Ce roman (a priori) avait tout pour me plaire. Je partage son pessimisme absolu sur le réchauffement climatique, la cause féministe qui s'y affirme, l'évidence que l'extrême droite arrive au pouvoir et que nous allons vivre des heures sombres de répression et de régression. Cela fait beaucoup, puisque ces trois aspects constituent la charpente du roman.
Pourtant, je reste mitigé. Car, ici, il ne s'agit pas d'idées, mais de littérature. Je me forge mon opinion sur un roman, et non pas sur les opinions qu'il développe. L'écriture est inégale, souvent moyenne. Ni bonne ni mauvaise, si je puis dire. Bon, allons, passons là-dessus, car ce n'est pas non plus la raison de mes états d'âme (n'ayons pas peur des grands mots…).
Ce qui a un peu coincé à la lecture est le côté « un peu trop ». J'ai trouvé le propos souvent exagéré, pertinent sur le fond (le tréfonds, dira-t-on), mais donnant l'impression d'une caricature plus que d'une réalité possible. le côté dystopique m'a amusé, ce n'était sans doute pas son but, et je n'ai pas réussi à y croire. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ne serait-ce pas justement dans la manière dont cette dystopie est présentée, si brièvement dans un si court roman de 80 petites pages ?
Il y a aussi cet ajout. le réchauffement climatique, OK, mais en plus une gigantesque météorite va bientôt percuter la terre et mettre un terme à la vie qui y survit dessus. Trop, vous dis-je. A la limite, la météorite géante aurait suffi pour mettre en scène la fin du monde (FDM dans le roman) dont on connait la date.
Par ailleurs (vous allez peut-être me trouver désagréable, ou propre aujourd'hui à faire des procès d'intention), il se trouve que le personnage principal a 80 ans en
2060, l'âge que l'autrice aura précisément à cette date encore lointaine. Pourquoi pas, mais il se trouve que ce personnage est une ancienne écrivaine qui, en son temps, a tant oeuvré pour la cause féministe qu'elle a fait avancer substantiellement ladite cause. « On savait que ses textes avaient contribué à structurer la révolte » est-il écrit. Ou encore « [elle] avait un poids sur l'opinion ». Bref, ça m'a gêné cela. J'y ai vu de la maladresse, ou même de l'immodestie, étant donné qu'il s'agit de son premier roman et que jusqu'alors elle est connue en tant que militante féministe.
Enfin, il y a aussi cette mode actuelle qui veut que, si à 95 ans, on ne baise pas tous les jours avec volupté, c'est qu'on est un(e) frustré(e), un(e) coincé(e), une personne qui n'a pas su se dégager du poids des archaïsmes aliénant de la société. Eh bien non, cette mode, je ne la partage pas. Avec l'âge, la libido baisse, le désir s'affaisse, chez les hommes comme chez les femmes, et je ne vois pas pourquoi on veut absolument nier une évolution naturelle. A 80 ans, on n'a pas envie (et on n'est plus capable) de mener la vie sexuelle d'une personne de 30 ans. On peut le regretter, mais ça c'est une autre affaire.
Je ne jette pas le roman à la poubelle, loin de là (il n'est pas déplaisant à lire), mais je pense que l'histoire, intéressante sur le fond, aurait pu être mieux traitée.