C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre.
On aura remarqué que ceux-là contemplent leur destin à la façon dont la plupart des autres contemplent une journée de pluie.
C'est une souffrance étrange. [...] Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.
- Tu sais, toi, pourquoi [il] s'est arrêté de parler ?
- C'est une des nombreuses choses qu'il n'a jamais dites.
Les oiseaux volaient avec lenteur, montant dans le ciel puis redescendant, comme s'ils avaient voulu l'effacer, méticuleusement, avec leurs ailes.
Il racontait avec douceur, regardant dans l'air des choses que les autres ne voyaient pas.
Hervé Joncour fit graver sur sa tombe un seul mot.
"Hélas"
— Les Japonais sont résignés à vendre leur soie. Mais leurs œufs, non. Ils les gardent pour eux. Et celui qui essaie d'en faire sortir de l'île commet un crime.
Les producteurs de soie de Lavilledieu étaient, à des degrés variables, des gentlemen, jamais ils n'auraient songé à enfreindre une quelconque loi dans leur pays. L'hypothèse de le faire à l'autre bout du monde leur parut, cependant, raisonnablement sensée.
... Parfois, les jours de vent, Hervé Joncour descendait jusqu’au lac et passait des heures à regarder, parce qu’il lui semblait voir, dessiné sur l’eau, le spectacle léger, et inexplicable, qu’avait été sa vie.
Elle pleuvait, sa vie, devant ses yeux, spectacle tranquille.
Des étoffes merveilleuses, des tissus de soie, tout autour de la chaise à porteurs, mille couleurs, orange, blanc, ocre, argent, pas la moindre ouverture dans ce nid magnifique, juste le bruissement de ces couleurs ondoyant dans l'air, impénétrables, plus légères que rien.