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EAN : 9782842656225
154 pages
La Decouvrance (01/09/2009)
4.47/5   15 notes
Résumé :

A Paris, un jeune homme se rend à une soirée à l Opéra pour écouter des airs de Chostakovitch, mais un sillage de péniche sur la Seine l emmène bien vite à son vécu récent. Embarqué à Durban sur un cargo, il navigue vers les Kerguelen pour ravitailler les scientifiques isolés qui attendent depuis des semaines. Mais un appel d urgence déroute le navire : un chalutier est en perdition non... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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En automne 2008, un homme déambule dans Paris sous un crachin qui lui rappelle la Bretagne. Alors qu'il longe la seine en direction du Chatelet où il se rend à un concert, une péniche dont l'étrave fend l'eau du fleuve va le ramener une dizaine d'années auparavant alors qu'il avait embarqué à bord d'un navire de recherche océanographique en direction des Kerguelen.
«Je faisais partie des gens de mer, j'étais officier de marine marchande, je naviguais au long cours.
Aujourd'hui j'ai posé sac à terre.
(...) Marinier, aimes-tu ton voyage ? Moi il m'arrivait de le détester.
(...) Pourtant quand je repense à mes quarts de veille à scruter le vide de la mer, je me souviens que parfois j'étais heureux.»
Lorsque débute le concert auquel il se rendait le souvenir des événements qui se sont déroulés en mer dix ans auparavant va affluer et l'emporter.
Le premier concerto pour violon de Chostakovitch accompagne ce premier roman de Olivier Bass qui débute dans la douceur parisienne, se poursuit avec le vol vers Durban où il a embarqué, le 13 octobre 1998, pour quatre mois à bord du Marion Dufresne navire qui effectue des missions de recherche géologiques mais aussi le ravitaillement des bases scientifiques des Terres Australes et antarctiques françaises.
Les premiers jours en mer se succèdent dans la routine, la monotonie au rythme des quarts à regarder «heure après heure défiler la mer» jusqu'à ce que le Vieux, le commandant du navire qui «du fond de sa bannette avait sans doute senti le temps forcir et la danse du Marion Dufresne s'accentuer» se pointe sans bruit à la passerelle :
«Nous sommes biens portés mais réduisez l'allure si vous commencez à sentir que le bateau souffre»
« ---- Marec Dévarenne... Nous avons déjà navigué ensemble non ?
--- Oui, Commandant. C'était il y a cinq ans : un de mes premiers embarquements.»
«En effet... Votre nom me disait quelque chose. Votre visage aussi. C'était la fois du coup du Bab el Mandeb, n'est-ce pas ?»
(....) Un étrange malaise était en train de m'envahir. Pour tenter de le chasser, je me postai devant le sabord et regardai la mer.»

Une suite d'événements va entraîner ensuite le lecteur dans une spirale dramatique, où vont monter l'angoisse et l'émotion, et le maintenir sous tension du début à la fin.
La violence des éléments n'aura rien à envier à celle des hommes qui vont s'affronter. La haine, une belle amitié et un amour estompé, lointain mais bien présent grâce à Chostakovitch font de ce premier roman, à l'écriture précise et sobre qui sait capter l'attention et favoriser l'imagination, une belle réussite.

Luocine souhaitait que des lecteurs se lancent dans l'aventure à sa suite pour lui donner leur avis. Je ne regrette pas d'avoir répondu à sa demande. Je ne connaissais pas les éditions de la Découvrance spécialisées dans la littérature maritime et c'est une découverte que j'espère bien poursuivre avec d'autres titres
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Olivier Bass... j'ai connu cet auteur en lisant son roman "L'homme de Marmara" et j'ai été conquise, au point de vouloir découvrir son tout premier livre "La musique des Kerguelen"... Voici chose faite, et l'émotion est une nouvelle fois au rendez-vous. Toujours cet univers marin, j'aime les bateaux, la navigation... Ce roman est puissant, bouleversant. Les sujets évoqués sont d'une extrême gravité. L'auteur y traite bien sûr de marine marchande, mais au travers de la présentation d'un des protagonistes, il aborde aussi la guerre en Tchétchénie, la musique russe avec des symphonies de Chostakovitch...
Un livre splendide, terriblement humain..., captivant, puissant, fort bien écrit.
Un coup de coeur! Je vais suivre le parcours d'Olivier Bass et guetter ses prochaines parutions littéraires.
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C'est un livre nostalgique et sobre, écrit dans un style limpide et élégant dont les phrases déroulent dans l'imagination du lecteur, les images qu'elles évoquent. C'est un film que l'on regarde dans le même temps, en faisant la lecture. Un bateau français en route vers les îles Kerguelen, qui suit son chemin à travers les intempéries de l'Océan Indien du sud, pas tellement loin du pôle, dans l'immensité et la solitude. le chemin « mal pavé » de vagues trop hautes, trop violentes, trop imprévisibles. Sur cette toile de fond se greffe un récit d'une mutinerie d'un équipage russe sur un bateau de pêche japonais, et de ses conséquences tragiques.
Telle une aquarelle, ce livre raconte avec tact et délicatesse un sujet dramatique et violent.
La musique en est un protagoniste à part entière.
J'ai bien apprécié cette lecture.

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J'ai découvert ce livre au détour d'une page internet et, attirée par le titre énigmatique et la critique élogieuse, je me suis laissée tenter et l'ai commandé auprès d'un petit libraire sans en savoir plus. Un peu surprise par la finesse du livre et sans connaître beaucoup de l'histoire, je me suis lancée dans la lecture de ce premier roman.
Mi-figue mi-raisin, c'est l'expression qui me vient à l'esprit maintenant que j'ai l'ai refermé. Mi-figue mi-raisin pour l'histoire d'abord, qui touche à tout mais sans jamais vraiment creuser des idées qui pourtant pourraient être intéressantes. Qui trop embrasse mal étreint, dirais-je si je peux me permettre une autre expression toute faite. de même, pour le style, assez plat, mais avec de belles descriptions et aussi de grandes maladresses (peut-être corrigées dans la seconde édition qui vient de paraître, mais que je n'ai pas lue).
Et finalement, mi-figue mi-raisin, c'est mon avis aussi. Une lecture en demi-teinte, relativement agréable, mais qui m'a laissée sur ma faim de part les nombreux sujets seulement évoqués et tout juste survolés. J'aurais aimé mieux comprendre ces hommes, leurs actions et leurs décisions. J'aurais aimé passer un peu plus de temps en leur compagnie…
Finalement, je ne sais trop comment finir cette note de lecture. Un livre qui vaut un petit détour, mais qu'il faut aborder peut-être plus comme une longue nouvelle, de ces livres qui sont comme des tranches de vie et qui ne donnent pas toutes les réponses. Un livre de froid et de mer creusée, de grande nostalgie et qui regarde en face nos actions parfois bien étriquées au regard de nos nobles sentiments.
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« La musique des Kerguelen » est un livre à écouter, invitant au voyage intérieur. Les passages sur le navire sont bluffant de vérité, il faut dire que l'auteur a vraiment navigué dessus si je ne me trompe pas (dis le moi Olivier). Il est officier de marine marchande. A la lecture on sent la légère odeur d'huile toujours présente dans les locaux des cargos et l'on perçoit le léger ronronnement rassurants des machines qui tourne.
C'est aussi un grand mélomane. Cela donne un premier livre bien construit et qui laisse apercevoir, je l'espère, une carrière prometteuse.
A la prochaine sur nos lignes Olivier pour une semaine de navigation.
Jean
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Automne 2008.
Je marche dans les rues de Paris. Depuis ce matin tombe un crachin qui me rappelle la Bretagne. Une pluie fine et ténue qui s'infiltre dans les moindres mailles de la veste que je porte, col remonté jusqu'aux oreilles pour me protéger du froid. Les gouttes pénètrent jusqu'à ma peau, et je sens peu à peu le poids de la laine sur les épaules. Je marche d'un pas lent sur l'île de la Cité, longe la Seine en direction du Châtelet. Jusqu'à hier, cette fin d'automne était plutôt agréable. Aujourd'hui, j'ai bien vu que le ciel se chargeait peu à peu de nuages. C'est dans la soirée, lorsque je suis descendu dans la rue pour aller au concert, qu'il s'est mis à pleuvoir.
Malgré la pluie je me promène le long des quais ; j'ai encore un peu de temps devant moi. Je regarde une péniche repousser de sa coque épaisse une eau froide et grise. Le mouvement de l'eau devant son étrave me rappelle d'autres mouvements d'océan sous d'autres étraves. Je pense à l'océan Indien. Celui du Grand Sud, celui des grands froids. Celui que j'avais parcouru, il y a une dizaine d'années, à bord d'un navire de recherche océanographique. Je faisais partie des gens de mer, j'étais officier de marine marchande, je naviguais au long cours.
Aujourd'hui j'ai posé sac à terre.
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L'océan faisait rouler le vieux palangrier rouillé comme un bouchon sur l'eau. Ils étaient treize. Treize marins perdus au fin fond de l'océan Indien. Le Grand Sud. Le pays des aurores australes, le pays des tempêtes, le pays des mers froides. Non loin des îles Crozet, l'Osaka Maru pêchait la légine. A son bord, quatre officiers japonais, sept marins russes, et deux scientifiques français, Paul et Sarah Kerebel, que l'administration imposait à l'armateur afin de contrôler les quantités de poissons sorties de l'eau par les pêcheurs. Ainsi, les deux jeunes mariés faisaient-ils office de contrôleurs des pêches, bien que cela ne fît normalement pas partie de leurs fonctions : ils étaient initialement chercheurs en océanographie.
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Les cartes ... J'ai un mal fou à les ranger. Non par manque d'organisation, mais plutôt à cause d'un problème de distraction. J'aimais les parcourir comme on feuillette un livre d’images, et me promener sur le monde, libre de toute contrainte. Il me suffisait de tenir une carte dans les mains pour être irrésistiblement tenté d'en sortir une autre, et une autre encore. Je laissais mon imagination remonter les estuaires et se perdre dans les villes ou des forets isolées , parcourir les mers a la recherche d'un port au nom familier pour avoir rêvé un jour d'y faire escale, traverser les océans a pas de géants ou a sauts de puce, en n'importe quelle saison , a n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et je me sentais chez moi partout dans le monde. J'adorais déballer les cartes. Je détestais les ranger.
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Un soir de 1995, j'ai joué avec l'orchestre philharmonique de Saint-Petersbourg la septième de Chostakovitch. Savez-vous ce que représente cette symphonie, Marec? On dit que Chostakovitch l'a composée en juin 1941, alors que les Nazis franchissaient les frontières de l'Union soviétique. On dit que c'est la symphonie qui parle le mieux des horreurs de la guerre. On dit qu'il l'a composée dans la terreur des bombardements. En 1942, dans un Leningrad alors en proie au pire blocus de l'histoire, les habitants se sont rendus, malgré les bombes et la famine, au théâtre pour écouter cette musique composée spécialement pour eux. Un hommage à leur courage, à leur résistance. C'est cela, la septième symphonie : un long cri contre la guerre. Cinquante-trois ans après, j'ai eu l'honneur de jouer dans ce même théâtre, non sans fierté, cette musique superbement sombre. J'étais déjà premier violon. Je me souviens avoir joué comme jamais je n'ai joué. Dès les premières notes, j'ai senti que tout serait juste, parfaitement équilibré, que je ne ferai aucune faute. Et tandis que mon archet courait sur les cordes, tandis que tout l'orchestre geignait sa douleur des totalitarismes passés, des images de guerre m'ont traversé l'esprit. Des images d'une autre guerre : celle à laquelle mon pays était en train de se livrer en Tchétchénie. Oui, Marec, cette musique, ce n'était pas seulement les nazis qui entraient en URSS. C'était aussi les Russes dans Groznyi! Que mon pays, la Russie moderne, se lance dans un conflit, cela me semblait injustifiable. Mais que cette guerre touche les montagnes et les peuples qu'il me semblait tellement connaître, cela était incompréhensible. Alors, à la fin de la représentation, lorsque le chef d'orchestre m'a désigné de la main en me saluant, je me suis avancé jusqu'au bord de l'estrade. Les gens ont été surpris : ce n'est pas dans les habitudes. J'ai regardé le public en attendant que se calment les applaudissements. Au premier rang se trouvaient les officiels et dans les loges, paraît-il, le président Eltsine. Alors, de ma voix la plus posée possible, j'ai dit simplement : "Ce soir, c'est pour le peuple tchétchène que nous avons joué."
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Il ne se passa rien de spécial pendant mon quart de l’après-midi. Aucun navire croisé, aucune terre en vue : le calme et l’ennui de la navigation au long cours. Pourtant il m’avait semblé être heureux. Heureux de cet ennui, justement. Heureux de n’être rien au milieu de cet univers d’eau, où l’homme n’avait pas sa place et où je me tenais pourtant, seul, à la passerelle d’un bateau qui filait quatorze nœuds en direction de terres plus désolées encore que cette mer. (p. 22, Chapitre 2).
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