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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sûrement les deux nouvellesDe Balzac que j'ai le plus appréciées jusqu'à présent.

El Verdugo est une merveille de cruauté. En 1809, après la rébellion ratée d'une ville espagnole au nom imaginaire (mais qui pourrait être Santander), le général de l'armée napoléonienne décide de faire un exemple : les nobles de la ville seront pendus, et toute la famille du Grand d'Espagne possédant le château sera décapitée… par l'ainé de la famille. Balzac décrit à la perfection l'incroyable courage des membres de la famille face à la mort, et la brutalité des Français dont l'état-major continue à rire et manger pendant l'exécution. Les forces d'occupation sont conformes au modèle courant des conquérants, ressemblant aux Allemands de la seconde guerre mondiale ou à l'Empire de Star Wars (ou aux Espagnols eux-mêmes en terre américaines) : sans pitié, jouant de la terreur et jouissant de la violence sur les populations. Un seul Français, amoureux pathétique de l'ainée de la famille espagnole, montre des émotions que je qualifierais d'humaines (bien qu'elles le soient toutes). Une goutte dans l'océan.

L'élixir de longue vie est très différent. La nouvelle propose une biographie alternative, et quelque peu fantastique, de Don Juan. L'homme est en fait un noble du duché de Ferrare, en Italie, au XVIe siècle. Son père, sur son lit de mort, lui demande d'oindre son corps d'une eau miraculeuse quand celui-ci ne sera plus vivant. Mais Juanito est malin : il expérimente sur un oeil et, au vu du résultat, garde la fiole pour lui, quand son temps sera venu. Il entame alors sa vie de séducteur patenté et d'opposant à tout ce qui fait la morale de son temps (voire de tous les temps). Cette nouvelle est une dénonciation sans nuances des êtres humains qui, sous des dehors honnêtes et généreux, cachent des sentiments égoïstes ou libertins. Les exemples des papes Alexandre VI et Jules II, croisés par Don Juan, ou des fils qui espèrent la mort de leurs pères pour hériter, sont éclairant. Face à ce comportement, Don Juan dit « soit » et décide de battre les hommes à leur propre jeu.
Je ne parlerai pas de la fin « miraculeuse », alors qu'il faut bien utiliser la fiole. La scène est assez horrible. Mais s'agit-il d'une punition ou de la dernière action d'éclat de Don Juan ?

Je regrette seulement la part conséquente prise par les notes de bas de page, qui parfois remplissent la moitié de ladite page.
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Nouvelle courte d'Honoré de Balzac, construite sur une boucle parfaite. le contexte est l'Espagne envahie par les troupes napoléoniennes.
Le pitch : un jeune officier français, Victor Marchand, est tiraillé entre sa fidélité pour l'Empereur et son amour pour une jeune noble espagnole. Est-ce de la trahison ? Lui le pense. Clara, l'objet de son amour ne voit pas les choses du même oeil. Ses frères Juanito l'aîné, Philippe le second et Manuel le petit dernier, ne voient dans Victor Marchand qu'un envahisseur qu'il faut exterminer..

A Menda, petite ville au bord de l'Atlantique, le marquis de Leganès, a reçu du roi d'Espagne la charge de bourreau, le verdugo en Espagnol.
Le commandant Victor Marchand y est cantonné : « Le clocher (…) venait de sonner minuit. »
Il fume, surveille l'horizon, la tête ailleurs, l'état major craignait que «  (…) les Anglais ne débarquassent prochainement sur la côte. »
Lui ne pense qu'à la fille du marquis : « Clara était belle ». Dans le château un bal se déroule. Certainement destiné à détourner l'attention pense le lecteur avisé.
Ce qui devait arriver arriva :
« Les instruments et les rires cessaient de se faire entendre dans la salle du bal. »
« Les rayons blanchissants de la lune lui permirent de distinguer des voiles à une assez grande distance. Il tressaillit, et tâcha de se convaincre que cette vision était un piège d'optique offert par les fantaisies des ondes et de la lune. »
Un soldat vient le prévenir :
« Aussi, mon commandant, ai-je découvert à trois pas d'ici, sur un quartier de roche, un certain amas de fagots. »
« Il était sans épée. Il comprenait que ses soldats avaient péri et que les Anglais allaient débarquer. Il se vit déshonoré s'il vivait, il se vit traduit devant un conseil de guerre ; alors il mesura des yeux la profondeur de la vallée, et s'y élançait au moment où la main de Clara saisit la sienne.
– Fuyez ! dit-elle, mes frères me suivent pour vous tuer. Au bas du rocher, par là, vous trouverez l'andalou de Juanito. Allez ! »

Victor Marchand a commis l'irréparable. Il a été épargné par la fille des traitres. On soupçonne le marquis de vouloir fomenter un coup d'état en faveur d'Alphonse VII.
Le jeune français se précipite au « quartier du général G..t..r, qu'il trouva dînant avec son état-major.
– Je vous apporte ma tête ! s'écria le chef de bataillon en apparaissant pâle et défait. »
Le général rassure Marchand sur le sort qui lui sera réservé, mais le charge d'une mission horrible :
« Les membres de la famille de Leganès et les domestiques furent soigneusement gardés à vue, garrottés, et enfermés dans la salle où le bal avait eu lieu. »
Il doit obtenir les aveux des Leganès, mais il est faible devant eux. Il se fait leur porte parole :
« Ils demandent encore qu'on leur accorde les secours de la religion, et qu'on les délivre de leurs liens ; ils promettent de ne pas chercher à fuir. »
« Clara prisonnière sur sa chaise. Elle sourit tristement. L'officier ne put s'empêcher d'effleurer les bras de la jeune fille, en admirant sa chevelure noire, sa taille souple. C'était une véritable Espagnole : elle avait le teint espagnol, les yeux espagnols, de longs cils recourbés, et une prunelle plus noire que ne l'est l'aile d'un corbeau.
– Avez-vous réussi ? dit-elle en lui adressant un de ces sourires funèbres où il y a encore de la jeune fille. »
Hélas la médiation de Victor ne peut aboutir. La sentence est sans appel et la plus cruelle qui soit, celui qui a la charge de bourreau devra l'exécuter, Juanito, le fils aîné du marquis.
« Clara vint s'asseoir sur ses genoux, et, d'un air gai :
– Mon cher Juanito, dit-elle en lui passant le bras autour du cou et l'embrassant sur les paupières ; si tu savais combien, donnée par toi, la mort me sera douce. Je n'aurai pas à subir l'odieux contact des mains d'un bourreau. »
« Une heure après, cent des plus notables habitants de Menda vinrent sur la terrasse pour être, suivant les ordres du général, témoins de l'exécution de la famille Leganès. »
Qu'adviendra-t-il de la belle Clara ? Victor parviendra-t-il à lui éviter la mort ?
Pour le découvrir, lisez El Verdugo, une nouvelle où Balzac s'essaie au récit court, avec bonheur.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Critique sur L'élixir de longue vie seul :

J'ai dévoré cette nouvelle brillantissime, mais il est vrai que j'ai toujours été intéressée par la figure de Don Juan, notamment le personnage de Molière, auquel Balzac se réfère.

Dans une construction inversée des plus machiavéliques, Balzac fait de don Juan le jeune et séduisant fils d'un vieillard qui tarde à mourir, et qui, lorsque le moment vient, se méprend sur le sentiment de son fils et lui demande de le ressusciter avec l'élixir magique qu'il a conservé toute sa vie. Il a été un père aimant, indulgent, mais le résultat de son éducation est que le jeune Juan est égoïste, viveur, et surtout peu tenté de voir son père prolonger son existence...

Ensuite, eh bien, c'est la vie du don Juan "grand seigneur méchant homme" connu de tous que nous dépeint avec talent Balzac, vu surtout à travers son esprit libertin et son irréligion. Don Juan épouse dona Elvire, jeune Andalouse pleine de vertu, ils ont un fils nommé Philippe, et lorsqu'il arrive à la fin de sa vie, don Juan a tout prévu pour revivre, mais les choses se dérouleront autrement.

Il y a en germe dans cette nouvelle plusieurs thèmes balzaciens, comme la figure du père aimant ainsi que celle du Père Goriot, et la malédiction de l'immortalité que nous retrouverons dans La Peau de chagrin. le sujet de don Juan donne à Balzac l'ampleur d'une cathédrale dans le volume d'une alcôve. L'écriture est éblouissante, ainsi cette scène de la triste mort du père de don Juan, ou encore la cérémonie finale de sanctification après le "miracle". Comme toutes les études philosophiques, la réflexion spirituelle ne manque pas, mais Balzac est également féroce dans l'observation des moeurs humaines, ici vers 1506 à la cour de Ferrare, cour raffinée mais cruelle et dissipée.

Je mettrais un seul bémol : celui de déployer un talent fou dans des moments étirés, les scènes dont j'ai parlé, mais de passer vite sur des aspects constitutifs du mythe, notamment ses relations avec les femmes. Il est vrai qu'une nouvelle ne permet guère de développer tout ce qu'on aimerait, et qu'il est contraint de styliser le récit, cela n'empêche donc pas un coup de coeur.
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El verdugo, dans les Études philosophiques de la Comédie humaine.
coup de coeur pour cette courte nouvelle se passant pendant l'occupation de l'Espagne par le Roi Joseph.

Pour sauver sa lignée le Marquis de Léganès demande que la peine de mort par pendaison soit commuée en décapitation (noblesse oblige). Cette dernière requête lui est accordée à condition que son dernier fils, Juanito, remplace le bourreau.
Lien : http://mazel-au-fil-des-livr..
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Résumé: le personnage principal n'est rien moins que Don Juan, très réinventé par Balzac. Il est interrompu au cours d'une fête: son père est en train de mourir. le vieillard confie à son fils, à qui il n'a rien jamais rien refusé, son secret: il a mis au point un élixir qui lui permettra de revenir à la vie une fois mort. Mais il a besoin de l'aide de Dom Juan, qui devra  frictionner son cadavre avec l'élixir....
 
Commentaire: un texte prodigieux, dans lequel Balzac joue avec tous les registres: fantastique, merveilleux, mais aussi une ironie féroce et jouissive, une cruauté des rapports humains. Bref, un régal du début jusqu'à la fin. Il est vrai que je suis une inconditionnelle De Balzac et donc peut être pas complètement objective, mais il me semble que ce texte court est idéal pour s'initier à ce grand écrivain.
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Cette courte histoire De Balzac raconte l'histoire d'une révolte d'un petit village espagnol durant la guerre napoléonienne d'Espagne. Durant cette révolte, seul Victor marchand survit grâce à l'aide de Clara, la fille du noble local. Victor réussit à s'enfuir pour rejoindre ses supérieurs. S'ensuit alors une contre-attaque de l'armée française qui réussit à reprendre le village. le chef des français ordonne l'exécution de la famille noble du coin en guise de représailles. Victor réussira-t-il à sauver celle qui l'a elle-même sauvé des mains de ses frères?

Voilà une belle petite histoire qui m'a fait beaucoup réfléchir sur l'ironie de la vie. Parfois, on fait des choses qui sont bien mais elles finissent par se retourner contre nous. Ce que l'on apprend, c'est aussi que la guerre est injuste surtout si l'on est du mauvais côté.
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Cette courte histoire est assez étrange. Elle raconte une version fantastique du récit de Don Juan. On a ici un Don Juan qui est très narcissique et égoïste. Il fut un très mauvais fils, un très mauvais mari et un très mauvais père qui profita de tous les petits péchés hédonistes. Ce qui rend le livre étrange, c'est la fin que je ne raconterai pas. Tout ce que je peux dire c'est Balzac tombe dans le fantastique. Honnêtement, j'ai trouvé le récit plutôt ordinaire mais au moins la fin était inattendue.
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