Ce livre de
Julian Barnes,
Une fille, qui danse, a attiré ma curiosité parce qu'il y était question de la mémoire et du caractère fictionnel des souvenirs…, vastes thématiques qui me sont chères.
Le personnage principal de ce roman en est aussi le narrateur à la première personne… Tout tourne autour de lui et de ses ressentis. Tony Webster, arrivé à l'âge de la retraite, revient longuement sur sa vie et sur certains évènements de son passé. Nous sommes en Angleterre, des années 1960 à nos jours.
La première partie raconte la fin de l'adolescence et le passage à l'âge adulte en présentant les protagonistes ce cette histoire, quatre copains de lycée, pleins de grandes idées qui commentent le monde qui les entoure : aux côtés de Tony, nous faisons la connaissance d'Alex, de Colin et surtout d'Adrian, l'esprit fort du groupe, à la fois intelligent et brillant. Naturellement, une fille gravite autour des jeunes hommes, la secrète Veronica, qui sortira d'abord avec Tony avant de le quitter pour Adrian. le suicide d'un de leurs camarades sera prétexte à de longues discussions et extrapolations diverses.
Dans la seconde partie de ce livre, le narrateur fait un grand bond en avant, une ellipse temporelle qui va changer le point de vue. Si les souvenirs des années de jeunesse étaient à la fois très vivants et précis, les années suivantes vont nous être décrites à travers le prisme de la mémoire et des impressions de Tony. J'ai retenu la métaphore de la boite noire des avions qui ne sert qu'en cas d'accidents et dont le contenu est automatiquement effacé quand il ne se passe rien de potentiellement grave. La sérénité de Tony est bousculée par un étrange testament, celui de la mère de Veronica, qui le rend légataire de documents très personnels concernant Adrian. Alors que Tony est en paix avec sa propre vie, qu'il a digéré son divorce, qu'il est grand-père, etc…, il renoue avec son passé et s'interroge sur ses actes.
Je ne connaissais pas
Julian Barnes avant de lire ce livre… Je découvre une plume très introspective, à travers un personnage très agaçant qui intellectualise énormément, dont le point de vue à la fois égocentrique et subjectif fausse et dénature l'enchainement des faits. Des parcours se chevauchent, des suicides se répondent… Tout devient matière à interprétation. J'avoue m'être un peu perdue, avoir eu du mal à m'intéresser aux personnages, pourtant très travaillés, disséqués même dans un souci d'observation et de détails poussés à l'extrême. Seule l'ex-femme de Tony trouve grâce à mes yeux pour sa distance et son bon sens !
D'un bout à l'autre de ce roman, il m'a manqué des clés de lecture. Je n'ai pas compris pourquoi la traduction française a donné autant d'importance à Veronica dans le titre ni la présence de la virgule, puisque Tony concentre l'ensemble du propos sur sa personne… The Sense of an ending était un titre plus général mais qui me parlait davantage.
J'avais choisi une version audio de ce livre, plutôt bien lue par Théo Frilet ; ce jeune comédien livre une belle performance qui restitue la personnalité du narrateur. J'avoue cependant avoir parfois écouté d'une oreille un peu distraite, comme quand on saute quelques lignes dans un texte écrit… J'avais un peu de mal à m'intéresser à l'existence plutôt terne et ennuyeuse de Tony, une vie banale de Monsieur tout le monde. Malgré mon ennui, je voulais voir où
Julian Barnes voulait m'emmener, comprendre le ressassement de certaines images et de souvenirs plus précis les uns que les autres : une montre portée tournée sur la face interne du poignet, Veronica dansant une seule fois pour Tony, l'ambiance malsaine d'un week-end chez ses parents à elle avec la poêle à frire dans l'évier et le sperme dans le lavabo… J'attendais le bouleversement promis par la quatrième de couverture qui tardait à venir. le dénouement ne m'a pas particulièrement émue ni touchée ; je crois surtout que j'étais contente d'en avoir terminé avec ce livre…
Une conclusion en demi-teinte, donc… Bien écrit, bien fouillé, mais ennuyeux et égocentré.