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3,78

sur 399 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est l'histoire d'un homme à la chevelure d'or et de feu et d'une blanche licorne qui s'aiment dans l'embrasement d'un lointain automne et la lumière des genêts.
C'est l'histoire de leurs descendants, lignée royale -ou un peu moins- au sang dans lequel coule autant de fureur et de douceur que de piété, d'amour et de folie.
C'est l'histoire -tourmentée- de l'Irlande. L'Irlande dépossédée, humiliée, affamée, mais fière, belle, sauvage. Belle et rebelle.
C'est l'histoire d'un renard qui un peu comme celui du Petit Prince ne se laisse apprivoiser que par celles et ceux qui le méritent, qui croient en lui.
C'est l'histoire de l'île de Saint-Albans, toute au bord de l'Irlande et couverte d'arbres et de fleurs, prison merveilleuse de brume et d'eau.
C'est surtout l'histoire de cinq filles libres et rêveuses, fortes et fragiles à la fois, incroyablement vivantes, charnelles qui se ressemblent sans se ressembler, qui ne se comprennent pas toujours. Elles sont filles d'Irlande et du Gulf Stream -dragon de vent et d'eau- , filles surtout d'un père rêveur et érudit, petite fille aussi d'un grand-père fantasque.
C'est une histoire d'amour et de sang, de révolte et d'espoirs, de deuils, de grands malheurs.
C'est une histoire fantastique aussi, frémissante de cette magie en laquelle on se désole de ne pas croire.

J'ai tellement aimé "Les Dames à la Licorne", plus encore que "L'Enchanteur" qui m'avait pourtant bouleversée. et je sais déjà que je le relirai.
Alors oui, il ne faut pas se fier aux atroces couvertures dont les éditeurs l'ont affublée et qui font croire à la pire des harlequinades, et si vous passez outre le mauvais gout, vous risquez d'être ensorcelé comme je l'ai été.

Tout commence par la rencontre de Foulques d'Anjou avec la Licorne dont les enfants essaimeront et graviront les trônes d'Angleterre et d'Europe, par ce sang qui charrie la violence de l'être humain et la lumière de la fée. Les chapitres qui inaugurent ainsi le roman font la part belle au Moyen-Age et à la lignée d'Anjou dont ils énumèrent les hauts faits avec faste, somptuosité, opulence (les accumulations sont nombreuses!) dans une langue incroyable de poésie et un présent de narration qui peut dérouter mais qui m'a envoutée. Un fil rouge dans cette généalogie: la présence du sang de la licorne -et de sa magie- dans chaque descendant de la lignée jusqu'au XIX°siècle et l'arrivée en Irlande d'une branche abâtardie des Plantagenêt.
Il y a d'abord sir Jonathan qui voit mourir ses parents, graciles et diaphanes comme des anges et qui, aussi amoureux de l'Irlande que de la femme qu'il épouse, quitte le sombre manoir de ses ancêtres pour bâtir son paradis sur Saint-Albans. L'homme est un peu fou, fantasque mais sait gagner l'amour des paysans irlandais de ses terres grâce à son affection pour le pays et au temps de la grande famine qui tua tant d'habitants, il parvient à sauver plus de vies que quiconque ne l'en aurait cru capable.
John, son fils, s'installe à son tour sur l'île qu'il avait quitté pour étudier à Londres. A ses côtés, Harriett, une jeune britannique qui craint l'Irlande autant que les fantômes mais qui par devoir plus que par amour suit son chercheur de mari à Saint-Albans où elle donne naissance à cinq filles: Alice, Kitty, Griselda, Helen et Jane aux tempéraments dissemblables, cinq soeurs dont les destins prendront des chemins bien différents. La plus romanesque, la plus sauvage d'entre elle porte un prénom de conte de fées; c'est Griselda, Griselda qui rêve d'aventures, de liberté. Griselda l'irlandaise, la passionnée, l'oiseau, libre comme le vent, changeante comme le ciel.

Les intrigues se croisent dans ce roman qui parle autant d'Histoire et de l'Irlande, de légendes que de foi, de politique que de famille mais je crois qu'au fond ce qui l'habite -ou en tout cas ce que j'en perçois- le plus intensément c'est l'amour: l'amour pour la personne qu'on aime à la folie, l'amour pour les siens, pour sa maison natale, pour son pays et c'est ce qui rend ce roman aussi lumineux et paradoxalement aussi mélancolique, un peu comme "L'Enchanteur" et comme dans ce dernier, ce qui fait la grande force de ces "Dames à la Licorne", c'est la langue et le style de Barjavel: lyrique, poétique, sensuel qui rend chaque élément décrit réel, palpable, tangible, qui transfigure et transcende chaque passion vécue jusqu'à la rendre vivace, presque douloureuse.
Ainsi l'amour de Shawn et de Griselda va au delà des mots et devient si tangible qu'on perçoit jusqu'à leurs frissons, qu'on entend leurs battements de coeur.
Ainsi, on voyage en Irlande et on la sent balayée par les vents, nimbée de brume. On aperçoit ses landes de bruyères parsemées de chaumières dans lesquelles flambe un feu de tourbe. On respire l'air de la mer chargé d'écume et on croit entendre, au loin, le chant poignant d'un violon.
L'Irlande, c'est d'ailleurs -et au même titre que l'amour fou qui l'irrigue- l'autre merveille de ce roman, l'Irlande et ses paysages donc, mais l'Irlande et son histoire aussi, ses rébellions, ses espoirs et ses malheurs qui en font une terre de légendes. Une terre fière surtout.







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René Barjavel m'ayant enchantée avec « la nuit des temps », je me suis un peu plus penchée sur cet auteur français dont j'avais adoré la plume, et quelle fut ma surprise en découvrant « les dames à la licorne » un roman me rappelant des oeuvres tels que Les Filles du docteur March ou Raiponce mais ici dans un décors irlandais, un résumé qui avait ainsi tout pour me plaire.

Je me plonge donc avec enthousiasme dans cette Irlande du XIXe, enfin avant de pouvoir suivre l'histoire de nos protagonistes, vous devrez affronter une centaine de pages de contes, guerres, histoire et ascendance de ce pays. Des passages parfois longs, qui s'emmêlent dans nos pensées mais rassurez vous, pas tant nécessaire pour la suite, ci ce n'est que pour comprendre d'où nous provient cette légende de la licorne et les origines de la tension entre anglais et irlandais à cette période.

Ce roman ne se base pas réellement sur un personnage mais plus sur un lieu, Saint Alban est une sorte de huis-clos, les gens s'y succèdent mais l'île, elle, demeure. Certains meurent de désespoir en y arrivant, d'autres en la quittant. C'est à la fois un lieu enchanté, un paradis verdoyant et serein mais aussi un prison dorée entourée par les flots et reliée à un pays affamé et meurtri.

En se concentrant sur nos personnages, chacun recèle en lui une singularité par rapport au contexte de l'époque, je ne sais dire si cette famille est en avance sur son temps ou si l'île les a rendu insouciants et déconnectés de la réalité, peut-être les deux; mais chaque personnalité comporte son lot d'avantages et d'inconvénients, dans cette famille où chacun se côtoie, où l'amour vit mais seulement dans le coeur et non dans les gestes; l'argent n'a pas réellement d'importance, on vit au rythme des saisons et de la nature sans compter les années qui passent, dans un certain confort mais sans grands artifices. La vie rêvée de certains et l'enfer sur Terre pour d'autres.

Si je devais aborder tous les personnages, j'écrirais encore des pages, mais je me concentrerai donc sur Griselda, cette jeune femme, dont le caractère et la chevelure de feu a su enchanter mon coeur, ces désirs contradictoires avec d'un côté la liberté qui va s'opposer à l'amour; son désir de vivre et explorer le monde contre sa vie paisible à St Alban. Je ne sais pourquoi je me suis tant identifiée à ce personnage mais j'ai aimé sa fougue, sa franchise et sa réflexion. Cette romantique attend son prince qui pourra la libérer seulement s'il respecte sa liberté et ne cherche pas à la sortir de prison pour lui imposer les chaînes du mariage .

Ce qui me surprendra toujours autant avec l'auteur, c'est ce talent qu'il a de décrire une scène ou un sentiment avec des termes uniques, précis et d'une grande beauté, sous sa plume Saint Alban prend les airs d'un domaine rutilant, verdoyant où la nature est présente dans tous les recoins; grâce à son oeuvre, j'ai pu réellement comprendre l'ampleur de cette guerre et famine irlandaise qui demeurent un pan de l'histoire assez peu abordé en dehors des pays anglo-saxons.
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Oh quelle merveille, Barjavel est décidément un merveilleux conteur ! Il nous livre cette fois-ci une des histoires dont la terre d'Irlande a le secret. Ce n'est pas de la science fiction dont est coutumier l'auteur mais il y a juste un peu de fantastique qu'il faut pour une légende : la saga d'une famille irlandaise depuis l'union d'un seigneur et d'une licorne et toute leur lignée jusqu'à la famille Greene au XIXème siècle, un couple et ses cinq filles vivant sur une île perdue au milieu d'une Irlande déchirée entre irlandais et anglais, catholiques et protestants.
Avec des descriptifs de paysages à couper le souffle et des expressions de sentiments vibrants, l'auteur nous fait rentrer dans cette famille si tranquille... mais peut-être trop préservée. Coupées du monde, comment les filles trouveront-elles l'amour auquel elles aspirent ?
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Le seul roman de Barjavel que j'avais lu jusque-là, c'était Les chemins de Katmandou … Vous imaginez bien que cette lecture fut TRES différente ! J'admire la capacité de l'auteur à se renouveler en changeant radicalement de genre, puisque nous avons affaire ici à du merveilleux. C'est-à-dire ? Et bien, c'est l'intrusion de phénomènes magiques, mystérieux dans le quotidien et les personnages y sont tout à fait habitués et acceptent ces événements paranormaux.
Nous sommes à la fin du XIXème siècle sur une petite île d'Irlande et la famille de Sir John retrouve la terre de leurs ancêtres. Ce n'est pas une famille comme les autres : ils descendent de l'union entre Foulques, premier comte d'Anjou qui épousa une licorne en 929.
Griselda, l'une des filles, a hérité de sa lointaine ancêtre, une chevelure d'or et une envie d'aventure et de liberté. C'est en faisant des promenades en voiture qu'elle va enfin trouver son destin malgré la révolte irlandaise qui gronde.
C'est une belle histoire d'amour dans un cadre où la nature est reine, parsemée de merveilleux …
Une lecture très agréable.
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Magnifique !

Une île, un écrin d'émeraude pour un lord et sa famille. Une île de brouillard, de bruine et de soleil pour cinq filles en âge de se marier. Kittie, la plus robuste sera le socle ; Alice, la plus mystique suivra sa foi ; Helen, la souris de bibliothèque se trompera sur l'amour ; Griselda, la rêveuse incarnera la licorne libérée et Jane, la plus jeune réalisera son rêve bien terre à terre. Cinq filles entourées de femmes : Harriet, la mère effacée, Augusta, la tante aux dents de cheval, Amy, la gardienne des légendes et Brigid, l'elfe de lumière aux papillons de pétrole et plein d'autres encore au coeur généreux et à l'âme baignée de lumière.

Un texte tout en poésie, un même paysage qui évolue au fil des saisons, au fil des années, une terre riche d'histoires et de légendes, un pays qui pleure sa liberté perdue, un royaume qui chante ses princes emprisonnés, une nation qui n'oublie rien et qui ne plie pas sous le joug de l'esclavage anglais. Un hymne à l'amour et à la liberté, une histoire dans l'Histoire.

J'ai juste envie de le relire, déjà, pour la beauté des mots, pour l'émotion de l'histoire sans fin et surtout pour retrouver la licorne toujours amoureuse, toujours libre.
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"Terre brûlée au vent
Des landes de pierre
Des nuages noirs qui viennent du Nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C'est le décor du Connemara."

"Un orchestre de violons et de harpes venu de Dublin, et des cornemuses de Belfast..."
Elles sont 5 jeunes filles dans ce décor : Helen, Kitty, Jane, Griselda et Alice qui a embrassé la foi de l'église catholique...

Lady Augusta tance son frère:
- Dites moi, John, comment comptez vous les marier, vos 5 filles?

Une soif d'amour dans la brume et les légendes de la verte Erinn...
"C'était un foisonnement avec les élans aigus des conifères et les vagues arrondis des conifères." Toutes les nuances de vert, sur lesquelles tranchaient des roux sombres et orange et la mer bleu pâle...

"Une brebis mérinos, avec ses 2 agneaux aux pieds noirs, un chiot, une renarde du nom de Waggoo" (semblable à un lutin)...
Des animaux, mais aucun homme, aucun fiancé possible pour les filles de Sir John.

Seule la petite dernière, Griselda va trouver l'amour avec Shawn le chauffeur, dur l'île de St Albans, mais...
"Un oranger sur le sol Irlandais
On ne le verra jamais
Mais dans mes bras
Quelqu'un d'autre que toi
Jamais on ne le verra."

"On y vit encore au temps des Gaëls
Au rythme des pluies et du soleil
On y croit encore au monstre des lacs..."Michel Sardou.
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Est-ce un roman historique ? Fantastique ? Dès les premières pages je n'ai su sur quel pied danser avec ce Barjavel (mon premier). Mais finalement j'ai arrêté de me poser des questions et je me suis laissée entraîner par le lyrisme maîtrisé, entre réalisme et ésotérisme, dans cette Irlande de rêve. C'est prenant, poétique et intrigant, ça ne ressemble à rien d'autre que j'ai pu lire jusqu'ici. Une fort belle lecture.
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Barjavel est un grand auteur. Ce n'est pas un scoop. Et lorsqu'il écrit un roman d'amour avec une pointe subtile de fantastique et de contexte historique, là, on frôle le roman parfait selon mes critères!
Les personnages sont romanesques à souhait, le cadre est enchanteur... A lire, à relire, à offrir
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Ce livre est tiré d'une histoire vraie il est dédié à l'Irlande, à son courage, à son humour, à sa beauté.
" Et je laisse la parole à celle qui l'a racontée avec moi, Olenka de Veer. Elle est l'arrière petite-fille d'Helen et d'Ambrose - René Barjavel".

La couverture ne me plaît pas et donne une connotation fausse à ce que j'ai découvert dans ses 412 pages que j'ai adoré.

On y découvre en l'an 929 la légende qui raconte comment le premier comte d'Anjou, dit d'abord le Roux, puis le Plante-Genest, rencontra la licorne et de ce jour naquit la dynastie des Plantagenêt. Ils devinrent rois d'Angleterre de 1154 à 1485.

Sir John Greene est l'un de ses descendants illustre, il va épouser Harriet et ils auront cinq filles :
- Kitty, pas très jolie mais très dévouée à tous et aux nécessiteux,
- Alice, très pieuse qui se retirera dans les ordres,
- Helen, qui sera très proche de son père et passera avec lui son temps dans la bibliothèque à y faire des recherches, et tombera amoureuse d'un homme érudit qui n'aura de ressemblances avec son père, que la barbe,
- Jane, la plus jeune qui voudra absolument se marier et avoir des enfants,
- Griselda , la plus jolie, éprise de liberté et ivre d'amour pour un "vulgaire" chauffeur qui se trouve être tout à fait quelqu'un d'autre.

Une formidable aventure familiale qui m'a enchanté de bout en bout, de l'histoire, des légendes sur cette belle terre d' Irlande que j'affectionne particulièrement.

Quelle belle écriture avec des descriptions magnifiques et toute pleine de poésie.
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Cela peut être un roman jeunesse, j'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. J'ai aimé ces personnages, sur les femmes. L'histoire de l'Irlande, l'éducation, le fantastique, les descriptions de paysage en toutes saisons, une pointe de romantisme. On aimerait que cela dure, qu'il puisse y avoir d'autres volet, une suite.
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