Castellamare est un personnage à part entière de ce roman. L'île qui va abriter les Esposito recèle bien des mystères et a une âme. Dure, isolée, elle se conquiert.
Mais la première image qu'en aura Amedeo, le patriarche, à son arrivée pour devenir médecin municipal est celle qui me reste en tête : un lieu étrange, un peu magique, nimbé d'une aura de bonheur et de féérie. L'île a sa propre sainte, sa propre malédiction, et son café, celui qui est au bord de la nuit et donne son titre au roman.
Mesquineries, rivalités, amours contrariées, commérages, mais aussi grandes amitiés, entraide et solidarité seront tout autant mis en avant à travers les habitants de cette île, qui vit quasiment en autarcie, pas vraiment en Italie.
Malgré ce sentiment d'isolement,
L Histoire, ce XXème siècle dur, avec ses guerres mondiales, ses blessures, ses armes, va heurter de point fouet la petite île et ses habitants.
Jusque là tranquille, Castellamare va se moderniser. L'arrivée d'Amedeo, un médecin, est le premier déclencheur de cette modification qui va s'enclencher. Assez ironique quand on se rend compte que les Esposito (dont Amedeo lui-même) seront parfois les plus réticents à ce changement.
Mon sentiment est assez ambivalent, parce que j'ai eu parfois l'impression d'étouffer, l'envie de crier à ces personnages de s'en aller, d'aller prendre une bouffée d'air frais ailleurs. Mais au final, je me suis tout autant attachée à cet endroit. Plus exactement, je me suis attachée à ce café, à cette petite affaire familiale que je n'aurais pas voulu leur voir perdre.
J'ai également particulièrement apprécié les personnages féminins de ce roman. Il n'y a pas à tortiller, les femmes Esposito en ont dans la culotte, et c'est souvent elles qui vont prendre les choses en main et faire avancer et évoluer non seulement leur famille, mais aussi l'histoire.
Parce qu'on en vient au point faible de ce roman selon moi. Si la majeure partie du temps, j'étais embarquée et que je prenais plaisir à lire toutes ces descriptions, toutes ces anecdotes qui rendent le récit plus vivant, je me suis aussi parfois ennuyée, comme si j'étais extérieure à l'histoire. Je pense que c'est dû en grande partie au choix de l'autrice de tout italianiser à grand renfort de mots ou d'expressions en italique. À force, je n'en pouvais plus des joueurs de scopa, du limoncello, de l'arancello, etc. À trop vouloir faire couleur locale, j'avais moins l'impression de lire un roman que le Guide du Routard.
Ceci dit, j'ai tout de même beaucoup apprécié ces moments où
L Histoire heurtait Castellamare, notamment quelque temps avant la seconde guerre mondiale et la montée du fascisme et du Duce. Je connais très très peu
L Histoire vue depuis l'Italie à cette période, et ces passages m'ont littéralement passionnée.
Au final, si vous n'avez pas peur des longueurs (ou de sauter quelques lignes), je ne peux que vous recommander ce roman avec lequel j'ai passé un très bon moment.
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