L'eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert

La conversation ordinaire, constatent les ethnographes, offre un aperçu représentatif de la structure et de l'importance des mondes d'autrui, ce qui incite les chercheurs à apprendre à écouter - d'abord lentement, par à-coups, et jamais sans de longs moments d'incertitude. A mesure que les concepts et les croyances autochtones parviennent à trouver appui dans les éléments spécifiques de la topographie locale, le paysage tout entier acquiert une nouvelle dimension qui semble insuffler un regain d'assurance au regard de l'ethnographe. Ce qui semblait initialement une architecture naturelle indifférenciée appréhendée comme un seul bloc se change désormais en un agencement détaillé de sites et de localités pourvus de noms au sein duquel chacun se distingue par un ensemble d'attributs physiques et d'associations culturelles qui en garantissent la singularité. Dans le discours autochtone, le paysage local prend place, d'une manière précise et répétée - il intègre des lieux, c'est-à-dire, comme Franz Boas le souligna quelques années plus tôt (Boas, 1934), des constructions sociales par excellence.