Citations sur Arcadie (151)
Oui, bien sûr, il est capable de me trouver une identité, et de me convaincre que le genre est une construction sociale et culturelle, un leurre, un artifice pour les gogos. Et alors? Et si moi j'ai envie d'être une fille en dépit de ma moustache et de mon vagin atrophié? Et si moi j'ai toujours cru que j'en étais une?
[...] ça ne m'a jamais fait envie, l'attirail masculin, la panoplie complète, les attributs génitaux pourpres et fripés, les tambours battants, la sonnerie au clairon, les efforts incessants et sans cesse ruinés pour être à la hauteur, toute une vie d'inquiétude, non merci ! Je préfère la conque close sur ses triomphes, la victoire sans chanter, les grappes de ma vigne : le château de ma mère, ce royaume bien administré, plutôt que la gloire de mon père, toujours fragile et menacée. (page 292)
Comme quoi grandir sur une colline radieuse, sans parents attitrés ou presque, avec comme seule consigne d’aimer et de jouir sans entraves, n’empêche ni la crise d’adolescence ni l’art de la fugue.
le désir n’a jamais attendu la perfection d’un corps ni tenu à la beauté d’un visage
Dans un monde où les gens n’ont ni gouvernail ni grappin, n’importe qui peut s’improviser capitaine et traîner tous les coeurs derrière lui.
L’amour est faible, facilement terrassé, aussi prompt à s’éteindre qu’à naître. La haine, en revanche, prospère d’un rien et ne meurt jamais. Elle est comme les blattes ou les méduses : coupez-lui la lumière, elle s’en fout ; privez-la d’oxygène, elle siphonnera celui des autres ; tronçonnez-la, et cent autres haines naîtront d’un seul de ses morceaux.
Le film s'achève par un gros plan sur moi, cheveux collés aux tempes par la transpiration, bonds arythmiques, petits cris de plaisir, grand sourire édenté. Quelle tristesse, cette joie. Quel gaspillage, ce désir fou d'en être et de bien faire, tout cet amour dardé en pure perte sur des adultes qui n'en voulaient pas. Et qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de mon souvenir, maintenant que le film de Salo est venu lui infliger un démenti flagrant, la preuve par l'image que j'avais tort d'être heureuse, ou plutôt que je ne l'étais que par un miracle d'inconscience et d'incompréhension qui est peut-être l'autre nom de l'enfance ? Quelle valeur accorder à ces images, et quel crédit à ma mémoire, qui les a conservées intactes dans leur gangue de fausse exactitude, intactes dans leur flamboiement, irradiantes jusqu'à aujourd'hui et responsables de ma mise à feu ?
Elle était bête, égoïste et méchante, mais si on n’aimait que les gens qui le méritent, la vie serait une distribution de prix très ennuyeuse
L'amour est faible, facilement terrassé, aussi prompt à s'éteindre qu'à naître. La haine, en revanche, prospère d'un rien et ne meurt jamais. Elle est comme les blattes ou les méduses : coupez-lui la lumière, elle s'en fout ; privez-la d'oxygène, elle siphonnera celui des autres ; tronçonnez-la, et cent autres haines naîtront d'un seul de ses morceaux.
(...) être un garçon.
Sauf que je n'en veux pas, moi, de ce programme : ça ne m'a jamais fait envie, l'attirail masculin, la panoplie complète, les attributs génitaux pourpres et fripés, les tambours battants, la sonnerie au clairon, les efforts incessants et sans cesse ruinés pour être à la hauteur, toute une vie d'inquiétude, non merci ! Je préfère la conque close sur ses triomphes, la victoire sans chanter, les grappes de ma vigne : le château de ma mère, ce royaume bien administré, plutôt que la gloire de mon père, toujours fragile et menacé.