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EAN : 9782100547838
416 pages
Dunod (22/09/2010)
3.83/5   3 notes
Résumé :
L'univers est un objet d'étude très singulier. Les révolutions du XXe siècle, mécanique quantique et relativité générale, ont permis de penser et de décrire de façon cohérente l'univers depuis ses premiers instants jusqu'à la dynamique contemporraine. Cosmologistes et épistémologues se sont associés pour enquêter sur les grandes questions posées par la cosmologie et sur ses méthodes.

Biographie des auteurs :
Aurélien Barrau - Professeur à l'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Au XXIe siècle, nous connaissons la cosmologie comme discipline scientifique. Dans deux millénaires, on la présentera peut-être comme une des grandes mythologies cruciales du développement de l'humanité.


C'est une histoire connue : la gravitation d'Einstein et la physique quantique sont les théories désignées comme fondatrices de notre univers et pourtant, elles ne s'entendent pas. On ne peut en choisir une qu'à condition de renier l'autre. Quelque part, dans un coin de l'univers, quelques hommes essaient de les concilier. Leurs tentatives-éprouvettes sont largement spéculatives et se développent dans l'univers propre de leur cerveau. Quant à savoir si celui-ci est infini…


François Vannucci, dans le quatrième chapitre de cet ouvrage, posait les conditions suivantes :


« Appelons A le domaine des mystères de l'univers, et B la capacité du cerveau humain à les révéler. Il n'y a a priori pas de raison pour que les deux ensembles concordent. »


Si B est plus petit que A, il faut se résoudre à ce que l'homme ne comprenne jamais tous les mystères de l'univers. Mais si B est au moins égal à A, non seulement l'homme pourra peut-être un jour les comprendre, mais il est également le produit d'une coïncidence troublante. Julien Grain, dans le chapitre 9, se risque à une autre proposition timidement miraculeuse :


« Il suffirait […] que l'interaction forte, qui lie les nucléons entre eux, soit légèrement plus intense (d'environ un pourcent) pour que les étoiles ne vivent pas plus d'une seconde, au lieu des quelques milliards d'années observées dans le cosmos. »


On évince bien souvent les espoirs de ceux qui jouent au Loto parce qu'on sait qu'ils ne gagneront certainement jamais. Pourtant, ils ont terriblement plus de chances de ramasser le pactole que de reproduire l'ajustement des paramètres qui, du microcosme au macrocosme, assure la vie et la survie de notre univers. On peut essayer d'expliquer la nature miraculeuse de ce prodige de plusieurs façons. Darwin a essayé de décrire la vie comme un processus adaptatif, d'autres évoquent le dessein intelligent, et les auteurs et scientifiques ayant participé à l'écriture de ce livre adhèrent au moins partiellement au modèle des multivers. Quelqu'un qui achète la totalité des tickets de loterie au cours d'une même journée finira bien par tomber sur le gros lot.


En attendant de savoir si B est plus petit que A ou s'il peut se mesurer à son angoissante complexité, vingt chercheurs scientifiques et philosophes se sont penchés sur la question des multivers pour décliner le thème à l'aune de leur propre singularité. La démarche constitue une étrange mise en abîme : prenez le multivers et faites-le mariner dans un cerveau pendant un certain temps. Brassez, secouez, il en sortira autant de définitions du multivers qu'il existe de penseurs. La singularité s'est effectuée au contact du cerveau, mais le cerveau lui-même n'était-il pas déjà singulier ? La question des origines donne le vertige, les sciences dures butent elles-mêmes là-dessus et c'est peut-être cette difficulté sémantique, liées aux autres limitations épistémologiques, qui empêchent de considérer la cosmologie sous un angle fécond. Selon Etienne Klein, la pensée chinoise étant fondée sur la transition et sur la polarité entre des contraires coexistant sans cesse, sa langue ne connaît pas les mêmes gouffres existentiels que nous : la question des origines ne pourrait même pas être formulée. Devrions-nous essayer de nous extirper de la gangue de notre logique sémantique et syntaxique ?


« [Notre langage] est un langage ontologique, il ne désigne que des « étants » et se trouve par construction incapable de décrire comme ces étants sont advenus à l'existence, de sorte que la question de l'origine devient à la fois inévitable et impossible, tandis que la langue chinoise est une langue qui ne décrit que des procès, et non pas des choses, de sorte que pour elle la question de l'origine est pratiquement intraduisible. »


Mathématique, philosophique, épistémologique, sémantique et mythologique, la cosmologie est abordée sous toutes ses formes dans cette riche collaboration. Les petits hommes travaillent durement à réconcilier la gravitation et la physique quantique et espèrent accoucher de la gravitation quantiqu, ce qui permettrait d'harmoniser les lois et de résoudre les mystères de l'univers. Mais notre pensée semble se trouver dans une impasse qui nécessite bien une révolution néguentropique. Sylvie Vauclair semble sûre d'elle :


« Nous vivons un nouveau vertige qui exige une nouvelle élaboration de la pensée humaine. »


Et Jean-Charles Pichon décrivait ces époques cruciales avec les mots suivants :


« A nouveau, brusquement, quelque chose intervient. Dans le cours de l'Histoire, quelque chose apparaît, qu'on ne peut nier et ne sait dire. le souvenir en reste au coeur de l'homme plutôt qu'en son esprit : Eden, Paradis Terrestre, Âge d'or »

… l'attente d'un nombre croissant d'hommes finira peut-être par produire le nouveau renversement.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Cet ouvrage ambitieux est une belle réussite où science du cosmos et épistémologie offrent leur double regard pour enquêter sur l'origine et la forme de l'univers et l'histoire de la cosmologie : informations et réflexions sont richement documentées et de haute volée. Un seul bémol : le prisme épistémologique choisi par les auteurs aurait pu poser davantage de questions sur les limites du discours scientifique et pas uniquement sur sa signification ou ses conséquences.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
On a fini par comprendre que changer, ce n’est pas être remplacé, ce n’est pas cesser d’être soi, c’est être soi autrement.
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Les modèles de Big-Bang sont fondés sur des observations astronomiques et des expériences de physiques des hautes énergies dont les résultats ont été extrapolés aussi loin que possible dans le passé (il n'est pas possible de remonter à la singularité du Big-bang proprement dite), et sont construits par un processus d'hypothèse et de calcul – comme il est de règle en physique. Aucun autre type de théorie ne corrobore autant de faits observés que la théorie du Big-bang.
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Reconnaître à la physique son droit à n’être pas la seule version correcte n’entache ni sa légitimité, ni sa beauté, ni l’organicité de son lien –presque aveuglant- avec le réel : « comment ne pas enregistrer de façon positive le caractère construit de l’activité scientifique » écrivait Latour dans l’ouvrage même où il évoque… la pluralité des mondes !
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Lorsque Wittgenstein contemple l’homme consultant un oracle à celui interrogeant un physicien et conclut que notre propension à favoriser le second n’est fondée que sur nos jeux de langage dans la mesure où « lorsque deux principes qui ne peuvent être réconciliés se rencontrent chaque homme nomme l’autre un fou et un hérétique », Putnam doit –en dépit de son adhésion réclamée à la méthode analytique- procéder à un véritable détournement de sens pour nier la dimension clairement relativiste de la position wittgensteinienne.
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Le concept de monde ne peut être adéquat [à la raison pure] car que le monde n’ait pas de commencement, alors il est trop grand pour notre concept, mais que le monde ait un commencement, alors il est trop petit pour notre concept. Il n’y a pas de principe cosmologique constitutif –qui serait le principe de la totalité absolue de la série des conditions, considérée comme donnée en soi dans les phénomènes- mais seulement un principe régulateur de la raison.
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Videos de Aurélien Barrau (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aurélien Barrau
« Quel monde pour demain ? » avec Aurélien Barrau Une conférence tous publics, à partir de 10 ans.
C'est une école pas comme les autres. On pourrait l'appeler « l'école du dimanche ». On peut venir avec ses amis avec les parents ou les grands-parents, en famille ou tout seul, adulte ou enfant, pour rencontrer, écouter et dialoguer avec les plus grands, philosophes, historiens, plasticiens, musiciens, géographes, astrophysiciens, écrivains, mathématiciens, cuisiniers…Tous passionnés par leur métier et leur recherche ont accepté de venir partager leurs savoirs : Ulysse, le Minotaure, les mots, les images, la guerre, l'amour, la mort, la fête, l'amitié, les trous noirs, le langage, la beauté, le temps, la révolte, le fini et l'infini…À chaque fois un pan du monde est touché. Ensuite la conférence et le dialogue avec le public seront publiés aux éditions Bayard dans la collection qui comprend déjà plus de 80 titres et dont les livres sont traduits dans de nombreux pays en Europe et plus loin encore.
Il ne fait maintenant plus aucun doute que l'état de la vie sur Terre est terriblement délabré. Cela amène à un certain pessimisme : on se dispute sur les efforts qu'il faudrait faire pour endiguer la catastrophe. Par quoi commencer ? Où et comment agir ? Mais ce qu'il faudrait, en réalité, c'est une refondation de notre lien à la vie. Un ré-enchantement. Plus que de solutions techniques, nous manquons d'une vision poétique. Il est essentiel de prendre le temps d'envisager d'autres manières d'habiter le monde.
C'est ce que l'astrophysicien et philosophe Aurélien Barrau, astrophysicien et philosophe, tentera d'expliquer aux enfants et aux adultes qui les accompagnent.
À lire – Aurélien Barrau, L'Hypothèse K, La science face à la catastrophe écologique, Grasset, 2023 – Météorites, Michel Lafon, 2020. – Trous noirs et espace-temps, Bayard, coll. Les Petites conférences, 2018.
Lumière par Iris Feix Son par Jean-François Domingues Direction technique par Guillaume Parra Captation par Camille Arnaud
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