En automne 2008, un homme déambule dans Paris sous un crachin qui lui rappelle la Bretagne. Alors qu'il longe la seine en direction du Chatelet où il se rend à un concert, une péniche dont l'étrave fend l'eau du fleuve va le ramener une dizaine d'années auparavant alors qu'il avait embarqué à bord d'un navire de recherche océanographique en direction des Kerguelen.
«Je faisais partie des gens de mer, j'étais officier de marine marchande, je naviguais au long cours.
Aujourd'hui j'ai posé sac à terre.
(...) Marinier, aimes-tu ton voyage ? Moi il m'arrivait de le détester.
(...) Pourtant quand je repense à mes quarts de veille à scruter le vide de la mer, je me souviens que parfois j'étais heureux.»
Lorsque débute le concert auquel il se rendait le souvenir des événements qui se sont déroulés en mer dix ans auparavant va affluer et l'emporter.
Le premier concerto pour violon de Chostakovitch accompagne ce premier roman de
Olivier Bass qui débute dans la douceur parisienne, se poursuit avec le vol vers Durban où il a embarqué, le 13 octobre 1998, pour quatre mois à bord du Marion Dufresne navire qui effectue des missions de recherche géologiques mais aussi le ravitaillement des bases scientifiques des Terres Australes et antarctiques françaises.
Les premiers jours en mer se succèdent dans la routine, la monotonie au rythme des quarts à regarder «heure après heure défiler la mer» jusqu'à ce que le Vieux, le commandant du navire qui «du fond de sa bannette avait sans doute senti le temps forcir et la danse du Marion Dufresne s'accentuer» se pointe sans bruit à la passerelle :
«Nous sommes biens portés mais réduisez l'allure si vous commencez à sentir que le bateau souffre»
« ---- Marec Dévarenne... Nous avons déjà navigué ensemble non ?
--- Oui, Commandant. C'était il y a cinq ans : un de mes premiers embarquements.»
«En effet... Votre nom me disait quelque chose. Votre visage aussi. C'était la fois du coup du Bab el Mandeb, n'est-ce pas ?»
(....) Un étrange malaise était en train de m'envahir. Pour tenter de le chasser, je me postai devant le sabord et regardai la mer.»
Une suite d'événements va entraîner ensuite le lecteur dans une spirale dramatique, où vont monter l'angoisse et l'émotion, et le maintenir sous tension du début à la fin.
La violence des éléments n'aura rien à envier à celle des hommes qui vont s'affronter. La haine, une belle amitié et un amour estompé, lointain mais bien présent grâce à Chostakovitch font de ce premier roman, à l'écriture précise et sobre qui sait capter l'attention et favoriser l'imagination, une belle réussite.
Luocine souhaitait que des lecteurs se lancent dans l'aventure à sa suite pour lui donner leur avis. Je ne regrette pas d'avoir répondu à sa demande. Je ne connaissais pas les éditions de la Découvrance spécialisées dans la littérature maritime et c'est une découverte que j'espère bien poursuivre avec d'autres titres