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3,73

sur 146 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En prenant connaissance de cet essai, j'étais très curieux de connaitre ses tenants et ses aboutissants. Mais pas évident tout de même lorsque vous êtes un fan d'Agatha Christie et lorsqu'il s'agit des "dix petits nègres", un de mes livres préférés que j'emmènerai dans une île déserte.

A la lecture de cet essai-roman, j'ai été attiré et bien surpris par les arguments donnés et la pertinence de cette contre-enquête, menée intelligement par Pierre Bayard, l'auteur et professeur de littérature française.

Je n'ai pas été déçu. Loin de là ! le lecteur entre vite dans le vif du sujet car le roman est bien structuré. Une bonne "table des matières" présentant le déroulement de son essai. C'est rigoureux et efficace. Une contre-enquête détaillée, factuelle, bien minutieuse avec des exemples, des rappels de faits puis aussi des contradictions du roman d'origine.
Au-delà de l'enquête elle-même, Pierre Bayard s'appuie sur les effets de la psychologie et des croyances humaines où comment les illusions optiques, les biais cognitifs et les fantasmes peuvent duper des millions de lecteurs depuis plus d'un siècle. Et c'est une réalité.
Sa thèse et ainsi "son vrai coupable" sont plausibles même si quelques éléments de son enquête restent discutables. Par contre, pas du tout d'accord avec lui, sur le fait que l'assassin, à l'origine, ne pensait pas tuer les dix personnes au pretexte que la subite tempête l'aurait poussé à faire autrement. Tuer les dix participants, c'est l'essence même du roman.

En revanche, j'ai trouvé que les arguments de l'auteur sont parfois un peu trop insistants. Il en vient même à spoiler le roman "ABC contre Poirot" et "les vacances d'Hercule Poirot" (non lus !) ou "le meurte de Roger Ackroyd" (ouf lu !) afin de convaincre absolument et d'être crédible dans sa propre vérité. Dommage car nul besoin de pousser le lecteur dans son avis.
Cela vient en partie dénaturer son travail et c'est paradoxal pour quelqu'un qui qualifie, lui-même son livre de "chef-d'oeuvre de la subtilité"...

Pour ma part, je ne pense pas qu'il y ait des incohérences et erreurs d'Agatha Christie. Il faut resituer le contexte et l'époque où elle a écrit se roman. Au contraire, la thèse d'un juge fou et justicier est plus que pausible pour moi. Ces dernières années, on a bien eu en série TV "Dexter" ; vous savez ce flic à la tête d'ange, allant tuer des meurtiers impunis.
Après du comment, le juge s'est réellement suicidé... C'est bien de rappeler à Pierre Bayard, que tout cela reste bien sûr de la pure science-ficition.

Cet essai reste un bon moment de lecteur. A celles et ceux, qui ont lus les romans cités plus haut et bien sûr les dix petits nègres, je vous conseille ce livre pour votre curiosité et laisser faire votre libre arbitre.


Pioche dans ma PAL de janvier 2020 - livre choisi par Fuyating
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Pierre Bayard est professeur de littérature française à l'Université de Paris 8 et psychanalyste. Dans la première partie de cet essai, il se met dans la peau du vrai coupable et reprend le déroulement des événements du récit en les résumant. Il mène ensuite sa contre-enquête rigoureuse afin de souligner les impossibilités et les invraisemblances qui selon lui rendent ce récit irrationnel.
Une troisième partie tente de nous expliquer ce qui a aveuglé les millions de lecteurs les empêchant d'accéder à la vérité.
Enfin, le dénouement nous expose ce qui s'est vraiment passé sur l'île.
J'ai lu le célèbre roman d'Agatha Christie à l'adolescence et ai été totalement bluffée par l'ingéniosité de l'auteure. Je l'ai relu deux fois ces dix dernières années pour des raisons professionnelles. Je pensais le connaitre mais Pierre Bayard parvient encore à attirer l'attention sur des détails non perçus à la lecture. Citant de nombreux extraits, il permet cependant au lecteur de suivre ses déductions sans avoir pour autant une connaissance pointue du roman. L'auteur est très fort pour recréer l'ambiance de l'île si particulière et il démonte magistralement la construction littéraire du récit. Il recrée une intrigue parallèle et parvient à garder notre attention jusqu'au bout.
Il y a beaucoup de dérision dans cet ouvrage et une parfaite maîtrise du sujet notamment dans ses comparaisons avec des récits de Poe, Leroux ou Kafka, qui ont, eux aussi mis en évidence les îles mystérieuses et leurs imaginaires. C'est brillant et ludique.
Mais personnellement, je ne vois pas bien l'utilité de tout ça.


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Ce polar de référence n'a pas pris une ride ! Huis-clos sur une île, 10 personnages disparaissent les uns après les autres en semblant suivre les propos d'une comptine sadiquement affichée dans chacune des chambres. le coupable est forcément sur l'île.
Le charme désuet fonctionne toujours et la tension, la suspicion, les retournements de situations n'ont rien perdu de leur efficacité.

Face à tant de maîtrise, j'étais ravie de m'intéresser à l'essai de Pierre Bayard qui, confiant, annonce immédiatement la couleur : “ce livre explique ce qui s'est réellement passé et pourquoi Agatha Christie s'est trompée.”
Le procédé m'a amusée : le narrateur prétend être le vrai coupable et avoir laissé un faux témoignage pour détourner l'attention. Agatha Christie serait tombée dans le piège et aurait malheureusement utilisé ce témoignage pour résoudre son enquête et ainsi, faire endosser les crimes commis sur l'île du Soldat au mauvais coupable.

L'ambition était réelle et la réussite n'est, à mes yeux, que partielle. Si la façon dont il est prouvé que le dénouement de l'enquête proposé par Agatha Christie est convaincante, la solution avancée à la place n'est pas plus irréfutable. A trop vouloir me faire douter de ce que le texte original avançait, j'ai douté de tout et ai appliqué aux propositions de Bayard les méthodes de déconstruction qu'il s'applique tant à nous transmettre. J'ai d'ailleurs déjà oublié la solution de remplacement qu'il avance !
En fait, je n'ai pas bien compris la manoeuvre. Une grande partie de son essai vise à nous démontrer qu'Agatha Christie a recours à certains procédés d'illusionniste pour mener à bien son intrigue : l'omission volontaire, l'interprétation, le détournement d'attention… Mais n'est-ce pas le propre de tout roman policier de semer des indices subtiles pour pouvoir dire à la fin à son lecteur : “Ah ah ! mais c'était sous ton nez depuis le début” ? Sans eux, on trouve le dénouement abracadabrantesque mais s'ils sont trop nombreux et trop peu fins on est frustré et déçu de s'en douter trop vite.

Bref, cher Pierre Bayard, retenez que “la critique est aisée, mais l'art est difficile” comme disait l'autre.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Comme dans toute une série d'ouvrages parus ces dernières années aux éditions de Minuit, Pierre Bayard s'amuse avec la littérature et ses lecteurs. Cette contre-enquête qui traite aussi des mystères en chambre close ou de la symbolique de l'île dans la littérature intéressera tout autant les amateurs de polars que les férus d'essais littéraires.
Lien : https://www.nathalie-palayre..
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Pierre Bayard est professeur de littérature française à Paris 8 et psychanalyste. Il aime les paradoxes, et grâce à ses talents de psy et d'écrivain, il se joue de notre rationalité, tout en pointant nos failles et notre propension à suivre nos pulsions.

La vérité sur « dix petits nègres » est le quatrième volet d'une série qui a commencé avec Qui a tué Roger Ackroyd en…1998 ! Dans ces quatre volumes, il joue à trouver une autre fin à des oeuvres très populaires. Il refait l'enquête, pointe les inexactitudes, les invraisemblances et propose une autre issue. C'est un exercice amusant, conduit de manière très fine par l'auteur,
dont j'avoue en avoir apprécié, disons 85%. Jusqu'aux dernières pages, où l'auteur nous révèle le nom du véritable assassin, quitte à manipuler plutôt sérieusement l'histoire.

J'ai été longtemps, au fil des pages, d'accord avec lui : oui, le suicide du juge déguisé en assassinat est loufoque ; oui, le lecteur aurait pu trouver un des dix invités plutôt louche et surveiller sa façon d'être. Mais P. Bayard nous explique alors comment l'aveuglement peut nous écarter de la vérité grâce à un tour issu du monde de la magie : l'hallucination positive, ou négative, selon que l'on attire l'attention du lecteur/spectateur sur un ajout ou un retrait à la scène, au détriment de ce qui se passe autour, où pourtant réside la clé de l'énigme. le lecteur/spectateur est donc victime d'un « point aveugle ». D'autres biais cognitifs (de confirmation, de narration) nous seront ainsi exposés, biais qui nous affectent dans notre recherche de vérité.

Certes, tout cela est pertinent et intéressant, mais l'auteur, lui, Pierre Bayard a triché ! Il a, pour parvenir à ses fins et résoudre l'énigme, malgré tout le talent qu'il a mis à décortiquer le mystère, fini par dénaturer l'histoire originelle… par un ajout de personnage. Trop facile, monsieur Bayard ! La prouesse aurait été de dénicher un criminel en retravaillant seulement ce que A. Christie avait livré comme matériel humain.

Si Pierre Bayard visitait quelques écoles maternelles, il verrait que ce jeu de création se pratique très couramment : l'institutrice raconte une histoire, et quand elle est bien intégrée par tous, elle demande aux enfants d'imaginer une autre fin. Cela donne lieu à des séances très vivantes, qui enrichissent l'esprit de création, la logique et le langage. Et les enfants adorent cela ! Mais attention, il y a, la plupart du temps, une contrainte : on n'ajoute pas de personnages, on fait avec ce qu'on a !

L'auteur ne s'est pas imposé ce que l'on impose aux enfants. Mais hormis cette petite erreur, le livre a de beaux atouts. Il montre de façon magistrale qu'une oeuvre populaire appartient à ses lecteurs et que la manipuler c'est aussi montrer combien on l'aime.



Lien : https://blogs.mediapart.fr/a..
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