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sur 277 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Partir pour la Sicile, enfin une petite ile au large de la Sicile pour y découvrir l'histoire de la famille Esposito et également celle de leurs voisins, amis etc..

Amedeo Esposito est médecin, abandonné il a été élevé dans un orphelinat à Florence. Son courage et sa force de caractère lui permettent de faire des études de médicine et son parcours médical, l'emmène en Sicile et plus particulièrement sur l'île de Castellamare où il exercera désormais.
Tombé amoureux de cette île et de ses habitants, il s'installe et épouse l'une des jeunes femmes de l'île.
Le premier scandale viendra lors de la naissance de son premier enfant qui nait le même jour que celui du "Comte" de l'île. Accusé d'être le père de cet enfant également, Amedeo doit se défendre et reconquérir sa jeune femme choquée par cette révélation.
Il est révoqué comme médecin et décide de racheter le café de l'île : la maison au bord de la nuit pour y travailler et faire vivre sa famille.
Deux autres enfants naitront de son union, dont la petite Maria Grazia, enfant née très prématurée pour laquelle son père se battra corps et âme pour qu'elle vive et puisse grandir normalement.

D'évènements religieux, en moments politiques (c'est l'avènement du fascisme) mais aussi en rebondissements et moments de douleurs ou de bonheur la famille Esposito va être au centre de la vie de cette île.
C'est sous le regard de la sainte patronne de l'île, Sant ‘Agata, que nous allons aller à la rencontre des générations qui vont se suivre, de leurs choix de vie, de leurs désillusions, de leurs espoirs.

Ce roman est juste beau, très beau même il a un accent de sincérité, une vision extrêmement juste et agréable des moments de vie qu'on traverse au cours de son existence. Des instants de bonheur, des malheurs, des pertes, des trahisons, la vie qu'on ne choisit pas toujours mais par-dessus tout, l'amour, celui de sa famille, celui des amis, la solidarité, l'acceptation de l'autre, tout cela est magnifiquement retranscrit par l'auteure.

Ses personnages sont également une vraie force dans ce roman, à la fois ils sont touchants et agaçants parfois comme peuvent l'être des vrais personnes. Leur psychologie est subtilement abordée et on se prend à vraiment les aimer comme des amis.

Très belle écriture fluide et vivante, petits mots italiens parsemant les phrases (un bonheur pour moi) et l'envie de tourner les pages pour suivre cette famille à la fois ordinaire et étonnante de diversité.

Si comme moi vous aimez les belles histoires qui vous emportent loin, qui revisitent l'histoire et vous présentent des personnages qui deviennent des amis... FONCEZ....


Un immense merci à NetGalley et aux Editions Presses de la Cité pour cette lecture qui rejoint mes coups de coeur

Lien : http://delcyfaro.blogspot.fr..
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Tout d'abord, un grand merci au site lecteurs.com et aux éditions Pocket pour cet envoi. Je suis tout simplement ravie d'avoir gagné ce concours qui permettait de recevoir ce superbe livre et de le chroniquer. Dès que j'ai vu cette couverture et ce titre, j'ai su qu'il n'en faudrait pas plus pour me séduire. L'appel de Castellamare était tout bonnement irrésistible. Telle une sirène qui fait s'échouer les marins perdus en mer sur son rivage, cette île m'a complètement conquise, du début jusqu'à la fin. Je me sens désormais véritablement honorée d'avoir accostée sur ses terres et d'avoir eu la chance de vivre cette aventure extraordinaire auprès de ses charmants habitants et d'une famille en particulier, celle dont le nom est Esposito, "abandonné" en italien. La plupart des membres de cette famille si spéciale et attachante vont ressentir au cours de leur vie ce sentiment d'abandon et de désarroi, ensemble dans la souffrance mais bien souvent chacun de leur côté, comme s'ils avaient tous leur propre île dans leurs pensées sur laquelle se réfugier ou au contraire plonger dans des eaux sombres. Et pourtant, ils sont tous rassemblés, pas seulement par leur lien du sang, mais aussi et avant tout par leur amour indéracinable pour leur île. Ils vont souvent le maudire, ce caillou perdu au large de la Sicile, ils vont souhaiter de tout leur coeur vouloir le quitter, certains vont d'ailleurs le faire, ou ne serait-ce que le tenter... Mais, in fine, tout nous ramène toujours à Castellamare, cela fait partie intrinsèque de leur identité, et de la mienne aussi à présent. Je ne remercierai jamais assez Catherine Banner pour ce beau cadeau qu'elle m'a fait. Mais, dites, si je vous racontais tout ça autour d'un bon limoncello ou d'un café ? Après tout, la Maison au bord de la nuit est là pour ça, pour nous désaltérer, manger une succulente spécialité italienne, et pour rester des heures autour d'une table à nous raconter les légendes d'antan sans modération. Laissez-moi donc vous conter l'arrivée d'Amedeo Esposito à Castellamare, point de départ de notre épopée sicilienne unique en son genre, et vous expliquer pourquoi La Maison au bord de la nuit n'a pas d'extrêmement charmant, poétique et authentique que son titre ou le nom aussi de ce café familial pas comme les autres et indispensable aux habitants de l'île comme au lecteur dès qu'il y pénètre pour la toute première fois...

Ce qui m'a impressionnée avec le récit de Catherine Banner, c'est à quel point il est riche et réaliste. Une fois plongé entre les pages de ce roman, impossible de s'en détacher. Enfin, rien n'est impossible mais la tâche fût résolument ardue et bien mal m'en prit de vouloir m'y risquer ! N'ayez pas peur face au nombre de pages, car ces dernières défilent à une vitesse ! J'en devais presque me freiner pour ne pas me gâcher le plaisir. Il aurait été tellement dommage de vivre presque cent ans de l'histoire d'une famille et de son île à une échelle si disproportionnée de temps. Et pourtant, c'est bien ce qui s'est produit car en deux jours, ma lecture était finie. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dévoré et terminé un livre aussi rapidement, j'en suis restée bouche bée et les yeux comme deux ronds de flan. Je ne vais pas épiloguer sur ma vie estudiantine, mais disons que, comme la plupart des gens, qu'on soit travailleurs, étudiants, ou dans d'autres situations, je manque souvent singulièrement de temps pour me poser et me consacrer à ce que j'ai véritablement envie de faire, en l'occurrence lire de tout mon coeur et de toute mon âme. A tel point que j'en ressens désormais un besoin viscéral tant j'ai l'impression que le temps me file entre les doigts. Ce qui fait que, bien trop souvent ces derniers temps, je faisais traîner mes lectures sur des semaines parce que... je n'avais tout simplement pas le choix. Sauf que La Maison au bord de la nuit n'en a pas décidé ainsi. Que nenni. Une fois qu'on débarque sur cette île, qui est à mes yeux LE personnage principal du roman, encore plus qu'Amedeo, le patriarche de la famille Esposito, qui est cependant celui grâce à qui on fait connaissance avec l'île pour la première fois (Je ne l'en remercierai jamais assez lui aussi. Je ressens beaucoup de gratitude pour beaucoup de personnes avec ce roman.) et sur laquelle on va rester tout du long (pour mon plus grand bonheur). Une fois que vous y êtes, à Castellamare, impossible d'en repartir avant que le carnet rouge où Amedeo y consigne les histoires des habitants et ses mythes et légendes ne soit bouclé. Je vous mets au défi d'avoir ne serait-ce que l'envie de partir de Castellamare. de toute manière, si vous me soutenez que oui, c'est effectivement votre souhait, je ne vous croirai pas. Ce serait tellement absurde ! Mais pour en revenir plus précisément à la raison pour laquelle La Maison au bord de la nuit m'a littéralement embarquée au sein de ses pages, c'est tout simplement parce que l'autrice nous fait VIVRE son récit, du début jusqu'à la fin. Castellamare n'existe pas (sauf si vous souhaitez vous rendre dans un hôtel-restaurant qui porte ce nom en Normandie), et je suis au grand regret de vous en informer, mais on y CROIT pourtant jusqu'au bout, de la première à la dernière page. C'est réel, c'est palpable, on sent la rugosité des parois rocheuses des grottes de Castellamare au creux de nos reins, on sent l'eau de mer qui nous fouette les chevilles, la saveur du sel sur notre peau, on sent le vent violent et incisif de l'île jusque dans nos os. Castellamare est belle et paisible, mais elle est aussi sauvage et tourmentée. Elle a cette part d'ombre et de lumière en elle qui la rend unique, qui fait qu'elle nous ébranle tout comme elle nous apporte du réconfort et qu'elle nous fait beaucoup de bien. Castellamare est comme un paradis caché, avec cette brume presque impénétrable, onirique, qui semble protéger l'île du monde extérieur. Néanmoins, Castellamare ne va pas pouvoir rester toujours dans son coin car les temps changent à un moment ou un autre. On doit faire la guerre, on n'y peut rien, on doit affronter la réalité en face, les yeux dans les yeux. de nombreux événements historiques vont venir perturber la quiétude de cet adorable morceau de caillou qui transperce la mer et qui la surplombe, ce qui ajoute de la crédibilité à cette histoire familiale ébouriffante qui nous fait traverser tout le vingtième siècle. Ces chamboulements que l'on connaît déjà, qui sont désormais relatés et imprimés dans nos livres d'histoire, comme immuables, on les vit comme si on y était. On sait ce que ça fait quand ils ne s'étaient pas encore produits et on ressent ce sentiment désarmant que ce que l'on pensait être inimaginable, en bon comme en mauvais, s'est néanmoins bien produit, et qu'on doit l'accepter. J'ai ressenti cette sensation de dérive, d'être ébranlé dans ses certitudes, et de devoir assimiler une nouvelle réalité qui habite tous les habitants de Castellamare au fil des générations, les anciens comme les plus jeunes.

En même temps que Catherine Banner me faisait revivre d'une manière bouleversante notre Histoire au travers des yeux des habitants de cette île fictive, mais pourtant si réelle dans mon imaginaire et dans mon coeur de lectrice, elle m'a également fait ressentir, à l'aide de sa plume si envoûtante et imprégnée du réel, une immense tendresse tout au long de ma lecture qui est due à mes origines. En effet, mes grands-parents ne viennent pas de Sicile, même si j'ai de la famille qui y réside, mais de Calabre. Cependant, ils partagent de nombreux points communs avec les habitants de Castellamare, que ce soit dans leur dialecte ou dans leur façon de penser et de vivre. C'est là que ma gratitude s'est faite la plus forte : celle de dire MERCI à Catherine Banner de m'avoir fait vivre d'une certaine façon le passé de mes grands-parents, de cette famille maternelle dont je ne connais au fond pas grand chose, mais qui fait partie de moi quoiqu'il en soit. J'ai eu l'impression de voyager dans le temps, de retourner à cette époque que je m'imagine toujours dans ma tête de façon ridicule en noir en blanc, comme les vieilles pellicules de cinéma toutes granulées. C'était comme si je vivais tout cela au côté de ces ancêtres qui font que je suis là aujourd'hui pour vous en parler, et vous exprimer tout l'amour que j'ai pour mes racines dont je n'ai jamais cessé d'être fière. J'ai pu vivre avec eux ce calme avant la tempête, ces traumatismes, ces moments de bonheur bien trop éphémères aussi qui surviennent avant un énième tumulte, la honte, notamment du régime fasciste, la révolte, la souffrance de la perte d'un être aimé, parfois fruit de vos entrailles, le deuil abrutissant et dont on se demande comment on a bien pu s'en relever, le désespoir mais aussi la joie immense, impensable, face à un véritable miracle. J'ai accompli un véritable voyage, dans le temps, dans l'espace et dans le coeur, et les Esposito sont devenus comme l'avatar de ma propre famille italienne, tant je me suis attachée à eux et pris chacune de leur destinée à coeur, comme si c'était mes proches qui étaient étreints par de tels sentiments d'une telle intensité, comme si c'était des êtres qui m'étaient chers qui prenaient la dure décision de partir, volontaire ou non. Quand j'y repense, Amedeo a beaucoup de traits communs avec mon grand-père, que j'aimais tant sans jamais avoir vraiment osé le lui dire (quelle belle erreur, même si tout mon corps criait cet amour et cette profonde affection que j'avais pour lui) : il a fait des erreurs impardonnables dont il a dû survivre et se repentir, il est parti de rien ou presque et a accompli l'exploit de fonder une famille nombreuse et heureuse, malgré ses démons, malgré ses secrets longtemps inavoués, dans la misère pécuniaire mais aussi dans la richesse du coeur, il sait se montrer extrêmement têtu quand il a une idée, une question de principe, chevillée au corps et au coeur, et il ne peut que nous attendrir au fil des années qui passe. Pina, quant à elle, femme d'exception de ce dernier, a ce point commun avec ma si chère grand-mère de savoir pardonner, de savoir se montrer juste, clémente et généreuse en tout temps, malgré ce que la vie lui a fait endurer. Et surtout, toutes les deux inspirent un respect sans bornes à quiconque croise leur chemin. Enfin, Maria-Grazia, la petite dernière de ce couple inébranlable et magnifique, est devenue instantanément ma petite chouchoute. Comme ma mère bien aimée, elle se dévoue en toute chose et aime sincèrement du plus profond de son coeur. Elle se sacrifie, elle a ses parts d'ombre elle aussi mais elle les assume et elle garde toujours la tête haute et les bras grands ouverts. Elle scintille comme la plus brillante des étoiles au firmament et je l'ai trouvée juste admirable et inspirante, comme ma maman adorée.

Je regrette un peu que le reste des membres de la remarquable et inoubliable famille Esposito se soient retrouvés dans l'ombre de cette aveuglante et évidente Trinité. Cela ne m'a pas empêchée d'éprouver beaucoup de tendresse pour les trois frères de Maria-Grazia, qui traversent le roman telle une comète. C'est un autre point que j'ai trouvé très réaliste, bien que douloureux (on reconnaît bien là la saveur de la réalité !) : Catherine Banner nous rappelle avec beaucoup de brio que, si certaines personnes entrent dans notre vie pour en faire partie intégrante, elles peuvent en sortir tout aussi rapidement, qu'elles l'aient décidé ou non, sans qu'on ait jamais vraiment pris le temps d'apprendre à les connaître. Malheureusement, on pense toujours avoir un temps infini pour ce genre de choses mais bien souvent, le destin en décide autrement et nous fait comprendre que la vie ou les relations que nous entretenons avec autrui ne tiennent qu'à un fil, très ténu de surcroît. Cependant, si Catherine Banner m'a appris une autre leçon, c'est bien celle que quiconque d'important à nos yeux qui croise notre route reste dans notre coeur à tout jamais. On aimerait beau l'en déloger parfois, tant l'absence nous pèse, mais on ne peut pas s'en débarrasser aussi facilement, je le crains. C'est toute la beauté et le fardeau des sentiments humains, et c'est ce qui fait aussi que chaque vie compte. Dans ce roman, on croise une pléiade de personnages tout plus marquants les uns que les autres, qui rendent l'intégration du lecteur dans le village d'autant plus facile : Rizzu, le vieillard qu'on aimerait tous avoir comme grand-père et qui ne manque pas d'humour et de répartie ; la veuve Gesuina, doyenne et accoucheuse du village, aimée et respectée de tous sans exception et qui a forcé mon admiration ; Andrea, le fils d'il conte, d'apparence si froide et détachée et qui cache en réalité un lourd secret dans son coeur, un personnage qui m'a toute tourneboulée et qui a su, lui aussi, gagner mon respect et mon amour sincère ; le père Ignazio, qui n'est vraiment pas un homme d'église comme les autres, qui sait écouter son prochain, qui a tout fait pour aider l'île et ses habitants au mieux et qui ne manque pas de courage et de détermination, en particulier dans les temps difficiles, un homme intègre sur lequel on peut résolument compter, ouvert d'esprit et toujours de bon conseil ; Agata-la-pêcheuse, cette femme bien en avance sur son temps qui n'a pas la langue dans sa bouche, qui affiche une marginalité assumée en tant que femme indépendante, qui porte des vêtements d'homme, qui exerce un métier d'homme et qui a la clope au bec, une femme frondeuse, admirable, franche et qui est toujours là pour apporter son secours en cas de pépin ; l'adorable Maddalena, la digne petite-fille de sa grand-mère Maria-Grazia, comme elle si brillante et généreuse, adorée de tous ; même il conte et son incorrigible et fougueuse femme Carmela ont su me toucher et éveiller mon intérêt ! J'en oublie sûrement encore beaucoup, c'est même certain, mais je tiens également à ce que vous fassiez connaissance avec tous les habitants formidables de l'île par vous même. Enfin, je remercie Catherine Banner de m'avoir rappelé que, si des gens peuvent disparaître tout simplement de votre vie, il ne faut jamais fermer son coeur face aux miracles que cette dernière garde en réserve pour vous. Cela me permet de vous parler de deux personnages phares et indispensables du récit : Sant'Agata, la Sainte protectrice de l'île (en réalité celle de la ville sicilienne de Catane) et le soldat anglais Robert Carr. D'un côté, nous avons une femme canonisée ayant vécu au treizième siècle, qui a toujours eu à coeur de servir Dieu fidèlement et d'épargner à son peuple la mélancolie et le chagrin, et de l'autre un homme qui lui doit la vie et bien d'autres choses. Si vous prenez la peine de lire La Maison au bord de la nuit (et j'espère bien que vous le ferez), Robert pourra vous parler mieux que moi de ce qu'est un miracle, un vrai. Il en est l'incarnation même aux yeux de tous les habitants de Castellamare, et aux miens aussi. Ce soldat, qui ne voulait pas de la guerre, qui a un coeur en or, une patience d'ange et qui est si fidèle en amour et aux siens, qui a su ravir mon coeur tout comme celui de Maria-Grazia et de l'ensemble de l'île, y compris son imposante et révérée Matrone, l'incontournable Sant'Agata, lui saura vous expliquer pourquoi Castellamare est un lieu unique, le seul où il puisse trouver sa place sur cette Terre.

Vous vous souvenez quand je vous ai dis que ce roman se vivait littéralement ? Je vous ai expliqué que je l'avais vécu comme une projection que je voyais se dérouler sous mes yeux, comme un appel à mon coeur d'hypersensible, qui a battu au rythme de ses pages, comme un testament de l'histoire de ma famille aussi, de ses coutumes et de son vécu, comme une source d'enrichissement et de réflexion philosophique également. J'ai entendu le vent mugissant de Castellamare souffler à mes oreilles, m'envelopper de part en part, j'ai senti mes pieds être titillés par le sable de l'île et par ses rochers saillants. J'ai plongé dans ses eaux, j'ai senti la vague impérieuse m'embarquer au fond de l'eau tout comme elle l'a fait pour Giuseppino, le fils de Maria-Grazia. Je suis partie chasser le gecko et ramasser des escargots avec la pétillante et indomptable Concetta, que j'ai vu grandir sous mes yeux avec énormément d'émotion et s'assagir pour devenir la meilleure des amies et des zie. J'ai vécu cette histoire géographiquement, historiquement, émotionnellement, intensément. Mais il y a un point crucial que je n'ai pas encore abordé : celui du plaisir de mon palais. Car qui dit Italie et café dit nourriture i miei amici ! Je ne pouvais pas passer à côté de ça voyons, ce serait bien mal me connaître ! Si je dois reconnaître que les limoncelli et les arancelli ne sont pas ma tasse de thé (l'alcool pour moi, non merci), en revanche, les arancini... Chaque fois que cette petite merveille de spécialité culinaire sicilienne était évoquée (et autant dire très souvent), j'en avais presque la salive qui perlait au coin de la bouche. La Maison au bord de la nuit en ayant fait sa tradition, raison de plus pour m'attarder sur la terrasse attractive comme un aimant de ce café que je considère désormais comme ma seconde maison. C'est le deuxième ordre que je vous donne, après celui de partir en voyage à Castellamare pour y rester définitivement : mangez des arancini ! Orgasme buccal assuré ! Foi de Nanette ! Après, vous n'en goûterez jamais des aussi bons que ceux de ma maman d'amour, et j'en suis bien triste pour vous, mais ce sera déjà ça...

Pour conclure, je vous encourage de toutes mes forces à vous plonger dans la lecture de ce roman. Pour ma part, je ne regrette absolument pas le voyage, et c'est le coeur serré que j'ai dû quitter Castellamare définitivement. Néanmoins, s'agit-il réellement d'un départ définitif ? Je ne le crois pas, non. Je le sais intimement, l'île restera en moi à tout jamais désormais, on ne pourra pas la déloger de mon imagination et de mon coeur. Je trouverai toujours le moyen de voyager jusqu'à son rivage, de retourner auprès de cette famille de coeur que sont les Esposito, qui ont dû affronter tant de choses, les guerres, les commérages, la modernité, l'arrivée de touristes sur leur petit coin de tranquillité rempli de trésors insoupçonnés, le désespoir, la peur constante, un vide saisissant dans leur coeur, mais ils s'en sont toujours sortis avec beaucoup de persévérance, grâce à leur amour pour leur île, pour sa population, pour ce qu'elle a vécu et pour ses histoires enchanteresses et intemporelles qu'Amedeo a pris tant de soin à écouter et à rédiger dans son bien le plus précieux de son héritage, son fameux carnet rouge. Cette famille, tout comme son île, est inébranlable, tout comme la mienne véritable l'est aussi. Encore merci à Catherine Banner, à lecteurs.com et à Pocket pour ce merveilleux voyage, pour cet éveil des sens, pour cette introspection qui m'aura permis de réaliser à quel point je suis fière d'être qui je suis, de venir d'où je viens, du propre lieu où j
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Je suis tombée sous le charme de cette lecture dès les 50 premières pages lues. Et j'ai gardé ce ressenti jusqu'à la dernière page. C'est donc un joli coup de coeur pour ce premier roman de Catherine Banner.

Le roman commence par la naissance, un même jour, de 2 bébés sur une île italienne. Amedeo Esposito met au monde l'enfant de Carmela pendant que sa propre femme accouche auprès d'une sage femme. Carmela dit alors à Amedeo que le bébé est le sien et ainsi, toute l'île se met à parler de frères jumeaux nés de 2 mères différentes.

Le roman nous ramène ensuite à la naissance d'Amedeo dans un orphelinat de Florence. L'enfant fera la connaissance d'un médecin qui deviendra son tuteur et lui inspirera sa vocation. Très jeune, le petit Amedeo se passionnera pour les contes, les légendes, racontées de bouches en bouches depuis la nuit des temps et les consignera dans un carnet. Ce point sera un fil rouge tout au long du roman, nous serons ramenés de temps à autre à l'une de ces histoires et c'est un très joli procédé que j'ai beaucoup apprécié dans ma lecture.

Amedeo devient médecin comme son tuteur et trouve alors un poste sur une petite île au large de la Sicile. Il y fera toute sa vie et l'on y suivra ses descendants tour à tour : Maria Grazzia sa fille, Sergio, son petit fils et Lena son arrière petite fille. le scandale de la naissance des « jumeaux » lui coûtera sa profession et il reprendra le café Au Bord de la Nuit avec son épouse Pina.

Le roman nous raconte toute la vie de l'île à travers le 20ème siècle (et jusqu'en 2009). C'est une phase très dense de l'histoire de l'Italie et du monde vue à travers les yeux des habitants d'une petite île plutôt isolée. Il y a de très nombreux personnages et l'auteure nous raconte les petites histoires de chacun en plus des grands événements de la vie de la famille Esposito. J'ai adoré ce roman, il est magique. le climat de l'île est fort, les paysages et les lieux sont joliment dépeints on se sent vraiment transportés à Castellamare. Je me suis énormément attachée à Amedeo d'abord puis à sa fille. J'ai un peu moins accroché sur la dernière phase du roman avec Sergio et Lena mais je crois que c'est parce que j'étais triste de « quitter » Amedeo et Maria Grazzia.

Petit détail en plus que j'ai fort apprécié, au cours des discours entre les personnages, l'auteure (qui a écrit son roman en anglais) a semé des mots d'italien qui sont conservés dans la traduction et ajoutent, je trouve, beaucoup de charme à la lecture. « Cara » (ma chérie?), « zia » (la tante), « americani », « medico » (médecin) et plein d'autres petits mots reviennent ainsi.

Sublime ! Une magnifique fresque que je vous recommande vivement si vous aimez ce genre de roman et si vous avez envie de dépaysement. Une belle réussite pour un premier roman !
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Au début je craignais que le livre ne reste dans le registre du conte. Mais après une centaine de pages, l'histoire familiale commence vraiment. On apprécie de suivre les personnages de génération en génération. L'auteur pose aussi la question de la transmission des conflits des parents aux enfants, alors que ces derniers ne sont pas concernés. L'influence du fascisme sur la vie des habitants est aussi suivie tout au long du roman, ce qui en fait une belle peinture italienne. Enfin, le ton et le phrasé de l'auteur se rapproche souvent de Pagnol et instille une petite voix chantante dans nos esprits brumeux. Un excellent moment de lecture !
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Je viens de refermer ce livre et mon émotion est vive. Ce livre m'a ébranlé.
Amedeo est orphelin à Florence quand il rencontre un médecin qui sera plus tard son tuteur au vu de ses capacités à étudier et de son envie de devenir lui-même médecin. Amedeo devenu médecin à son tour cherche un poste fixe et répond à l'annonce d'un petit village sur une île au large de la Sicile. Il y pose ses valises, cet endroit sera son chez lui !
Les années passent et Amedeo se marie sur le tard avec Pina après avoir eu une relation avec Carmela la femme du Comte. La même nuit, chacune met au monde un garçon. Destitué de sa fonction suite à ses naissances et la rumeur qui l'entoure, Amedeo avec sa femme, reprend la maison au bord de la nuit pour ouvrir le seul café du village, le coeur du village.
La première partie du livre se consacre à Amedeo l'orphelin devenu médecin, chose plutôt exceptionnelle, à sa personnalité, à sa façon de voir le monde, à sa famille et la naissance de ses 4 enfants. La deuxième partie, est plutôt consacrée aux changements sur l'île, à ses descendants.
L'histoire est rythmée par la vie sur l'île de Castellamare, et ses habitants, ses croyances et légendes locales. Un endroit reculé et oublié par le reste du monde où le temps semble s'être arrêté et que la guerre rattrape.
Ce roman s'étend sur un siècle, parle de la famille, de la vie, de la mort ; de la transmission du savoir, du patrimoine et des rancoeurs ; de l'amour dans le couple, de la famille, de l'amour pour Castellamare qui laisse son empreinte en chacun : les uns ne peuvent vivre loin d'elle et les autres ne peuvent y vivre. Cette histoire, c'est la vie, les années qui passent. Ce livre m'a bouleversé en particulier parce qu'il m'a fait réfléchir sur le temps qui passe et mon rapport à la famille. Il est très bien écrit et tout y est parfaitement décrit à tel point que j'ai pu tout à fait me représenter l'île. Les personnages sont haut en couleur, et même les personnages secondaires ont une vraie place dans l'histoire qui ne serait rien sans eux. Finalement, les changements sont à la fois inéluctables et en même temps rien ne change vraiment. Les gens naissent et meurent, et pourtant l'île et sa sainte Sant' Agata sont toujours bien présentes.
le rythme de ce livre n'est pas entraînant mais plutôt lent, rythmé par la chaleur de la Sicile et il n'y a pas de rebondissements particuliers et pourtant j'en suis toute retournée. J'ai adoré ce livre et je vais suivre de près cette auteur.Si vous aimez les belles sagas familiales, je vous le recommande. Merci Babelio, Les éditions Presses de la Cité et Belfond pour cette magnifique lecture reçue dans le cadre de la Masse Critique.
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Amadeo Esposito, jeune médecin en mal d'une attribution de poste, débarque un beau jour à Castellamare, une île de 8 kilomètres de long au large de Syracuse, où vit une petite communauté dirigée par il comte, propriétaire de la seule automobile de l'île. La population est en liesse, c'est le soir de la fête de Sant'Agata, la sainte patronne de l'île. Il y fait la connaissance des habitants, devient l'amant de la femme du comte, tombe amoureux de Pina qu'il épouse et avec laquelle il va reprendre le café du Bord de la Nuit. Pina et Amadeo auront trois fils, que la deuxième guerre mondiale va leur prendre, et une fille, Maria-Grazia, la boîteuse, adorée de son père, qui va aimer Robert, un parachutiste surgi des flots suite au naufrage de son avion.

Cette saga familiale court sur près d'un siècle, dans cette toute petite île du sud de l'Italie, très pratiquante et férue de superstitions. On ne peut qu'éprouver de la tendresse pour Amadeo, qui collectionne les histoires, contes et légendes du cru, dans un petit carnet rouge qui déclenchera bien des rivalités entre ses fils ; on aime ce café du Bord de la Nuit où l'on sert des limonades et des arancini, ces boulettes de riz incontournables ; sous la plume de Catherine Banner, les paysages prennent vie : la terre sèche, les chèvres, les pétales de fleur lancées des fenêtres le jour de la Sant'Agata.

L'auteur émaille son récit de nombreuses expressions et jurons italiens, elle emploie souvent – peut-être un peu trop - l'expression "blanc comme de la ricotta", le lecteur est plongé dans cette ample histoire de plus de 500 pages qui remplit la même fonction que les histoires collectées par Amadeo : restituer un monde authentique, qui tente de résister à la mondialisation et à l'uniformisation du monde.

Je n'ai pas lu le roman dans le texte, mais relevé de beaux passages qui laissent augurer de la qualité littéraire du récit original :
"Et c'est alors que survient un second miracle. Robert, ignorant que Maria-Grazia était "la boiteuse", celle dont nul ne s'éprenait jamais, ignorant d'elle tout, sauf sa beauté et le fait qu'elle lui avait tenu la main, Robert, un homme de raison aux yeux embués par la reconnaissance, aux facultés troublées par les divagations de la fièvre et par une forte dose de morphine, Robert, voyant Maria-Grazia tourner à l'angle de l'escalier, accomplit l'inévitable et commença d'en tomber amoureux." (p.197)
le soir des noces :
"Il fallut arracher Maria-Grazia de force à ses plateaux et à son livre de comptes. Robert était là, tout à fait anglais, tout à fait nerveux et presque tout à fait saoul, qui lui tendait les bras pour l'inviter à la danse." (p.33).
A noter, une faute d'orthographe : "se laissant guidé" p.41.
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Récit plein d'histoires concentrées sur la petite île de Castellamare et ses habitants, de générations en générations. Voyages, croyances, générosité, scandales, familles et solidarité rythment la vie de ce village italien authentique. On se prête à l'histoire et on s'attache aux habitants des les premiers paragraphes ! Je recommande
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Chronique amère du début du XXe siècle, ce roman raconte le destin peu ordinaire d'Amedeo, petit orphelin recueilli par le docteur Esposito et élevé à Florence. de brillantes études lui permettent de devenir médecin à son tour. Il installe son cabinet à Castellamare, une petite île paradisiaque au large de la Sicile, où fort vite il se fait apprécier par la communauté locale et entame une liaison avec la fougueuse Carmela, l'épouse du maire. Lorsque les clairons de la première guerre mondiale résonnent, il part défendre son pays. A son retour, il s'éprend vivement de Pina, l'institutrice du village. Folle de rage d'être délaissée, Carmela entreprend de se venger, afin de salir la réputation de son ancien amant et de lui faire perdre :sa clientèle. Qu'importe ! L'homme épouse celle dont il rêve de partager l'existence et restaure une vieille bâtisse pour y ouvrir un café. Ses enfants suivent sa trajectoire, faite de heurts, de bonheurs et d'espérances. Catherine Banner signe ici une saga familiale qui porte sur trois générations et qui raconte le quotidien d'un couple ordinaire, saisi dans l'affolement de plusieurs décennies et qui ont connu de profondes mutations. de crise en prospérité, les héritiers de Pina et d'Amedeo vivront à leur tour des péripéties qui tenteront de briser certains destins ou qui permettront à des vieilles rancoeurs de se dissiper. Sans oublier qu'un roman ne doit pas seulement se contenter de narrer une histoire, l'auteure a soigné la psychologie de chacun de ses personnages pour créer un vrai lien qui se tisse entre eux et les lecteurs.
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