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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a longtemps que je m'intéresse au permafrost et à la fonte des glaciers et je pensais que ce roman traitait de ce sujet. Eh bien pas du tout, c'est seulement pour la métaphore du mal-être de la narratrice. N'empêche, j'ai aimé ce roman assez singulier. Pourtant le thème, dit comme ça, n'est pas très engageant : déboires d'une homosexuelle suicidaire. D'ailleurs on se demande pourquoi, puisqu'elle fait de belles rencontres. Je crois en avoir aimé une certaine liberté d'écriture, le fait qu'elle nous emmène là on ne s'y attend pas, la relation familiale est bien ressentie. Une histoire de femmes avec ses doutes, ses faiblesses, et sa soif de liberté.
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Roman introspectif drôle et corrosif. On baigne dans le drame colorée à la croisée d'Almodovar et de Lucia Etxebarria.
Eros et Thanatos se donnent la main tout au long de l'écriture et c'est une ode à la vie, au sexe et à la mort flamboyante que voilà.
Une narratrice perdue, paumée, ne se faisant aucune illusion sur son destin, une mort assurée prend la parole en de courts chapitres. Se nourrissant de livres dans différentes chambrées avec vue sur paysage (l'écosse, Bruxelles, Barcelone...), hantée par les voix culpabilisante et moralisatrice de sa famille, elle essaye d'exister et de tracer sa voie. Elle regrette les Beaux-arts, elle ballotte un bac + 5 qui ne lui sert à rien et se réfugie dans les les philosophes, les penseurs, les monographies d'artistes. Sa mère, sa tante, sa soeur, ses nièces, ses maîtresses, toutes ces femmes esquissent les contours de son mental et de son corps et dégèlent son permafrost.. Mais que va t-il se libérer de ces couches de sentiments préhistoriques ?
Les phrases sont denses. La cadence en chapitres courts et corrosifs est explosive. J'ai beaucoup ri. La famille se fait égratigner mais avec humanité car la narratrice a autant d'esprit que de coeur.
Bref je ne peux que recommander et remercier chaleureusement les éditions Verdier et l'opération Masse critique.
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Au commencement, les mots sont sombres et froids. La narratrice, emplie d'un mal-être, déplie sa vie entre pensées suicidaires, examen rétrospectif, souvenirs amoureux et sensuels, appétit pour la littérature la poésie la peinture. Elle, la femme gelée, s'est au fil du temps revêtue d'une épaisse couche de glace – le permafrost – Pour s'éloigner, se tenir à distance d'une mère exigeante pour qui la perfection rime avec art de vivre, de sa soeur à l'existence rangée réglée, de sa tante… de toutes ces voix moralisatrices, de tous leurs sermons. Elle, la lesbienne, diplômée d'histoire de l'art, la grande lectrice, la dévoreuse de femmes. Celle qui se pose mille questions, ne trouve pas sa place, fuit et rompt sans cesse. Celle qui part en Écosse, à Bruxelles mais, de ces pays ne voit que leur chambre – cocon, refuge, planque, remède, sanctuaire. À lire, à étudier, à douter, à faire l'amour et à songer à la mort. Elle est fille au pair, loue des appartements… ne trouve pas d'utilité à son diplôme. Une vie recroquevillée, dans l'attente peut-être d'une fissure de son permafrost, d'une chaleur qui s'insinuerait. Peut-être celle d'une enfant – sa nièce – hospitalisée pour une cécité brutale. Une petite fille qu'elle accompagne au plus près, et vice versa. Ensemble elles ouvriront les yeux. Changeront de regard. Au bout, la chute ou la lumière…
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Une vie de femme libre, pourtant au bord du gouffre. Tragique et hilarant, le premier roman d'une grande poétesse catalane.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/22/note-de-lecture-permafrost-eva-baltasar/

Rebelle quasiment professionnelle, elle a su se construire, dès l'adolescence, une épaisse carapace (de terre gelée, de permafrost, précisément) pour se garder des injonctions incessantes à se conformer et à s'ancrer de plus d'une façon, infligées par sa famille (où se distinguent sa mère mais aussi sa soeur au couple exemplaire et à la maternité épanouie) comme, d'une manière plus surprenante en apparence, ses amantes d'un soir ou ses amoureuses plus prolongées, aussi formidables soient-elles. Ayant exploré sous toutes les coutures, malgré son jeune âge, avec le secours – paradoxalement aussi salvateur que mortifère – des livres et de la philosophie, les composantes de son malaise radical, elle est désormais bien décidée à en finir, d'une façon ou d'une autre. Guettant l'instant propice le long d'une voie ferrée ou assise tout au bord du toit d'un immeuble à grande hauteur, il lui reste à décider du comment et à s'assurer malgré tout, pour elle-même, de la justesse du pourquoi. Ce en mobilisant sous nos yeux éblouis un assemblage – qui n'a de baroque ou d'hétéroclite que l'apparence – de souvenirs d'enfance, d'adolescence et de jeunessse, à présent que pointe la quarantaine, tous plus drôles et tragiques les uns que les autres – jusqu'à leur dénouement subtil et pas tout à fait attendu, loin de là.

Publié en 2018, traduit du catalan en français en 2020 par Annie Bats chez Verdier (en même temps que dans cinq autres langues dans le monde à peu près à la même période, après la version espagnole de 2018), « Permafrost », premier roman de la Barcelonaise Eva Baltasar, déjà largement consacrée par de nombreux prix littéraires pour son activité de poésie (avec une dizaine de recueils alors déjà à son actif), constitue l'une de ces heureuses surprises littéraires, dont l'éditeur de Lagrasse (et des couvertures intégralement jaune orangé) est si coutumier par chez nous. Aussi vertigineusement tragiques qu'elles sont foncièrement gorgées d'humour – et pas uniquement d'humour noir -, les 115 pages du monologue à facettes de la narratrice au bord du gouffre nous offrent une belle leçon d'écriture machiavélique sous ses aspects les plus cool et d'intelligence de la langue portée à son plus haut point (et grâce soit ainsi rendue à la traductrice d'avoir su aussi habilement refléter cette luminescence particulière).

Ariane Singer, dans le Monde des Livres (à lire ici) notait ainsi fort justement l'aspect fondamental du « décalage entre les fantasmes que projettent sur la narratrice les femmes de son entourage – qui voient en elle une femme libre et épanouie – et le sentiment d'asphyxie qui étreint celle-ci ». Nick HornbyVous descendez ? », 2005) et Jason HrivnakLa maison des épreuves », 2009) avaient déjà su nous proposer leur clé particulière pour gérer l'équilibre extrêmement délicat des sentiments et des sensations autour de la tentation suicidaire. Philippe AnnocqueLiquide », 2009) nous avait offert un monument magnifiquement crypté à propos du conformisme social, du plus évident au plus insidieux. Eva Baltasar, avec ce premier volet d'un triptyque dédié aux femmes d'aujourd'hui, d'hier et déjà de demain (dont le deuxième, « Boulder », est également disponible chez Verdier depuis 2022, creusant notamment la complexité piégeuse du lien féminité/maternité qui n'est ici qu'esquissée), a su mêler l'ironie ravageuse et toute la finesse d'une étude biopolitique en règle autour du corps féminin, de ce qui cherche partout à l'enserrer (sous des formes parfois inattendues, justement), mais aussi de ce qui peut le faire naviguer entre jouissance et détachement, là où on ne l'attend pas, précisément, encore.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Drôle de machin, que ce Permafrost. le titre, d'abord, m'a aimantée (bien m'en a pris). Eva Baltasar a un sens magistral de la métaphore et, par l'entremise de cette couche du sol qui, dans certaines régions polaires, ne dégèle jamais, évoque la carapace qui lui tient lieu de protection face aux autres et à ses propres émotions.

On entre littéralement dans la tête (et le corps, et le coeur !) d'une historienne lesbienne intello et névrosée, qui oscille en permanence entre Eros (de très beaux passages sur ce qui, chez les femmes qu'elle a aimées, l'émeut profondément) et Thanatos (des considérations sur les façons diverses et variées de mettre fin à ses jours). Parce que finalement, ce qui lui fait le moins peur dans la vie, c'est la mort…
La famille, les études, le travail, le mariage sont, a contrario, des sources d'angoisse entraînant un flot incessant de questions existentielles.

C'est donc de femmes, dont il est question dans ce livre et pas seulement des amoureuses. La mère, qui m'évoque immanquablement une araignée de Louise Bourgeois ; la soeur, avec qui l'autrice ne se sent aucune affinité ; la nièce, celle par qui la narratrice reprendra pied dans la constellation familiale, trouvant finalement sa place dans cette lignée féminine. Pas celle qu'on tente de lui assigner, non : celle qu'elle se choisit, au moment où elle se sent prête.

Ce livre est touchant. Il s'en faut de peu pour qu'il agace, mais Eva Baltasar évite adroitement les écueils qui auraient pu faire de ce récit une démonstration stérile d'auto-apitoiement. Il contient une petite lumière, féconde, qui déchire les voiles de l'ego et fendille la gangue de glace qui, plus ou moins épaisse, nous enserre toutes et tous. A nous de la trouver.

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Jeune diplômée des Beaux-Arts, " [son] corps est une antenne parabolique affamée de dangeH', elle multiplie autant les aventures sans avenir que les bris de coeurs, tout en reconnaissant que le sexe avec les femmes, c'est comme creuser les six mètres manquants du tunnel dans La Grande Évasion. Ses instants de doute et ses micro-élans spontanés sont autant de fissures qui apparaissent dans son permafrost, sa couche d'isolation de la

société. Lorsque sa tante veut récupérer son appartement et qu'une ancienne colocataire serbe lui suggère de devenir fille au pair -une excellente occasion de lire des biographies, la seule occupation qui lui sied-, elle part illico pour l'Écosse, avec pour charge deux enfants "pâles, grassouillets et moelleux". Par-delà la carapace, il y a une drôlerie particulièrement acide dans ces chapitres urgents où un instinct biaisé mais remarquable de vie surnage.
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Dans ce premier roman mordant sous forme de confession sans destinataire, Eva Baltasar donne une voix radicale et une épaisseur singulière à une narratrice lesbienne barcelonaise qui, en porteà-faux avec sa soeur et sa mère qui embrassent la norme (mariage, enfants, félicité.. .et médicaments pour masquer les débordements) , préfère vivre à l'extrême limite, fomentant son suicide prochain.
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