant de vengeance, et en lui remettant une mallette avec un pistolet et 100 balles. Ce soir il se rend à un rendez-vous avec Karl Reynolds (un marchand d'art peu regardant sur la provenance de sa marchandise) qui l'avait engagé pour retrouver la trace de Monroe Tannenbaum, un fournisseur qui lui avait fait bond dans une transaction un peu chaude. En arrivant dans les locaux, il croise un type bizarre avec une chemise voyante, et le cigare au coin des lèvres (le lecteur reconnaît Lono).

Dès le début de la série, Azzarello et RIsso ont clairement montré qu'ils souhaitaient rendre hommage au polar, dans toutes ses déclinaisons. C'est donc sans surprise que le lecteur découvre leur interprétation du privé brutal, perdant, qui frappe d'abord et pose des questions après, et qui se retrouve au milieu d'un imbroglio indémêlable où les trajectoires des protagonistes se croisent inlassablement, chacun ayant des choses à cacher et effectuant des actions aux motifs indiscernables. Seule la connaissance pénétrante de l'âme humaine du privé et la force de frappe de ses poings lui permettront de se frayer un chemin vers la vérité. Étrangement les auteurs donnent l'impression de ne pas réussir à dépasser les conventions du genre attenantes au privé cynique et violent, mais avec un bon fond. Ils utilisent touts les codes attendus : voix intérieure sarcastique à l'humour cinglant, bagarreur hors pair aux poings lourds comme une enclume, stoïcisme et virilité attirant les plus belles femmes, capacité surnaturelle de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment, amitié professionnelle respectueuse avec un inspecteur de police, présence d'esprit de se poser les bonnes questions au moment opportun (l'un des premiers à se demander ce que l'agent Graves a à gagner en offrant sa mallette). Azzarello et Risso y vont fort sur la picole : à ce niveau là Garret n'est pas simplement un homme, un vrai qui tient sa liqueur, c'est un véritable malade alcoolique. Et pourtant ils ne s'en servent pas plus avant pour élaborer par exemple le portrait d'un comportement autodestructeur. Ils restent à la surface des ces signes extérieurs d'un homme convaincu de pouvoir échapper aux conséquences médicales de son mode de vie.

L'imbroglio indémêlable constitue également un dispositif classique de ce type de roman noir. Il exige un grand doigté en termes de dosage de la part de l'auteur. Il faut que l'histoire soit bien tordue pour perdre le lecteur dans ses méandres, que la narration soit bien construite pour que le lecteur ait la sensation d'être à la lisière de la compréhension et qu'il puisse recoller les morceaux après coup. Il ne faut pas qu'il y ait trop de morceaux pour qu'il ne lâche pas l'affaire en cours de route. de ce coté, Azzarello maîtrise son récit de bout en bout.

Si Garret ne dépasse pas le stéréotype du privé dur à cuire, Azzarello et Risso campent parfaitement ce personnage dans toutes ses dimensions. Azzarello raconte son histoire en prenant le point de vue de Garret et le lecteur comprend vite (au regard des tomes précédents) que ce privé n'est pas le premier venu. Il a le plaisir de recroiser plusieurs personnages de la série comme Lono ou Megan Dietrich, et de découvrir Echo Memoria, une nouvelle jeune femme qui semble prometteuse. Loin de se contenter de replacer les personnages dans toujours la même situation, Azzarello fait découvrir une facette inattendue de Dietrich, et affine les compétences professionnelles de Lono.

Eduardo Risso n'a rien perdu en qualité dans son approche graphique et plusieurs séquences sont étourdissantes de maestria. Il y a par exemple une séquence muette pendant laquelle Garret et Lono se jaugent de part et d'autre d'un comptoir. En 4 pages muettes, Risso fait monter la tension uniquement par le découpage de la séquence, pour un affrontement de volonté épique. D'une manière générale, chaque scène où apparaît Lono fait monter la tension d'un cran, rien que par ses attitudes qui attestent d'un sang froid hors du commun, d'une assurance infaillible et de compétences professionnelles indubitables et létales. Il faut voir la posture de Lono semblant s'excuser après avoir heurté Garret dans un couloir : tout en roublardise et en double sens. Les expressions lues sur les visages des uns et des autres sont toujours savoureuses et révélatrices de l'état d'esprit de l'individu considéré, qu'il s'agisse du visage indéchiffrable de l'agent Graves proposant la mallette à Garret, de Monroe Tannebaum suintant la frustration et la perversion par tous les pores en admirant une stripteaseuse, de l'inspecteur Chet Fargas évaluant jusqu'à quel point Garret est en train de lui mentir par omission, ou de Megan Dietrich dont les yeux révèlent un cerveau en pleine activité pour évaluer les risques et les opportunités. Risso n'a rien perdu de sa capacité à créer des décors immédiatement évocateurs de leur modèle réel, tout en étant assez sublimés pour stimuler l'imagination du lecteur. le scénario donne également l'occasion à Risso de se lâcher un peu avec les personnages féminins, de Nadine la serveuse à la lourde poitrine, à Echo Memoria plus élancée mais tout aussi sensuelle, en passant par Megan Dietrich avec son tailleur chic et révélateur, mais au langage corporel cassant. À nouveau le lecteur peut admirer l'étonnante coordination entre les 2 auteurs au travers d'une scène de dialogue dans un bouiboui alors que Garret et Dietrich papotent, et que le pauvre serveur se fait coincer par une femme de ménage bien en chair.

Ce tome comporte une histoire qui peut se suffire à elle-même : celle de Milo Garret, privé dur à cuire qui tombe sur une enquête aussi intraitable que lui. En tant que telle, cette histoire est un peu en deçà des précédentes parce qu'Azzarello et Risso n'arrivent à transcender leur modèle de référence, comme ils ont pu le faire avec d'autres (4 étoiles). Pour le reste, le lecteur retrouve la virtuosité des 2 auteurs parfaitement en phase, menant le lecteur par le bout du nez dans les méandres d'une affaire peu reluisante, distillant avec adresse des pièces de puzzle supplémentaires sur les relations entre les personnages récurrents, en s'appuyant sur les ressorts bien établis de la série, les plus gros (la mallette), comme les plus ténus (l'inscription Croatoa sur un tableau). 5 étoiles. Prochaine mallette : le bal des marionnettes (épisodes 37 à 42).
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Graphiquement, c'est superbe! le scénario m'a moins emballé. Cet opus est effectivement une parenthèse dans la série. On n'en apprend pas plus sur les mystères bien mis en bouche dans les tomes précédents. du coup, je suis resté un peu sur ma faim. Sinon le traitement de cette histoire de détective à la Philip Marlowe est de très bonne facture. Rien à dire ! tout est aux p'tits oignons!
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