Quinze rencontres artistiques, tome 1

Plus que jamais, les artistes ont besoin qu'on leur fasse une haie d'honneur. Voilà chose faite avec ce livre qui devient l'occasion d'entrer dans leur intimité en faisant jongler les mots, de regarder et de renforcer les liens qui les unissent au public. Il ne s'agit évidemment pas ici d'observer la culture sous le prisme de l'emploi ou de renforcer le statut de ceux qui s'y affairent. La plupart exercent un métier et non pas un hobby, avec une nécessité de rentabilité. Un tableau doit se vendre, une pièce doit être vue, un disque doit être écouté. La crise du coronavirus a aujourd'hui montré l'importance des arts dans notre société et beaucoup conviennent qu'il joue un rôle essentiel pour notre démocratie. Maintenant, si certains veulent faire le pari d'enfermer chacun chez soi avec Netflix, cela revient à ouvrir un autre débat ! « Quinze rencontres artistiques » a été publié après le confinement. Même s'il ne fait jamais référence à la pandémie … belle démarche en faveur de ceux qui créent !

Des artistes côté pile et côté face, voilà ce que nous réserve ce petit volume rédigé sous la forme de questions-réponses. J'ai connu Daniel Bastié comme professeur dans une école de Saint-Gilles et je savais vaguement qu'il écrivait pour des journaux. Avec stupéfaction et par hasard, j'ai découvert sa prose sur Internet : des romans, des recueils de nouvelles, des essais sur le cinéma. J'ai acheté via le site Amazon ces « QUINZE RENCONTRES ARTISTIQUES », juste pour voir son style et le soutenir. le contenu est sympathique. J'ai bien aimé la rencontre avec Sabiha El Youssfi, enseignante et auteure d'une pièce de théâtre jouée dans différents lieux cultures et qui traite de la culture arabo-musulmane au Moyen-âge, période dorée trop souvent ignorée par les enfants issus de l'immigration.

Le vidame José Duchant est un des piliers de la vie culturelle bruxelloise. C'est lui qui m'a poussé à me procurer ce volume. Motif invoqué : un chapitre est consacré à son talent d'artiste. Ma foi, pour le prix (10 euros), je n'ai pas hésité autant par curiosité que pour lui faire plaisir. Puis, j'ai lu. Il ne s'agit pas d'une étude, mais d'une présentation de gens du spectacle tous genres confondus rédigée d'une plume journalistique, en empruntant la voie de l'interview. Forcément, ce n'est pas exhaustif, mais était-ce la démarche voulue ? Avec des questions ciblées, l'auteur propose un survol du métier créatif de nombreux hommes et femmes qui vouent leur existence à l'art. J'en ai découvert plusieurs et j'ai mieux compris le travail de certains. Puis, les chapitres relativement courts n'entraînent jamais des heures de lecture et permettent d'être lus dans le métro ou en attendant le moment de l'apéro.

Jeannine Burny vient de décéder. Elle était l'âme et le corps de la Fondation Maurice Carême. Également celle qui a partagé la vie du poète belge, sa muse et sa relectrice. J'ai appris son décès dans la presse. C'est donc avec énormément d'émotion que j'ai découvert l'interview que Daniel Bastié lui a consacré dans cet ouvrage. Une personne qui a porté à bras-le-corps la mémoire de son ami et amant et que ceux qui l'ont connue ne sont pas prêts d'oublier.

« Quinze rencontres artistiques » est un voyage dans le monde des arts. Une invitation qui nous permet d'entrer sur la pointe des pieds dans des ateliers, des studios d'enregistrement et quelques lieux peu connus (La Fondation Maurice Carême, le Musée de la Frite). le tout en évitant le côté promotionnel. D'ailleurs, aucune coordonnée n'est fournie. Ni adresse postale ni numéro de gsm ni adresse mail. A chacun de se référer au Net pour en savoir davantage ou prendre contact avec l'un ou l'autre. Une courte préface précise d'ailleurs la démarche de l'auteur. Ici, pas question de vendre quoi que ce soit. Juste de partager des coups de coeur et c'est impeccable comme çà !

Voici un ouvrage qui ne se prend pas la tête et qui présente humblement une série de créateurs à niveau d'épaules, sans se perdre dans des considérations inutiles. En pratiquant l'art de l'interview, l'auteur va à l'essentiel, sans superlatifs. Jamais il ne juge, n'acclame ou encense. Il se contente de mettre à plat la démarche et le travail de quinze créateurs en se fixant une neutralité imparable. Son but n'est pas de vendre leur travail ni de faire leur promotion tous azimuts. Bien sûr, je devine qu'il aime leur production, autrement pourquoi en parler ? A l'ère d'Internet, on peut facilement découvrir davantage les concernant en pianotant sur google. Les reproductions d'oeuvres visuelles ou sonores abondent. Démarche complémentaire ?

Passionné d'Art depuis toujours, c'est tout naturellement que je décide, lorsque mon activité professionnelle le permet, de vivre ma passion, mon rêve : celui de lire, de me rendre au théâtre et de visiter des expositions. Apprendre à découvrir le travail de ceux qui créent, découvrir leurs réalisations, aller à la rencontre des différentes techniques d'expression et, notamment, comprendre leur démarche, voilà ce qui me fait vibrer. J'ai acheté totalement par hasard le livre de monsieur Bastié, parce que je passais dans la galerie où il dédicaçait son livre et parce que je me suis laissé tenter par le sujet. En fait, il s'agit de 15 micro-présentations d'artistes de tous bords : plasticiens, musiciens, écrivains, comédiens. Un choix intéressant puisqu'il aborde différents modes de langage. L'occasion de découvrir des passages de vie, de découvrir leurs ambitions et leurs efforts pour accéder au rang qu'ils ont atteint. Personnellement, je n'en connaissais pas beaucoup et je me suis rendu sur Internet pour découvrir leur art de visu. Ma foi, j'ai été agréablement surpris. Bien qu'il ne s'agit pas de celles et de ceux qui font l'actualité de la GRANDE presse, ils méritent la plupart qu'on les mette sous les feux des projecteurs.

Ce livre n'est pas une biographie d'artistes choisis, mais un ouvrage qui intervient dans la démarche créatrice de plusieurs d'entre eux, Sous l'apparence d'une publication ordinaire, il cherche à intervenir dans le champ des idées et des concepts en allant à la rencontre de créateurs d'aujourd'hui et dans leur manière de penser. Une autre façon de permettre à l'art d'être découvert différemment et de le faire entrer dans les bibliothèques. En amont, le choix a été établi de ne pas proposer d'images ou d'illustrations, alléguant que les lecteurs peuvent puiser allègrement sur Internet pour découvrir des clichés, des clips ou des morceaux musicaux mis en ligne plus ou moins gracieusement, même si chacun est conscient des limites de cette offre vis-à-vis des ayants-droit. En choisissant la formule du dialogue ouvert, « Quinze rencontres artistiques » permet à l'art contemporain de retrouver un ancrage dans la vie quotidienne. Avec lui, l'art devient partie prenante de nos lectures et propose une sorte d'économie démocratique de la création, offrant ici une alternative aux dérives et aux délires du marché artistique.

Je connais Corinne Hoex depuis près de vingt ans et je la suis régulièrement. Licenciée en Histoire de l'Art et Archéologie de l'Université Libre de Bruxelles, elle a travaillé quelques années comme enseignante, documentaliste et chargée de recherches en arts et traditions populaires, puis a choisi de se consacrer entièrement à l'écriture de fictions. Son premier roman le Grand Menu est paru en 2001. Elle publie principalement de la poésie, des romans et des nouvelles.Depuis 2017, Elle est membre depuis 2017 de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. J'ai eu la chance de la rencontrer dans le cadre de la Foire du Livre belge d'Uccle voilà trois ou cinq ans. Merci de parler d'elle dans ce livre avec autant de chaleur et où s'ensuivent les bonnes surprises.

J'ai découvert Maria Palatine en concert au centre culturel de Farciennes voilà deux ou trois ans. Depuis, j'ai acheté ses CD (une dizaine). J'ai été agréablement surprise de la retrouver au programme de ces 15 rencontres artistiques. Un constat : on ne parle pas assez d'elle, alors qu'elle le mérite amplement ! Conçu comme une promenade, ce livre est surtout une balade qui met sous les projecteurs des artistes qui existent par eux-mêmes ou qui oeuvrent au service de tiers. Quelques jolies rencontres émaillent ce volume, dont des retrouvailles avec Jannine Burny, présidente de la Fondation Maurice Carême, ainsi que le travail de la plasticienne Ariane Bosquet, aux influences sahariennes, et le parcours de Corinne Hoex, remplaçante de Françoise Mallet-Joris à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.