Roman subtil et mélancolique qui tisse une intrigue complexe en revisitant la jeunesse de Tony Webster, anglais nouvellement retraité. C'est le moment pour lui de revenir sur sa jeunesse, ses années d'université, son histoire d'amour avec Véronica, le groupe d'amis avec lesquels il s'est inventé un avenir, dont le brillant Adrian en était la figure emblématique,
En se construisant un passé au fil de souvenirs d'abord enjôleurs et flatteurs, Tony, à l'aube de la soixantaine est un anglais au parcours presque banal : mariage puis divorce sans heurt apparent, père d'une jeune femme qui s'est éloignée, il a mené une vie professionnelle sans éclat.
Arrive alors un « héritage » remis par un notaire qui fait basculer le récit dans une introspection presque angoissante. Il n'est pas le seul dépositaire des archives concernant son ami Adrian, il doit composer avec Véronica pour en détenir la totalité. L'enjeu semble mineur au début mais la tension monte au fur et à mesure que reviennent des souvenirs et des faits oubliés ou plutôt enfouis.
C'est un autre personnage que le lecteur découvre grâce au talent de
Julian Barnes qui sait mettre le lecteur en tension en introduisant le doute sur les conséquences multiples, diffuses, irrémédiables d'un acte posé 40 ans plus tôt dans un moment de colère et d'aveuglement.
La mémoire se ravive, Tony remonte le fil de son passé et des relations qu'il a entretenu avec ses proches. le lecteur prend alors de la distance et aborde le récit sous un autre angle, plus dérangeant jusqu'à un dénouement final qui l'interroge lui-même sur son rapport au passé, à la perception qu'il peut se faire des enjeux relationnels, de l'absence de discrimination et d'objectivité qui semblent être le lot de la jeunesse.
Julian Barnes nous livre un roman très riche sur la subjectivité et l'égoïsme.
La traduction du titre en français est, à mon sens, étonnante, et donne le ton en une virgule. La légèreté, un avenir ou en l'occurrence un passé lumineux n'ont existé qu'un bref instant quand une jeune fille s'est affranchie de ses entraves pour s'abandonner à une danse improvisée.