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3,35

sur 679 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ah quel soulagement ! Ceux qui me font l'amabilité de suivre mes billets savent que je me relève tout juste d'un James. Henry James. Et que la cérébralité alambiquée de ses écrits m'avait pour le moins asséché le cerveau. Heureusement Une fille, qui danse était le prochain sur ma liste de lectures et c'est d'une humeur toute primesautière que je l'ai entamé.
La première partie m'a fait fondre de délice. le narrateur y est confondant d'auto dérision amusée et la tendre nostalgie qui émane de cette évocation des années soixante rappelle assez d'autres récits, de Jonathan Coe par exemple, de David Lodge aussi, pour qu'on se love dans cette lecture comme au fond d'un bon vieux fauteuil au velours un peu râpé. Home sweet home. Enfin.
J'aurais été prête à faire un bout de chemin avec le narrateur, ce cher Tony, s'il n'en avait pas déjà accompli un bon paquet et… qu'il n'avait pas été si désespérément de papier. Mais je me régalais malgré tout de son récit qu'il adressait si généreusement à tout lecteur croisant sa route. le seul scrupule qui venait ternir la félicité de ce tableau résidait dans le reproche que l'on aurait pu faire à Julian Barnes de nous livrer ainsi une histoire bien trop gentillette. Car si Tony a tout pour me plaire, il est incontestablement terne et moyen, ainsi qu'il le confesse lui-même. Et si le fauteuil est confortable, on est loin du sublime, des coupes d'or et du tragique.
C'était sans compter la deuxième partie. Je ne dirai rien de l'histoire, rien du lieu où se trouve même le mystère car ce serait là l'éventer en partie. Nous ne sommes pas sur un thriller et l'intrigue dévoilée n'a pas les ressorts puissants d'une machine très élaborée. En revanche, la réflexion sur l'histoire, la manière dont se forgent les souvenirs, l'opinion qu'on a de soi et la perception fluctuante que l'on a du réel sont au coeur de ce roman intelligent et subtil. Ah comme il est plaisant de se laisser mener par une plume tendre et ironique ! Comme cela me parle davantage que toutes les magnificences et les prétentions à faire acte d'esthétisme !
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Tony Wester, 60 ans, mène une vie qu'il a toujours qualifiée de « moyenne ». Après un mariage et un divorce sans éclat, il s'occupe bénévolement de la bibliothèque de l'hôpital local.
Un beau jour lui parviendront une lettre et un testament inattendus qui feront remonter le passé à la surface.
Etudiant, il était amoureux de Véronica, qui dansait si bien, mais elle l'avait quitté pour Adrian son meilleur ami.
Fou de jalousie, Tony adressera une terrible lettre aux amoureux.
Peu de temps après, Adrian se suicidera.
Tony après l'incompréhension réussira à oublier.
Une histoire apparemment banale, magistralement racontée et qui nous apprendra une terrible vérité.
Un beau roman troublant et une interrogation sur la mémoire et la fiabilité des souvenirs.

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C'est un livre magnifique, de ceux (rares, hélas ou tant mieux) dont la lecture m'a bouleversé et qui me rend le choix de celui qui va lui succéder difficile. Julian Barnes a ciselé un roman d'une profondeur et d'une subtilité admirables, renforcées par la concision qu'il a choisie. L'âge, la manière dont le passage du temps affecte notre perception de notre propre histoire, de notre relation aux autres, les souvenirs, les projets et les regrets ... autant de thèmes auxquels nous sommes amenés à nous intéresser en même temps que le narrateur-héros qui va se trouver profondément bouleversé par le secret dont l'émergence clôt le livre.
Ni lui ni nous ne seront plus les-mêmes.
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Difficile de raconter ce roman atypique qui me semble être un récit philosophique sur le temps qui passe. Tony Webster nous raconte son vécu d'homme. Il a follement rêvé sa vie quand il était jeune, puis a vécu celle d'un citoyen lambda et au terme de celle-ci, il scrute le passé à la recherche de ce qui aurait pu être différent et, certainement aussi pour se sentir encore vivant.
L'auteur pose également une question intéressante sur la place de la littérature dans notre vie : les « petitesses que l'art exagère ». La littérature nous trompe-t-elle ? car finalement la vie est décevante ?
C'est un roman féroce, drôle, un véritable brainstorming sous un crâne « normal ». Je ne suis pas toujours d'accord avec l'auteur mais je me suis régalé pendant ma lecture.
Par contre je n'ai pas du tout aimé la fin ou alors elle est aussi banale et quelconque que la vie de l'ami Tony.
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Julian Barnes est un des plus grands romanciers britanniques. Fils de deux professeurs de français, il est l'un des « ponts » entre les deux cultures – notamment a travers un superbe recueil de nouvelles, Cross Channel, en français Quelque chose à déclarer (2004). C'est un des meilleurs spécialistes de Flaubert, qui est sans doute pour quelque chose dans son talent de romancier. de plus, il a trouvé en Jean Pierre Aoustin un traducteur de grand talent.

Continuant son exploration de la vieillesse, Barnes, qui a 65 ans, nous raconte l'histoire d'un intellectuel anglais « moyen », jeune retraité, très conscient de sa médiocrité. Quelques mois après sa retraite, il reçoit un modeste et incompréhensible legs, de la mère de Veronica, l'une de ses « ex ». Il va tenter de comprendre, nous aussi, mais en bon scénariste, l'auteur ne dévoile le ressort dramatique de cette histoire que dans les dernières feuilles.

Barnes est un peintre des situations, n'ayant pas son pareil pour caractériser en quelques lignes, l'atmosphère d'une classe de terminale, d'un week-end dans la banlieue bourgeoise de Londres, ou d'un groupe de thérapie.

Un petit chef d'oeuvre, qui vous poussera a découvrir le reste de son oeuvre.
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Ah, ces anglais ! Après Ian McEwan avec Opération Sweet tooth, je retrouve avec plaisir un autre britannique, Julian Barnes. Leurs deux romans ne sont d'ailleurs pas exempts de points communs…
Dans Une fille, qui danse, il s'agit aussi d'une histoire d'amour ou du moins de l'histoire d'une relation, qui a eu lieu quarante ans auparavant. Souvenirs et regrets, dissimulations et mensonges… En cours de lecture, beaucoup de phrases font mouche, sur le travail de l'historien, sur la jeunesse et la maturité, sur l'intelligence… Pourtant, c'est à la fin que tout s'éclaire vraiment, quoique j'ai eu l'impression de ne pas en avoir compris la moitié. Je l'avoue, tout s'est éclairé lorsque je suis allée lire les notes de lecture de Valérie, qui a fait une page spéciale à ne parcourir que si on a lu le roman. Et tout ce qu'elle a noté donne envie de relire le roman illico, à la lumière des révélations finales ! Toute la subtilité et l'intelligence du texte surgit, alors que j'avais noté en le terminant que la fin n'expliquait pas vraiment tout les événements survenus quarante ans auparavant.
Avec tout ça, je ne vous ai pas raconté l'histoire… et je n'en ai pas envie ! Sachez qu'un homme d'une soixantaine d'années se retourne sur un épisode de sa jeunesse, en recevant une lettre qui lui remet en mémoire ses années au lycée, son groupe de camarades d'université, sa relation avec une jeune fille, la rencontre avec sa famille, la rupture, et plus tard son mariage et sa vie de père… Un drame a eu lieu, qu'il essaye de comprendre, quarante ans plus tard, tout en répétant qu'il n'est pas très sûr de la véracité de ses souvenirs… Ce qui aura son importance.
Bref, la littérature anglaise est toujours aussi brillante, qu'on se le dise !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Le Man Booker Prize est un prix littéraire anglais qui, contrairement à son homologue français le Goncourt, s'est rarement trompé pour décerner son prix. Ainsi en 2011, nous avons couronné un premier roman indigeste alors que nos voisins grands bretons ont accordé leurs faveurs à "The sense of an ending" de Julian Barnes , qui paraît aujourd'hui en France sous le titre "Une fille, qui danse", et qui est un roman vraiment emballant d'un auteur au sommet de son art.
A priori, si je vous raconte l'intrigue, vous aurez l'impression de vous retrouver dans un de ces romans au charme suranné dont les britanniques ont le secret, souvent écrits par des femmes (Anita Brookner, Barbara Pym, ...), mettant en scène des soixantenaires poussiéreux et ennuyeux, menant une vie sans charme et sans éclat.
Tony, le héros et narrateur de ce roman, est divorcé. Vivant seul, menant une existence tranquille et organisée, il verra sa quiétude bousculée par l'arrivée d'une lettre de notaire. La mère de sa première petite amie lui lègue une petite somme d'argent mais surtout le journal intime d'un de ses amis suicidé à 22 ans. Ce legs mystérieux va amener Tony à questionner le passé et revoir sérieusement l'histoire de sa vie, façonnée par une mémoire trop gentiment sélective.
Construit comme un polar ( pas noir, mais à l'anglaise évidemment), Julian Barnes attrape le lecteur par la main pour ne plus le lâcher. En grand romancier, il déroule son histoire, doucement et surement, nous conduisant de petits rebondissements en petites révélations vers un dénouement bouleversant lorsque la vérité finira par éclater. Nous entrons dans l'intimité de Tony qui se révélera moins attendu que prévu et surtout le vecteur d'une réflexion passionnante et stimulante sur la mémoire, la fabrication de l'Histoire (même sans h majuscule).
Un peu plus sur le blog.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Premier livre de cet auteur que je découvre avec un immense plaisir. Ce court récit intimiste au coeur des pensées et des sentiments d'un personnage principal qui revient sur sa vie, son histoire avec honnêteté mais surprise qui s'aperçoit que le sobre roman qu'il en a retenu n'existe pas et ce au moment où il n'est plus temps de réparer. Simplement je n'ai pas été convaincue par la chute que j'ai d'ailleurs du mal à saisir...
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Une fille qui danse de Julian Barnes est un très beau livre, profondément dramatique et touchant. Tony est un homme de 70 ans. Il reçoit un mystérieux héritage de la mère de sa petite amie Veronica de l'époque de l'université. Cela le replonge dans ses souvenirs des sixties. Lycéen londonien il formait une bande inséparable avec deux autres camarades de classe, jusqu'à l'arrivé du brillant Adrian qui intégra leur groupe. le jeune homme était très sérieux et portait un regard d'une grande acuité sur le monde. Les quatre amis intègrent des universités différentes et Tony rencontre la mystérieuse Veronica à Bristol, qui le mène par le bout du nez. C'est sa première relation sérieuse, il présente même la jeune fille à ses amis et rencontre ses parents, et pourtant ils se séparent. le narrateur découvre peu après qu'elle lui a préféré Adrian, et après les avoir rayé de sa vie, il apprend quelques temps après le suicide de son ami du lycée.

C'est un roman bouleversant et mélancolique sur la responsabilité et l'histoire. le narrateur se rend compte plusieurs décennies après que les faits qui les avaient réunis lui, Veronica et Adrian, n'étaient pas ce qu'il imaginait. Il ne possédait pas à l'époque tous les éléments de l'équation et découvre le véritable rôle qu'il a joué dans cette histoire. La vérité n'est révélée qu'à la toute dernière page, le lecteur étant embarqué comme le narrateur dans un incessant retour en arrière de plus en plus ambigu, au fur et à mesure que Veronica refait surface.
Lien : http://des-fictions-des-hist..
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Un sexagénaire, Tony, se penche sur son passé: les quelques années qu'il a vécues à la fin du lycée et au début de l'université. Cette période lui a laissé une impression profonde, qui a marqué toute son existence. Dans son récit, le héros expédie tout le reste de sa vie... en deux pages ! Sa mémoire est restée fixée sur un de ses meilleurs amis, Adrian, brillant et énigmatique, qu'il admirait et qui s'est suicidé très jeune. Toutefois, à cette époque, le protagoniste principal de Tony était Veronica, une jeune fille; leur relation amoureuse aboutit très vite à une rupture. Un peu plus tard, Tony reçut d'Adrian une lettre sollicitant sa permission pour sortir avec son ex; il ne se rappelle plus bien sa réponse, en tout cas la communication entre eux fut arrêtée jusqu'au suicide d'Adrian.

Quarante ans ont passé. Tony reçoit une lettre d'un notaire qui le prévient d'un legs fait en sa faveur par... la mère de Veronica, décédée récemment: il s'agit du journal intime d'Adrian (qui se trouve maintenant entre les mains de Veronica). Tony lui écrit un message pour exiger la remise du journal intime. Ses rencontres avec son ancienne amie ne lui permettent pas de comprendre la vérité. « Tu ne piges pas, hein ? Tu n'as jamais pigé, et tu ne pigeras jamais », lui dit-elle avec mépris. Il faudra attendre les dernières pages du roman pour que Tony et le lecteur lui-même comprennent enfin la vérité. Cette fin est saisissante; un mystère en remplace un autre.

Il faut admettre une chose: tout le roman repose sur un postulat, que le lecteur acceptera ou non: l'énigme et la recherche de sa solution méritent-elles d'être développées dans un livre entier ?

D'un bout à l'autre de sa vie, Tony nous apparait comme un anti-héros. Jeune homme, il est d'abord attiré et écrasé par la personnalité puissante d'Adrian. Sa réaction, lorsqu'il apprend la relation amoureuse entre Adrian et Veronica, est d'une mesquinerie odieuse. Déjà, alors qu'il était encore jeune homme, il se définissait lui-même comme « pacifique » - ce qui est un euphémisme pour « lâche ». Et devenu adulte, il n'a pas su nouer de nouvelles relations après son divorce. Ainsi, "Une fille, qui danse" est une confrontation entre une honnête médiocrité (qui perdure) et un destin exceptionnel (qui se brise trop tôt).

Mais surtout, le livre est une méditation sur la mémoire des hommes. Cette évidence éclate dès la première page: Tony y évoque des images précises qui lui reviennent et qui semblent un peu incongrues au lecteur, mais qui prendront plus tard tout leur sens. Il se trouve être l'un de ces hommes qui n'ont jamais vraiment tourné la page du passé. Tony recherche vainement des « corroborations » de ses souvenirs. En fin de compte, il sera confronté violemment à une vérité surgissant d'un passé méconnu. La construction du livre en deux parties fait apparaitre nettement les deux composantes du récit: d'abord le passé accompli (mais inachevé dans la mémoire); ensuite le présent juste au moment où il faut payer le prix fort pour solder le passé.
Le monde de J. Barnes pourrait évoquer, à certains lecteurs, un autre grand écrivain britannique: I. Mac Ewan - mais sans les remords un peu plaintifs des héros (malheureux, eux aussi) mis en scène par ce dernier auteur. Et Une fille, qui danse insiste sur les responsabilités que les individus doivent assumer stoïquement.

Le style du livre est simple, les phrases y coulent uniment. Son écriture sobre est en accord avec la personnalité de son héros. Son vocabulaire est un peu cru quand c'est indispensable, mais c'est sans complaisance. A certains instants cruciaux, l'auteur a parfois la "coquetterie" de se lancer dans de (courtes) digressions, qui sont censées marquer la pudeur et l'inhibition du héros: elles aiguisent l'intérêt du lecteur, tout en l'agaçant un peu.
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