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EAN : 9782268103525
280 pages
Les Editions du Rocher (04/03/2020)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Dans un Cachemire déchiré par la guerre, une mère recherche désespérément son fils disparu. Un roman bouleversant qui raconte la souffrance des victimes invisibles d'un conflit sans fin.

Jusqu'en 1989, Haleema Joo avait connu une vie modeste mais heureuse à Natipora, une petite ville des environs de Srinagar, la capitale du Cachemire. Séparée de son mari, elle vit avec son père, paisible épicier, et élève seule son fils Imram.
Alors qu'Imran es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce récit nous précipite dans la grande Histoire, celle tragique d'une population Cachemirie, opprimée par les autorités indiennes, et dans l'histoire intime déchirante d'une mère qui perd tout lorsque son fils est enlevé par ces mêmes autorités, sous ses yeux, dans sa propre maison.

Ce roman de Shahnaz Bashir, journaliste cachemiri, est un plaidoyer à charge et sans concession, qui vient éclairer une situation abominable et révoltante, devant laquelle la communauté internationale reste honteusement passive, celle du Cachemire qui, depuis 1989, est écrasé par une répression indienne qui n'hésite pas à broyer les militants de la cause nationaliste et au passage, les civils, à coups de rafle et arrestations arbitraires, de détention, de torture...
Derrière un conflit politique et territorial, s'inscrit un conflit religieux qui ne dit pas son nom.
La force de ce récit réside dans le fait de nous le conter à travers les yeux d'une maman, Haleema, femme modeste, respectueuse, qui assistera impuissante, autant au meurtre de sang froid de son père, qu'à l'enlèvement de son fils Imran, pleurant et suppliant qu'il n'est pas l'Imran militant recherché.

C'est un champs de désolation que l'on parcourt avec elle, avec ses compagnons ponctuels d'infortune, tous ces parents et proches de personnes arrêtées, sans aucune forme de procès, sans preuve, dans le déni le plus total d'une quelconque règle de droit. Nous errons avec elle dans un pays où il ne fait pas bon être dans le "mauvais camps". Elle nous emmène avec elle dans sa quête désespérée pour retrouver son fils, car elle ne renonce pas et aussi modeste soit-elle, elle se bat. Mais c'est une lutte qui se résume au "pot de fer contre le pot de terre".
L'histoire d'Haleema vous colle la rage au ventre, l'écoeurement d'une injustice épouvantable qui précipite des êtres humains et des familles entières dans le malheur, le désespoir de ne pas même savoir si l'être aimé est encore vivant, l'attente, le désarroi, la lutte mais muselée et méprisée. Les récits des traitements réservés aux prisonniers jettent le lecteur dans l'horreur, que même le soutien d'un journaliste de la BBC, Izhar, (faisant écho à l'auteur Shahnaz Bashir), ne parvient pas à apaiser.
Je sors de cette lecture assommée et ne peux que conseiller la lecture de ce roman qui éclaire la situation totalement taboue de la répression au Cachemire que je n'aurai pas l'audace honteuse de qualifier d"indien", quand toute la souffrance recueillie au long de ces pages est Cachemirie...
Et si le titre "La mère orpheline" est très parlant, il faut quand même souligner que si l'on devait traduire littéralement le titre original, il s'agirait de "La demi mère", car détail cruel et ironique, le statut de ces parents de personnes disparues est totalement amputé du fait que les personnes n'ayant pas été retrouvées: alors vous n'êtes même pas reconnue comme veuve, ou comme mère ayant perdu son enfant, mais comme "demi veuve" ou demi mère"...
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Malgré le décès prématuré de sa mère, l'échec de son mariage et ses soucis de santé, Haleema Joo avait connu une vie heureuse durant de nombreuses années. Haleema Joo vit avec son père, dont elle est l'enfant unique, et son seul fils Imran, dans un vieux bâtiment de Natiopora près de Srinagar.

L'horreur frappa à la porte un matin. Son père est sauvagement assassiné par un major de l'armée alors qu'il protégeait sa famille. Peu de temps plus tard, Imran, un brillant étudiant, est arrêté sans motif. Haleema est dévastée et à pour objectif retrouver son fils dans toute la vallée ... jusqu'à Delhi. Qu'est devenu Imran, est-il encore vivant ?

"La mère orpheline" est l'histoire déchirante d'une femme. Ce roman a été écrit par un journaliste d'origine cachemirie Shanaz Bashir. Il s'est inspiré de l'histoire récente du Cachemire, de ces femmes recherchant leur(s) fils, de la guerre, ... C'est un roman poignant qui nous fait découvrir sous un autre angle le conflit au Cachemire.
Lien : https://www.inde-en-livres.f..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tout a changé, sauf le destin des victimes de l'oppression. Les gouvernements se sont succédé. Les jeunes ont remplacé les vieux. Un bataillon a gagné sur un autre.
Toujours, une fille attend que son père revienne la marier. Une femme recherche son époux. Et une mère se languit de son fils et l'espère encore pour qu'il porte son cercueil au jour de sa mort.

L'espoir a diminué et l'incertitude a doublé.
Chaque jour cela me remplit de rage. Je me sens capable de faire des portraits de gosse de dix-sept ans passés à tabac par la police pour les accrocher au mur des politiciens ou dans leurs galeries d'art. Je voudrais inonder New-Delhi des récits de la caserne de Badami Bhag. Je voudrais recueillir les larmes des demi mère, des mères orphelines, en asperger le visage des journalistes indiens. Je veux rincer le cerveau des élites indiennes à oeillères avec le sang de soixante-dix mille Cachemiris. Je veux donner les couvertures de prison infestées de poux à la jeunesse des KFC, McDonald's, Barista et des cafés Coffee Days. Je veux afficher les photos d'un vieux père fragile s'effondrant sur le cadavre de son fils (tué par la police dans une rafle) étendu sur une civière pour illustrer les derniers mots de Gandhi ("Hey Ram" - ceux qui sont gravés sur son mémorial de Raj Ghat).
Jamais je ne m'habituerai à toutes ses souffrances.
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-"Comme nous ne pouvons nous prononcer sur la situation familiale des parents de ceux qui ont disparu, puisque nous ne savons s'ils sont morts ou vivants...nous ne sommes pas en mesure de vous définir comme veuve ou tout autre cas. Ici, nous devons employer le langage juridique et la situation familiale importe dans ce cadre. Alors, concernant les cas incertains de femmes dont les époux ont disparu, nous utiliserons le préfixe "demi" devant le mot veuve, exposa Me Farooq.

Demi. Le mot résonna dans la tête de Haleema. Tel un pincement de froid.
- Et pour les mères, Farooq Sahib? interrogea-t-elle. Sont-elles des demi-mères par convention ?

Chacun se tourna vers elle. Silence. Me Farooq arrêta d'écrire et la regarda par-dessus son pince-nez. Que les enfants soit morts ou vivant ou disparus, les mères restait des mères - quoique Me Farooq n'en fut pas si certain. Il ne savait comment répondre à Haleema. Il ne savait pas qu'elle pouvait être son statut en tant que victime.
- Alors, je suis une demi- mère ? répétait Haleema.
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- Ceux que nous aimons ont été arrêtés devant nous, Monsieur. Nos voisins les ont vu être enlevés, répondit doucement Haleema. Et aucun membre de la famille _ aucun père, mère, épouse ou autre_ n'aurait pris la peine de solliciter les médias, les tribunaux, la police, les militaires dans leur camp, ni de visiter les prisons et les morgues depuis si longtemps pour leurs disparus s'ils avaient fait cela, passer la frontière. Personne parmi nous ne serait devenu fou si cela avait été le cas. Nous nous sommes transformés en mendiant, vous voyez. S'ils avaient été tués par les soldats sous nos yeux, nous serions demeurés immobiles et silencieux pour le reste de nos vies, sans rien à attendre ni à espérer, et pourtant sans ce désespoir qui est le nôtre. Car notre désir de savoir la vérité et une douleur. Une torture sans fin. Pas une seconde elle ne se calme. Elle nous tue chaque jour et nous ressuscite chaque matin pour nous tuer à nouveau.
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Je peux passer des week-ends entiers scotché à Tom et Jerry sans broncher. Vous allez rire, je regarde ça. Mais que faire d'autre ici que de chérir une petite créature impuissante, malicieusement coriace tenant en échec, avec ténacité, le gros et le puissant ? Le combat entre les deux va et vient. L'important est que ni l'un ni l'autre ne meure. Ce qui compte et que le combat ne cesse pas.
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L'eau jaillissait du tuyau et un garçon du bidonville prenait une douche matinale sous le jet parabolique de la fuite. Une mare d'eau boueuse et savonneuse s'était formée autour de lui. Sa mère, d'aspect misérable, s'était installée en haut de la buse en ciment, à l'intérieur de laquelle tous deux vivaient, et elle contemplait avec ferveur son fils, sa joue reposant dans sa main, son coude sur son genou, comme si elle était en transe. Bizarrement Halleema se surprit à envier cette femme malgré son évidente misère - elle était juste une mère comme une autre observant on enfant comme un autre. "Il est préférable d'habiter un conduit d'évacuation avec votre enfant que de vivre seule au monde."
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