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EAN : 9782878271324
100 pages
Rackham (14/09/2010)
3.33/5   15 notes
Résumé :
Rien de tel qu’un bon petit séjour en montagne pour oublier tous les soucis. Mais quand sur le chemin du retour, Perry et Gordo apprennent qu’une bombe atomique a explosé sur Seattle (ah ces Nord-Coréens !) et que la région a sombré dans l’anarchie, ils repartent illico se réfugier dans leur cabane. Sauf que là, ce n’est plus les vacances et les soucis sont un poil plus graves...
Dans la préface, Peter Bagge affirme que l’idée de ce scénario catastrophe lui e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Début des années 2000, Kim Jong-Il balance une bombe sur Seattle alors que Perry et son pote Gordo étaient partis en virée en forêt. S'il a la chance d'avoir échappé à la bombe, Perry, trentenaire informaticien, mec normal sans talent particulier, pas du tout le mâle alpha, n'est pas vraiment taillé pour la survie en milieu hostile et le petit talent de Gordo pour la chasse n'est pas vraiment suffisant pour leur assurer une vie décente.

Dans la préface, Bagge raconte avoir eu l'idée de cette histoire en 2003 lorsqu'il entend un jour à la radio le dictateur dégénéré déclarer que son pays disposait de la bombe atomique et qu'il était en mesure de détruire Seattle s'il le voulait. Cette déclaration a tout de suite enflammé l'imaginaire de Bagge. Il faut dire que lui-même habite Seattle. Il imagine donc comment se débrouillerait un type lambda confronté à la nécessité de survivre après une telle catastrophe.

Pour mon plus grand plaisir, Bagge traite ce sujet en faisant du Bagge. Comme dans ses autres B.D, le ton est donc férocement drôle, l'humour est corrosif, parfois trash. Pour pointer les travers humains de ses contemporains, l'auteur pousse son propos à l'extrême. Ainsi, dans « apocalypse nerd » on s'entretue pour… une cannette de soda. Et lorsqu'il veut évoquer un certain retour à l'état sauvage, il va jusqu'à imaginer des raids de pillage menés par des hordes d'indiens montés à cheval. Malgré le propos très sombre, très pessimiste et la brutalité à laquelle cèdent les personnages, la B.D est vraiment très drôle.
Quant au dessin, j'ai retrouvé avec plaisir le style Bagge que j'apprécie tellement, un trait à la fois simple et outrancier plein de dynamisme et à l'impact visuel vraiment fort.


Sans jamais édulcorer son portrait au vitriol de nos sociétés modernes et sans atténuer le pessimisme de son propos, avec « Apocalypse nerd » Bagge parvient à faire rire tout au long de la lecture. Jouissif !
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Ce tome comprend une histoire complète, découpée en 6 chapitres, et indépendante de toute autre. Elle est parue initialement sus la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2005. Elle est écrite, dessinée, et encrée par Peter Bagge, en noir & blanc, avec des nuances de gris appliquée par Joanne Bagge (la femme de Peter).

Perry (un développeur informatique de logiciels) et Gordo (un revendeur de drogues) reviennent d'un week-end à camper dans les montagnes de North Cascades, situées entre Seattle et la frontière canadienne. En rentrant vers Seattle, ils ont la surprise de voir qu'ils croisent beaucoup de voitures en sens inverse, toutes lourdement chargées, avec des conducteurs très pressés. En écoutant la radio, ils comprennent qu'il a dû survenir un événement grave.

Ils s'arrêtent à la première station-service sur la route, où la gérante les accueille fusil en main, pour se prémunir des pillards. Elle leur explique qu'une bombe atomique a explosé sur Seattle, et sur d'autres villes des États-Unis. Elle exige malgré tout qu'ils payent pour ce qu'ils emportent. Ils réussissent à faire le plein de carburant à la sauvette, et décident de retourner à la cabane où ils avaient campé.

Dans l'introduction, Peter Bagge explique que l'idée de cette histoire lui est venue en entendant les déclarations Kim Jong-il (1941-2011), déclarant que la Corée du Nord disposait de l'arme atomique et que ce pays pouvait s'en servir pour détruire Seattle. Il ne lui en a pas fallu plus pour se lancer dans ce récit d'anticipation. Comme à son habitude, il a choisi de mettre en scène de adultes (environ 30 ans, plus ou moins une poignée d'années), pas très responsables, au sens moral sous-développé, et aux capacités affectives limitées, et ne parlons pas de leur empathie (voir les récits consacrés à Buddy Bradley).

Bien sûr, pour que le récit dépasse les 2 semaines en temps narratif, l'un des 2 compères dispose de rudiments de chasseur. Par la suite, ils vont essayer d'opérer un retour vers la civilisation, croiser quelques rescapés en plus ou moins bon état, et plus ou moins bien disposés. Ils vont même réussir à séjourner dans un camp organisé, et à rencontrer des personnes du sexe opposé.

Peter Bagge a développé un style narratif, tant au niveau des dialogues que des dessins, qui n'appartient qu'à lui. En feuilletant ce tome, le lecteur découvre (ou retrouve, en fonction de sa familiarité avec cet auteur) des dessins déformés dans un but humoristique. La particularité la plus visible se trouve dans la manière de dessiner les bras et les jambes en arc de cercle, sans pliure pour le coude ou le genou. Cela donne une apparence de bonhomme en caoutchouc aux personnages. Il y a également la façon de dessiner les couches, en forme de C, souvent de profil. Cela donne un air d'ahuris aux personnages, brillants par leur comprenette limitée, et leur incapacité à anticiper grand-chose.

Cet artiste applique la même approche graphique aux accessoires et aux décors. Les voitures sont dessinées comme s'il s'agissait de jouet pour enfant. Les bâtiments semblent sortis d'une boîte de Playmobils. Lorsqu'il dessine un clavier d'ordinateur, il s'agit d'un rectangle strié de traits perpendiculaires, sans souci de donner l'impression d'un clavier réel, avec des touches formes différentes, et légèrement décalées d'une ligne à l'autre (ne parlons pas du pavé numérique).

Cette représentation simplifiée et exagérée confère une dimension humoristique aux personnages qui semblent évoluer dans un environnement de dessin animé à destination de la jeunesse. Les cases se lisent toutes seules, certaines expressions de visage faisant naître un sourire automatique sur celui du lecteur. Cela ne signifie pas pour autant que Bagge réalise des planches à faible teneur en informations visuelles. Si les dessins sont à l'opposé d'une approche photographique, ils portent une part importante de la narration, qu'il s'agisse des actions des personnages, ou des lieux dans lesquels ils évoluent. le lecteur voit par lui-même l'étendue de la forêt, les animaux sauvages, le campement de mobil-homes, le chalet occupé par la communauté de femmes, les différents type de véhicules, allant de la citadine au camion de transport de troupe militaire.

Le lecteur suit donc les tribulations de ces 2 zozos confrontés à l'obligation de survivre par eux-mêmes. Il partage leur inconfort et leur inquiétude, sans aller jusqu'à les plaindre. Sous une apparence humoristique, Peter Bagge dépeint une humanité peu reluisante, dont le vernis cède immédiatement, confronté à l'effondrement de la société. Gordo sait se servir d'une carabine et part chasser le daim, pendant qu'il relègue Perry aux tâches de cueillette, reproduisant le modèle de chasseur & cueilleur. Il réussit à blesser un animal, mais il a besoin de Perry pour l'achever, dans une boucherie peu ragoûtante.

L'auteur va donc mettre en scène quelques-unes des conventions inhérentes au genre du récit de survie, à commencer par trouver de la nourriture, trouver de quoi se désaltérer, piller les réserves des magasins, se méfier des communautés organisées, échapper aux troupes armées rackettant les communautés ou les voyageurs isolés, résister à l'hiver. Il met également en scène les bases de la comédie, alors que Perry et Gordo doivent se supporter, résister à l'angoissante grandissante du vide abyssal de leur nouvelle vie, gérer la pénurie. Bagge relance le récit à mi-parcours en écartant Gordo, au profit de Madge, une femme croisée dans la communauté féminine.

Avec sa verve acerbe habituelle, Bagge met en avant la veulerie du comportement des êtres humains, capables des bassesses les plus mesquines et les plus égoïstes pour gagner un peu de confort dérisoire. Seule une communauté de scientifique s'avère capable de voir plus loin que le bout de son nez, et capable de penser à l'avenir en termes de mois plutôt que de jours. L'auteur n'épargne pas les détails les plus concrets à ses personnages (et donc à ses lecteurs), en particulier l'effet d'un régime alimentaire déséquilibré, et les gaz qu'il occasionne, ou même les difficultés de transit intestinal. Ça ne vole pas très haut, mais c'est à la fois pertinent au regard de l'intrigue, et en phase avec le niveau des personnages.

Ce contexte post apocalyptique rend les protagonistes méfiants et névrotiques à tendance paranoïaque. Dans la mesure où ils sont armés pour pouvoir se défendre, il ne faut pas longtemps avant que d'autres survivants succombent sous des tirs préventifs, pas forcément très bien maîtrisés. Les qualités narratives de Bagge lui permettent de marier le côté grosse farce, avec le côté dramatique, sans que l'un n'annihile l'effet de l'autre, ou prenne le pas sur l'autre. Il ne cherche pas à faire réaliste (en particulier les vêtements de Perry et Gordo semblent résister à l'usure et à l'absence de machine à laver) ; par contre la difficulté de leur situation transparaît bien dans chaque séquence.

Perry, Gordo, et Madge n'ont aucune confiance dans quelques sociétés que ce soit. Ils se sentent immédiatement exploités, mal adaptés (comme ils l'étaient dans la société normale), improductifs, et incertains quant à la pérennité de leur situation. Ces sentiments leur font commettre des actes baignant dans l'égoïsme le plus basique et le plus répugnant. Bagge les montre comme s'étant adaptés à cette forme de liberté, libérés des contraintes de la société démocratique. Ils ne cherchent en aucun cas à retrouver cet état antérieur. du coup, ils se comportent sauvagement dès qu'ils décèlent un risque réel ou imaginé de retourner à cet état antérieur. Ils ne voient pas dans leur nouvel environnement la tyrannie des besoins matériels pour lesquels il faut dépenser une grande énergie pour les satisfaire, mais plutôt une forme de liberté en se contentant d'y subvenir, sans avoir à réfléchir, à chercher un sens dans une vie plus complexe.

Le lecteur suit donc leurs pérégrinations avec un regard mi amusé, mi excédé par ces adolescents égoïstes attardés. Il se rend compte que la fin du récit approche, alors qu'il n'y a pas de résolution en vue. Effectivement, l'intrigue tourne court, sans morale, ni ouverture vers une évolution probable, avec des personnages qui ont encore aggravé leur cas. En particulier, Madge se retrouve dans un état qui nécessite une attention médicale dispensée par des professionnels, sans s'en soucier, toujours aussi oublieuse des contraintes. Cet aspect de sa condition rappelle au lecteur qu'il est dans un conte édulcoré, finalement éloigné d'un récit de survie réaliste, sans prise en compte des questions de santé (ne serait-ce que les lunettes de Perry, ou celle de Madge). Finalement le lecteur en ressort mi-figue, mi-raisin, amusé par le comportement égotiste de ces individus, incapables d'éprouver de l'empathie pour eux, intrigués par les questions pratiques que pose cette survie mais aussi vaguement désintéressé par cette approche superficielle qui ignore les aspects que l'auteur ne souhaite pas traiter. 3 étoiles pour un récit rigolo sans conséquence, ou 4 étoiles pour une comédie acide et grinçante.
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Un récit post apocalyptique cynique et drôle, un graphisme en noir et blanc expressif, le style de Peter Bagge est assez outrancier, politiquement incorrect, mais pas si irréaliste. Une bombe nucléaire à dévasté Seattle, de retour de weekend, Perry et Gordo font demi tour et retournent se cacher dans les montagnes. Leur vie et leur humanité vont éclater en lambeaux. C'est un récit sur le retour à la barbarie, la perte des valeurs, sans concessions sur la nature humaine, mais traité sur le ton de l'humour. Les personnages sont eux-mêmes effrayés par leur évolution, leur perte de valeurs. En réalité, plus cynique que drôle, le pessimisme de l'auteur semble pris lui-même dans l'engrenage de l'outrance et de l'horreur.
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