Cette vieille fille, à l’oreille si alerte, se présentait dépouillée des artifices en tout genre qu’elle employait pour s’embellir : elle n’avait ni son tour de faux cheveux ni sa collerette. Elle portait cet affreux petit sac en taffetas noir avec lequel les vieilles femmes s’enveloppent l’occiput, et qui dépassait son bonnet de nuit relevé par les mouvements du sommeil. Ce désordre donnait à cette tête l’air menaçant que les peintres prêtent aux sorcières. Les tempes, les oreilles et la nuque, assez peu cachées, laissaient voir leur caractère aride et sec ; leurs rides âpres se recommandaient par des tons rouges peu agréables à l’œil, et que faisait encore ressortir la couleur quasi blanche de la camisole nouée au cou par des cordons vrillés. Les bâillements de cette camisole entr’ouverte montraient une poitrine comparable à celle d’une vieille paysanne peu soucieuse de sa laideur. Le bras décharné faisait l’effet d’un bâton sur lequel on aurait mis une étoffe. Vue à sa croisée, cette demoiselle paraissait grande à cause de la force et de l’étendue de son visage, qui rappelait l’ampleur inouïe de certaines figures suisses. Sa physionomie, où les traits péchaient par un défaut d’ensemble, avait pour principal caractère une sécheresse dans les lignes, une aigreur dans les tons, une insensibilité dans le fond qui eût saisi de dégoût un physionomiste.
Votre misère, comme la mienne, vous aura donné sans doute la mesure de ce que valent les hommes : il faut se servir d'eux comme on se sert des chevaux de poste. Un homme ou une femme nous amène de telle à telle étape.
Il savait ergoter, parler ; il ne manquait ni de trait ni d’images ; il était instruit, retors. Accoutumé à tout concevoir par son désir de parvenir, il pouvait devenir un homme politique. Un homme qui ne recule devant rien.
Y a-t-il rien de plus horrible à voir que la matinale apparition d’une vieille fille laide à sa fenêtre ? De tous les spectacles grotesques qui font la joie des voyageurs quand ils traversent les petites villes, n’est-ce pas le plus déplaisant ? il est trop triste, trop repoussant pour qu’on en rie.
La province est la province : elle est ridicule quand elle veut singer Paris.
La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle.
Pendant que la victime des Rogron se mourait, Vinet la calomniait au tribunal.
Les petits esprits ont besoin de despotisme pour le jeu de leurs nerfs, comme les grandes âmes ont soif d'égalité pour l'action du coeur. (...) Les réprimandes, d'abord aigres-douces, devinrent vives et dures. Dès qu'ils entrèrent dans cette voie, le frère et la soeur y firent de rapides progrès : ils ne s'ennuyaient plus ! Ce ne fut pas le complot d'êtres méchants et cruels, ce fut l'instinct d'une tyrannie imbécile.
Pierrette avait pu être gaie ; elle était triste.
Les hommes passent pour être bien féroces, et les
tigres aussi ; mais ni les tigres, ni les vipères, ni les diplomates, ni les gens de justice, ni les bourreaux, ni les rois ne peuvent, dans leurs plus grandes atrocités, approcher des cruautés douces, des douceurs empoisonnées, des mépris sauvages des demoiselles entre elles quand les unes se croient supérieures aux autres en naissance, en fortune, en grâce, et qu’il s’agit de mariage, de préséance, enfin des mille rivalités de femme.