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sur 277 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
COUP DE COeUR

Imaginez un petit rocher de 8 km de long, perdu au large de Syracuse. Il est si petit qu'il n'apparaît sur aucune carte géographique. Amedeo Esposido, engagé comme médecin, y dépose ses valises et tombe sous le charme de cette île nommée Castellamare. Sur ce caillou, qui fut jadis frappé d'une malédiction mais protégé par Sant'Agatha, les habitants vivent en autarcie, sans contact avec le reste du monde. Amedeo y fondera une famille dans une vieille bâtisse appelée « La Maison au bord de la nuit » et y collectera les histoires locales. Trois générations vont y vivre, aimer, se déchirer, souffrir, s'effondrer puis se relever.

Malgré la distance entre Castellamare et le reste du monde, la grande Histoire va venir perturber la quiétude de ce rocher. A travers le destin des Esposito que l'on suit pendant près de 100 ans, c'est toute l'histoire de l'Italie du XXe siècle que nous traversons, de 1914 à 2019, des guerres mondiales à la modernisation en passant par le fascisme.

Les personnages sont nuancés, charismatiques et si vivants que j'ai eu l'impression de vivre avec eux et de les connaître. Au-delà de la famille Esposito, il y a Robert Carr, un soldat anglais échoué sur l'île miraculeusement, Gesuina, la doyenne de l'île aveugle et accoucheuse du village, le Père Ignazio, un homme d'église moderne et courageux ou encore Mario Vazzo prisonnier poète victime du fascisme.

Catherine Banner a une plume de conteuse, à la fois empreinte d'un fort onirisme envoûtant mais également imprégné du réel. Les contes qu'Amedeo prend soin de consigner dans un carnet rouge ont la même beauté que ceux qu'Italo Calvino a recueilli dans toute l'Italie dans les années 1950.

Une saga familiale et historique qui nous plonge dans une Italie d'antan, belle, sauvage, authentique et chaleureuse embauméé par un doux parfum de fleurs de bougainvillier.

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Récit plein d'histoires concentrées sur la petite île de Castellamare et ses habitants, de générations en générations. Voyages, croyances, générosité, scandales, familles et solidarité rythment la vie de ce village italien authentique. On se prête à l'histoire et on s'attache aux habitants des les premiers paragraphes ! Je recommande
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Un magnifique conte familial : d'Amedeo Esposito, jeune médecin débarqué un peu par hasard sur l'île de Castellamare en Sicile à son arrière petite fille quasiment cent ans plus tard ; on plonge littéralement dans l'histoire de cette famille et de cette île remplie de mystères.
Drames, secrets, rebondissements, entraide, amour, attentes, retrouvailles, joie, peines, tragédies ; immersion totale, tous les ingrédients sont là pour passer un super moment avec ce roman qu'on a du mal à lâcher !
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L'histoire débute par la naissance de deux enfants la même nuit sur l'île de Castellamare, au large de la Sicile. Ces deux enfants sont Tullio et Andréa. Deux enfants dont les pères se détestent, Andréa, fils du Comte de Castellamare et Tullio, fils du médecin, Amedeo Esposito, amant de l'épouse du Comte. C'est l'histoire d'Amedeo, élevé dans un orphelinat de Florence, puis médecin et cafetier au sein de l'emblématique café de la Maison au bord de la nuit qui nous est contée, la sienne et celle de trois générations insulaires qui lui ont succédé. de 1914 à 2009, entre tradition et Histoire, on va suivre ces personnages très attachants qui vont traverser les époques et connaître les deux Grandes guerres mondiales, le fascisme et une crise financière mais, la sainte patronne locale, Sant'Agata veille sur l'île.
J'ai été enchantée par cette fresque familiale dont le récit nous transporte au sein de malédictions et de contes. Une belle écriture fluide qui narre cette oeuvre romanesque de façon très poétique. Une très belle lecture.

Challenge Multi-Défis 2021
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La maison au bord de la nuit raconte la saga familiale née d'Amedeo, petit orphelin de Florence à qui un médecin donne la chance de devenir son apprenti et qui lui donnera son nom. Amedeo, devenu jeune médecin, s'installe sur une petite île isolée, pauvre et austère au large de Syracuse, et y fonde une famille. Nous suivons donc l'évolution de cette famille sur trois générations, à travers les soubresaults de l'Histoire avec un grand H : la montée inexorable du fascisme, la guerre, l'arrivée des touristes, des banquiers, mais aussi les histoires personnelles des habitants de l'île, les rivalités politiques ou fraternelles, les amours, les trahisons, les clans. L'écriture de Catherine Banner est fluide et emporte le lecteur à travers les paysages de l'île, caillou désolé au milieu de nulle part, au climat rude et à l'économie branlante, où les habitants tentent de garder la tête hors de l'eau. Un très beau roman !
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Dès les premières lignes, j'ai été emportée par l'histoire de la maison au bord de la nuit et je termine cette lecture totalement enchantée.
Catherine Banner nous livre ici, avec un vrai talent de conteuse, une vaste saga familiale qui suit les habitants de la petite île de Castellamare des années 1910 à 2010. Nous suivons plus particulièrement la famille Esposito dont le premier membre, Amedeo arrive sur l'île au début des années 1900 pour y être médecin. Obligé d'abandonner son titre quelques années plus tard, il reprendra l'ancien café "Au Bord de la Nuit", où il avait passé sa première soirée sur l'île. Nous suivrons ensuite ses enfants, dont Maria-Grazia, ses petits-enfants et son arrière-petite-fille.
Avec l'histoire de cette famille, nous suivons aussi les divers événements mondiaux (les deux guerres mondiales), et les changements générationnels qui s'opèrent (les progrès technologiques et le modernisme) sur cette petite île pourtant reculée.
Une lecture tout à fait passionnante et une île aux habitants attachants que j'ai quitté à regret : j'aurais aimé savourer encore quelques moments en leur compagnie au café Au Bord de la Nuit.
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Un livre comme je les aime !
Je me suis laissée emporter sur cette petite île italienne.
J'y ai suivi avec plaisir tant les histoires de la famille Esposito sur plusieurs générations, que les évolutions sociales sur presque un siècle (de 1914 à 2009).
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Chronique amère du début du XXe siècle, ce roman raconte le destin peu ordinaire d'Amedeo, petit orphelin recueilli par le docteur Esposito et élevé à Florence. de brillantes études lui permettent de devenir médecin à son tour. Il installe son cabinet à Castellamare, une petite île paradisiaque au large de la Sicile, où fort vite il se fait apprécier par la communauté locale et entame une liaison avec la fougueuse Carmela, l'épouse du maire. Lorsque les clairons de la première guerre mondiale résonnent, il part défendre son pays. A son retour, il s'éprend vivement de Pina, l'institutrice du village. Folle de rage d'être délaissée, Carmela entreprend de se venger, afin de salir la réputation de son ancien amant et de lui faire perdre :sa clientèle. Qu'importe ! L'homme épouse celle dont il rêve de partager l'existence et restaure une vieille bâtisse pour y ouvrir un café. Ses enfants suivent sa trajectoire, faite de heurts, de bonheurs et d'espérances. Catherine Banner signe ici une saga familiale qui porte sur trois générations et qui raconte le quotidien d'un couple ordinaire, saisi dans l'affolement de plusieurs décennies et qui ont connu de profondes mutations. de crise en prospérité, les héritiers de Pina et d'Amedeo vivront à leur tour des péripéties qui tenteront de briser certains destins ou qui permettront à des vieilles rancoeurs de se dissiper. Sans oublier qu'un roman ne doit pas seulement se contenter de narrer une histoire, l'auteure a soigné la psychologie de chacun de ses personnages pour créer un vrai lien qui se tisse entre eux et les lecteurs.
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Gros coup de coeur pour un bouquin qui fait du bien .
Quel plaisir d'avoir lu un livre si intéressant.
Catherine Banner nous livre une histoire dont le personnage principal est une île .
Car même si certains de ses habitants la quitte, le lecteur ne le fait jamais.
Ensuite, il y a cette famille que l'on suit sur plusieurs générations, avec ses secrets, ses malheurs et ses moments de joies.
Mon personnage féminin favori reste Mariagrazzia .
Son histoire est juste formidable, de sa naissance, Jusqu'à la fin du livre.
Vraiment, une lecture quasiment sans temps morts, avec une très légère baisse presque à la fin,avec une révélation , sans être extraordinaire, mais à laquelle je ne m'attendais pas.
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Tout d'abord, un grand merci au site lecteurs.com et aux éditions Pocket pour cet envoi. Je suis tout simplement ravie d'avoir gagné ce concours qui permettait de recevoir ce superbe livre et de le chroniquer. Dès que j'ai vu cette couverture et ce titre, j'ai su qu'il n'en faudrait pas plus pour me séduire. L'appel de Castellamare était tout bonnement irrésistible. Telle une sirène qui fait s'échouer les marins perdus en mer sur son rivage, cette île m'a complètement conquise, du début jusqu'à la fin. Je me sens désormais véritablement honorée d'avoir accostée sur ses terres et d'avoir eu la chance de vivre cette aventure extraordinaire auprès de ses charmants habitants et d'une famille en particulier, celle dont le nom est Esposito, "abandonné" en italien. La plupart des membres de cette famille si spéciale et attachante vont ressentir au cours de leur vie ce sentiment d'abandon et de désarroi, ensemble dans la souffrance mais bien souvent chacun de leur côté, comme s'ils avaient tous leur propre île dans leurs pensées sur laquelle se réfugier ou au contraire plonger dans des eaux sombres. Et pourtant, ils sont tous rassemblés, pas seulement par leur lien du sang, mais aussi et avant tout par leur amour indéracinable pour leur île. Ils vont souvent le maudire, ce caillou perdu au large de la Sicile, ils vont souhaiter de tout leur coeur vouloir le quitter, certains vont d'ailleurs le faire, ou ne serait-ce que le tenter... Mais, in fine, tout nous ramène toujours à Castellamare, cela fait partie intrinsèque de leur identité, et de la mienne aussi à présent. Je ne remercierai jamais assez Catherine Banner pour ce beau cadeau qu'elle m'a fait. Mais, dites, si je vous racontais tout ça autour d'un bon limoncello ou d'un café ? Après tout, la Maison au bord de la nuit est là pour ça, pour nous désaltérer, manger une succulente spécialité italienne, et pour rester des heures autour d'une table à nous raconter les légendes d'antan sans modération. Laissez-moi donc vous conter l'arrivée d'Amedeo Esposito à Castellamare, point de départ de notre épopée sicilienne unique en son genre, et vous expliquer pourquoi La Maison au bord de la nuit n'a pas d'extrêmement charmant, poétique et authentique que son titre ou le nom aussi de ce café familial pas comme les autres et indispensable aux habitants de l'île comme au lecteur dès qu'il y pénètre pour la toute première fois...

Ce qui m'a impressionnée avec le récit de Catherine Banner, c'est à quel point il est riche et réaliste. Une fois plongé entre les pages de ce roman, impossible de s'en détacher. Enfin, rien n'est impossible mais la tâche fût résolument ardue et bien mal m'en prit de vouloir m'y risquer ! N'ayez pas peur face au nombre de pages, car ces dernières défilent à une vitesse ! J'en devais presque me freiner pour ne pas me gâcher le plaisir. Il aurait été tellement dommage de vivre presque cent ans de l'histoire d'une famille et de son île à une échelle si disproportionnée de temps. Et pourtant, c'est bien ce qui s'est produit car en deux jours, ma lecture était finie. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dévoré et terminé un livre aussi rapidement, j'en suis restée bouche bée et les yeux comme deux ronds de flan. Je ne vais pas épiloguer sur ma vie estudiantine, mais disons que, comme la plupart des gens, qu'on soit travailleurs, étudiants, ou dans d'autres situations, je manque souvent singulièrement de temps pour me poser et me consacrer à ce que j'ai véritablement envie de faire, en l'occurrence lire de tout mon coeur et de toute mon âme. A tel point que j'en ressens désormais un besoin viscéral tant j'ai l'impression que le temps me file entre les doigts. Ce qui fait que, bien trop souvent ces derniers temps, je faisais traîner mes lectures sur des semaines parce que... je n'avais tout simplement pas le choix. Sauf que La Maison au bord de la nuit n'en a pas décidé ainsi. Que nenni. Une fois qu'on débarque sur cette île, qui est à mes yeux LE personnage principal du roman, encore plus qu'Amedeo, le patriarche de la famille Esposito, qui est cependant celui grâce à qui on fait connaissance avec l'île pour la première fois (Je ne l'en remercierai jamais assez lui aussi. Je ressens beaucoup de gratitude pour beaucoup de personnes avec ce roman.) et sur laquelle on va rester tout du long (pour mon plus grand bonheur). Une fois que vous y êtes, à Castellamare, impossible d'en repartir avant que le carnet rouge où Amedeo y consigne les histoires des habitants et ses mythes et légendes ne soit bouclé. Je vous mets au défi d'avoir ne serait-ce que l'envie de partir de Castellamare. de toute manière, si vous me soutenez que oui, c'est effectivement votre souhait, je ne vous croirai pas. Ce serait tellement absurde ! Mais pour en revenir plus précisément à la raison pour laquelle La Maison au bord de la nuit m'a littéralement embarquée au sein de ses pages, c'est tout simplement parce que l'autrice nous fait VIVRE son récit, du début jusqu'à la fin. Castellamare n'existe pas (sauf si vous souhaitez vous rendre dans un hôtel-restaurant qui porte ce nom en Normandie), et je suis au grand regret de vous en informer, mais on y CROIT pourtant jusqu'au bout, de la première à la dernière page. C'est réel, c'est palpable, on sent la rugosité des parois rocheuses des grottes de Castellamare au creux de nos reins, on sent l'eau de mer qui nous fouette les chevilles, la saveur du sel sur notre peau, on sent le vent violent et incisif de l'île jusque dans nos os. Castellamare est belle et paisible, mais elle est aussi sauvage et tourmentée. Elle a cette part d'ombre et de lumière en elle qui la rend unique, qui fait qu'elle nous ébranle tout comme elle nous apporte du réconfort et qu'elle nous fait beaucoup de bien. Castellamare est comme un paradis caché, avec cette brume presque impénétrable, onirique, qui semble protéger l'île du monde extérieur. Néanmoins, Castellamare ne va pas pouvoir rester toujours dans son coin car les temps changent à un moment ou un autre. On doit faire la guerre, on n'y peut rien, on doit affronter la réalité en face, les yeux dans les yeux. de nombreux événements historiques vont venir perturber la quiétude de cet adorable morceau de caillou qui transperce la mer et qui la surplombe, ce qui ajoute de la crédibilité à cette histoire familiale ébouriffante qui nous fait traverser tout le vingtième siècle. Ces chamboulements que l'on connaît déjà, qui sont désormais relatés et imprimés dans nos livres d'histoire, comme immuables, on les vit comme si on y était. On sait ce que ça fait quand ils ne s'étaient pas encore produits et on ressent ce sentiment désarmant que ce que l'on pensait être inimaginable, en bon comme en mauvais, s'est néanmoins bien produit, et qu'on doit l'accepter. J'ai ressenti cette sensation de dérive, d'être ébranlé dans ses certitudes, et de devoir assimiler une nouvelle réalité qui habite tous les habitants de Castellamare au fil des générations, les anciens comme les plus jeunes.

En même temps que Catherine Banner me faisait revivre d'une manière bouleversante notre Histoire au travers des yeux des habitants de cette île fictive, mais pourtant si réelle dans mon imaginaire et dans mon coeur de lectrice, elle m'a également fait ressentir, à l'aide de sa plume si envoûtante et imprégnée du réel, une immense tendresse tout au long de ma lecture qui est due à mes origines. En effet, mes grands-parents ne viennent pas de Sicile, même si j'ai de la famille qui y réside, mais de Calabre. Cependant, ils partagent de nombreux points communs avec les habitants de Castellamare, que ce soit dans leur dialecte ou dans leur façon de penser et de vivre. C'est là que ma gratitude s'est faite la plus forte : celle de dire MERCI à Catherine Banner de m'avoir fait vivre d'une certaine façon le passé de mes grands-parents, de cette famille maternelle dont je ne connais au fond pas grand chose, mais qui fait partie de moi quoiqu'il en soit. J'ai eu l'impression de voyager dans le temps, de retourner à cette époque que je m'imagine toujours dans ma tête de façon ridicule en noir en blanc, comme les vieilles pellicules de cinéma toutes granulées. C'était comme si je vivais tout cela au côté de ces ancêtres qui font que je suis là aujourd'hui pour vous en parler, et vous exprimer tout l'amour que j'ai pour mes racines dont je n'ai jamais cessé d'être fière. J'ai pu vivre avec eux ce calme avant la tempête, ces traumatismes, ces moments de bonheur bien trop éphémères aussi qui surviennent avant un énième tumulte, la honte, notamment du régime fasciste, la révolte, la souffrance de la perte d'un être aimé, parfois fruit de vos entrailles, le deuil abrutissant et dont on se demande comment on a bien pu s'en relever, le désespoir mais aussi la joie immense, impensable, face à un véritable miracle. J'ai accompli un véritable voyage, dans le temps, dans l'espace et dans le coeur, et les Esposito sont devenus comme l'avatar de ma propre famille italienne, tant je me suis attachée à eux et pris chacune de leur destinée à coeur, comme si c'était mes proches qui étaient étreints par de tels sentiments d'une telle intensité, comme si c'était des êtres qui m'étaient chers qui prenaient la dure décision de partir, volontaire ou non. Quand j'y repense, Amedeo a beaucoup de traits communs avec mon grand-père, que j'aimais tant sans jamais avoir vraiment osé le lui dire (quelle belle erreur, même si tout mon corps criait cet amour et cette profonde affection que j'avais pour lui) : il a fait des erreurs impardonnables dont il a dû survivre et se repentir, il est parti de rien ou presque et a accompli l'exploit de fonder une famille nombreuse et heureuse, malgré ses démons, malgré ses secrets longtemps inavoués, dans la misère pécuniaire mais aussi dans la richesse du coeur, il sait se montrer extrêmement têtu quand il a une idée, une question de principe, chevillée au corps et au coeur, et il ne peut que nous attendrir au fil des années qui passe. Pina, quant à elle, femme d'exception de ce dernier, a ce point commun avec ma si chère grand-mère de savoir pardonner, de savoir se montrer juste, clémente et généreuse en tout temps, malgré ce que la vie lui a fait endurer. Et surtout, toutes les deux inspirent un respect sans bornes à quiconque croise leur chemin. Enfin, Maria-Grazia, la petite dernière de ce couple inébranlable et magnifique, est devenue instantanément ma petite chouchoute. Comme ma mère bien aimée, elle se dévoue en toute chose et aime sincèrement du plus profond de son coeur. Elle se sacrifie, elle a ses parts d'ombre elle aussi mais elle les assume et elle garde toujours la tête haute et les bras grands ouverts. Elle scintille comme la plus brillante des étoiles au firmament et je l'ai trouvée juste admirable et inspirante, comme ma maman adorée.

Je regrette un peu que le reste des membres de la remarquable et inoubliable famille Esposito se soient retrouvés dans l'ombre de cette aveuglante et évidente Trinité. Cela ne m'a pas empêchée d'éprouver beaucoup de tendresse pour les trois frères de Maria-Grazia, qui traversent le roman telle une comète. C'est un autre point que j'ai trouvé très réaliste, bien que douloureux (on reconnaît bien là la saveur de la réalité !) : Catherine Banner nous rappelle avec beaucoup de brio que, si certaines personnes entrent dans notre vie pour en faire partie intégrante, elles peuvent en sortir tout aussi rapidement, qu'elles l'aient décidé ou non, sans qu'on ait jamais vraiment pris le temps d'apprendre à les connaître. Malheureusement, on pense toujours avoir un temps infini pour ce genre de choses mais bien souvent, le destin en décide autrement et nous fait comprendre que la vie ou les relations que nous entretenons avec autrui ne tiennent qu'à un fil, très ténu de surcroît. Cependant, si Catherine Banner m'a appris une autre leçon, c'est bien celle que quiconque d'important à nos yeux qui croise notre route reste dans notre coeur à tout jamais. On aimerait beau l'en déloger parfois, tant l'absence nous pèse, mais on ne peut pas s'en débarrasser aussi facilement, je le crains. C'est toute la beauté et le fardeau des sentiments humains, et c'est ce qui fait aussi que chaque vie compte. Dans ce roman, on croise une pléiade de personnages tout plus marquants les uns que les autres, qui rendent l'intégration du lecteur dans le village d'autant plus facile : Rizzu, le vieillard qu'on aimerait tous avoir comme grand-père et qui ne manque pas d'humour et de répartie ; la veuve Gesuina, doyenne et accoucheuse du village, aimée et respectée de tous sans exception et qui a forcé mon admiration ; Andrea, le fils d'il conte, d'apparence si froide et détachée et qui cache en réalité un lourd secret dans son coeur, un personnage qui m'a toute tourneboulée et qui a su, lui aussi, gagner mon respect et mon amour sincère ; le père Ignazio, qui n'est vraiment pas un homme d'église comme les autres, qui sait écouter son prochain, qui a tout fait pour aider l'île et ses habitants au mieux et qui ne manque pas de courage et de détermination, en particulier dans les temps difficiles, un homme intègre sur lequel on peut résolument compter, ouvert d'esprit et toujours de bon conseil ; Agata-la-pêcheuse, cette femme bien en avance sur son temps qui n'a pas la langue dans sa bouche, qui affiche une marginalité assumée en tant que femme indépendante, qui porte des vêtements d'homme, qui exerce un métier d'homme et qui a la clope au bec, une femme frondeuse, admirable, franche et qui est toujours là pour apporter son secours en cas de pépin ; l'adorable Maddalena, la digne petite-fille de sa grand-mère Maria-Grazia, comme elle si brillante et généreuse, adorée de tous ; même il conte et son incorrigible et fougueuse femme Carmela ont su me toucher et éveiller mon intérêt ! J'en oublie sûrement encore beaucoup, c'est même certain, mais je tiens également à ce que vous fassiez connaissance avec tous les habitants formidables de l'île par vous même. Enfin, je remercie Catherine Banner de m'avoir rappelé que, si des gens peuvent disparaître tout simplement de votre vie, il ne faut jamais fermer son coeur face aux miracles que cette dernière garde en réserve pour vous. Cela me permet de vous parler de deux personnages phares et indispensables du récit : Sant'Agata, la Sainte protectrice de l'île (en réalité celle de la ville sicilienne de Catane) et le soldat anglais Robert Carr. D'un côté, nous avons une femme canonisée ayant vécu au treizième siècle, qui a toujours eu à coeur de servir Dieu fidèlement et d'épargner à son peuple la mélancolie et le chagrin, et de l'autre un homme qui lui doit la vie et bien d'autres choses. Si vous prenez la peine de lire La Maison au bord de la nuit (et j'espère bien que vous le ferez), Robert pourra vous parler mieux que moi de ce qu'est un miracle, un vrai. Il en est l'incarnation même aux yeux de tous les habitants de Castellamare, et aux miens aussi. Ce soldat, qui ne voulait pas de la guerre, qui a un coeur en or, une patience d'ange et qui est si fidèle en amour et aux siens, qui a su ravir mon coeur tout comme celui de Maria-Grazia et de l'ensemble de l'île, y compris son imposante et révérée Matrone, l'incontournable Sant'Agata, lui saura vous expliquer pourquoi Castellamare est un lieu unique, le seul où il puisse trouver sa place sur cette Terre.

Vous vous souvenez quand je vous ai dis que ce roman se vivait littéralement ? Je vous ai expliqué que je l'avais vécu comme une projection que je voyais se dérouler sous mes yeux, comme un appel à mon coeur d'hypersensible, qui a battu au rythme de ses pages, comme un testament de l'histoire de ma famille aussi, de ses coutumes et de son vécu, comme une source d'enrichissement et de réflexion philosophique également. J'ai entendu le vent mugissant de Castellamare souffler à mes oreilles, m'envelopper de part en part, j'ai senti mes pieds être titillés par le sable de l'île et par ses rochers saillants. J'ai plongé dans ses eaux, j'ai senti la vague impérieuse m'embarquer au fond de l'eau tout comme elle l'a fait pour Giuseppino, le fils de Maria-Grazia. Je suis partie chasser le gecko et ramasser des escargots avec la pétillante et indomptable Concetta, que j'ai vu grandir sous mes yeux avec énormément d'émotion et s'assagir pour devenir la meilleure des amies et des zie. J'ai vécu cette histoire géographiquement, historiquement, émotionnellement, intensément. Mais il y a un point crucial que je n'ai pas encore abordé : celui du plaisir de mon palais. Car qui dit Italie et café dit nourriture i miei amici ! Je ne pouvais pas passer à côté de ça voyons, ce serait bien mal me connaître ! Si je dois reconnaître que les limoncelli et les arancelli ne sont pas ma tasse de thé (l'alcool pour moi, non merci), en revanche, les arancini... Chaque fois que cette petite merveille de spécialité culinaire sicilienne était évoquée (et autant dire très souvent), j'en avais presque la salive qui perlait au coin de la bouche. La Maison au bord de la nuit en ayant fait sa tradition, raison de plus pour m'attarder sur la terrasse attractive comme un aimant de ce café que je considère désormais comme ma seconde maison. C'est le deuxième ordre que je vous donne, après celui de partir en voyage à Castellamare pour y rester définitivement : mangez des arancini ! Orgasme buccal assuré ! Foi de Nanette ! Après, vous n'en goûterez jamais des aussi bons que ceux de ma maman d'amour, et j'en suis bien triste pour vous, mais ce sera déjà ça...

Pour conclure, je vous encourage de toutes mes forces à vous plonger dans la lecture de ce roman. Pour ma part, je ne regrette absolument pas le voyage, et c'est le coeur serré que j'ai dû quitter Castellamare définitivement. Néanmoins, s'agit-il réellement d'un départ définitif ? Je ne le crois pas, non. Je le sais intimement, l'île restera en moi à tout jamais désormais, on ne pourra pas la déloger de mon imagination et de mon coeur. Je trouverai toujours le moyen de voyager jusqu'à son rivage, de retourner auprès de cette famille de coeur que sont les Esposito, qui ont dû affronter tant de choses, les guerres, les commérages, la modernité, l'arrivée de touristes sur leur petit coin de tranquillité rempli de trésors insoupçonnés, le désespoir, la peur constante, un vide saisissant dans leur coeur, mais ils s'en sont toujours sortis avec beaucoup de persévérance, grâce à leur amour pour leur île, pour sa population, pour ce qu'elle a vécu et pour ses histoires enchanteresses et intemporelles qu'Amedeo a pris tant de soin à écouter et à rédiger dans son bien le plus précieux de son héritage, son fameux carnet rouge. Cette famille, tout comme son île, est inébranlable, tout comme la mienne véritable l'est aussi. Encore merci à Catherine Banner, à lecteurs.com et à Pocket pour ce merveilleux voyage, pour cet éveil des sens, pour cette introspection qui m'aura permis de réaliser à quel point je suis fière d'être qui je suis, de venir d'où je viens, du propre lieu où j
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