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EAN : 9782823703702
155 pages
RBA (30/11/-1)
4/5   2 notes
Résumé :
Montaigne est le penseur sceptique le plus influent du XVIè siècle. Critique acerbe de la culture, de la science et de la religion de son temps, il doute de la capacité de la raison à accéder à la connaissance. Selon lui, il n'y a pas de vérités absolues, seulement des opinions. Cette précaution à l'égard des limites de la connaissance humaine nous a légué un nouveau genre d'écriture, l'essai, dans lequel les pensées, les impressions et les souvenirs de l'auteur s'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Montaigne (1533-1592) fait partie de ces personnages illustres qui ont laissé une telle trace dans l'histoire qu'ils sont incontournables. Il est presque impossible de sortir du système scolaire sans en avoir entendu parler, ni même sans avoir lu au moins quelques extraits de son oeuvre. On connaît tous le titre de son oeuvre majeure « Les Essais », mais peu nombreux sont ceux qui l'ont réellement lu. Il y a une raison à cela, il n'existait pas jusqu'à une date relativement récente, de transcription de son texte en français moderne. Il faut bien admettre que la lecture de Montaigne dans le texte d'origine en français du XVIe siècle engoncé dans sa drolatique orthographe, est assez rébarbative et qu'il faut avoir recours à des explications ou des notes de bas de page pour en comprendre tous les termes et décrypter la structure de la phrase. C'est ce qui m'a empêché de me plonger dans son oeuvre. Depuis longtemps je possède dans ma bibliothèque le tome 1 des essais en format poche, plus tard j'ai même acquis les trois tomes parus dans la collection classique Garnier sans trouver l'énergie suffisante pour me lancer. Récemment, plusieurs transcriptions en français moderne sont parues notamment celle de A. Lanly dans la collection Quarto Gallimard en 2009. C'est cette édition que j'ai emprunté à la médiathèque du Mans. À noter qu'il existe aussi une version en français moderne par Guy de Pernon et qui est disponible gratuitement sur internet depuis 2008 et que j'avais commencé à consulter. Mais cette traduction est trop moderne et n'a pas la même saveur que la traduction de Lanly qui tout en rendant parfaitement compréhensible le texte en conserve le style et la beauté.

J'ai donc commencé cette lecture (1347 pages) en lisant en parallèle le petit volume retraçant la biographie de Montaigne paru dans la collection RBA « Apprendre à philosopher ».

La personnalité de Montaigne est attachante et ce petit livre montre toute l'originalité et l'importance de sa pensée à une époque encore très marquée par le dogmatisme religieux. Il doit sans doute beaucoup à son père, qu'il admirait, et qui lui a donné très tôt le goût de l'étude et de la réflexion en décidant qu'il apprendrait le latin avant le français. Ainsi dès l'âge de 6 ans Michel de Montaigne maîtrisait le latin parlé et écrit et n'a commencé réellement à apprendre le français qu'après cette période. La connaissance du latin était alors le summum d'une parfaite éducation humaniste. Il a ensuite étudié au collège de Guyenne à Bordeaux. À la fin de ses études, il devint conseiller de la cour des Aides de Périgueux puis conseiller au parlement de Bordeaux pendant plus de 15 ans puis maire de Bordeaux. Son esprit indépendant et un peu à contre-courant ne l'a jamais conduit à rechercher les honneurs et il ne se résignait à assumer des charges publiques que par devoir. Il était indigné par les injustices du système juridique en vigueur et dénonçait en particulier la pratique de la torture.

On connaît son amitié avec Étienne de la Béotie (parce que c'était lui, parce que c'était moi). C'est Montaigne qui fit connaître la Boétie en publiant son unique oeuvre « le discours de la servitude volontaire ».

Après la mort de son père en 1568, Montaigne hérite de revenus confortables qui lui offrent la possibilité de se consacrer à la méditation et à l'écriture. Il délègue la gestion du domaine familial à sa femme et s'installe dans une tour de sa noble demeure où nul membre de la famille n'est autorisé à entrer. C'est là qu'il s'attele à la rédaction de l'une des oeuvres les plus brillantes de la littérature européenne, « Les Essais ». C'est lui qui a inventé ce nouveau genre d'écriture. Sa bibliothèque comprenait environ 1500 livres. C'est beaucoup pour quelqu'un qui prônait un usage modéré de la lecture. Il avait en matière d'éducation des idées modernes. On connaît tous sa fameuse phrase « mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine… » Socrate, Platon, Épicure, Plutarque et Sénèque figuraient parmi ses auteurs préférés.

À la différence des auteurs classiques, il choisit pour objet de son étude non pas l'homme en général, mais lui-même. Montaigne parvint ainsi à peindre la complexité paradoxale de l'esprit humain en parlant de ses propres impressions sans rien omettre de tous les tracas de la vie quotidienne et surtout sans dogmatisme. Montaigne admettait tous les points de vue et ne cherchait pas à imposer ses idées personnelles. Sur le plafond de sa bibliothèque figurent ces deux maximes qui résument son état d'esprit : « Seule certitude : rien n'est certain » et « Je suspends mon jugement ». On connaît aussi sa célèbre devise « Que sais-je ? ».

Montaigne s'intéressait aussi à la pédagogie : le pédagogue, outre qu'il doit avoir une tête bien faite, ne doit pas être bourré de préjugés, mais capable d'adapter son enseignement à l'élève. Une modernité surprenante provenant d'un penseur conservateur du XVIe siècle. À l'époque l'éducation était basée sur le par coeur et la contrainte. Autres principes proposés par Montaigne :
– Une éducation tournée vers la nature et la compréhension plutôt que la mémorisation
– Il soutenait la nécessité de transmettre le goût d'apprendre, sachant quel la formation dépend de la motivation.

Ces idées furent reprises quelques siècles plus tard par J.J. Rousseau dans son oeuvre « Émile ou de l'éducation ».

Montaigne aimait voyager pour entrer en contact avec les habitants et observer les coutumes. Il a tenté de percer le mystère de l'être humain en s'observant lui-même. Pour lui la philosophie doit être vécue et basée sur l'expérience.

Son attitude envers la mort est sereine. Il est normal d'éprouver de l'inquiétude vis-à-vis de la perspective de la mort, mais pas d'en être horrifié. Il faut accepter la mort avec résignation, avec le concours de la philosophie, dont la finalité essentielle consiste à préparer l'Homme à une mort sereine. Il ne partageait pas l'idée chrétienne de la résurrection.

Montaigne est un philosophe charnière qui a exercé une influence considérable sur la manière de penser des philosophes qui lui ont succédé. Il a sorti la philosophie de l'influence de l'église et a contribué à développer l'esprit critique de ses contemporains et des générations suivantes.

Montaigne souffrait comme son père de calculs rénaux, il mourut à 59 ans le 13 septembre 1592 entouré de sa famille dans son château.

- « Montaigne : il n'y a pas de vérités absolues », Collection « Apprendre à philosopher » (2020), 155 pages.
Ce livre est une excellente préparation à la lecture des essais de Montaigne.
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