« Quand on est jeune, on invente différents avenirs, pour soi-même. Quand on est vieux, on invente différents passés pour les autres ».
Pourquoi ai-je lu jusqu'au bout un roman sur une introspection, le regard d'un homme sur son passé, nouvellement éclairé par un événement étrange ?
Ce n'est pas trop mon genre de lecture, juste une curiosité pour un auteur dont on m'avait parlé au détour d'une conversation à la médiathèque. Et je n'ai pas été déçue du tout.
En effet, dans la littérature de l'intime, il n'y a pas que des livres ennuyeux et pleurnichards.
Ce roman de
Julian Barnes, n'est pas seulement l'histoire de Tony Webster qui cherche à comprendre les raisons du suicide d'Adrian, un ami de jeunesse à l'occasion d'une étrange succession le désignant héritier de son journal. Une bataille juridique l'oppose alors à Veronica son ancienne petite amie qui l'a quitté pour Adrian, et qui détient le journal en question.
J'ai beaucoup aimé l'humour léger en particulier dans l'évocation des fameuses années soixante, et de la façon dont les filles et les garçons tentaient de ritualiser leurs relations, et contourner certains interdits, sauf que concrètement, ça ne se passait jamais comme dans le « mode d'emploi ». L'autodérision, toujours présente nous rend le personnage de Tony, sympathique, avec toutes ses maladresses. C'est un homme qui regarde sa vie avec des oeillères, puis qui est amené progressivement à intégrer la vision des autres protagonistes et à revoir son interprétation des faits, s'il veut comprendre ce qui s'est réellement passé. Et ce n'est pas simple. le personnage magnifique de Margaret, son ex épouse, contribue à le faire évoluer.
Ce livre est une méditation douce amère sur le temps, la mémoire, la façon dont chacun s'accommode de petits arrangements avec le passé pour gommer les malentendus, les blessures infligées ou subies. C'est une histoire humaine très touchante, nuancée, à la fois drôle et grave, un vrai bon moment de lecture.